La redoute des Salettes

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Fort des Salettes vu de Briançon. Source : ©MOSSOT - License Creative Commons - Libre de droit

Imaginé par Vauban dès sa première visite en 1692, elle se situe au dessus de la ville haute sur les premiers lacets qui mènent à la Croix de Toulouse.

La ville de Briançon, verrou sur la Durance, n'a pas échappé à la sagacité du maréchal de Vauban.

Il dote la ville d'une citadelle et fortifie la ville en installant des points de défense sur les hauteurs, telle la redoute des Salettes qui inaugure une tradition de fortification qui voit s'implanter de nouveaux éléments de défense jusqu'à 2500 m aux XIXe et XXe siècles.

 

Vauban à Briançon : fortifier la ville "à la moderne".

Projet des ouvrages en 1692.

Le site lui paraît difficile à aménager car entouré de toutes parts de hauteurs dominantes : "On ne peut rien imaginer de plus inégal, ce sont des montagnes qui touchent aux nues et des vallées qui descendent aux abîmes..." (Vauban en 1692).

La ville est déjà protégée par une enceinte bastionnée rudimentaire, conçue entre 1689 et 1691 par Hue de Langrune, ingénieur en place. Trop proche de la courtine médiévale, elle est dépourvue d'ouvrages extérieurs. À ses yeux, "la nouvelle enceinte de la place ayant été faite en vue de sauver des insultes des Barbets et non pour soutenir un siège réglé...", il reste tout à faire.

Le 21 novembre 1692, il établit son projet des ouvrages à faire à la ville et au château de Briançon. Il demande la réalisation de deux demi-lunes, ainsi que d'une fausse braie au front d'Embrun.

Cet ouvrage, rendu obligatoire par la forte déclivité, est une sorte de gradin au tracé bastionné placé en contrebas qui permet d'obtenir des feux beaucoup plus rasants, donc plus efficaces. Il prescrit divers aménagements : approfondir les fossés, consolider les courtines, placer des corps de garde, faire des embrasures, traverses et poternes, voûter la porte, construire des poudrières.

Pour épargner aux habitants le logement des gens de guerre, il projette la construction de casernes. Vauban s'inquiète aussi des problèmes d'adduction d'eau, les sources alimentant la ville venant toutes de l'extérieur. Il demande l'approfondissement du puits de la place d'Armes. Vauban s'interroge sur un projet d'importance pour le château, puis y renonce. D'une part, il craint de ne pas obtenir les fonds nécessaires et d'autre part, Briançon, alors loin de la frontière, est couverte par d'autres places fortes.

Contrôler l'avancée des travaux et adapter les projets.

Mémoire de 1700.

Lors de son second voyage à Briançon, Vauban inspecte les travaux et rédige un nouveau mémoire, daté du 24 août 1700, prenant en compte la perte de la place forte de Pignerol : "Les considérations de cette place sont fort accrues depuis le rasement de Pignerol" (Vauban en 1700).

Il imagine un agrandissement de la ville sous la porte d'Embrun, pour pouvoir y loger tous les bâtiments militaires que l'exiguïté de la ville ne permet pas d'implanter à l'intérieur des remparts (projet restant sans suite). Il prescrit l'édification d'un pont sur la Durance, la réalisation d'une route pour le Montgenèvre, l'occupation du plateau des Têtes et la construction d'une redoute sur la montagne des Salettes. Il rédige 99 articles concernant le château pour finalement conclure "qu'on ferait beaucoup mieux d'abattre totalement cette mauvaise et vieille médaille... et de le rebâtir tout de neuf".

La lenteur des travaux conduit les ingénieurs en place à s'autoriser des modifications qui suscitent la colère de Vauban, en particulier le projet d'une contregarde, à propos de laquelle il écrit en 1704 : "Je vois une espèce de fausse braie ou chemin couvert... dont il n'a pas été mention jusqu'à présent dans le projet général... je vois avec surprise que le sieur Guillyn s'en est donné à coeur joie en ajoutant retranchant ou réformant ce qui lui a plu... si j'étais plus jeune je m'offrirais d'aller de temps en temps redresser cela sur les lieux."

Tenir les hauteurs

Projets pour le château Vauban donne cette description du château de Briançon lors de son premier voyage en 1692 : "Le château est assis sur un rocher fort élevé au-dessus de la ville, naturellement escarpé..., sa vieille enceinte n'a que deux pieds et demi d'épaisseur, elle n'est point terrassée... les quatre tours sont assez bonnes (...) Il n'y a dans le château (...) qu'une grosse et vieille tour carrée de trois étages qui servent de magasins et d'arsenal, (...) un corps de garde, une citerne petite et assez mauvaise, deux ou trois vieux communs prêts à tomber en ruine, dix vieilles chambres de casernes et six de modernes, point de puits ni de latrines, une très mauvaise porte qui n'a ni planchette ni pont-levis..."

Vauban fait donc renforcer ce qui existe et ordonne des aménagements : une deuxième citerne, des latrines, des souterrains.

La redoute des Salettes

Vauban, dans son premier projet, propose la création d'une redoute à mâchicoulis sur la montagne du Poët. L'ouvrage est destiné à empêcher les ennemis de s'emparer de cette position qui a un commandement important sur la ville et le château. Il est fort probable que Vauban ait repris une proposition de l'ingénieur Delabat, datant de janvier 1692.

En février 1704, il se plaint que les travaux ne sont pas encore commencés. Ils ne débuteront qu'en 1709, deux ans après la mort de Vauban, sous la direction de l'ingénieur Tardif, et se prolongeront jusqu'en 1712.

L'ouvrage se présente comme une tour réduit, entourée d'un fossé et d'une contrescarpe munie d'une galerie à feux de revers. Son originalité réside dans le fait que l'accès à la galerie n'est possible que par l'intermédiaire d'un souterrain partant du réduit. La tour elle-même est un bâtiment carré à pans coupés, à deux niveaux, couvert d'une toiture pyramidale. L'accès se fait par le premier étage à l'aide d'une passerelle enjambant le fossé.

La galerie à feux de revers, voûtée en berceau, interdit à l'ennemi le franchissement du fossé intérieur. Sous la monarchie de Juillet, cette redoute sera transformée en fort par l'adjonction d'une enveloppe bastionnée, de six casemates de type Haxo et d'une poudrière. La tour sera renforcée par un toit terrasse et mieux dotée en artillerie.

Continuer l'oeuvre de Vauban : protéger la nouvelle frontière.

La fin du règne de Louis XIV est marquée par la guerre de Succession d'Espagne, de 1701 à 1714, où, une nouvelle fois, la France s'oppose à une partie de l'Europe.

La région de Briançon devient le territoire d'affrontements franco-savoyards.

En 1713, le traité d'Utrecht met fin en partie au conflit. Malheureusement, il s'avère désastreux pour le territoire des Escartons. La frontière, jusqu'alors située bien au-delà des monts, est déplacée au col de Montgenèvre, au pendant des eaux.

La France perd le Val Cluson, la Varaïta et une partie du Val de Suse, et reçoit en échange l'Ubaye. La ville devient alors une zone frontalière qu'il est nécessaire de protéger. La construction d'une véritable barrière de forts commence sous la Régence, en juillet 1721, et se poursuit pendant treize étés sous le règne de Louis XV. Claude François Bidal, marquis maréchal d'Asfeld, émule et successeur de Vauban, commandera les travaux en qualité de directeur général des fortifications de France. En renforcement des fortifications de la ville et de la redoute des Salettes, sept ouvrages "à la Vauban" seront bâtis autour de la ville : les forts des Trois-Têtes, du Randouillet, Dauphin, d'Anjou, la redoute du Point du Jour, la Communication Y et le pont d'Asfeld.

 

La redoute des Salettes
Route de l'Italie 05100 Briançon
Tél. : 04.92.21.08.50 Fax : 04.92.20.56.45
Les visites sont animées par les guides conférenciers du service du patrimoine



Ville de Briançon - Service du Patrimoine Porte de Pignerol

05100 Briançon
Tél : 04 92 20 29 49 Fax : 04 92 20 39 84

E-mail : patrimoine@mairie-briancon.fr

 

Le Club du Vieux Manoir restaure et anime les Forts des Salettes et du Château, propriétés de la Ville pendant la période estivale.
Ancienne Abbaye du Moncel

60700 Pontpoint

Tél : 03 44 72 33 98

 

Site de l'Office briançonnais du tourisme

 

Quizz : Forts et citadelles

  • Le fort des Salettes. Source : ECPAD

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