Une dérive d’avion Sopwith 1 ½ Strutter, ou 1A2

Aviation militaire, 1917, ornée de décorations peintes par le pilote Marie-Louis Planson – France.
Don de M. R. Saint-Juvin, 2019. © Coll. Mémorial de Verdun

 

5 octobre 1914. 5 octobre 1918.

Deux dates qui encadrent la Première Guerre mondiale et qui correspondent à deux événements marquants de l’histoire de l’aviation militaire.

Le 5 octobre 1914, les Français Joseph Frantz et Louis Quenault remportent la première victoire aérienne de l’histoire en parvenant à abattre un Aviatik allemand à l’aide d’une mitrailleuse embarquée. Les deux soldats sont récompensés de la Légion d’honneur pour l’un et de la médaille militaire pour l’autre.

4 ans plus tard, jour pour jour, le lieutenant Roland Garros est abattu à Vouviers, dans les Ardennes. S’il a donné son nom à un tournoi de tennis mondialement connu, ce pilote hors-pair est alors célèbre pour ses prouesses aériennes. Il bat en effet le record d’altitude en 1911 (3910 mètres) et participe en 1915 à l’élaboration d’un système de tir à travers l’hélice pour les avions de combat. Engagé volontaire, crédité de plusieurs victoires aériennes avant de tomber aux mains des Allemands, il parvient à s’évader au début de l’année 1918. Déterminé, il s’engage à nouveau avant d’être tué au combat le 5 octobre.
 

Cet objet rend hommage aux pilotes de la Grande Guerre et au rôle grandissant de l’aéronautique militaire durant le conflit

 

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Conçue en toile avec des tiges de maintien en métal, la dérive du Sopwith est disposée au niveau de la queue de l’avion et assure la stabilité de l’appareil en vol.

Comme l’indique l’inscription, il s’agit d’une dérive d’un Sopwith ½ Strutter, appareil biplace ou monoplace, de conception britannique, utilisé comme chasseur, appareil d’observation ou bombardier. Ce biplan britannique a équipé plusieurs escadrilles du Royal Naval Air Service (RNAS) et du Royal Flying Corps (RFC) à partir du début de l’année 1916, mais paradoxalement a été davantage utilisé par le Service aéronautique français. Il est d’ailleurs fabriqué en France sous licence à plus de 4 500 exemplaires sous les variantes Sopwith 1A2 pour la reconnaissance, 1B2 et 1B1 pour le bombardement. Sur le front des Hauts de Meuse, les Sopwith 1A2 ont surtout été utilisés en 1917, notamment au moment de la seconde bataille de Verdun (août 1917).

Cette dérive, récupérée après le crash de l’adjudant-chef Marie-Louis Planson de l’escadrille Sop 216 en 1917, a la particularité d’être peinte. Il y figure un chien en trompe-l’œil donnant l’illusion de percer la toile de la dérive : au recto, la gueule et l’animal de face, au verso, son postérieur. Nous ignorons qui est ce chien et qui est son propriétaire. Il est probable que ce soit l’animal de compagnie du pilote ou bien la mascotte de l’escadrille.

La datation de cette peinture pose question : s’agit-il d’une illustration réalisée en souvenir de l’accident ou d’un insigne personnel dessiné sur l’appareil, comme pouvait le faire chaque pilote affecté à cette escadrille chargée d’effectuer les réglages des tirs de l’artillerie lourde du 37e corps d’armée ?

Quoi qu’il en soit cet objet, détourné de manière artistique, est devenu un objet du souvenir, très personnel, témoin de la volonté des combattants de conserver la mémoire de leurs expériences de la Grande Guerre.  Il fut donné au Comité National du Souvenir de Verdun, propriétaire des collections du Mémorial de Verdun, en mai 2019 par Robert Saint-Juvin, fils d’un ami de Monsieur Planson.

 

Pour en savoir plus :

  • Don de M. R. Saint-Juvin, 2019. © Coll. Mémorial de Verdun
  • Don de M. R. Saint-Juvin, 2019. © Coll. Mémorial de Verdun
  • Don de M. R. Saint-Juvin, 2019. © Coll. Mémorial de Verdun