L’insigne du comité central républicain de la fédération de la garde nationale (1871)

Source : collection Maurice Bleicher

 

Le 18 mars 1871, Adolphe Tiers, officiellement investi comme « chef du pouvoir exécutif » par une assemblée dominée par des conservateurs pacifistes, échoue à désarmer la garde nationale parisienne. Celle-ci, majoritairement favorable à la poursuite de la guerre contre la Prusse et hostile aux premières mesures prises par le nouveau pouvoir issu des élections du 6 février, se soulève. L’insurrection gagne Paris, certains régiments de ligne fraternisent avec les insurgés et le gouvernement quitte la capitale, se réfugiant à Versailles avec l’essentiel des troupes régulières.

Le comité central de la fédération de la garde nationale, élu trois jours plus tôt et représentant les 215 bataillons de la garde nationale, s’installe alors à l’Hôtel de ville et se trouve investi de tous les pouvoirs. Il les transmettra dix jours plus tard à l’assemblée élue de la Commune, ouvrant ainsi un nouveau chapitre de l’histoire révolutionnaire parisienne.

L’insigne présenté permet d’évoquer cette période agitée qui suit l’effondrement de l’Empire et la fin des espoirs du gouvernement de Défense nationale.

Fabriqué à environ une centaine d’exemplaires, cet insigne spécifique aux membres du comité central prend la forme d’un triangle ajouré en argent, émaillé de noir. A l’avers, les côtés du triangle portent les mots « Liberté Egalite Fraternité » et, au revers, « Comité central » et « 18 mars 1871 ». L’intérieur du triangle présente l’effigie de Cérès, symbole de la République. Le ruban, rouge avec une raie centrale noire, porte une barrette qui reprend la date du 18 mars 1871, début de l’insurrection conduisant à la proclamation de la Commune de Paris.

Les conditions de création et d’attribution de cet insigne sont mal connues : les archives ont brulé lors des combats de la « semaine sanglante » et, après l’entrée des troupes versaillaises à Paris, les outils ayant servi à le fabriquer ont été détruits par mesure administrative.

Après la loi d’amnistie de juillet 1880, les anciens membres du comité central déportés et les condamnés par contumace peuvent retourner à Paris. Il est vraisemblable que certains se soient alors fait faire une reproduction de cet insigne, jeté ou détruit avant leur fuite ou leur condamnation et dont la possession leur aurait valu le peloton d’exécution en 1871. L’insigne présenté fait probablement partie de ces quelques dizaines d’exemplaires fabriqués après l’amnistie.

 

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