Emile Muselier

1882-1965

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Portrait d'Emile Muselier. Source : SHD

 

Émile Henry Muselier, est né à Marseille le 17 avril 1882 et décédé à Toulon le 2 septembre 1965. Il est élève à l'École navale de 1899 à 1901. De cette date à 1939, il fait une brillante carrière où il alterne postes en unité (Extrême-Orient de 1902 à 1905, Yser en 1915...) et dans la haute fonction publique (membre des cabinets de Painlevé, de Jeanneney et de Clemenceau). Enseigne de 1re classe en 1902, il est promu lieutenant de vaisseau en 1912, capitaine de vaisseau en 1926, contre-amiral en 1933 et vice-amiral en 1939.

Mis à la retraite peu après sa dernière promotion, il rejoint le général de Gaulle à Londres le 30 juin 1940. Celui-ci lui confie la mission de créer les Forces navales françaises libres (FNFL) et les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Il assure ses fonctions de chef des FNFL jusqu'au 30 avril 1942.

Devenu commissaire à la Marine au sein du Comité national, il dirige en décembre 1941 l'expédition qui aboutit au ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon. Il démissionne du Comité national le 3 mars 1942.

Il rejoint le général Giraud à Alger en mai 1943 et est nommé adjoint au commandant en chef des Forces maritimes d'Afrique en juin.

Après la fusion des FNFL avec les Forces maritimes d'Afrique du Nord, il est relevé de ses fonctions en août 1943.

Il est nommé chef de la délégation navale à la mission militaire de la Défense nationale chargée des affaires allemandes en septembre 1944. Il quitte le service actif en juin 1946.

Jusqu'en 1960, il travaille en tant qu'ingénieur conseil à la maison Laignel. Il s'occupe également d'organisations d'anciens combattants, d'anciens fusiliers marins de la première guerre mondiale, et est nommé Président d'honneur de l'Union Franco Belge des Combattants de l'Yser et des Flandres, et Président de l'Association Nationale d'Entraide à la Vieillesse.

Le vice-amiral Muselier était Grand officier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération et Compagnon de l'Ordre du Bain. Il était en outre titulaire de la Croix de guerre 1914-1918 et de la Croix de guerre théâtres d'opérations extérieures.

Parmi ses publications, on notera Marine et Résistance (1945) et De Gaulle contre de Gaulle (1946).

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Robert Desnos

1900-1945

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Portrait de Robert Desnos. Source : http://perso.orange.fr/d-d.natanson/desnos.htm

 

Robert Desnos naît à Paris le 4 juillet 1900 et passe son enfance dans le quartier des Halles. Peu intéressé par l'école, il préfère l'univers des bandes dessinées et des romans d'aventures. A 16 ans, il devient commis dans une droguerie. En 1918, ses premiers écrits paraissent dans La Tribune des jeunes, et son recueil de poèmes Le Fard des argonautes est publié dans une revue d'avant-garde, Le Trait d'union, en 1919. L'année suivante, il découvre le mouvement Dada avec Benjamin Perret et André Breton, groupe qu'il rejoint après son service militaire effectué au Maroc.

Quand le surréalisme, qui marqua tant la littérature de l'entre-deux-guerres, remplaçe le dadaïsme, Desnos en devient un acteur primordial : l'écriture automatique, le rêve sous hypnose, engendrent d'étranges poésies et aphorismes : Prose Sélavy, L'Aumonyme, L'asile ami...

"La lame qui tranche l'affliction

des âmes dévoile-t-elle aux amis

la fiction de l'affection ?"

 

(Prose Sélavy)

 

 

Entre 1924 et 1929, il est rédacteur de La Révolution surréaliste, mais aussi comptable, caissier, journaliste à Paris-Soir puis au Soir, partageant peu à peu sa vie sentimentale entre la chanteuse Yvonne George - qui meurt en 1930 - et Youki Foujita. De cette époque datent La liberté ou l'amour, La mystérieuse, Siramour. En 1926, il s'installe dans le quartier Montparnasse, côtoyant les frères Prévert, Raymond Queneau, Joan Miro.

Savoir si l'esprit surréaliste est ou non compatible avec un engagement politique - le communisme - provoque la scission du groupe et oppose à coups d'injures Desnos, Prévert, Soupault et quelques autres, à Breton, Aragon, Eluard...

Dans les années trente, l'activité de Desnos évolue : il écrit moins, se lançant dans la radio - réalisateur d'émissions, rédacteur publicitaire - dans la chanson, le cinéma. Issu d'un milieu modeste, il veut que la culture imprègne la vie de tous.

 

"La lune, nid des vers luisants,

Dans le ciel continue sa route.

Elle sème sur les enfants,

Sur tous les beaux enfants dormants,

Rêve sur rêve, goutte à goutte."

 

(Chantefables et Chantefleurs)

 

Mais l'artiste qu'il est perçoit comme un danger pour la liberté les tensions internationales : il rejoint le Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes, milite en faveur des républicains espagnols, endosse sans complexe l'uniforme en 1939.

Démobilisé après la défaite de juin 1940, il entre au journal Aujourd'hui. En 1942, il intègre le réseau de Résistance "Agir", participe à l'action de la presse clandestine et retrouve la littérature sous forme de pamphlets et de romans (Maréchal Duconno, Etat de veille...).

 

"Je suis le veilleur de la Porte Dorée

Autour ou donjon le bois de Vincennes

épaissi ! les ténèbres

J'ai entendu des cris

dans ta direction de Créteil

Et des trains roulent vers l'est

avec un sillage Je chants de révolte."

 

(Destinée arbitraire)

 

Le 22 février 1944, Desnos est arrêté et emmené à la prison de Fresnes. Le camp de Compiègne-Royallieu, où il est transféré le 20 mars, est la première étape de sa déportation. Le 12 mai, il doit partir pour Buchenwald.

Le 25 mai, il gagne le camp de Flossenburg puis, le 2 juin, le commando de Flohä. Lorsque les Alliés pénètrent en Allemagne, les Nazis font évacuer les camps, exécutant les déportés ou les lançant dans d'épouvantables marches jalonnées de morts.

Parti le 14 avril 1945, Desnos arrive ainsi à Theresienstadt (Terezin) en Tchécoslovaquie, ville délivrée par les Russes le 8 mai suivant. Atteint de typhus, il s'éteint le 8 juin 1945.

Ses restes mortels reposent à Paris, dans le cimetière du Montparnasse.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

 

Max Jacob

1876-1944

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Portrait de Max Jacob. Source : photo Carl van Vechten, Library of Congress

 

 

Le futur poète naît à Quimper (Finistère), le 12 juillet 1876, dans une famille juive originaire de Prusse. C'est en 1888 que celle-ci change son nom d'Alexandre en celui de Jacob.

Fils d'un tailleur, ses études au lycée de Quimper, son classement à la 8e place du concours général de philosophie et son entrée à l'école coloniale, ne semblent pas le prédisposer à la vie artistique qu'il débute en 1897 en "montant à Paris". Attiré par l'esprit des nouvelles tendances artistiques, il rencontre Picasso en 1901 et fréquente assidûment les artistes du "Bateau-Lavoir" où lui-même s'installe en 1911. En 1903, il publie Histoire de Kaboul 1er et du marmiton Gauvain.

Nombre de ses ouvrages vont être illustrés par ses amis : Derain pour les oeuvres burlesques et mystiques du frère Matorel, Pablo Picasso pour Le siège de Jérusalem, Juan Gris pour Ne coupez pas mademoiselle...

Converti au catholicisme en 1909, il est baptisé le 18 février 1915 au couvent de Sion à Paris, Picasso étant son parrain. Au cours des années 1916-1917 - ayant été réformé, il ne participe pas à la Première Guerre mondiale - il adopte le surréalisme d'où naît Le cornet à dés.

En 1921, il choisit de se retirer à Saint-Benoît-sur-Loire, habitant le monastère. Dans une poésie en prose ou en vers, Max Jacob continue de laisser filer son ironie, sa sensibilité, dans un choc d'images et de mots atteignant le burlesque.
 
 
 
 

"Les manèges déménagent,

Ah ! Vers quels mirages ?

Dites pour quels voyages

Les manèges déménagent."

(Pour les enfants et les raffinés)

Le Laboratoire central, La Couronne de Voltaire, Visions infernales paraissent entre 1921 et 1924. Mais en 1927, il regagne Paris, capitale d'une vie littéraire la plus riche peut-être du XXe siècle, et centre des batailles artistiques. Il y reste neuf ans avant de revenir dans le Loiret, écrivant, récitant ses poèmes, exposant ses gouaches dans la galerie que Christian Dior vient d'ouvrir.

La guerre, à laquelle il avait échappé vingt ans plus tôt, le rejoint sous la forme des mesures anti-juives. En 1943, son frère Gaston est déporté. Puis c'est le tour de sa soeur, Mirthé-Léa, au début de 1944. Le 24 février 1944, Max Jacob est arrêté et conduit à la prison d'Orléans. Transféré le 28 février au camp de Drancy, il y meurt le 5 mars d'une pneumonie. Enterré au cimetière d'Ivry, son corps est ré-inhumé le 5 mars 1949 à Saint-Benoît-sur-Loire.

"Le Paradis est la ligne de craie

sur le tableau noir de ta vie V

as-lu l'effacer avec les diables

de ce temps ?"

(Folklore)

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

 

 

Léon Gambetta

1838-1882

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Portrait de Léon Gambetta. Sources : SHD

 

Léon Gambetta naît à Cahors le 2 avril 1838, ville d'adoption de Joseph, un génois, et de Marie Madeleine Orasie Massabie, fille d'un pharmacien de Molières, cité du Tarn-et-Garonne. Très jeune, Léon se fait remarquer par son intelligence et sa prodigieuse mémoire. Il devient interne au petit séminaire de Montfaucon avant de poursuivre sa scolarité au lycée de Cahors. Candidat au Concours général, il décroche le prix de dissertation française puis le baccalauréat ès-lettres en 1856, à 17 ans.

Au grand dam de son père qui aurait voulu le voir lui succéder dans les affaires, le jeune homme, orateur talentueux, part pour Paris en janvier 1857 et s'inscrit à l'École de droit afin d'embrasser la carrière d'avocat. Il demande la nationalité française le 29 octobre 1859 et l'obtient. Il soutient sa thèse de licence en droit le 19 janvier de l'année suivante et prête serment le 8 juin 1861.

Ses premières plaidoiries le mettent en rapport avec les groupes parlementaires d'opposition de "gauche" (les Républicains). L'affaire de la souscription Baudin (1851) le révèle en 1868. Ce procès est intenté par le gouvernement impérial contre les journaux favorables à une souscription en vue d'édifier un monument à la mémoire de cet élu tué sur les barricades, faubourg Saint-Antoine, aux côtés du peuple de Paris, le 3 décembre.

Le jeune avocat prononce pour l'occasion un réquisitoire contre le régime de Louis Napoléon Bonaparte.

En janvier 1870, député de la circonscription de Marseille, il s'oppose au gouvernement d'Emile Ollivier dont le ralliement à Napoléon III est perçu comme une traîtrise par les républicains. Gambetta appelle cependant à l'union nationale et vote les crédits militaires à la veille de la guerre. Dans la nuit du 3 au 4 septembre, Léon Gambetta, après avoir vainement tenté d'apaiser la situation insurrectionnelle née de l'annonce de la capitulation de Sedan, proclame la déchéance de l'Empire, dans un Palais Bourbon envahi par la foule. À l'Hôtel de Ville, il assiste à la proclamation du Gouvernement de Défense nationale auquel il est associé aux côtés de Jules Simon et Ernest Picard. Il s'installe de son propre chef au ministère de l'Intérieur et ordonne la destitution des préfets de l'Empire. Il organise en même temps la défense de la capitale.

Le 7 septembre, dans Paris assiégée, Léon Gambetta apparaît comme l'homme providentiel. Face à un gouvernement débordé par la situation, il anime la Défense nationale en province. Gambetta incarne alors la résistance à l'occupant prussien. Il s'envole en ballon pour rejoindre la délégation de Tours, via Montdidier, Amiens et Rouen, ajoute le département de la guerre à son portefeuille, met sur pied des armées nouvelles, veille à l'encadrement et au ravitaillement des troupes, crée des manufactures, multiplie les déplacements, les instructions et les discours appelant à "prolonger la guerre jusqu'à l'extermination". Au même moment la capitale subit le siège des impériaux : la ville est bombardée, la population est affamée. Adolphe Thiers finit par mandater (22 janvier 1871) Jules Favre, chargé des affaires extérieures, auprès de Bismarck afin de convenir d'un armistice. Gambetta est écarté de la scène politique et des négociations en raison d'un décret qu'il a signé à Bordeaux rendant inéligibles les membres des assemblées de l'Empire. Il démissionne le 6 février.

Gambetta est élu sur neuf listes lors des élections générales du 8 février 1871 : dans l'Est, à Paris, à Marseille, en Algérie. Il choisit le Bas-Rhin. Il vote contre la paix et marque sa volonté de récupérer les provinces perdues. De retour de sa retraite à Saint-Sébastien, ayant perdu son siège de député le 2 juillet, il fait campagne dans les Bouches-du-Rhône et dans la Seine.

Député de la Seine, Gambetta forme un parti parlementaire d'extrême gauche, " l'Union républicaine", fonde un journal, La République française, multiplie les allocutions en province au cours desquelles il fustige la politique conservatrice de l'Assemblée nationale, et affiche un anticléricalisme militant. Dans la tumulte de la souveraineté républicaine restaurée, il participe aux débats qui donnent naissance aux lois constitutionnelles, et contribue à faire voter l'amendement Wallon le 28 janvier 1875.

Léon Gambetta s'applique ensuite à promouvoir le nouveau régime, lors de la campagne électorale pour le scrutin de janvier et de février 1876. À Bordeaux (13 février), il énonce les réformes nécessaires : séparation des Églises et de l'État, création d'un impôt sur le revenu, rétablissement de la liberté de réunion et d'association, mesure qu'il renvoie à des temps "opportuns" par crainte de heurter l'électorat rural, le plus nombreux démographiquement. Le vote du 20 février consacre son travail. Gambetta est élu dans plusieurs circonscriptions et opte pour Belleville. Le maréchal de Mac-Mahon cependant ne l'appelle pas dans son ministère. Il lui préfère des personnalités plus "à droite". Gambetta profite de la crise née de la constitution du ministère de Broglie pour fédérer le vote républicain et provoquer la dissolution de la Chambre - ce sera son unique victoire dans sa vaine tentative de rassembler les partis de gauche.

Tacticien et orateur de premier plan, Gambetta fait sienne la campagne électorale de l'été jusqu'à prononcer dans son discours de Lille (15 août), à l'adresse du Président de la République, la phrase "se soumettre ou se démettre", propos qui lui vaudront une condamnation de trois mois de prison, peine qu'il n'effectuera pas. Ayant accédé à la "sainteté républicaine", il préfère cependant le 3 septembre promouvoir Jules Grévy à la fonction de chef de l'État et demeurer au second plan.

Les crises politiques se succèdent . Gambetta s'oppose au maréchal de Mac-Mahon avec véhémence. Il finit par obtenir sa démission, ce dernier ayant refusé de signer le décret de mise en disponibilité des dix généraux de corps d'armée (20 janvier 1879). Refusant à nouveau de prendre la tête du régime, Gambetta laisse Jules Grévy succéder à Mac-Mahon et se contente de la présidence de la chambre (31 janvier 1879).

D'une fonction symbolique dont il s'acquitte élégamment, Gambetta, ne constituant plus un obstacle politique aux yeux du président Grévy, accède à la présidence du conseil le 10 novembre 1881. Il croit alors enfin pouvoir faire de la France un pays stable et pacifique réuni autour de l'idée républicaine. Le nouveau chef de l'État tente de mettre en place un grand ministère réunissant l'ensemble des grandes figures de "gauche". Jules Ferry, Léon Say, Henri Brisson, Charles de Freycinet, les chefs de mouvements déclinent l'offre. Son gouvernement à peine formé (14 janvier 1882) est renversé au bout de 74 jours à la suite d'une proposition de loi sur les modes de désignation des sénateurs et d'élection des représentants à la chambre. Freycinet lui succède entouré de ceux-là mêmes qui avaient refusé de lui apporter leur concours.

Léon Gambetta se désengage alors de la vie politique. Il s'installe dans la région de Nice, ne prend plus part aux débats si ce n'est le 18 juillet 1882 pour demander le maintien de la présence française en Egypte.

Replié aux Jardies (Ville-d'Avray), en compagnie de Léonie Léon, Gambetta est victime d'un accident d'arme à feu qui le contraint à garder le lit pendant le mois de novembre. Cette inactivité lui est fatale. Il succombe à la suite d'une infection intestinale et d'une appendicite non opérée, le 31 décembre 1882.

Héros républicain, "père" fondateur de la IIIe République, Léon Gambetta est une personnalité incontournable pour "arriver à comprendre qu'un régime initialement moderne et populaire, celui de Napoléon III, ait été remplacé par une république qui ajoutait, à ces mêmes mérites, celui d'un libéralisme profond" (M. Aghulon). Ses obsèques, nationales, sont organisées le 6 janvier 1883. Des monuments lui seront élevés dans toute la France : à Bordeaux (25 avril 1905), à Nice (25 avril 1909), etc. Celui installé dans le jardin des Tuileries disparaîtra sous l'occupation allemande.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Philippe Pétain

1856- 1951

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Le maréchal Pétain en 1928, commandant en chef des armées. Source : SHD

 

Militaire et homme d'État français, Philippe Pétain est né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais), d'une famille de cultivateurs. Pensionnaire dans un collège de jésuites à Saint-Omer, il intègre ensuite l'école des Dominicains d'Arcueil. Très impressionné par les récits de son oncle qui avait servi dans la Grande Armée de Napoléon, et très marqué par la guerre de 1870, alors qu'il n'avait que 14 ans, il décide d'être soldat et entre à Saint-Cyr, en 1876. Il y est admis parmi les derniers (403e sur 412) et en sort en 1878 (Promotion De Plewna), dans un rang toujours très modeste, 229e sur 336, prélude à une carrière militaire qui s'annonce peu brillante. Il est affecté comme sous-lieutenant au 24e bataillon de chasseurs à pied (BCP) de Villefranche (Alpes-Maritimes). Lieutenant à l'ancienneté, il rejoint le 3e bataillon de chasseurs à Besançon en 1883 où il reste cinq ans, ne participant donc à aucune campagne coloniale.

Il est admis en 1888 à l'École Supérieure de Guerre dont il sort breveté d'état-major en 1890. Promu capitaine la même année, il est affecté à l'état-major du 15e corps d'armée, à Marseille avant de revenir au 29e BPC puis à l'état-major du gouverneur de Paris, aux Invalides.

En 1900, il est promu chef de bataillon et est nommé instructeur à l'École normale de tir du camp de Châlons-sur-Marne. Son enseignement et ses idées personnelles de commandement diffèrent alors de ceux de l'École, notamment sur l'intensité du tir qui doit primer, selon lui, sur la précision.

Il est muté en 1901 au 5e régiment d'infanterie (RI) à Paris où, en qualité de professeur-adjoint à l'École supérieure de guerre, il est chargé des cours de tactique appliquée à l'infanterie. Il s'y distingue par ses idées tactiques originales, rappelant l'effet meurtrier du feu et préconisant la défensive et la guerre de positions quand les théoriciens officiels prônent la guerre à outrance.

Nommé lieutenant-colonel en 1907, il est affecté à Quimper au 118e RI.

Promu colonel le 31 décembre 1910, il quitte alors l'École de guerre et prend le commandement du 33e régiment d'infanterie à Arras, où le sous-lieutenant Charles de Gaulle est affecté à sa sortie de Saint-Cyr et où se produira leur première rencontre, le 8 octobre 1912.

En juillet 1914, le colonel Philippe Pétain a 58 ans et s'apprête à prendre sa retraite. Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, le 3 août 1914, il est à la tête de la 4e brigade d'infanterie et se distingue en Belgique, dans la province de Namur. Promu général de brigade le 27 août 1914, il reçoit le commandement de la 6e division qui atteint le canal de l'Aisne, après la victoire de la Marne. Le 14 septembre, il est général de division et le 22 octobre, il prend officiellement le commandement du 33e corps d'armée avec lequel il réalise des actions d'éclat, notamment dans les batailles de l'Artois en 1915, tout en se montrant soucieux d'épargner la vie de ses hommes.

Le 21 juin 1915, il reçoit le commandement de la IIe armée.

En février 1916, lorsque les Allemands déclenchent leur offensive sur Verdun, Pétain est désigné par Joffre pour prendre le commandement de ce front et organiser la défense aérienne et terrestre. Il parvient, en quelques jours, à stabiliser la situation et met en place une noria continue de troupes, de camions de munitions et de ravitaillement sur la petite route de Bar-le-Duc à Verdun qui va devenir la "Voie sacrée".

Unanimement reconnu comme "le vainqueur de Verdun", il ne reste pourtant qu'à peine plus de deux mois sur ce front avant de remplacer le général de Langle de Cary à la tête du Groupe d'Armées du Centre et d'être lui-même remplacé par le général Nivelle dont l'étoile de cesse de monter depuis le début de cette bataille pour aboutir à sa nomination, le 25 décembre 1916, de commandant en chef des armées à la place de Joffre. Le général Pétain est quant à lui nommé chef d'état-major général, poste spécialement crée pour lui.

Opposé aux méthodes brutales du nouveau généralissime qui envisage, dans l'Aisne, un assaut mené "jusqu'au bout de la capacité offensive" des unités, c'est-à-dire sans égard aux pertes, il ne peut s'opposer aux menaces de démission qui assurent en dernier lieu à Nivelle la confiance du gouvernement. La bataille du Chemin des Dames, déclenchée le 16 avril 1917, se solde rapidement par un échec très coûteux en vies humaines. Le mécontentement des soldats gronde et des refus collectifs d'obéissance se manifestent dans de nombreuses unités.

Nivelle est remplacé par Pétain qui est nommé, le 15 mai 1917, commandant en chef des armées françaises. Chargé de réprimer les mutineries et de ramener la confiance des troupes, il impose de dures mesures disciplinaires mais réduit au minimum les exécutions prononcées par le Conseil de guerre (49 exécutions pour 554 condamnations à mort), met fin aux offensives mal préparées et améliore les conditions de vie matérielles et morales des soldats, en attendant "les Américains et les chars".

En octobre 1917, il reprend aux Allemands, grâce à des offensives à objectifs limités et ne gaspillant pas la vie des soldats, une partie du terrain perdu du Chemin des Dames (le fort de la Malmaison).

Il développe parallèlement ses idées sur la nouvelle importance de l'aviation dans les batailles et sur son utilisation combinée avec les chars. Sa directive n° 5 du 12 juillet 1918 s'oriente ainsi nettement vers la guerre de mouvement : "la surprise tactique sera obtenue par la soudaineté de l'attaque à la faveur d'une préparation par l'artillerie et l'aviation de bombardement aussi brève et aussi violente que possible, soit sans préparation à la faveur de l'action de rupture des chars d'assaut ouvrant la voie à l'infanterie et à l'artillerie. Le rôle de l'aviation est de la plus haute importance".

Il prépare également une grande offensive en Lorraine, prévue pour le 14 novembre 1918, qui doit mener les troupes franco-américaines jusqu'en Allemagne. Mais elle est abandonnée car, contre son avis et celui du général Pershing qui souhaitaient que la signature de l'armistice n'intervienne pas avant que l'ennemi ne soit rejeté au-delà du Rhin, Foch, nouveau général en chef, et Clemenceau, président du Conseil, acceptent l'armistice demandé par les Allemands à la date du 11 novembre alors que les territoires français et belges ne sont pas encore tous libérés et que les alliés sont encore loin de la frontière allemande.

Bénéficiant d'une popularité considérable à la fin du conflit, véritable légende vivante, Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France le 19 novembre 1918 et reçoit le 8 décembre suivant, à Metz, son bâton étoilé des mains du président Poincaré.

Reconduit dans ses fonctions de commandant des troupes françaises en juillet 1919, il est également nommé, par décret du 23 janvier 1920, vice-président du Conseil supérieur de la guerre et par décret du 18 février 1922, Inspecteur général de l'armée. Il se consacre durant toute cette période à la réorganisation de l'armée française.

En 1925, il est envoyé au Maroc pour combattre la rébellion de tribus aux ordres d'Abd-el-Krim, chef de l'éphémère République du Rif. Cette campagne s'achève en mai 1926 par la soumission d'Abd-el-Krim.

C'est la dernière campagne du maréchal Pétain et son ultime victoire.

Entré à l'Académie Française le 22 janvier 1931, il est nommé, le 9 février suivant, Inspecteur général de la défense aérienne du territoire. Son immense popularité, en particulier dans les milieux de gauche qui voient en lui le modèle du militaire républicain, lui permet d'accéder, en 1934, au poste de ministre de la guerre dans le gouvernement Doumergue, poste qu'il occupe jusqu'au renversement du cabinet, le 8 décembre 1934. Au cours de ce bref ministère, il travaille essentiellement à doter les forces françaises des moyens indispensables à la conduite d'une guerre moderne, offensive et audacieuse, grâce à l'emploi combiné de l'aviation et des chars. Mais il est confronté à des contingences politiques et financières qui ne lui laissent guère de moyens d'actions. Il préside par la suite le Conseil supérieur de la guerre où sa politique de guerre défensive s'oppose aux idées du colonel de Gaulle, partisan de la concentration de chars dans des divisions blindées.

Le 2 mars 1939, il est envoyé par Daladier comme ambassadeur de France en Espagne pour négocier la neutralité du régime de Franco en cas de guerre européenne et superviser le rapatriement à Madrid des réserves d'or de la Banque d'Espagne et des toiles du musée du Prado, mises à l'abri en France durant la guerre civile espagnole.

Le 17 mai 1940, Pétain, qui a alors 84 ans, est rappelé d'urgence en France par Paul Reynaud pour occuper le poste de vice-président du Conseil dans son gouvernement. Le général Weygand est nommé à la tête des armées en remplacement du général Gamelin mais il est déjà trop tard. Le gouvernement s'installe à Bordeaux et des centaines de milliers de Français et de Belges prennent les routes de l'exode pour fuir les troupes allemandes. Le 16 juin, Reynaud présente la démission de son gouvernement et propose de confier la Présidence du Conseil au maréchal Pétain, considéré par beaucoup comme l'homme providentiel.

Jusqu'en 1940, Pétain était avant tout et essentiellement un soldat. Après 1940, il doit gouverner au lieu de commander.

Le 17 juin, il prononce son premier message radio-diffusé et annonce aux Français son intention de demander l'armistice qui sera signé à Rethondes, le 22 juin après avoir été approuvé par le Conseil des ministres et le président de la République, Albert Lebrun. Le 29 juin, le gouvernement quitte Bordeaux et s'installe à Vichy où, le 10 juillet, une loi votée par les deux assemblées (569 voix pour, 80 voix contre et 17 abstentions) confie au Maréchal les pleins pouvoirs avec pour mission la promulgation d'une nouvelle constitution.

Mais Pétain décide de ne rien promulguer tant que la France ne sera pas libérée. Il institue donc un État provisoire, l'État français, pour le temps de l'occupation.

Dès lors commence la période la plus controversée de sa vie. Devenu chef de ce nouvel État, Pétain suspend les libertés publiques comme les partis politiques et unifie les syndicats dans une organisation corporatiste du travail. Il instaure un régime autoritaire, antiparlementaire, anticommuniste et anticapitaliste qui veut réaliser la "Révolution Nationale" avec pour devise "Travail, Famille, Patrie" et pour ambition le "relèvement de la France" qui passe d'abord par le rapatriement des réfugiés, le ravitaillement mais aussi le maintien de l'ordre et de l'unité nationale.

Il fait promulguer, anticipant les exigences allemandes, des lois d'exclusion contre les francs-maçons et les juifs qui les excluent de la plupart des activités et fonctions publiques.

Alors que le général de Gaulle, parti à Londres, appelle tous les Français à résister à l'ennemi, le maréchal Pétain s'engage officiellement dans la voie de la collaboration après son entrevue avec le chancelier Hitler dans la ville de Montoire (Loir-et-Cher), le 30 octobre 1940. Il poursuivra cette politique tout au long de la guerre dans l'espoir de faire de la France le partenaire privilégié du Reich dans une Europe durablement sous hégémonie allemande. Son choix collaborationniste exclut toute rébellion ou simple protestation contre les exactions de l'occupant et implique au contraire de dénoncer tous les actes de résistance intérieure ou extérieure et les opérations alliées contre des civils comme des "crimes terroristes". Il encourage les formations para-militaires, fer de lance de la Révolution Nationale et du régime et soutien des troupes allemandes sur le front russe.

Après le débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942 et les ordres que donne le Maréchal à ses généraux sur place de combattre les alliés, après la dissolution de l'armée d'armistice et le sabordage de la flotte française dans la rade de Toulon le 27 novembre 1942, après la dissidence de la plus grande partie de l'Empire et la fin de la "zone libre", le régime de Vichy ne dispose plus que d'un pouvoir illusoire face aux Allemands et le Maréchal perd, en France, une grande partie de la popularité dont il bénéficiait depuis 1940. De plus en plus affecté par son grand âge qui ne lui laisse plus, selon ses proches collaborateurs, que quelques heures de lucidité quotidiennes, il maintient néanmoins sa politique de collaboration et accepte le durcissement de la répression jusqu'en août 1944 où il est emmené contre son gré à Sigmaringen, en Allemagne, avec de nombreux dignitaires de son régime. Refusant d'y constituer un gouvernement fantoche, il traverse la Suisse et se rend aux autorités françaises le 26 avril 1945.

Traduit devant la Haute Cour de justice, son procès débute le 23 juillet 1945 et s'achève le 15 août suivant en le déclarant coupable d'intelligence avec l'ennemi et de haute trahison. Il est alors condamné à mort, à la dégradation nationale et la confiscation de tous ses biens mais la Haute Cour demande la non-exécution de la sentence, eu égard à son grand âge. Le général de Gaulle accède à cette demande, en raison peut-être également des mérites passés du Maréchal mais aussi de leurs anciens liens, et commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité.

Interné quelques mois au fort de Pourtalet, dans les Pyrénées, il est transféré au fort de la Citadelle, sur l'île d'Yeu, en novembre 1945. Il y décède le 23 juillet 1951, à l'âge de 95 ans, et est enterré au cimetière de Port-Joinville.

François Chabaud-Latour

1804-1885

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Portrait du Général François de Chabaud-Latour (1804-1885). Source : Société d'histoire du protestantisme français

 

Fils d'Antoine Georges François (15 mars 1769-19 juillet 1832) et de Julie Verdier de la Coste, François, Ernest Chabaud-Latour naît à Nîmes le 25 janvier 1804.

Il sort 7e de l'école Polytechnique en 1820 et choisit le Génie. En 1829, il participe brièvement aux côtés de l'armée russe au siège des places du Danube, appelé à Paris pour servir dans le ministère Polignac.

En 1830, il est volontaire pour l'expédition d'Alger, et est décoré à la suite du bombardement du Fort-1'Empereur et de l'occupation de Blida.

Nommé officier d'ordonnance du duc d'Orléans, fonction qu'il occupera jusqu'à la mort du Prince en 1842, il se retrouve engagé dans la campagne de Belgique et à la prise d'Anvers. Chabaud-Latour suit également le duc d'Orléans pendant les campagnes d'Algérie (1837, 1839, 1840) et participe aux engagements de Sig, Habra, Mascara, puis, en 1839, à la bataille des Portes de Fer qui lui vaut d'être élevé à la dignité de croix d'officier de la Légion d'honneur et, en 1840, aux combats de Médéah, d'El-Affroun, du col de Mouzaïa et du bois des Oliviers.

En 1840, lorsque se pose la question des fortifications de Paris, il préconise dans son avant-projet la construction d'une enceinte continue fortifiée et d'une ceinture de forts avancés destinés à éviter à la population les rigueurs d'un siège.

Sa charge de député du Gard (de 1837 à 1848, favorable au ministère Guizot), lui permet de défendre son projet au Parlement.

Chef du génie, il s'occupe personnellement du secteur Est de l'enceinte de Paris - il supervise les travaux jusqu'en 1846.

Promu lieutenant-colonel en 1842, il devient l'aide de camp du comte de Paris à la mort du duc d'Orléans. Colonel en 1846, il part commander le 3e régiment du génie, à Arras. Lors des journées de février 1848, il reste fidèle aux Orléans allant jusqu'à offrir sa démission à la suite de l'abdication du roi. Mis en disponibilité quelques semaines, il est appelé à la direction du génie d'Amiens, puis, suite au coup d'État du 2 décembre 1851, il réintègre ses fonctions à Grenoble.

Commandant supérieur du génie en Algérie en 1852, il demeure cinq ans dans la colonie, prenant part aux expéditions des Babors en 1853, des Beni-Iuya en 1854, des Guetchoula en 1855 et de la Grande-Kabylie en 1857. Planificateur talentueux , il réalise en seize jours la route de Tizi-Ouzou à Souk-el-Arba, et, en quatre mois, il fait construire Fort-Napoléon, au centre de la tribu des Béni Raten. Il s'occupe également de construction de barrages sur les rivières et de la création de plusieurs villages.

Général de brigade au 30 avril 1853, Chabaud-Latour est promu général de division après les campagnes de 1857 et 1858, date de son retour à Paris, appelé au comité des fortifications, à l'inspection générale des places fortes, des régiments du génie et de l'École polytechnique, et au comité consultatif des affaires algériennes. Lors de la guerre d'Italie, il commande le corps du génie posté en observation sur la frontière de l'Est. Grand officier de la Légion d'honneur en 1861, président du comité des fortifications en 1864, il passe au cadre de réserve le 25 janvier 1869.

Rappelé à l'activité en 1870, Chabaud-Latour est mis à la tête du génie de la défense de Paris et reprend la présidence du comité des fortifications, mettant en état de défense le camp retranché de la capitale de sorte qu'elle ne put être bombardée sur sa rive gauche qu'à partir des redoutes inachevées de Châtillon et de Montretout.

Son fils, Arthur Henri Alphonse (1839-1910), issu de son mariage avec Hélène Mathilde Périer, saint-cyrien, s'illustre lors des combats de l'armée de la Loire, recevra la Légion d'honneur pour sa conduite exemplaire. Lissagaray, le "Michelet de la Commune", écrira à ce propos "Ce Paris pour qui Hoche, Marceau, Kléber n'eussent été ni trop jeunes, ni trop croyants, ni trop purs, avait comme généraux les plus mauvais résidus de l'Empire et de l'Orléanisme, Vinoy de Décembre, Ducrot, Suzanne, Leflô. Tel prétentieux fossile comme Chabaud-Latour commandait en chef le génie."

L'enceinte ainsi réalisée, appelée communément l'enceinte de Thiers ou "les fortif'" mesure 35 kilomètres de long (son tracé correspond à celui du l'actuel périphérique) assurée par 94 bastions et pourvue de 17 portes et de 8 poternes. L'assise par endroit atteint 40 centimètres d'épaisseur de béton, le pavement extérieur, comme les murs de profil, est en meulière et formé d'une succession de moellons bruts lié par du mortier hydraulique. Nommé grand croix de la Légion d'honneur pour cela, il est maintenu en activité sans limite d'âge.

 

Élu député du Gard, en février 1871 à l'Assemblée nationale - y siégeant au centre droit - il y préside la commission de l'armée chargé de la rédaction de la loi militaire de 1872, il est aussi le rapporteur du projet de loi sur les nouveaux forts à construire autour de Paris et occupe, à plusieurs reprises, la fonction de vice-président de l'Assemblée. Membre du comité de défense, Chabaud-Latour met tout son talent dans l'organisation de la nouvelle frontière de l'Est.

Personnage éminent de l'État, il est désigné pour juger, en 1873, le maréchal Bazaine, accusé d'avoir contribué à la défaite française lors de la guerre franco-allemande de 1870.

Appelé le 20 juillet 1874 par le maréchal de Mac-Mahon aux fonctions de ministre de l'Intérieur, et ce jusqu'au 10 mars 1875, il s'inscrit dans la ligne du duc de Broglie, en plein débat sur le septennat. Il échoue aux élections sénatoriales du 30 janvier 1876 mais est nommé sénateur inamovible le 10 novembre de l'année suivante.

Il décède à Paris le 10 juin 1885 des suites d'une chute dans l'escalier de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest dont il était l'administrateur.

 

Sources : R. d'Amat et R. Limouzin-Lamothe, Dictionnaire de biographie française, Paris, Letouzey, 1965, tome 6, col. 113-115 . F. Guizot, Mémoires pour servir à l'histoire de mont temps, Paris, Lévy, 1864
Sources complémentaires : P.-O. Lissagaray, Histoire de la Commune, Paris, Dentu, 1896, pp. 58-59 . B. Yvert, Dictionnaire des ministres (1789-1989), Paris, Perrin, 1990, pp. 400-401

Jules Saliège

1870 - 1956

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Portrait de Jules Saliège. Source : SGA/DMPA

 

Figure de l'engagement de l'église catholique de France en direction des internés, Mgr Saliège est le premier prélat français à protester contre la déportation des Juifs, au départ des camps du Récébédou et de Noé.

Jules Saliège, originaire du Cantal, se destine très tôt à la prêtrise. Il entre au petit séminaire de Pleaux puis intègre le grand séminaire d'Issy-les-Moulineaux. Il est ordonné prêtre le 21 septembre 1895 et devient, deux ans plus tard, supérieur de Saint-Flour, après y avoir enseigné la philosophie et la morale.

Mobilisé en 1914, il participe à la guerre comme aumônier militaire volontaire. Il est affecté à la 163ème division d'infanterie.

Démobilisé en 1918, il reprend ses fonctions à la tête du séminaire puis est nommé évêque de Gap en 1925. Pie XI le nomme archevêque de Toulouse et de Narbonne en 1928 pour succéder à Mgr Germain. En 1931 il est paralysé suite à une attaque d'hémiplégie.

Après l'Armistice du 22 juin 1940, Mgr Saliège donne à son activité pastorale une coloration politique, s'opposant aux lois raciales du gouvernement de Vichy dès le mois de mars 1941.

Il s'engage sur le terrain en soutenant des oeuvres caritatives en faveur des détenus (républicains espagnols, juifs, opposants politiques) des camps de Noé et du Récébédou. En août 1943 il est le premier prélat français à dénoncer l'utilisation des camps français comme anti-chambre d'Auschwitz. Le 23 août 1942, il écrit dans une pastorale : "Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d'une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle... Dans notre diocèse, des scènes d'épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes... Tout n'est pas permis contre eux... Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d'autres. Un chrétien ne peut l'oublier." Bien qu'interdite par arrêté préfectoral, la lecture de cette lettre a quand même lieu dans la plupart des paroisses et surtout, est reprise et diffusée par la BBC. En septembre 1942, le camp du Récébédou est fermé. Il organise alors, en parallèle, le placement des Juifs aux alentours de Toulouse. Son action est suivie par d'autres ecclésiastiques comme Mgr Théas, en charge du diocèse de Montauban. Le 24 mars 1944, s'adressant aux scouts catholiques français partant pour l'Allemagne, il critique ouvertement le national-socialisme, et manque d'être déporté, sort auquel il échappe en raison de sa notoriété et de son état de santé. A la Libération, le général de Gaulle lui remet la médaille de la Résistance et le fait compagnon de la Libération (décret du 7 août 1945).

Mgr Saliège est acclamé par la foule, pour ses actes de résistance, en octobre 1945, à l'occasion de son jubilé sacerdotal et de sa nomination en tant qu'assistant au trône pontifical. Le 18 février 1946 il est créé cardinal-prêtre, du titre de Sainte-Prudentienne, par le Consistoire.

Diminué par son hémiplégie, il est secondé par Mgr Garrone, mais continue d'occuper la fonction de chancelier de l'Institut catholique de Toulouse, et d'être membre des congrégations romaines des Sacrements, des Religieuses et des Cérémoniales.

Il décède le 4 novembre 1956 à l'âge de quatre-vingt-six ans et est inhumé dans la cathédrale Saint-Etienne à Toulouse.

Ses écrits reflètent une vie d'engagement : Lettre pastorale de Mgr l'Archevêque de Toulouse, (1937) . Notes de son Excellence Mgr Saliège (1945) . Un Evêque français sous l'Occupation (1945) . Le Temps présent et l'action catholique (1946) . Le Prêtre, le Temps présent et l'Action catholique (1946) . Les menus Propos du Cardinal Saliège (1947) . Lourdes Pax Christi (1948) . Lettre pastorale de S.E. le Cardinal Archevêque de Toulouse au Clergé et aux fidèles de son diocèse (1948) . Son Excellence Mgr Gabriel Brunhès, Evêque de Montpellier 1932-1949 (1949) . Ma vie par le Christ. Lettre du Cardinal Saliège et de Mgr Houssaron, (1952) . Mgr Maisonobe, Evêque de Belley, 1882-1954 (1955).

 

Joseph Doumenc

1880-1948

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Photo portrait de Joseph Doumenc

 

Joseph Doumenc (Grenoble 16 novembre 1880 – Massif du Pelvoux 21 juillet 1948) :

 

Polytechnicien puis élève de l'École d'application de l'artillerie et du génie de Fontainebleau, Joseph Édouard Aimé Doumenc intègre l'École supérieure de guerre en 1907. Capitaine à l'état-major du 19e corps d'armée, il sert dans les confins algéro-marocains avant d'être affecté au 60e régiment d'artillerie à Troyes.

Durant la Première Guerre mondiale, adjoint au directeur du Service automobile puis directeur de ce service en 1917, il se signale comme l'organisateur des transports routiers qui assurent le ravitaillement et la relève au cours de la bataille de Verdun en 1916. Par ailleurs, entre novembre 1916 et mars 1917, il participe, aux côtés du général Estienne, à la création des premiers chars d'assaut. Il est nommé commandant en 1918.

Après avoir fait campagne au Maroc en 1925, il prend le commandement de la 1re division d'infanterie puis celui de la 1re région militaire.

En 1938, il est nommé au Conseil supérieur de la guerre. En 1939, promu général d'armée, il est envoyé à Moscou comme chef de la délégation française chargée de négocier un accord militaire avec l'URSS mais la signature du pacte germano-soviétique met un terme à sa mission.

À la déclaration de guerre, il prend la tête de la défense anti-aérienne du territoire avant d'occuper le poste de major général en janvier 1940.

Il quitte le service en 1942. Il se tue accidentellement dans les Alpes en 1948.

Le général Doumenc était Grand officier de la Légion d'honneur. Il était en outre titulaire, notamment, de la Croix de guerre 1914-1918 avec neuf étoiles de bronze, de la Croix de guerre théâtres d'opérations extérieurs et de plusieurs décorations étrangères.

Oeuvre : Commandant Doumenc Les transports automobiles sur le front français 1914-1918, 1920.

 

Collection "Mémoire et citoyenneté", N°14, Publication Ministère de la défense/SGA/DMPA

Franz Stock

1904-1948

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Portrait de Franz Stock. Source : wikipedia.org

1904 naissance à Neheim (Westphalie) le 21 septembre

1926 participe au congrès La Paix par la jeunesse à Bierville (France) à l'appel de Marc Sangnier

1928 étudiant à Paris (séminaire des Carmes de l'Institut catholique)

1932 ordonné prêtre à Paderborn

1934 recteur de la paroisse allemande de Paris

1940 Aumônier allemand de trois prisons parisiennes : Fresnes, La Santé, Cherche-midi

1944 Il accompagne, aide, soulage les condamnés à mort (plus de mille au Mont Valérien) ou à la déportation ainsi que leurs familles.

1945 supérieur du Séminaire des barbelés, le Coudray (Eure et Loir)

1948 mort à Paris le 24 février

1963 ratification du traité d'amitié et de réconciliation franco-allemande. Transfert du corps à l'église Saint Jean-Baptiste de Rechêvres (Chartres)

 

Le séminaire des barbelés

 

Peu d'hommes ont incarné comme Franz Stock la volonté de réconciliation franco-allemande

 

 Sa vie fut un témoignage d'amour pour l'humanité. Son héritage moral perdure à travers les livres et les témoignages de ceux qui l'ont connu dans les circonstances extrêmes de la guerre.

 

Le souvenir le plus concret qui  reste de lui en France est au  Coudray, près de Chartres

 

C'est le bâtiment qui a abrité de 1945 à 1947 ce que l'Histoire a retenu sous le nom de Séminaire des barbelés et qui, sous la direction de Franz Stock, accueillit près de 1000 jeunes allemands et autrichiens, prêtres et séminaristes prisonniers de guerre, qui allaient contribuer à créer l'Allemagne nouvelle.

Dès les années 60, des associations françaises et allemandes ont été créées par ceux et celles qui voulaient que cet homme hors du commun serve de modèle des deux côtés du Rhin à tous ceux qui voulaient apporter leur contribution à la réconciliation entre nos deux pays et bâtir une Europe de paix.

 

Le Centre européen de rencontre Franz Stock

 

Aujourd'hui trois associations :

  • L'association chartraine Franz Stock
  • Franz Stock Komitee
  • Les amis de l'abbé Stock

ont décidé de tout mettre en oeuvre pour créer dans les lieux même du Séminaire des barbelés, le Centre européen de rencontre Franz Stock (CERFS). Il y a quelques jours, les travaux ont commencé et toutes les associations françaises et allemande contribuent à la réussite du projet.

 

Source : Association Française Les Amis de l'Abbé Stock

Napoléon III

1808-1873

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Portrait de Napoléon III. Source : SHD

NAPOLEON III (Paris, 20 avril 1808 - Chiselhurst, 9 janvier 1873)

Troisième fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, frère de Napoléon Ier, et d'Hortense de Beauharnais, belle-fille de l'Empereur. Il eut pour précepteur le fils du conventionnel Le Bas, qui lui fit aimer le passé révolutionnaire. En 1830, sur les traces de son oncle, il part pour l'Italie, s'affilie au mouvement des carbonari et prend part au soulèvement de Menotti, en Romagne, contre le pape Grégoire XVI. Avec le décès du Duc de Reichstadt en 1832, Louis Napoléon hérite de la légitimité bonapartiste.

Avec l'aide de Persigny, il essaie en vain, le 30 oct. 1836, de soulever la garnison de Strasbourg. Louis-Philippe l'exile au Brésil, d'où il passe aux Etats-Unis, avant de s'installer en 1837 en Angleterre. Il y défend sa conception du "césarisme démocratique" dans son livre Les Idées napoléoniennes (1839) et décide de profiter du regain de ferveur bonapartiste suscité en France par l'annonce du retour des cendres de Napoléon Ier pour tenter à Boulogne un nouveau tour de force, le 6 août 1840. Il comparaît devant la Cour des Pairs, est condamné à la prison perpétuelle et enfermé au fort de Ham (Somme). Il s'en évade en mai 1846, gagne l'Angleterre.

Jugé indésirable sur le territoire métropolitain, Louis Napoléon se fait élire dans cinq département au mois de juin 1848, et siège à l'assemblée trois mois plus tard.

Piètre orateur, l'ambitieux député travaille néanmoins à gagner l'appui des conservateurs, il harangue les foules et se rapproche de l'armée, nostalgique de l'Empire. Candidat aux élections présidentielles de décembre 1848, il est élu avec cinq millions de voix d'avance sur ses concurrents. Le 2 décembre 1851, il réalise un coup d'Etat qu'il fait approuver par plébiscite les 20 et 21 décembre. Ayant au préalable fait modifié la constitution, il devient Président de la République pour dix ans. Il concentre ainsi entre ses mains tous les pouvoirs. Commence alors une série de voyages dans les provinces françaises afin de préparer l'opinion au plébiscite des 21 et 22 novembre 1852 par lequel il se fait proclamer Empereur des Français. Il devient Napoléon III le 2 décembre 1852. Désireux, à l'instar de Napoléon Ier, d'entrer dans le cercle des dynasties européennes, l'année suivante, il épouse, le 30 janv. 1853, une aristocrate espagnole, Eugénie Marie de Montijo.

De 1852 à 1860, Napoléon III exerce le pouvoir sans partage, s'appuyant sur le suffrage universel, qui lui fournit régulièrement des majorités écrasantes mais dont l'orientation est dirigée par le mécanisme de la « candidature officielle ». Le régime reçoit le soutien de l'ancienne bourgeoisie orléaniste, des catholiques et des milieux d'affaires. La vie politique tombe dans le marasme, une oppression feutrée s'appesantit sur tout le pays : l'opposition légitimiste se tait, observant les consignes d'abstention données par le comte de Chambord . l'opposition républicaine est décapitée, les fonctionnaires sont contraints de prêter serment de fidélité à l'empereur, la puissance des préfets est pratiquement illimitée . la presse est bâillonnée par l'autorisation préalable, par le droit de timbre très élevé, par le système des « avertissements », la littérature connaît un sort analogue. L'heure est aussi au faste et à l'apparat : on fait jouer Offenbach, les stations balnéaires sont à la mode. Les grands travaux réalisés à Paris par Haussmann, préfet de 1853 à 1869, restent le symbole du puissant essor de la vie économique à cette époque. La France entre dans la l'ère industrielle : les grands établissements de crédit sont créés (le Crédit foncier et le Crédit mobilier des frères Pereire en 1852, le Crédit industriel et commercial en 1859, etc.) . les transports sont développés (3 100 km de voies ferrées en 1851, 17 000 à la fin de l'Empire, les Grands magasins ouvrent leurs portes (Le Bon Marché, Le Louvre, Le Printemps, La Samaritaine). Les talents de négociateurs de Napoléon III lors du congrès de Paris qui met fin à la guerre de Crimée (1854-1856) lui assurent un grand prestige international. Il intervient dans la création du royaume de Roumanie, prend une part active à l'unification italienne, à l'issue de laquelle il agrégera Nice et la Savoie à la France. Sa politique italienne, lui fait perdre l'appui des catholiques, défenseurs du pouvoir temporel du Pape. L'attentat d'Orsini (14 janvier 1858), sans dommages pour l'Empire, symbolise le mécontentement des conservateurs, et permet à l'empereur de renforcer son pouvoir : par la loi de sûreté générale du 19 février 1858 il peut interner ou de déporter sans jugement les anciens condamnés politiques.

 

Napoléon III se tourne alors vers le courant libéral entre 1860 et 1870. Le décret du 24 novembre 1860 accorde le droit d'adresse au corps législatif, et annonce le retour des républicains dans le débat public. Ces derniers qui réclament l'abolition de la loi de sûreté générale, le rétablissement de la liberté de la presse et du droit de réunion, obtiennent, lors des élections de 1863 trente-deux sièges. Le pouvoir s'incline : l'universitaire anticlérical Victor Duruy est nommé à l'Instruction publique (1863-1869), le droit de grève et de coalition est octroyé en avril 1864, la presse retrouve son autonomie en mai 1868, etc. Napoléon III se réserve le domaine de la politique étrangère : il se lance dans la constitution d'un empire. Ses initiatives finiront par inquiéter les ambitions des autres puissances, et ce, notamment lors de l'expédition du Mexique (1861-1867), où, afin de retrouver les faveurs du Vatican, Napoléon III tente de créer en Amérique centrale un grand empire latin, catholique. L'histoire retiendra le sort tragique de l'empereur du Mexique, Maximilien de Habsbourg, et la bataille de Camerone où, le 30 avril 1863, dans l'hacienda de Camerone, les 3 officiers et les 62 légionnaires de la compagnie du capitaine Danjou ont résisté pendant toute une journée à 2000 Mexicains - cette date est d'ailleurs devenue le jour anniversaire de la Légion. Il achève par ailleurs la conquête de l'Algérie, conforte l'assise coloniale en Nouvelle-Calédonie et au Sénégal, annexe Obock (Mer Rouge) en 1862, se pose en défenseur des chrétiens de Syrie, encourage le creusement du canal de Suez (1859-1869), intervient en Chine aux côté de l'Angleterre (1860), prend possession de la Cochinchine (1863). En Europe, l'Empereur des Français choisit l'ambiguïté, poursuivant en cela sa politique d'affaiblissement de l'Autriche. Après avoir contribué à la formation de l'Italie, il apporte son soutient à la Prusse du chancelier Bismarck pour la constitution d'un Etat allemand, en octobre 1865, lors de l'entrevue de Biarritz, où il tente de négocier l'incorporation des territoires rhénans frontaliers.

À la suite de l'éclatante victoire des troupes prussiennes sur les Autrichiens à Sadowa (3 juillet 1866), Napoléon III prend conscience de la menace de cet État en devenir et donne une nouvelle impulsion à son action politique. Il lance une réorganisation de l'armée par la réforme Niel de 1867-1868, secourt Pie IX à Rome afin de se rallier les catholiques français et les orléanistes. Les élections de 1869 confirment l'assise républicaine de l'Assemblée : Émile Ollivier entre au gouvernement en janvier 1870. L'Empire devient parlementaire. À l'extérieur cependant, la politique française irrite les Italiens et les Prussiens qui ne tardent pas à se rapprocher, alors même que Bismarck achève de discréditer la France en Europe. L'affaire de la succession d'Espagne, dont le trône sans héritier doit échoir aux Hohenzollern, fait planer la menace d'un encerclement de la France. Bismarck utilise l'hostilité née des exigences françaises pour achever l'unification de l'Allemagne. Dans la "dépêche d'Ems", il modifie le compte rendu de l'entrevue entre Benedetti et les Hohenzollern de manière à obliger Napoléon III à déclarer la guerre . chose faite le 19 juillet 1870. Les troupes prussiennes donneront le coup de grâce à l'Empire : Froeschwiller et Forbach, Rezonville-Gravelotte, dans la première quinzaine d'août, Bazaine est encerclé dans Metz. Napoléon III se rend le 2 septembre à Sedan - où il échappe de justesse au peloton d'exécution. L'Empire n'est plus, Gambetta en annonce la déchéance au Palais Bourbon. Le 4 septembre la République est proclamée à l'Hôtel de Ville de Paris.

Charles Louis Napoléon Bonaparte est emmené en captivité à Wilhelmshöhe, en Hesse. Libéré quelques temps plus tard, il rejoint Eugénie de Montijo au château de Chislehurst, dans le Kent.

Comme son oncle, il mourra de maladie (maladie de la pierre), en exil.

 
Sources : Michel MOURRE, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Paris, Bordas, 1996 (1978) - Jean TULARD, Dictionnaire du Second Empire, Paris Fayard, 1995