Le tourisme de mémoire au Salon mondial du tourisme

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Deuxième acteur culturel de l’État, le ministère des Armées gère un patrimoine de pierre, historique et mémoriel, considérable. Il participe, depuis 2013, au Salon mondial du tourisme, pour donner de la visibilité à sa filière « Tourisme de mémoire ».

Stand du ministère des Armées au Salon mondial du tourisme, mars 2023. © Erwan Rabot/SGA COM
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Événement grand public créé par des professionnels du tourisme et organisé depuis les années 1970, le Salon mondial du tourisme se tient chaque année au printemps à Paris, au Parc des expositions de la Porte de Versailles. Dédié aux voyages et aux loisirs en France et à l’étranger, il réunit, durant quatre jours, près de 400 professionnels et acteurs variés de la filière touristique : agences de voyages, destinations, tour-opérateurs, établissements d’hébergements, loisirs, etc.

Jusqu’en 2019, le Salon mondial du tourisme a accueilli annuellement un peu plus de 100 000 visiteurs. Annulé en 2020 et 2021 en raison de la pandémie de Covid-19, l’événement a repris en 2022. Il a évolué et s’est diversifié au fil des années pour devenir, à chaque édition, un lieu de découvertes et d’échanges plus importants. Pour répondre à une demande croissante, et en vue notamment des commémorations nationales du centenaire de la Première Guerre mondiale et de celles du soixante-dixième anni­versaire du Débarquement et de la Libération de la France, les organisateurs du Salon ont mis en place, depuis 2013, un nouvel espace thématique consacré au tourisme de mémoire. Celui-ci est destiné à promouvoir, auprès des professionnels du tourisme, comme du grand public et des territoires, des lieux de mémoire ou des projets spécifiques visant à mettre en valeur cette filière.

Le ministère des Armées, acteur touristique en France et dans le monde

À la croisée de la culture et de l’histoire, le tourisme de mémoire s’attache à valoriser les lieux de mémoire liés aux conflits contemporains (de la guerre de 1870 jusqu’à nos jours). Dès la fin de la Grande Guerre, les anciens combattants, mais aussi les familles endeuillées, ont sillonné les champs de bataille dans une démarche qui s’apparentait au pèlerinage. Avec la disparition progressive des témoins, les touristes se sont ajoutés aux pèlerins.

Les différents cycles commémoratifs suscitent un grand intérêt du public pour les sites mémoriels, où les visiteurs français et étrangers se rendent en nombre croissant. Ainsi, avant la crise sanitaire de 2020-2021, la fréquentation des lieux de mémoire a atteint 15,2 millions de visiteurs.

Le ministère des Armées est, au travers de la direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA) et en lien avec les collectivités territoriales, les lieux de mémoire et les États étrangers concernés, un protagoniste essentiel du tourisme de mémoire. Deuxième acteur culturel de l’État, il assure en effet l’entretien, la gestion et la valori­sation d’un grand nombre de sites mémoriels : 10 hauts lieux de la mémoire nationale, 290 nécropoles nationales, 2 170 carrés militaires dans les cimetières communaux, 47 carrés militaires dans les territoires ultramarins, près de 1 000 lieux de sépulture répartis dans plus de 80 pays étrangers et 18 musées (musée de l’Armée, musée de l’Air et de l’Espace, musée national de la Marine, musées rattachés à l’État-major de l’armée de Terre et au Service de santé des armées) sont ainsi placés sous sa respon­sabilité.

Depuis 2014, le ministère soutient les projets mémoriels et touristiques mis en oeuvre par les territoires. Favoriser l’essor du tourisme de mémoire répond à une double exigence : mieux comprendre le passé et entretenir la mémoire collective/susciter des flux touristiques pour contribuer à la vitalité des territoires.

La participation du ministère des Armées au Salon mondial du tourisme a plusieurs objectifs : promouvoir le riche pa­trimoine mémoriel et historique du ministère, développer la fréquentation de ce patrimoine et diversifier les publics, présenter l’année commémorative et les actions autour du tourisme de mémoire, notamment l’innovation en la matière. Cet événement permet de communiquer plus généralement sur les différents aspects des missions du ministère en matière de politique mémorielle et culturelle, ainsi que d’en évaluer l’impact.

Tout au long du Salon, des agents du ministère et de ses opérateurs se relaient pour présenter une offre touris­tique complète et échanger avec les visiteurs, qui ont un profil très varié (professionnels du tourisme, étudiants, familles, seniors et retraités). Différents supports de com­munication ont été créés et sont distribués en fonction des demandes et besoins : carte des lieux de mémoire en France métropolitaine, carte du monde des cimetières militaires français à l’étranger, plaquettes sur les hauts lieux de la mémoire nationale et sur la ligne de front de la Première Guerre mondiale, etc. Des animations sont proposées. C’est ainsi que, de 2014 à 2018, ont été ex­posés notamment un char Sherman de la Seconde Guerre mondiale ayant participé à la Libération, une ambulance militaire Ford T 1918, l’avion français Morane Saulnier qui fut piloté par Guynemer et le Fokker allemand du Baron Rouge.

En outre, les visiteurs peuvent découvrir depuis 2018, sur le stand du ministère, des visites virtuelles à 360° des lieux de mémoire, réalisées à la demande de la DMCA par l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD). Neuf visites virtuelles sont aujourd’hui présentées : la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette (Pas-de-Calais), la nécropole nationale de Fleury-devant-Douaumont et la tranchée des baïonnettes (Meuse), le mémorial national de la pri­son de Montluc à Lyon, le mémorial des martyrs de la Déportation (Paris), l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin), le mémorial du débarque­ment et de la libération en Provence à Toulon, les nécropoles du Vercors (Drôme et Isère), le mémorial du Mont-Valérien (Hauts-de-Seine) et la nécropole franco-allemande de Gravelotte (Moselle). Outils de promotion et de média­tion, ils sont très utiles pour valoriser par exemple les sites difficiles d’accès aux personnes à mobilité réduite, comme la crypte du mémorial des martyrs de la Déportation (Paris), ou la nécropole du Pas de l’Aiguille dans le Vercors (Isère).

L’intérêt pour les lieux de mémoire et les musées placés sous la responsabilité du ministère des Armées ne se dément pas et est toujours aussi fort au fil des éditions du Salon mondial du tourisme. Le ministère y a toute sa place et sera de nouveau au rendez-vous en 2024, année de commémoration du quatre-vingtième anniversaire de plusieurs événements liés à la Seconde Guerre mondiale.


Auteur
Alexandra Derveaux - Cheffe du pôle tourisme de mémoire

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