En dépit du sursaut français de septembre 1914 sur la Marne et malgré les tentatives de débordement, les armées avancent peu et le front se fige. La "Course à la Mer" est un échec. Pour se protéger du feu de l'artillerie, les belligérants s’enterrent. C’est le début de la guerre de position. Lieu marqué par la présence militaire, le camp militaire de Mourmelon devient alors un point majeur de l’activité militaire durant la Grande Guerre.
Les batailles de Champagne en 1915
Au cours de l’hiver 1915, le général Joffre lance en Champagne différents assauts qui visent à « grignoter » les lignes allemandes. Localisées dans les secteurs de Souain, de Perthes, de Beauséjour et de Massiges, ces opérations sont très meurtrières. Malgré ces assauts, le front reste figé.
Au cours de l'été, pour rompre le front et soutenir les Russes malmenés sur le front oriental, Joffre décide de conduire une nouvelle offensive. Cet effort, appuyé par une autre action en Artois, se déploie dans la grande plaine aride et crayeuse de la Champagne pouilleuse. Long de 25 kilomètres, le front s'étend entre Aubérive et Ville-sur-Tourbe. Cette action est conduite par la 2e et la 4e armée. En face, les Allemands de la IIIe armée sont installés dans de solides tranchées. Plus en retrait, située à contre pente se trouve une seconde position, dissimulée des observations aériennes et hors de portée de l’artillerie.
Après une préparation d'artillerie de trois jours, l'attaque est déclenchée le 25 septembre. Ces bombardements bouleversent les premières lignes que les Français enlèvent facilement. Malgré quelques points de résistance notamment à la butte du Mesnil, la progression est rapide. Mais, cet élan se brise sur la deuxième position encore intacte. L'ensemble du front devient un véritable charnier. Les troupes s'épuisent et doivent lutter contre de puissantes contre-attaques. Au cours de ces assauts, les deux armées ont perdu 138 000 hommes. En novembre, les conditions climatiques désastreuses et l'importance des pertes obligent Joffre à renoncer à conduire de nouveaux assauts. Malgré quelques actions limitées en 1916, le front connaît alors un calme relatif.
La bataille des Monts de Champagne (17 avril au 9 mai 1917)
Se déployant au nord-est de Reims entre Prunay et Aubérive, cette action appuie l’offensive française qui est conduite, le 16 avril 1917, sur le Chemin des Dames. Cette opération vise à s’emparer du massif crayeux de Moronvilliers qui s’élève à 260 mètres d’altitude. En effet, depuis 1914, les Allemands occupent ce massif, d’où ils peuvent observer l’arrière des lignes françaises.
A l’aube du 17 avril, sous de la neige fondue, les Français s’élancent pour enlever cette forteresse. Mais le massif reste aux mains des Allemands. Au prix d’efforts importants, les troupes françaises libèrent le village d’Aubérive et s’emparent du Mont sans Nom, du Mont Cornillet, du Mont Blond, de Perthois et du Mont Haut. Malheureusement, elles ne peuvent atteindre deux autres points stratégiques : le Casque et le Téton. Le 20 mai, cette offensive est, pour les Français, une victoire en demi-teinte. Ce secteur chèrement conquis sera évacué stratégiquement le 15 juillet 1918.
L'offensive allemande de juillet 1918 replace ce front au cœur des enjeux. Reims, restée sous le feu continuel de l'artillerie allemande, est à nouveau menacée. Mais, engageant la totalité de ses forces de la Meuse à la mer du Nord, le général Foch déploie une large manœuvre en vue de déborder le front de l’Aisne. En Champagne, appuyée par les Américains, la 4e armée du général Gouraud enlève de nombreuses positions notamment dans le secteur de Navarin et à Sommepy. Poursuivant leurs efforts en direction de Mézières et Sedan, les forces franco-américaines progressent rapidement vers les Ardennes où les lignes ennemies sont rompues. Sur un front de 400 kilomètres, les armées de Foch entament la poursuite, talonnant l’ennemi jusqu’au 11 novembre 1918.
Aujourd'hui, la région de Suippes-Mourmelon, au travers des vestiges des villages de Perthes, Hurlus, Mesnil, Tahure, Ripont, Nauroy et Moronvilliers mais aussi de dix-huit nécropoles, conserve le souvenir de ces combats acharnés qui se sont tenus dans la Marne.