Sylvain Raynal

1867-1939

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Le Commandant Sylvain Eugène Raynal. Source : D.R.

Sylvain Eugène Raynal naît le 3 mars 1867 dans une famille protestante bordelaise d'artisans, dont il hérite le sens du travail et un profond patriotisme. Il intègre l'école de Saint-Maixent, après une scolarité au lycée d'Angoulême, qu'il quitte avec le même rang d'entrée, treizième. Il connaît ensuite une vie de garnison.

Nommé à l'état-major de Paris, il sert sous les ordre de Guillaumat . découvre ensuite l'Algérie au sein du 7e régiment de tirailleurs de Constantine, où il prend connaissance de l'entrée en guerre de la France à l'été 1914. Blessé à l'épaule par une balle de mitrailleuse en septembre 1914, et en décembre lors du bombardement de son poste de commandement, il est hospitalisé pendant dix mois avant de retourner au combat le 1er octobre 1915.

À la fin 1915, l'offensive allemande se concentre sur le secteur de Verdun sous la direction du Kronprinz, fils aîné du Kaiser. Un face à face de 300 jours qui donnera naissance à une geste militaire contemporaine : Bois des Caures, Froideterre, Mort-Homme, Douaumont, Fleury, etc., Vaux. Le 4 mars 1916, l'état-major germanique ordonne de réduire le verrou de Verdun et de foncer sur Paris.

Place avancée, le Fort de Vaux est défendu par les 300 hommes encore valides du 142e régiment d'infanterie commandés par Raynal du 96e R.I., s'étant porté volontaire pour servir à Verdun, alors qu'il achève une convalescence suite à une blessure de shrapnels qui lui vaut d'être promu officier de la Légion d'honneur. Entre le 2 et le 7 juin 1916, le commandant Sylvain Eugène Raynal résiste avec ses hommes aux attaques allemandes du 39e régiment d'infanterie. "L'héroïsme naît parfois dans les milieux les plus simples" (Fleuriot de Langle, dans Le Ruban Rouge)...

Isolé, il envoie le 4 juin son dernier pigeon voyageur (matricule 787-15) "Vaillant" porteur du message suivant : "Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses . il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite communication optique par Souville qui ne répond pas à nos appels. C'est mon dernier pigeon. Raynal."

Sans réponse, manquant d'eau potable et dans l'impossibilité de voir sa position être dégagée par des renforts, le commandant et ses hommes finissent par se rendre. Amené devant le Kronprinz, il tend au prince héritier une baïonnette de simple soldat, son épée n'ayant pu être retrouvée dans les décombres du fort, lui disant : "Prince, cette arme vaut une épée d'officier", lequel lui apprend, à la suite de l'interception d'un message émanant de l'état-major français qu'il lui a été décerné la cravate rouge de l'ordre de la Légion d'Honneur. Son messager ayant accompli sa mission recevra le diplôme de la bague d'honneurs - le Musée de la Poste à Paris en conserve le corps de nos jours. Raynal prisonnier est détenu à Mayence du 11 juin 1916 jusqu'en novembre 1917, puis 3 mois à Stressburg sur la frontière Polonaise en Prusse Orientale, et enfin en Suisse, à Interlaken, à partir du 30 mars 1918 jusqu'à sa libération le 4 novembre.

Sylvain Eugène Raynal se retire après guerre au 36 de la rue Denfert-Rochereau à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) où il séjournera jusqu'à sa mort le 13 janvier 1939.

Une plaque y a été apposée en 1966 à l'occasion du cinquantenaire de la Bataille de Verdun.

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Edouard de Castelnau

1851-1944

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Portrait de Castelnau. Source : SHD

 

Castelnau, Noël Marie Joseph Edouard de Curières, de (24 décembre 1851 : Saint-Affrique, Aveyron - 19 mars 1944 : Montastruc-la-Conseillère, Haute-Garonne)

 

Édouard de Castelnau est issu d’une vieille famille aristocratique et catholique du Rouergue ruinée par la Révolution. Son père, avocat, exerce dans la petite ville de Saint-Affrique. Le futur général mène la vie des fils de paysans et de petits notables. Comme eux, il parle l'occitan et forge au grand air une robuste constitution. Bien que de petite taille, il devient un véritable athlète, condition qu’il gardera jusqu’à un âge avancé. Il fait ses études au collège jésuite de Saint-Gabriel (Saint-Affrique) d’où il sort bachelier ès Sciences avant de préparer Saint-Cyr.

Saint-cyrien, il fait ses premières armes au cours de la guerre de 1870. Issu de la promotion 1869 de l’École Spéciale Militaire, dont il sort sous-lieutenant le 14 août 1870, il est nommé au 31e régiment d’infanterie (RI). Ne pouvant rejoindre son corps à temps par suite de la désorganisation des services de l’arrière, il est affecté dans l’armée de la Loire du général d’Aurelles de Paladine, lieutenant au 36e Régiment de marche, le 2 octobre . il est promu capitaine quinze jours plus tard.

Après le désastre de Sedan et la reddition de Bazaine à Metz, cette armée de la Loire est la principale force combattante française. Les conditions climatiques sont effroyables. Elle doit d’abord subir des pluies diluviennes puis, à partir de la fin du mois de décembre jusqu’à l’armistice du 30 janvier 1871, un froid sibérien s’abat sur la moitié nord du pays. Les températures restent constamment inférieures à -10°C. La neige recouvre les champs de bataille. Route et chemins sont verglacés. C’est une armée mal approvisionnée, mal équipée. La fatigue et bientôt les maladies éreintent les soldats français. Castelnau combat notamment à Tusey, Sainte-Maxime, Chambord, Gué-du-Loir, Le Mans. Après l’armistice, avec son régiment, sous les ordres du colonel Davout d’Auerstedt, il participe aux combats de l’armée versaillaise qui au cours de la « semaine sanglante », du 21 au 28 mai 1871, écrase les combattants de la Commune. Reclassé lieutenant par la commission de révision des grades, il est à nouveau promu capitaine qu’en 1876.

Sa longue carrière militaire est ensuite des plus traditionnelles : garnisons de Bourg, de Givet, de Ham, de Laon. Il entre à l’École de Guerre en 1878 dont il sort breveté en 1880 avant d’être muté au 59e RI de Toulouse. Stagiaire à l’état major du 17e corps, nommé ensuite à celui de la 34e division, il revient au 126e RI et au 17e corps en 1888.

Chef de bataillon le 6 mai 1889, il reçoit la croix de la Légion d’honneur en 1891 puis rejoint le général de Miribel en 1893 au premier bureau de l’état-major général à Paris. Lieutenant-colonel le 10 septembre 1896, il est promu sous-chef puis chef du premier bureau, et officier de la Légion d’honneur en 1899. Il connaît un premier incident de carrière lors de la parution d’un article du pamphlétaire Urbain Gohier qui le dénonce comme un descendant d’officier de l’armée du prince de Condé. Cela lui vaut de perdre deux ans pour son avancement au grade colonel. Avançant les mêmes raisons, le général André, lors de son arrivée au ministère de la Guerre, l’évince de la direction du premier bureau. Pour compenser ce qu’il considérait comme une injustice, le chef d’état-major de l’époque, le général Delanne, le nomme au commandement du 37e régiment de Nancy avant de remettre sa démission au ministre.

Cet incident place Castelnau en délicatesse avec les ministres de la Guerre successifs qui le maintiennent dans ce commandement pendant une durée anormalement longue. Sans illusion à propos de ses chances de devenir un jour général, Castelnau s’autorise certaines provocations : au cours d’une parade consacrée à l’histoire de l’armée française, il fait mettre en scène ses hommes de l’Ancien Régime à la République sans aucune distinction. Ces rétrospectives lui valent les foudres de la presse républicaine d’autant qu’il les fait précéder de cérémonies religieuses auxquelles il assiste au premier rang en grande tenue. Au cours d’une visite aux unités de couverture en poste sur la frontière, le président de la Chambre des députés, Paul Doumer, mis en sa présence, est impressionné par sa personnalité et ses qualités militaires. Il intervient alors pour qu’il soit nommé général le 25 mars 1906. Il commande la 24e brigade à Sedan puis la 7e à Soissons. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance du général Joffre qui commande le 2e corps d’armée dont dépend sa brigade. Le futur généralissime favorise sa nomination au grade de général de division le 21 décembre 1909 en dépit de l’opposition du général Sarrail, directeur de l’Infanterie au ministère de la Guerre. Ne pouvant atteindre Castelnau, Sarrail se vengera en refusant toutes les promotions demandées pour les officiers de la 7e brigade. De cet incident date un profond antagonisme entre les deux hommes qui aura des répercussions pendant la Grande Guerre elle-même. 

Castelnau prend alors la 13e division à Chaumont. Rappelé à l’état-major sur demande express de Joffre, il est nommé, le 2 août 1911, premier sous-chef d’état-major général sous ses ordres. Il se consacre à la conception du plan XVII qui doit servir de cadre à la mobilisation et aux déploiements des armées françaises lors de l’ouverture des hostilités le 3 août 1914. À cette occasion, Castelnau préconise l’extension du service militaire sur une durée de trois ans. Cette mesure déclenche une crise politique d’une rare intensité qui voit s’affronter tous les grands leaders politiques de l’époque. Les opposants à « la loi des trois ans », dont notamment Jean Jaurès, stigmatisent Castelnau qu’ils accusent de tenir le ministre de la Guerre et le chef d’état-major sous son influence. Une violente campagne de presse se déclare contre lui. Clemenceau, bien que favorable à la loi, se joint aux critiques et affuble Castelnau de sobriquets qui lui resteront : Capucin botté, général de la jésuitière, etc.

Cela n’empêche pas le gouvernement de lui marquer sa confiance, car,la même année, il est promu commandeur de la Légion d’honneur et il entre au Conseil Supérieur de la Guerre le 29 novembre 1913.

À l’ouverture du conflit, il commande la 2e armée. Il est chargé de lancer une offensive en Lorraine en direction de Morhange. Progressant méthodiquement, conjointement avec la 1re armée de Dubail, il atteint le signal de Barouville, au-delà de Dieuze et de la région des étangs. Le 20 août, se préparant à attaquer, il reçoit de plein fouet la contre-offensive de la VIe armée allemande commandée par le Prince Rupprecht de Bavière. Le piège Nied-Sarre préparé de longue date par les Allemands vient de fonctionner. Castelnau sauve son armée en ordonnant la retraite vers Nancy. Retardé par l’indécision du généralissime von Moltke, Rupprecht perd deux jours avant d’entamer la poursuite et d’engager son armée dans la Trouée de Charmes. Ce délai est mis à profit par Castelnau pour regrouper ses forces et lancer une attaque de flanc qui arrête la marche des Allemands. Cette victoire rarement mentionnée dans l’historiographie française alors qu’elle a toute sa place outre-Rhin, empêche les armées françaises d’être tournées par la droite et rend possible leur redressement ultérieur. De plus, elle pousse le général von Moltke à maintenir le tiers de ses forces en Lorraine. Elles lui feront défaut pendant la bataille de la Marne où il ne disposera plus de la supériorité numérique. À Nancy, à partir du 4 septembre, s’en suit une violente bataille qui se déroule en parallèle de celle de la Marne. Fortement retranchée, l’armée de Castelnau résiste à tous les assauts allemands en dépit de leur très large supériorité en matière d’artillerie lourde. À l’occasion de cette nouvelle victoire, Castelnau fera poser un un ex-voto dans l’église Notre-Dame du Bon Secours : Nisi Dominus custoderit civitatem frustra vigilat qui custodit eam [si Dieu ne protégeait la cité c’est en vain que veillerait celui qui la garde. (Psaume 118)] ». Il est alors promu Grand-Officier de la Légion d’honneur (18 septembre).

Au cours de cette période, il perd deux de ses fils. Le premier Xavier est tué à Morhange et le second, Gérald, lors de la bataille de la Marne. Un troisième, Michel, sera blessé et fait prisonnier. Un an plus tard, un troisième fils, Hughes, sera tué pendant la bataille d'Artois.

La 2e armée est alors envoyée en Picardie où commence la « course à la mer ». À Roye, et devant d’Arras, il poursuit avec acharnement la lutte face notamment à l’armée du général von Kluck qui, après la guerre dira de lui : « L’adversaire français vers lequel sont allées instinctivement nos sympathies, à cause de son grand talent militaire et de sa chevalerie, c’est le général de Castelnau. Et j’aimerais qu’il le sût ».

 

En juin 1915, Castelnau nommé au commandement du groupe d’armées du Centre, dirige l’offensive de Champagne du 25 septembre 1915 : en quelques jours il fait 25 000 prisonniers, prend 125 canons et contrôle une zone de territoire de plusieurs kilomètres de profondeur en territoire allemand. À la suite de cette victoire il est fait Grand-Croix de la Légion d’honneur (8 octobre 1915) et devient l’adjoint du généralissime Joffre. La popularité de Castelnau dans l’opinion publique est telle que L’Express de Lyon — des propos similaires sont tenus dans la presse étrangère, dont le Manchester Guardian — commente ainsi sa nomination : « C’est une promotion qu’il ne doit qu’à son mérite incontestable, car sa fidélité à la foi catholique l’a fait tenir à l’écart pendant longtemps. Il est notoire que sous le régime de la délation maçonnique de Combes et du général André, le général de Castelnau était un général à qui tout avancement était refusé » (23 décembre 1915). Cependant, il faut noter que le climat anticlérical s’est beaucoup atténué. La plupart des grands leaders politiques, dont des personnalités telles que Georges Clemenceau, n’hésitent pas à afficher leur soutien à cette nomination.

Avec le titre de chef d’état-major général des armées, Castelnau rejoint le Grand Quartier Général (GQG). À ce poste, lui sont soumises toutes les décisions préparées par l’état-major avant approbation par le généralissime. Dès sa prise de fonction, il se rend à Salonique le 19 décembre 1915 pour décider du maintien d’un corps expéditionnaire franco-anglais et de l’organisation éventuelle d’un camp retranché. Il fait approuver l’idée de recueillir les débris de l’armée serbe et de constituer une tête de pont destinée à de futures offensives comme celle qui permettra au général Franchet d’Espèrey de pénétrer jusqu’en Hongrie en septembre 1918.

À son retour, il porte une attention particulière au secteur de Verdun où il pressent, contre l’avis d’une partie des officiers du GQG, une grande offensive allemande. Il fait renforcer les défenses et préparer des renforts. Trois jours après le début de l’attaque allemande du 21 février 1916, il se rend à Verdun pour prendre les principales mesures qui permettent de ne pas abandonner la rive droite aux Allemands. Il nomme Pétain, modifie profondément l’organisation du commandement. Par la suite, il continuera à exercer cette supervision intervenant dans les principales décisions et lors des épisodes les plus critiques. Il imposera notamment la dernière offensive, celle conduite victorieusement par le général Mangin en décembre 1916 qui reprend les dernières positions stratégiques perdues depuis le début de la bataille. Par contre, Castelnau ne sera pas directement impliqué dans la bataille de la Somme. Lors du remaniement du haut commandement en décembre 1916, son poste de chef d’état-major général est supprimé. Il reçoit alors le commandement du groupe des armées de l’Est. Ce secteur étant peu actif, le gouvernement lui confie une mission de liaison interalliée en Russie où il part le 18 janvier 1917. Revenu au mois de mars, il retrouve son commandement à Mirecourt dans les Vosges où il restera jusqu’à l’Armistice. Il est décoré de la Médaille militaire en septembre 1917. Son groupe d’armée est peu affecté par les grandes offensives allemandes du printemps 1918. Toutefois, il est pressenti pour préparer et conduire une offensive en Lorraine visant à couper les lignes de repli allemandes vers le Rhin. Cette opération qui aurait dû commencer le 14 novembre est contremandée par l’Armistice.

Comme tous les grands chefs militaires français, il participe à de nombreuses célébrations. Il fait une entrée triomphale à Colmar puis à Strasbourg. Il défile également le 14 juillet 1919 sur les Champs Élysées.

De nombreuses controverses naitront après-guerre à propos du fait qu’il n’accède pas au maréchalat. On peut écarter l’idée qu’une injustice ait été commise à son égard au moment de l’Armistice. En effet, le gouvernement entendait réserver cette distinction aux seuls généraux ayant été généralissimes. Mais, par la suite, lors de l’extension de cette liste par Aristide Briand en 1921, le fait que Castelnau soit à cette époque un parlementaire très en vue, fait hésiter le gouvernement. Son exclusion de la nouvelle liste déclenche un scandale politique dont les échos sont encore perceptibles de nos jours tant le parcours militaire du général de Castelnau semblait lui donner de plein droit accès à cette dignité.

Cependant, comme les maréchaux, il est maintenu en activité sans limite d’âge ce qui fera de lui le général d’active le plus âgé au début de la Seconde Guerre mondiale.

Élu député de l’Aveyron, à soixante-huit ans, sur une liste du Bloc national en 1919, il est très actif au sein de la Commission de l’Armée de la Chambre. Battu aux élections de 1924, il fonde l’année suivante la Fédération nationale catholique (FNC), mouvement encouragé par le Vatican et l’épiscopat français, afin de mettre en échec le projet anti-clérical du Cartel des Gauches. Bien implantée dans les paroisses (il met en place en moins d’un an une vaste organisation pyramidale de 1,5 à 2 millions de membres), organisant des manifestations de masse, notamment en Alsace-Lorraine, dans l’Ouest et le Massif central, la Fédération contraint le gouvernement Herriot à reculer. La FNC, véritable pépinière d’officiers en retraite tels Tournès, Margot, Navel, de Reynies, de la Bussières, Picard, de Maitre d’Allerey, Étienne, Amiot, Mazurier et Keller, est aussi un important groupe de pression qui, en plus de son rôle d’arbitrage lors des élections, surveille la vie parlementaire, n’hésitant pas à publier dans la presse la liste des parlementaires qui ont voté pour ou contre tel ou tel projet de loi, notamment dans les domaines relatifs à ses valeurs comme l’éducation, la famille, les libertés religieuses, en proposant d’autres par l’intermédiaire de ses représentants à la Chambre.

L’influence politique de Castelnau diminue au cours des années 1930. L’anticléricalisme n’occupe plus les esprits, le catholicisme se trouve d’autres terrains d’action. Castelnau s’implique notamment en soutenant le gouvernement de Gaston Doumergue menacé par les ligues d’extrême-droite lors de la manifestation du 12 février 1934. Il prend également position contre l’Action Française en approuvant la position prise par le Vatican à l’encontre de ce mouvement et met en garde contre des organisations telles que les Croix de feu qui recrutent dans l’univers catholique. Enfin, il intervient dans le débat à propos des lois sociales du Front populaire dont il soutient les principales mesures à l’exception de celle concernant la réduction du temps de travail.

Il consacre une part de son temps à une activité éditoriale au sein d’un grand quotidien national de droite, l’Écho de Paris, où il côtoie le futur général de Gaulle ainsi que d’autres personnalités qui, comme lui, prendront position contre le régime de Vichy. En effet, dès l’annonce de l’Armistice de juin 1940, il prend ses distances avec la FNC ainsi qu’avec l’épiscopat français à qui il reproche leur attitude passive vis-à-vis du maréchal Pétain. Dès le mois de janvier 1941, il affiche ouvertement sa réprobation à l'encontre du régime de Vichy. Les chefs des deux principaux réseaux de Résistance de la région Toulouse où Castelnau s’est retiré mentionnent que, malgré son grand âge, ils le considèrent comme un résistant actif. Il décède au château de Lasserre à Montastruc-la-Conseillère le 19 mars 1944. Cette disparition aux heures plus sombres de l’Occupation, contribue un peu plus à effacer sa trace dans l'histoire. Pourtant, le général Édouard de Castelnau a figuré au rang des personnalités de son époque. Homme du monde et fin lettré, il a été le Mainteneur des jeux Floraux de Toulouse, membre de l’Institut, membre fondateur de l’association d’entraide de la noblesse française, membre de la société des Sciences, Arts et Lettres de l’Aveyron. Son courage et sa maîtrise de l’art militaire l’ont élevé aux dignités internationales de Croix de guerre, Grand-Croix de l’Ordre du Bain, de Saint-Grégoire-le-Grand, de l’Aigle blanc, de Saint-Stanislas et de Sainte-Anne de Russie, de Saint-Alexandre Nevski, de l’Ordre de Victoria d’Angleterre, de chevalier de la Virtuti militari de Pologne, de Grand-Croix de Saint-Lazare de Jérusalem.

 
Sources : Berstein G. et S., Dictionnaire historique de la France contemporaine
Bonafoux-Verrax C., "Le général de Castelnau au service de la patrie et de la foi", dans Forcade Olivier, Duhamel Éric, Vial Philippe (dir.), Militaires en République (1870-1962). Les officiers, le pouvoir et la vie publique en France
Chenu B., Castelnau, "Le quatrième maréchal", 1914-1918 - Huet J.-P., Édouard de Castelnau (1851-1944), L'artisan de la Victoire

 

 

Charles Lanrezac

1852 - 1925

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Portrait de Charles Lanrezac. Source : www.firstworldwar.com

 

Né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) en 1852, Charles Louis Marie Lanrezac est une personnalité militaire atypique de la Grande Guerre : il est un des généraux dont le rôle stratégique est le plus controversé. Bien que relevé par le généralissime Joffre à la veille de la première bataille de la Marne, il évite, pendant ses trente-deux jours de commandement effectifs, l'anéantissement de l'armée française en août 1914.

Créole guadeloupéen, fils d'un officier arrivé par le rang, Victor Lanrezac, dont le père, Auguste, s'était fait établir des faux papiers au nom de Lanrezac, anagramme de Cazernal à des fins d'anonymat, Charles Louis Marie Lanrezac est issu d'une famille de petite noblesse toulousaine dont l'aïeul Augustin Théreze de Quinquiry d'Olive, d'une famille toulousaine de petite noblesse, avait été obligé de vendre ses biens au lieu dit de "Cazernal" - transcription erronée de "du Cabanial - avant d'émigrer à Hambourg afin d'échapper à la Terreur. Au gré des garnisons, la modeste famille Lanrezac réside à Cherbourg lorsque, titulaire d'une bourse accordée par le préfet de la Manche, Charles entre à l'école impériale spéciale militaire de Saint-Cyr 75e sur 250, après avoir été renvoyé du Prytanée militaire de La Flèche en septembre 1869. A peine un an plus tard, le 14 août 1870, le sous-lieutenant Charles Lanrezac rejoint sa première affectation au 13e régiment d'infanterie.

Le 20 septembre, le Second Empire déchu, le Gouvernement de défense nationale décide de poursuivre la lutte en levant de nouvelles armées. Le jeune militaire est affecté au 15e corps d'armée, la future armée de la Loire, commandé par le général de la Motte Rouge puis le général d'Aurelle de Paladines. Les positions françaises autours d'Orléans enfoncées, l'armée doit évacuer la ville à partir du 11 octobre. Lanrezac, lors de la bataille de Coulmiers (9 novembre), des combats au nord d'Orléans (24 novembre) montre beaucoup de courage et se retrouve provisoirement promu lieutenant et décoré sur le champ de bataille de la Légion d'Honneur. En janvier 1871, son corps rejoint l'armée de l'Est du général Bourbaki afin de tenter de dégager Belfort et de prendre à revers les Prussiens en Alsace. L'entreprise est vaine. Le lieutenant Lanrezac participe aux combats d'Héricourt (15-17 janvier), reste avec son unité à Besançon afin de couvrir la retraite de l'armée, et échappe de peu à l'internement en Suisse après la bataille de Larnod, le 20 janvier.

La guerre terminée, Lanrezac termine sa formation d'officier à Saint-Cyr et rejoint sa nouvelle unité, le 30e régiment d'infanterie, à Annecy. Il entame alors une carrière militaire des plus classiques. Il se marie à Paris en 1873 avec Félicie Marie-Louise Dutau, une réunionnaise, cousine de sa mère. Passé capitaine le 21 février 1876 au 24e régiment d'infanterie, il obtint son brevet d'état-major en 1879, est nommé professeur d'art militaire adjoint à Saint-Cyr, avant d'intégrer l'état-major de la brigade d'occupation de la Tunisie au 113e pendant cinq ans. Ses brillants états de service et son aptitude au commandement lui valent d'être nommé professeur à l'école supérieure de guerre, et finalement d'être promu chef de bataillon à l'ancienneté en juillet 1892.

De 1896 à 1899 il est nommé au 104e RI, à Paris. Parallèlement, il enseigne l'histoire militaire, la stratégie et la tactique générale à l'école militaire. Travailleur doté d'une personnalité haute en couleurs (qui lui vaut déjà quelques remarques), pédagogue averti, son enseignement est rapidement apprécié des cadres et suscite l'enthousiasme des élèves. Lieutenant-colonel, il devient en 1898 sous-directeur des études à l'école supérieure de guerre. Trois ans plus tard, il gagne ses galons de colonel et reçoit le commandement du 119e RI de Paris où il "s'est révélé aussi bon chef de corps qu'éminent professeur", notera sa hiérarchie.

En mars 1906, il commande par intérim la 43e brigade de Vannes et reçoit au mois de mai ses étoiles de général de brigade. Reconnu par sa hiérarchie, il officie en tant que chef d'état-major d'une armée lors des exercices de mobilisations dans les Vosges en 1908. Son ascension se poursuit en 1909 : il devient, en mai, commandant en chef de la défense des places du groupe de Reims dont il est le gouverneur, et devient membre du Comité technique d'état-major au mois d'août, organe consultatif auprès du ministre de la Guerre. En 1911, il commande la 20e division d'infanterie de Saint-Malo, devenant général de division en mars. Et, bientôt au faîte de sa gloire, Lanrezac se fait remarquer par le général Lyautey - "quand une armée possède un chef de cette valeur, c'est au premier rang qu'il doit être" écrit-il le 13 novembre 1911 - qui ajoute, en 1912, à son commandement les départements du Finistère, de la Loire-inférieure (Loire-Atlantique), du Morbihan et de la Vendée. C'est à nouveau sur ses conseils qu'il quitte son commandement le 10 avril 1914 pour entrer au Conseil supérieur de la guerre. Il succède au général Galliéni à la tête de la Ve armée le 24 avril 1914, et est élevé, à la veille de la guerre à la dignité de commandeur de la Légion d'Honneur, à l'âge de soixante ans.

La guerre déclarée, Lanrezac prend le commandement de la Ve armée après une brève réunion de chefs d'état-major qu'il juge décevante en raison de l'apparente absence de stratégie du général Joffre. Familier de la langue et de la pensée germanique, il fait remettre, le 31 juillet 1914, un rapport au généralissime dans lequel il met en évidence l'importance du secteur de la Meuse . le document sera sans suite. Il a sous ses ordres 300 000 hommes, 800 canons, 110 000 chevaux et 21 000 véhicules. Dans la première quinzaine d'août, il établit son quartier général à Rethel et concentre ses troupes entre Vouziers et Aubenton avant de faire mouvement vers la frontière nord-est. Le 6 août, il reçoit l'ordre de prêter main forte au troupes belges sur la Meuse, alors que les Allemands, passés en Belgique depuis le 3 août, assiègent la ville de Liège. Lanrezac obtient l'autorisation de porter une de ses unités vers le Nord, en avant du fleuve et parvient à repousser un corps de cavalerie allemand dans le secteur de Dinant, le 15 août. Cet épisode amène le généralissime à déployer l'armée de Lanrezac sur la frontière nord (vers Jeumont et Charleroi) où, avec les Britanniques du maréchal French, les armées alliées couvrent les fronts nord et est jusqu'à Maubeuge. A partir du 21 août, Joffre décide de concentrer l'offensive sur le front belge et les Ardennes, contre les Ve, VIe armées du Reich, la IIe armée de von Bülow et la Ie armée de von Kluck. Du 21 au 23 août, les affrontements autour de Charleroi, à Tamines, Roselies, Mons tournent à la défaveur des troupes franco-britanniques qui, suivant les ordres de l'état-major, attaquent désespérément un ennemi retranché et masqué. L'armée française est menacée d'encerclement, d'anéantissement donc. Le 23 août, Lanrezac décide de passer outre les consignes de combat à outrance du généralissime et ordonne la retraite, échappe aux armées allemandes, entérinant l'abandon du plan d'attaque XVII deux jours après. Cette bravade lui vaut l'inimitié d'officiers de l'entourage de Joffre, lequel envisage dès lors de se passer de ses services. La même attitude prélude aux combats de Guise, entre le 26 et le 29 août 1914. Ayant reçu l'ordre de porter l'attaque vers le Nord afin de venir en aide au 2e corps anglais qui s'est fait surprendre au Cateau, Lanrezac obtient une journée afin de permettre à son armée de se reposer et de préparer son attaque. Le 29 août, il place ses troupes en équerre : le 10e corps au nord-nord-ouest sur la rive sud de l'Oise, vers Guise, les 3e et 18e corps complétés de troupes de réserve glissent le long du fleuve et se présentent par l'Ouest face aux Allemands.

L'attaque conjointe appuyée par les batteries de 75 surprend l'état-major allemand, qui abandonne le plan Schlieffen. Paris est sauvée. Von Bülow renonce à poursuivre le maréchal French et n'aura de cesse de talonner la Ve armée. Cette dernière, en effet, a remporté une victoire défensive, mais l'initiative reste aux mains des Ie et IIe armées allemandes qui tentent d'encercler Lanrezac et ses hommes, découverts sur leurs flancs et battant toujours en retraite. Les Français atteignent la Marne, la franchissent et installent le quartier général à Sézanne. Le 3 septembre, à 17 heures, Lanrezac est relevé de son commandement et remplacé par le général Franchet d'Espérey... Deux jours plus tard la première bataille de la Marne commence.

Les raisons de cette destitution sont multiples : l'entêtement d'un chef que seul ses troupes intéresse, ses penchants à contester les ordres, ses mauvais rapports avec le maréchal French alors que l'état-major français déploie des trésors d'ingéniosité pour ménager son allié, la reconnaissance implicite de la supériorité stratégique allemande dont le plan d'action (plan Schlieffen) est offensif et mobile alors que le plan XVII n'est qu'un plan de concentration de troupes, la nécessité de trouver des coupables pour expliquer cette "débâcle" des premiers engagements. Lanrezac écrira plus tard : "A la place du général Joffre, j'aurais agi comme lui . nous n'avions pas la même manière de voir les choses, ni au point de vue tactique ni au point de vue stratégique . nous ne pouvions pas nous entendre... J'étais bien décidé à ne pas attaquer le généralissime, car je n'avais pas le droit de juger ses actes sur les autres parties du champ de bataille."

Lanrezac est mis à la disposition du général Galliéni, gouverneur militaire de Paris, qui l'envoie à Bordeaux où le Gouvernement s'est réfugié. A partir du mois d'octobre, Lanrezac se voit confier des missions ponctuelles : inspecteur des centres d'instruction des élèves de l'école militaire de Saint-Cyr en octobre 1914, inspecteur de l'école normale supérieure et de l'école forestière en 1915, inspecteur général des camps et dépôts d'infanterie des XIXe et XXe régions en février 1916, etc. Fin 1916, le généralissime est limogé. L'état-major et le Gouvernement cherchent à réparer l'injustice en proposant des postes à la hauteur de ses compétences. Lanrezac les repousse et obtient du général Lyautey le poste d'inspecteur de l'instruction de l'infanterie. Pétain, promu généralissime, le fait élever à la dignité de Grand Officier de la Légion d'Honneur le 3 juillet : "par sa science militaire et son habileté à exécuter une manoeuvre des plus difficiles au cours de laquelle il a remporté des succès marqués et a rendu au pays les plus éminents services". Le 1er août 1917, Charles Lanrezac quitte le service actif pour raisons de santé.

L'entreprise de réhabilitation du général commence alors. Plusieurs articles d'Engerand, député du Calvados, parus dans Le Correspondant en 1917 et 1918 reviennent sur le bien fondé de son limogeage. Le général de Maud'huy dans un article publié dans le Gaulois, en 1920, écrit que Lanrezac a sauvé la France à Charleroi. Le général Palat dans son Histoire de la Grande Guerre porte à la connaissance du public français le respect de ses anciens adversaires, von Bülow et von Hausen. En 1922, le général déchu Lanrezac est décoré de la grand-croix de la Couronne de Belgique avec Croix de guerre avec palme en raison de Charleroi. Le 29 août 1924, date anniversaire de la bataille de Guise, la grand-croix de la Légion d'Honneur lui est accordée. Elle réhabilite la mémoire du général. Les insignes lui sont remis le 6 septembre, à Neuilly-sur-Seine, par le maréchal Pétain et le ministre de la Guerre, le général Nollet.

Charles Lanrezac décède le 18 janvier 1925. Sur sa tombe au cimetière de Montmartre est inscrit : "A celui qui, en août 1914, sauva la France".

Forme ultime de réhabilitation et de reconnaissance nationale : le général Lanrezac repose aux Invalides depuis 1933.

 
Source : "Lanrezac, Charles." Encyclopædia Britannica, 2006. Beau G., En Août 1914, Lanrezac a-t-il sauvé la France ?, Paris, Presses de la Cité, 1964. Engerand F., Lanrezac, Paris, Bossard, 1926

Émile Driant

1855-1916

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Portrait d'Émile Driant. ©Conseil Général de la Meuse

Alias Capitaine Danrit 

 

Le lieutenant-colonel Driant est connu pour être tombé à Verdun, le 22 février 1916, au bois des Caures. Mais il mena auparavant une carrière littéraire, sous le nom de Capitaine Danrit, et une carrière politique élu député de la 3e circonscription de Nancy à partir de 1910.

Émile Cyprien Driant est né le 11 septembre 1855 à Neuchâtel (Aisne) où son père était notaire et juge de paix. Elève au lycée de Reims, il obtient le premier prix d'histoire au Concours général. Contrairement au souhait de son père de le voir lui succéder, Émile désire être soldat, marqué par la défaite de 1871 et le passage des troupes prussiennes. Après avoir obtenu une licence ès-lettres et en droit, il intègre Saint-Cyr à vingt ans, en 1875. Sorti quatrième deux ans plus tard, il entame une carrière militaire des plus méritante : "petit, mais solide, santé à toute épreuve, très actif et toujours prêt . monte fort bien à cheval et a un goût très prononcé pour l'équitation, très intelligent a devant lui le plus bel avenir" écrira un de ses supérieurs. Il sert au 54e régiment d'infanterie de Compiègne puis à Saint-Mihiel.

Promu lieutenant en 1883 au 43e régiment d'infanterie, il est affecté à Tunis où le général Boulanger, alors gouverneur général de la Tunisie, le prend comme officier d'ordonnance - il lui accordera la main de sa fille, Marcelle. Capitaine en 1886, il suit Boulanger à Paris alors nommé ministre de la guerre. Préférant l'action aux intrigues politiques, il retourne en Tunisie au sein du 4e zouaves - l'épisode boulangiste lui vaudra la méfiance de son entourage et son affectation loin de Tunis, à Aïn-Dratam, à la frontière algérienne. Le couple Driant revient à Tunis et s'installe à Carthage où il fréquente le cercle catholique du cardinal Lavigerie, alors primat d'Afrique.

Driant utilise ce moment d'accalmie dans sa carrière pour faire oeuvre d'écrivain sous le pseudonyme de Danrit. Le succès est au rendez-vous, les romans se suivent : La guerre de demain, La guerre de forteresse, La guerre en rase campagne, La guerre souterraine, L'invasion noire, Robinsons sous-marins, L'aviateur du Pacifique, etc. Le Capitaine Danrit est, avec Louis Boussenard et Paul d'Ivoi l'un des principaux auteurs du Journal des voyages. Ses récits de sont inspirés du modèle vernien du roman d'aventures, mais relu à travers la défaite de Sedan et l'expansionnisme colonial français. La découverte du monde et de ses merveilles devient l'évocation de richesses à puiser ou de menaces à circonscrire . les machines extraordinaires, qui permettaient, chez Verne, de voyager à travers les airs et les mers, sont désormais avant tout des engins de guerre, pour détruire l'adversaire. Son oeuvre est caractéristique du roman d'aventures coloniales de la fin du XIXe siècle à la logique plus spécifique des années précédant la première guerre mondiale. Dans ses écrits, une vaste place est accordée à l'armée. Il affirme son goût des grands hommes et sa méfiance à l'égard des parlementaires. Ils sont le reflet d'une opinion publique obsédée par la menace d'une guerre. Ils accompagnent les discours quotidiens de la presse, toujours attentive aux incidents internationaux (Fachoda en 1898, la crise du Maroc constitue la trame narrative de L'Alerte en 1911), aux risques d'embrasement qu'ils portent en eux et à l'obsession du déclin de la France et de l'Europe. Ainsi, dans L'invasion jaune, ce sont les Américains, capitalistes âpres au gain, qui permettent aux asiatiques de s'armer, en leur vendant fusils et cartouches. Il imagine aussi comment utiliser massivement les armes actuelles dans une situation de guerre mondiale : gaz mortels, aéroplanes, sous-marins, le rôle de chaque invention est considéré dans la perspective d'une vaste offensive. L'officier rejoint le romancier lorsqu il fait oeuvre de pédagogie dans sa trilogie historique destinée à la jeunesse : Histoire d'une famille de soldats (Jean Taupin en 1898, Filleuls de Napoléon en 1900, Petit Marsouin en 1901).

Le Capitaine Danrit écrira ainsi près de trente romans en vingt-cinq ans.

Rappelé en métropole, l'"idole du soldat" est nommé instructeur à Saint-Cyr en 1892, auréolé de son prestige d'écrivain militaire et de visionnaire : ses écrits annoncent la guerre des tranchées. En décembre 1898, il est nommé chef de bataillon au 69e d'infanterie de Nancy après un retour de quatre ans au 4e zouaves. Après un court séjour dans la cité nancéenne, il réalise son voeu de commander un bataillon de chasseurs. Il reçoit le commandement du 1er bataillon de chasseurs à pied stationné dans la caserne Beurnonville à Troyes. Sa détermination et son courage le conduisent à risquer sa vie le 13 janvier 1901 lorsqu'il intervient pour raisonner le forcené Coquard dans le faubourg de Sainte-Savine. Malgré ses brillants états de services, Driant n'est pas inscrit au tableau d'avancement. Politiquement engagé dans un catholicisme de droite, il subit les contre-coups de l'anticléricalisme ambiant des années de la loi de séparation des églises et de l'Etat, et se voit inculpé dans l'affaire des fiches où les officiers auraient été notés en fonction de leur opinions religieuses. Une campagne de presse lui reproche d'avoir organisé un office en la cathédrale de Troyes à l'occasion de la fête de Sidi-Brahim et d'avoir attenté à la liberté de conscience de ses hommes en les contraignant à assister à l'office. Frappé de quinze jours d'arrêt, il demande sa mise à la retraite et décide d'entrer en politique afin de défendre l'Armée au Parlement . il a alors cinquante ans.

Battu à Pontoise en 1906 face au libéral Ballu, il met à profit sa collaboration à L'Eclair, dans lequel il publie nombre de diatribes anti-parlementaires, pour effectuer un voyage en Allemagne. A l'issu de ses observations sur les grandes manoeuvres en Silésie, il publie un livre au titre prémonitoire, Vers un nouveau Sedan, dont la conclusion est éloquente : "une guerre qui nous mettrait demain aux prises avec l'Allemagne serait une guerre désastreuse. Nous serions battus comme en 1870, plus complètement qu'en 1870". Ces propos parus dans un premier temps dans sept articles peu avant les élections de 1910 lui valent son élection à Nancy face au radical Grillon.

Assidus aux séances de la Chambre des députés, mêlant le catholicisme social de Mun aux idées de Vogüé et de Lavisse, il intervient pour faire voter les crédits militaires et soutient Barthou lors du vote de la "loi de Salut" qui porte à trois ans le service national, et s'insurge contre le déclassement des places fortes frontalières - il parvient à sauver celle de Lille en 1912 -, et s'intéresse avant guerre à la toute récente aéronautique militaire. Driant s'oppose aux thèses de Briand et de Jaurès, s'appuyant sur des exemples tirés des événements de Russie. L'armée doit jouer un rôle essentiel, avant tout comme instrument d'éducation des classes populaires, et le cas échéant comme instrument contre-révolutionnaire. C'est le concept de l'armée-école et de l'apostolat social, qui s'inscrit alors dans la mouvance des Dragomirov, Art Roë et Lyautey. Il s'intéresse ainsi aux luttes sociales, dans la mesure où elles peuvent compromettre la Défense nationale. Il soutient le syndicalisme indépendant, dit "jaune", fondé par Pierre Biétry avec l'appui de l'industriel Gaston Japy. Ceux-ci prônent l'association entre le capital-travail et le capital-argent. Les textes de Driant défendent le principe de la liberté par la propriété individuelle, au moyen de la participation progressive des ouvriers au capital des entreprises. Parmi les principaux votes du député Driant, durant la législature 1910-1914, figurent des résolutions telles que la journée de dix heures, les retraites, les libertés syndicales, et diverses mesures d'aide sociale.

A la déclaration de guerre, il demande à reprendre du service et est affecté à l'état-major du gouverneur de Verdun au service du général Coutenceau. Il sollicite et obtient le commandement des 56e et 59e bataillons de chasseurs à pied de la 72e division d'infanterie, formés de réservistes du Nord et de l'Est, soit 2200 hommes. Il commande dans l'Argonne et dans la Woëvre. Eprouvés par les combats de Gercourt, village de la Meuse repris par Driant aux Allemands, ses troupes ne prennent pas part à la première bataille de la Marne et sont chargées de la défense du secteur de Louvemont. Ils reprennent le secteur du bois des Caures et le fortifient. "Père Driant", il sait écouter ses chasseurs, gratifie les meilleurs de cigarettes et de cigares, assiste en personne aux obsèques de ses héros au cimetière de Vacherauville. Membre de la Commission de l'Armée, il est le rapporteur de la loi portant création de la Croix de Guerre au printemps 1915. Il est surtout celui qui annonce l'imminence de l'offensive allemande sur Verdun et le manque de moyens humains et matériels dès le 22 août 1915 dans une lettre adressée au président de la Chambre, Paul Deschanel : "nous pensons ici que le coup de bélier sera donné sur la ligne Verdun-Nancy... Si les Allemands y mettent le prix, et ils ont prouvé qu'ils savaient sacrifier 50000 hommes pour emporter une place, ils peuvent passer". Malgré une visite de parlementaires, une inspection de Castelnau, en décembre 1915, et une question de Galliéni, ministre de la guerre, à Joffre, rien n'est fait.

Pourtant, le 21 février 1916, alors que l'armée du Reich concentre son action sur le secteur de Verdun, seuls les 1200 hommes de Driant et 14 batteries font face à l'attaque de 10 000 soldats allemands et 40 batteries. Les Chasseurs résistent héroïquement pendant plus de 24 heures et subissent de lourdes pertes, permettant aux renforts d'arriver et de maintenir la ligne de front. La position du bois des Caures, tenue par Driant et ses hommes, est pilonnée pendant deux jours par des canons de 150, 210 et 300 mm. Le 22 février, à midi, les Allemands se lancent à l'assaut des positions des chasseurs. Les grenades et les lance-flammes viennent à bout de la résistance française. Driant donne l'ordre de repli sur Beaumont. Touché à la tempe, Driant meurt à soixante et un ans.

Au soir du 22 février 1916, on ne compte que 110 rescapés parmi les chasseurs de 56e et 59e régiments. L'annonce du désastre suscite une grande émotion. Alphonse XIII d'Espagne, un admirateur d'Émile Driant charge son ambassadeur à Berlin d'enquêter sur sa disparition. On se plaît à le croire blessé, prisonnier ou évadé à l'étranger. Une lettre de la baronne Schrotter, mère d'un officier allemand ayant pris part aux combats des Caures, à son épouse mettra fin aux rumeurs : "M. Driant a été enterré avec tout respect, tous soins, et ses camarades ennemis lui ont creusé et orné un beau tombeau . de sorte que vous le trouverez aux jours de paix" (16 mars 1916). Son sacrifice est récupéré par la presse et les publications de la guerre, pour galvaniser les troupes. La Chambre des députés annonce officiellement sa mort, son éloge funèbre est prononcé le 7 avril par Paul Deschanel, le 28 juin, la Ligue des patriotes de Maurice Barrès fait célébrer un service solennel à Notre-Dame (Paris) présidé par le cardinal Amette. Le militaire rejoint alors le romancier ...

Il est inhumé par les Allemands à proximité des lieux de son trépas, alors que ses effets sont retournés à sa veuve via la Suisse.

En octobre 1922, le corps de Driant est exhumé. Un mausolée, décidé par d'anciens combattants dont Castelnau y est érigé.

 

Source : Mindef/SGA/DMPA et Conseil Général de la Meuse

 

Jean-Marie de Lattre de Tassigny

1889-1952

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Portrait du maréchal de Lattre de Tassigny. Source : www.lesfeuillants.com/Vivre/site_150eme/p7.htm

 

Né le 2 février 1889 à Mouilleron-en-Pareds en Vendée d'une vieille famille aristocratique des Flandres françaises, Jean-Marie de Lattre de Tassigny reçoit une éducation de qualité au collège Saint Joseph de Poitiers.

 

Carrière militaire

De 1898 à 1904 il prépare l'École navale et Saint-Cyr où il est reçu en 1908. Il effectue ses classes au 29e Dragons à Provins. Il est élève de Saint-Cyr de 1909 à 1911, dans la promotion « Maurétanie » où il en sort 4e de promotion. Il entre en 1911 à l'école de cavalerie à Saumur. En 1912 il est affecté dans le 12e Dragons à Pont-à-Mousson puis sur le front.

Pendant la Première Guerre mondiale il est capitaine du 93e régiment d'infanterie et termine la guerre avec 4 blessures et 8 citations. Il est ensuite affecté au 49e régiment d'infanterie de 1919 à 1921 à Bayonne.

En 1921 il est envoyé au Maroc dans le 3e bureau et dans l'état-major de la région de Taza jusqu'en 1926. De 1927 à 1929 il suit les cours de l'école de guerre avec la 49e promotion.

Il se marie avec Simone de Lamazière en 1927 et obtient d'elle un fils en 1928.

En 1929 il devient chef de bataillon au 5e régiment d'infanterie à Coulommiers.

En 1932 il est promu à l'état-major de l'armée puis à celui du général Maxime Weygand, vice-président du Conseil Supérieur de la Guerre au titre de lieutenant-colonel. En 1935 il devient colonel, commandant le 151e régiment d'infanterie à Metz. Entre 1937 et 1938 il suit des cours au centre des hautes études militaires et devient en 1938 chef d'état-major du gouverneur de Strasbourg.

 

Seconde guerre mondiale

Promu général de brigade le 23 mars 1939 il est chef d'état-major de la 5e armée le 2 septembre 1939.

Le 1er janvier 1940 il prend le commandement de la 14e division d'infanterie qu'il commande pendant les affrontements avec la Wehrmacht à Rethel, où sa division résiste héroïquement, jusqu'à la Champagne et l'Yonne, et conserve miraculeusement sa cohésion militaire au milieu du chaos de la débâcle.

De juillet 1940 à septembre 1941, il est adjoint au général commandant la 13e région militaire à Clermont-Ferrand puis devient général de division commandant des troupes de Tunisie jusqu'à la fin 1941. Par la suite il commande la 16e division à Montpellier et est promu général de corps d'armée.

Lorsque la zone libre est envahie par les troupes allemandes il refuse l'ordre de ne pas combattre et est arrêté. Il est condamné à 10 ans de prison par le tribunal d'État de la section de Lyon. Parvenant à s'évader de la prison de Riom le 3 septembre 1943 il rejoint Londres puis Alger où il arrive le 20 décembre 1943 après avoir été promu au rang de général d'armée le 11 novembre 1943 par le général de Gaulle.

En décembre 1943 il commande l'armée B, qui devient la première armée française. Il débarque en Provence le 16 août 1944, prend Toulon et Marseille, remonte la vallée du Rhône, puis le Rhin, libère l'Alsace, et entre en Allemagne jusqu'au Danube. Il représenta la France à la signature de l'armistice du 8 mai 1945 à Berlin au quartier général du Maréchal Joukov.

 

Après la guerre

Entre décembre 1945 et mars 1947, il est inspecteur général et chef d'état-major général de l'armée. En mars 1947 il est inspecteur général de l'armée, puis inspecteur général des forces armées.

D'octobre 1948 à décembre 1950, il est commandant en chef des armées de l'Europe occidentale à Fontainebleau.

Il devint haut-commissaire et commandant en chef en Indochine et commandant en chef en Extrême-Orient (1950-1952) et met sur pied une armée nationale vietnamienne.

Épuisé par le surmenage auquel il s'est astreint tout au long de sa carrière et que n'a pas arrangé sa blessure reçue en 1914, très affecté par la mort de son fils Bernard, tué au cours de la campagne d'Indochine, et atteint d'un cancer, il meurt à Paris le 11 janvier 1952 des suites d'une opération.

Il est élevé à la dignité de maréchal de France, à titre posthume, lors de ses funérailles le 15 janvier 1952. Il est inhumé dans son village natal de Mouilleron-en-Pareds.

 

Sources : un article de l'encyclopédie Wikipédia - Vidéo : ©ECPAD 2015 - Tous droits réservés

 

Gabrielle Petit

1893-1916

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Portrait de Gabrielle Petit. Source : www.ww1-propaganda-cards.com

Condamnée à mort par les Allemands en 1916 pour espionnage, diffusion de presse clandestine et participation à des exfiltrations de soldats, Gabrielle Petit, "Gaby", est une figure emblématique du combat des femmes belges lors de la Première Guerre mondiale.

Gabrielle Aline Eugénie Marie Petit est née dans une modeste famille de Tournai. Elle est mise en demi-pension à l'âge de cinq ans dans un couvent d'Ath en raison de la maladie de sa mère, qui décède rapidement. Gabrielle et sa soeur Hélène sont placées chez les Dames du Sacré Coeur, à Mons, où leur père les abandonne. Les fillettes sont recueillies par un cousin qui les confie aux soeurs de l'Enfant Jésus, à Brugelette, où les deux fillettes trouvent l'épanouissement intellectuel et affectif nécessaire. Gabrielle, alors âgée de dix-sept ans, doit retourner vivre sous le toit paternel, à la demande de ce dernier. La difficile cohabitation prend fin au bout de quelques mois. Les jeunes femmes décident de mener leur vie à Bruxelles où Hélène trouve une place de gouvernante à sa soeur chez Mme Butin.

Lors de la déclaration de guerre, Gabrielle Petit a vingt et un ans. Elle est fiancée à un soldat de métier, Maurice Gobert, rencontré deux ans plus tôt. Celui-ci est blessé à Hofstade (près de Liège). Détenu par les Allemands, il s'échappe et rejoint Gaby qui, de son côté, côtoie le front au sein de la Croix-Rouge de Molenbeeck-Saint-Jean. Le couple, coupé des armées belges, doit alors se cacher pour tenter de passer la frontière hollandaise.

De retour en Belgique, elle s'engage dans les services secrets. Elle suit un entraînement au Royaume-Uni, en juillet 1915, et devient rapidement une espionne reconnue. Devenue Mlle Legrand, elle travaille dans le secteur d'Ypres à Maubeuge, séjourne parmi les troupes ennemies, multipliant les fausses identités, collecte des informations sur les mouvements des troupes allemandes, les points stratégiques, l'état de l'armement et du réseau ferroviaire pour le compte des alliés. Elle s'occupe aussi de distribuer la presse clandestine (La Libre Belgique), de diriger un réseau parallèle de distribution de courrier aux soldats captifs, et de faire passer la frontière hollandaise aux soldats bloqués derrière les lignes allemandes.

Cependant, les services de contre-espionnage allemands, à l'automne 1915, intensifient leurs actions. Gabrielle Petit, déjà soupçonnée quelques mois plus tôt, est mise sous surveillance. Elle échappe une première fois à ses poursuivants dans les ruelles de Molenbeek. Arrêtée à Hasselt, elle s'enfuit à nouveau de l'auberge où elle est détenue. L'étau se resserre en décembre. Les services allemands arrêtent et remplacent le courrier de son réseau par un traître hollandais qui, pendant plus d'un mois, porte les messages à la Kommandantur. Méfiante, Gaby ne laisse aucun indice permettant de découvrir les membres de son équipe.

Elle est arrêtée le 20 janvier 1916 par le policier Goldschmidt et mise au secret pendant cinq jours à la Kommandantur. Ni son interrogatoire, ni la fouille destructrice de son appartement n'apportent de preuves. La détenue est alors transférée le 2 février à la prison Saint-Gilles (Bruxelles). Là, résistant à la rudesse des interrogatoires et des conditions d'internement, elle fait innocenter la famille de sa logeuse, Mme Collet, et met en place un système d'approvisionnement et de communication pour les détenues. Elle refuse de trahir ses compagnons en échange de la clémence des juges.

Le 3 mars 1916, Gabrielle Petit est condamnée à mort. Sa soeur, dès le 8 mars, tente un recours en grâce, rédigé par M. Marin, directeur de la prison Saint-Gilles, et appuyé par la nonciature apostolique et la légation d'Espagne, auprès de la Kommandantur qui demeure inflexible. Le premier avril, la sentence est exécutée au Tir national (commune de Schaarbeek). Son corps est inhumé sur les lieux de l'exécution. Ne bénéficiant pas de la notoriété d'une Louise de Brettignies ou d'une Edith Cavell, son exécution reste ignorée de l'opinion publique jusqu'en 1919 où, elle reçoit les honneurs de son rang lors d'une cérémonie nationale présidée par la reine Elisabeth, le Cadinal Mercier et le Premier ministre, M. Delacroix. Le 27 mai, son corps est exhumé et exposé deux jours durant dans la salle des Pas-Perdus de l'Hôtel communal, avant d'être enterré dans le cimetière de la ville de Schaarbeek.

Une statue lui est dédiée à Bruxelles ainsi qu'une place à Tournai.

 
Sources : Louise de Bettignies et les femmes qui firent la guerre. Commémoration de l'année 1916, CDIHP du Nord. Ministère des anciens combattants et victimes de guerre
Thébaud Françoise, La femme au temps de la guerre de 14, Paris, Stock, 1986

Émile Bourdelle

1861 - 1929

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Bourdelle modelant.
Source : Musée Bourdelle

Émile Antoine Bourdelle naît à Montauban, le 30 octobre 1861, d'Antoine Bourdelle, menuisier-huchier, qui l'initiera au travail des matériaux dès l'âge de treize ans, et d'une mère qui lui enseignera les valeurs essentielles d'une vie simple et rustique.

Sa statuette de faune ornant un bahut est remarquée par deux personnalités locales, Hyppolite Lacaze et Émile Pouvillon qui l'encouragent à suivre les cours de l'école municipale de dessin alors dirigée par Achille Bouis.

En 1876, Bourdelle obtient une bourse pour les Beaux-Arts de Toulouse. Il met à profit la solitude de ses années d'étude pour réaliser ses premiers chefs-d'oeuvre : les trois Têtes d'enfants, le portrait d'Achille Bouis ou celui d'Émile Pouvillon. En 1884, il gagne Paris où il entre dans l'atelier de Falguière, à l'Ecole des Beaux-Arts. Il s'installe en 1884 dans un modeste atelier de l'impasse du Maine.

En 1885 le jeune sculpteur envoie au Salon des Artistes Français la Première Victoire d'Hannibal, pour laquelle il obtient une mention honorable. Épuisé, le sculpteur est hospitalisé. Après une convalescence à Montauban, Bourdelle, convaincu de la vanité de l'enseignement et des prix qui le couronnent, s'éloigne de l'École pour la quitter en 1886, année où il crée l'Amour agonise.

1888 est l'année où apparaît un motif récurrent dans l'oeuvre de Bourdelle : le portrait de Beethoven.

En 1891 le sculpteur expose pour la première fois au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. Bourdelle trouve de nouveaux maîtres, qui seront plutôt pour lui des compagnons : il fréquente l'atelier de Dalou, impasse du Maine, entame en 1893 une collaboration avec Rodin rencontré à l'atelier de Falguière. En 1897, la ville de Montauban lui commande le Monument aux Combattants de 1870.

Il fonde avec Rodin en 1900, l'institut Rodin, école libre pour l'enseignement de la sculpture. A la même époque, parmi un nombre grandissant de commandes, il réalise Les Nuées, relief destiné au dessus de scène du Musée Grévin.

Les oeuvres telles que Le Ménage Bourdelle, l'Ouragan, ou M. et Mme Bourdelle par temps d'orage, témoignent de sa vie de couple particulièrement tumultueuse. Félicien Champsaur, Marie Bermond, Jean Moréas, Elie Faure, ou encore Jules Dalou forment son cercle d'amis intimes.

L'année 1902 révèle l'artiste au public : il inaugure le Monument aux morts de Montauban . en 1905 a lieu la première exposition personnelle de Bourdelle à la galerie du fondeur Hébrard. La même année, il expose un Pallas en marbre à la Société Nationale des Beaux-Arts. Il fait de nombreux séjours à l'étranger qui témoignent de l'intérêt qu'il suscite en dehors de son pays : en 1907 il est à Berlin et Genève, en 1908 il est en Pologne comme membre d'un jury pour l'érection d'un monument à Chopin.

Commence alors la période de maturité du sculpteur, son chemin se sépare définitivement de celui de Rodin. Il commence à enseigner en 1909 : donne des cours à l'Académie de la Grande Chaumière - il comptera parmi ses élèves Giacometti et Germaine Richier. Ces années sont aussi celles de la production la plus intense du maître : il réalise en une nuit les projets pour la façade du Théâtre des Champs-Elysées, travaille en même temps au Centaure mourant, à la statue de Carpeaux, au Monument à Auguste Quercy.

 

Bourdelle réalise en 1910 son chef-d'oeuvre : l'Héraklès archer, qui est exposé à la Société Nationale des Beaux Arts, avec le Buste de Rodin. Un an plus tard, Bourdelle présente le plâtre de Pénélope, et termine la maquette du Monument à Mickiewicz. En 1913 s'achève le chantier du Théâtre des Champs-Élysées. Avec ces bas-reliefs et ces frises peintes aux sujets d'inspiration mythologique, Bourdelle réalise son idéal d'un art structural, dans lequel le décor est soumis aux lois de l'architecture. Ses recherches sur le monumental se poursuivent avec la commande du Monument à Alvear, la plus importante qu'il ait jamais reçue, puis en 1919 avec celles du Monument de Montceau-les-Mines et de la Vierge à l'offrande pour la colline de Niederbrück. Jusqu'à la fin de sa vie, Bourdelle élaborera encore de nombreux projets de monuments, mais qu'il n'aura pas le temps de réaliser (monument à Daumier, au Maréchal Foch...).

L'année 1914 est marquée par le succès à la Biennale de Venise et par la présentation du Centaure mourant à la Société Nationale des Beaux-Arts. Son succès est bientôt couronné : en 1919, le sculpteur est promu au rang d'officier de la Légion d'Honneur. Autour de Bourdelle, de nouveaux personnages prennent place : André Suarès, Anatole France, Krishnamurti, Henri Bergson.

Tout en continuant d'exposer à la Société Nationale des Beaux-Arts, Bourdelle fonde en 1920 le salon des Tuileries avec Besnard et Perret. Il expose la Naissance d'Aphrodite au salon des Tuileries, puis en 1925 à l'exposition internationale des Arts Décoratifs (Sapho, Masque de Bourdelle), au Japon, et aux États-Unis. Le bronze du Centaure mourant est présenté au Salon des Tuileries.

Les dernières années de la vie de Bourdelle sont marquées par ses expérimentations autour de la polychromie. Il réalise en 1926 ses premiers essais de sculptures polychromes, la Reine de Saba et Jeune fille de la Roche-Posay.

Alors que La France est présentée au Salon des Tuileries, le Monument à Alvear est inauguré à Buenos-Aires.

Un an avant sa mort, Bourdelle triomphe : la première rétrospective Bourdelle est proposée à l'occasion de l'inauguration du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (141 sculptures et 78 peintures et dessins), le 28 avril 1929, est inauguré, place de l'Alma, le Monument à Mickiewicz.

Le 1er octobre, Bourdelle meurt au Vésinet, chez son ami le fondeur Rudier.

Le talent d'Émile Bourdelle a contribué à pérenniser de nombreux lieux de mémoire :

  • à Montauban, l'artiste façonne le Monument aux Combattants et Défenseurs du Tarn-et-Garonne 1870-1871, puis le Monument à la mémoire des combattants de 1914-1918 .
  • la Victoire du Droit, à l'Assemblée nationale .
  • Héraklès archer dans le Temple du Sport à Toulouse .
  • le Monument de la Pointe de Grave, destiné à commémorer l'entrée en guerre des Etats-Unis en 1917 .
  • le Monument aux Morts de l'école de Saint-Cyr (Coëtquidan), bronze érigé initialement en 1935 à Alger .
  • le moule ayant servi à la réalisation du bronze du Monument des Forces françaises libres .
  • les Figures hurlantes du monument de Capoulet-Junac (Ariège) .
  • la stèle de Trôo (Loir-et-Cher) .
  • le monument de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) dont une des faces s'intitule "Le retour du soldat".

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Louise de Bettignies

1880 - 1918

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Portrait de Louise de Bettignies.
Source : Archives départementales du Nord

Louise, la "Jeanne d'Arc du Nord", est la fille de Julienne Mabille de Ponchevillle et d'Henri de Bettignies - une famille de vieille noblesse wallonne du Hainaut fondatrice au XVIIIe siècle de la manufacture de faïence impériale et royale de Tournai.

Son bisaïeul, Louis-Maximilien implante une faïencerie au lieu-dit "Moulin des Loups" à Saint-Amand-les-Eaux. Henri de Bettignies vend l'affaire, peu avant la naissance de sa fille, en raison de difficultés financières. La jeune fille, désargentée, reçoit cependant les valeurs et l'éducation de son groupe. Elle fait ses études secondaires à Valenciennes, trouvant dans l'étude un exutoire à son indigence et à la mort de son père en 1903.

Elle se destine d'abord au Carmel, à l'instar de son frère prêtre et de sa soeur religieuse, avant de choisir de mettre à profit ses facultés intellectuelles en se plaçant comme gouvernante dans des familles anglaises et allemandes afin d'apprendre leurs langues et de découvrir l'Europe.

En 1914, les troupes allemandes envahissent le nord de la France. Louise prend part, en octobre, en compagnie de sa soeur, à la défense de Béthune, en ravitaillant les assiégés.

En février 1915, lors d'un séjour à Saint-Omer, la jeune femme est contactée par un officier français du 2e Bureau qui lui propose de servir son pays en tant qu'agent de renseignement, proposition renouvelée peu de temps après par le Major Kirke pour l'Intelligence Service britannique.

Après avoir obtenu l'assentiment de son directeur spirituel, le père Boulengé, l'auteur de son surnom de "Jeanne d'Arc du Nord", elle met en place, dans le secteur de Lille, conseillée par Monseigneur Charost, évêque de Lille, l'embryon du futur "Service Alice" ou "Service Ramble". Passant par la Belgique et les Pays-Bas, la désormais Alice Dubois transmet des informations en Grande-Bretagne. Elle est aidée dans sa tâche, à partir du printemps 1915, par la roubaisienne, Marie-Léonie Vanhoutte alias Charlotte Lameron. Cette dernière, ayant travaillé dès août 1914 à l'installation des ambulances, utilise son statut pour faire du renseignement. Elle met à profit ses voyages Bouchaute-Gand-Roubaix, destinés à transmettre des nouvelles aux familles des soldats et à distribuer le courrier, pour informer les services anglais sur les mouvements des troupes et les lieux stratégiques.

Le réseau Alice compte quatre-vingts personnes. Son efficacité est telle que les informations sont collectées et transmises en vingt-quatre heures. Deux pôles le composent. Le premier est destiné à surveiller la frontière belge et les mouvements allemands. Il est donc constitué par des observateurs et des passeurs placés à des endroits stratégiques : garde-barrières, chefs de gare, résistants locaux tels M. Sion, ou M. Lenfant, commissaire de police à Tourcoing. Le second est composé de personnes habitant la région de Lille, Frelingues, Hellemmes, Santes et Mouscron, pouvant justifier de fréquents déplacements auprès de l'autorité d'occupation. Ces personnes, parmi lesquelles Comboin dit José Biernan, Madeleine Basteins, Mme Semichon, Mme Paul Bernard, Mme de Vaugirard, Victor Viaene et Alphonse Verstapen, rapportent des renseignements sur les zones sensibles (emplacements de batteries d'artillerie, d'entrepôts, de postes de TSF...) et font office à l'occasion de courriers.

L'ensemble est complété par un laboratoire de chimie utilisé pour la reproduction de cartes, plans et photographies, mis à sa disposition par le couple Geyter. Les informations glanées sont retranscrites sur de minces feuilles de papier japon et acheminées, en grande partie à pieds, en Hollande, principalement par Louise de Bettignies et Marie-Léonie Vanhoutte, entre Gand et Bruxelles, puis Beerse.

À partir de mai 1915, Alice Dubois travaille épisodiquement avec le 2e Bureau du commandant Walner sous le pseudonyme de Pauline. Par son action, elle permet d'anéantir deux mille pièces d'artillerie lors des batailles de Carency et Loos-en-Gohelle. A l'été 1915, un nouveau réseau d'information est mis en place dans le secteur de Cambrai-Valenciennes, Saint-Quentin et Mézières. Il informe, à l'automne 1915, de la préparation d'une attaque sur Verdun. Après les phases de création et d'administration, Louise de Bettignies doit faire face à la contre-offensive des services allemands. Alice et Charlotte d'ailleurs se sentent suivies.

Le 24 septembre 1915, Marie-Léonie Vanhoutte, après un rendez-vous au Lion Belge (Bruxelles), est arrêtée à la pension de famille des Adriatiques, puis incarcérée à la prison Saint-Gilles. Les conditions de cette arrestation sont floues. Charlotte, d'abord, est priée avec insistance par MM. Lenfant et Sion de se rendre à Bruxelles pour transmettre un pli. Elle rate ensuite le rendez-vous initialement prévu, mais prend connaissance de deux cartes postales qui lui sont adressées à l'auberge. L'une est d'Alice, l'autre, d'un certain Alexandre, contient le message suivant : "Venez au plus tôt, ce soir ou demain, vers 8 h au Lion Belge. Journal à la main . il s'agit d'Alice". La police allemande enfin, la "promène", sans résultat, dans les rues de Bruxelles et lui demande d'identifier Louise de Bettignies sur une photographie. Louise, alors en Angleterre revient en France pour diriger les opérations.

Elle est à son tour mise aux arrêts le 20 octobre, à Tournai, alors qu'elle tente de traverser la frontière franco-belge munie de ses faux papiers. Son loueur de voiture, Georges de Saever, connaît le même sort. Dans la foulée les autorités allemandes organisent une confrontation et perquisitionnent chez les Geyter. Sur le terrain, les services de renseignement britanniques, tributaires des informations collectées par le réseau Alice, poursuivent son activité dans l'organisation de "la Dame Blanche", animée par les demoiselles Tendel. Louise retrouve son amie à la prison de Saint-Gilles dès le 26 octobre. Elles communiquent en tapant sur les tuyaux.

L'instruction est conduite par le juge Goldschmidt. Pendant les six mois d'enquête, Louise de Bettignies ne dévie jamais : "comme un renard dans son trou, elle ne montrait que ce qu'il fallait, parlant peu, niant toujours". Incapables d'établir avec certitude la relation Louise de Bettignies - Alice Dubois, les Allemands usent de stratagèmes pour recueillir quelques bribes de pièces à conviction pour étayer le dossier. C'est ainsi que Louise Letellier, une "compatriote", apparemment soumise aussi à la question, finit par obtenir de Louise de Bettignies la confession et cinq missives. La première phase de son plan achevé, le juge Goldschmidt utilise les informations contenues dans les lettres pour convaincre Marie-Léonie Vanhoutte de la trahison de sa compagne, mais en vain.

Le 16 mars 1916, le conseil de guerre allemand siégeant à Bruxelles auquel participent le général Von Bissing, et le conseiller de guerre Stoëber, condamne à mort Louise de Bettignies pour activités d'espionnage, sans pour autant avoir pu démontrer qu'elle est la tête du réseau. Sa peine est commuée en détention à perpétuité, probablement en raison de la notoriété de la famille de Bettignies. Marie-Léonie Vanhoutte et Georges, initialement condamnés à mort, reçoivent quinze ans de travaux forcés pour trahison commise pendant l'état de guerre en prêtant aide à l'espionnage.

Cette révision du jugement serait le résultat de la déclaration de Louise de Bettignies à ses juges - ses uniques propos en langue allemande de tout le procès ! -, reconnaissant ses responsabilités et demandant la grâce pour ses compagnons. Les condamnés purgent leur peine, à partir d'avril 1916, dans la prison de Siebourg près de Cologne, alors que, le 20 avril le général Joffre octroie à Louise de Bettignies une citation à l'ordre de l'armée. A la fin de janvier 1917, Louise de Bettignies est mise au cachot pour avoir refusé de fabriquer des pièces d'armement destinées à l'armée allemande et avoir entraîné le soulèvement de ses co-détenues.

Louise de Bettignies succombe le 27 septembre 1918 des suites d'un abcès pleural mal opéré. Elle est alors enterrée dans le cimetière de Bocklemünd à Westfriedhof. Son corps est rapatrié le 21 février 1920 sur un affût de canon.

Le 16 mars 1920, les Alliés organisent à Lille une cérémonie-hommage pendant laquelle la "Jeanne d'Arc du Nord" reçoit à titre posthume la croix de la légion d'honneur, la croix de guerre 14-18 avec palme, la médaille militaire anglaise et est faite officier de l'ordre de l'empire britannique. Louise de Bettignies, alias Alice Dubois, repose au cimetière de Saint-Amand-les-Eaux.

Le 11 novembre 1927, à l'initiative de la maréchale Foch et de la générale Weygand, une statue est inaugurée à Lille, sur le boulevard Carnot. A Notre-Dame de Lorette, une vitrine conserve la croix tombale qui a marqué la sépulture de Louise de Bettignies au cimetière de Cologne ainsi que sa citation à l'ordre de l'armée.

 

Sources : Louise de Bettignies et les femmes qui firent la guerre. Commémoration de l'année 1916, CDIHP du Nord
Ministère des anciens combattants et victimes de guerre - Poirier Léon, Soeurs d'armes, Tours, Maison MAME, 1938

Edith Cavell

1865-1915

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Portrait d'Edith Cavell. Source : http://en.wikipedia.org

Edith Cavell naît en 1865 en Angleterre. Elle est la fille d'un pasteur anglican. Elle étudie d'abord à Bruxelles puis en Suisse, enfin à Dresdes et Aix-la-Chapelle où elle apprend les techniques allemandes en matière de médecine et d'hygiène. De retour en Angleterre en 1895, elle travaille d'abord comme gouvernante, puis elle obtient son diplôme d'infirmière au 'London Hospital' avant de retourner en 1906 exercer à l'Institut de Chirurgie et de diriger l'institut médical Berkendael à Bruxelles.

En 1914, la Croix Rouge installe un hôpital dans son établissement, rapidement transformé en un centre d'accueil pour les soldats français, belges et anglais désireux de rejoindre l'armée en passant par les Pays-Bas. Miss Cavell devient ainsi un maillon important de ce "réseau d'évasion" du nord de la France vers la Hollande via Bruxelles.

L'activité de son groupe s'intensifie avec le retrait vers la Marne des divisions françaises et anglaises. Des soldats blessés restent dans les hôpitaux de campagne dans le Nord de la France et les Ardennes, d'autres n'ont plus de contact avec leur unité. Ces combattants, qui n'éveillent pas l'attention des forces allemandes, sont pris en charge par la princesse Marie de Croÿ au château de Bellignies, puis conduits auprès d'Edith Cavell où ils reçoivent des vêtements, des faux papiers avant de rejoindre leurs armées. Ce travail commun, de novembre 1914 à juillet 1915, permet à deux cents personnes de s'évader de la zone d'occupation allemande.

Dénoncés, les soixante-six membres du réseau sont arrêtés à partir de l'été 1915. On a accusé l'espion français Gaston Quien d'avoir dénoncé le réseau, mais il a été acquitté faute de preuves. Edith Cavell est arrêtée le 15 juillet, alors qu'elle tente de faire passer la frontière hollandaise à des soldats alliés, et incarcérée à la prison Saint-Gilles. Au cours de son interrogatoire, elle ne nie pas les faits : "j'ai pensé que c'était mon devoir de faire cela pour mon pays ", dit-elle. Une attitude qui lui vaut d'être considérée comme traître et d'être désignée comme la cause de l'effondrement du service de renseignement belge.

Edith Cavell est enfermée sous le régime d'isolement cellulaire. Les autorités allemandes feignent de céder aux pressions diplomatiques et acceptent que Maître Sadie Kirsten en assure la défense, sans que, toutefois, celui-ci ne puisse lui parler ou consulter son dossier.

Le procès du réseau, du 7 septembre au 8 octobre 1915,est conduit sous l'autorité du général Ströbel. Le procès, très médiatique, doit avoir un effet dissuasif. La peine de mort pour intelligence avec l'ennemi, est donc demandée. Le 11 octobre 1915, Edith Cavell, la comtesse Jeanne de Belleville et Louise Thuliez, une institutrice, sont condamnées à mort. Le secrétaire de la légation américaine essaie d'introduire une demande de grâce pour Edith Cavell, mais sans résultat.

Le 12 octobre 1915, à sept heures du matin, la sentence est exécutée.

Les peines de ses camarades sont commuées en travaux forcés à vie.

En Angleterre et aux États-Unis, dans le contexte du torpillage du Lusitania, cette exécution déchaîne une tempête de protestations. La propagande anti-germanique se met en marche, les volontaires affluent.

Après guerre, le 7 mai 1919, la dépouille d'Edith Cavell est transférée en Angleterre. Une cérémonie est organisée dans l'abbaye de Westminster.

Une colonne a été érigée à Trafalgar Square (Londres), près de la National Gallery en souvenir de cette héroïne trans-nationale.

Un bas relief, détruit en 1940, lui a été aussi dédié au Musée du Jeu de Paume (Paris).

 

Sources : Louise de Bettignies et les femmes qui firent la guerre. Commémoration de l'année 1916, CDIHP du Nord
Ministère des anciens combattants et victimes de guerre. Poirier Léon, Soeurs d'armes, Tours, Maison MAME, 1938

Georges Clemenceau

1841-1929

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Portrait de Georges Clemenceau. Source : Gallica.bnf.fr

 

Né le 28 septembre 1841, à Mouilleron-en-Pareds (Vendée), Georges Clemenceau, après une enfance vendéenne, devient médecin comme son père et suit des études à Nantes puis à Paris en 1865. Il commence déjà à faire de la politique au Quartier Latin. A 24 ans, il est docteur en médecine et part pour les Etats-Unis afin d'y étudier la Constitution. Il y reste cinq ans et s'y marie. De retour en France, il participe à l'insurrection parisienne contre le régime impérial. Elu, à trente ans, maire de Montmartre puis député de la Seine, il est aussi conseiller municipal de Paris, président du conseil municipal en 1875 et député du Var en 1880.

Le Tigre

Clemenceau, chef de l'extrême gauche radicale depuis 1876, s'oppose violemment à la politique coloniale de Jules Ferry et est à l'origine de la chute de plusieurs gouvernements. Ce sont ses coups de griffe qui seront à l'origine de son surnom de "Tigre". Battu aux élections de 1893, il retourne à ses premières amours, l'écriture et surtout le journalisme. Il collabore à différents journaux dont l'Aurore où il fait publier l'article d'Emile Zola "J'accuse" en faveur de Dreyfus.

Sénateur du Var en 1902, il est ministre de l'Intérieur puis Président du Conseil en 1906 jusqu'à 1909. Il institue le Ministère du Travail et fait voter des lois sur le repos hebdomadaire, la journée de 10 heures, les retraites ouvrières mais réprime aussi durement des grèves. Renversé, il retourne alors dans l'opposition et fonde un nouveau journal: L'Homme Libre qui devient L'Homme Enchaîné en 1914 à cause de la censure.

Le Père La Victoire

Le 20 novembre 1917, Poincaré fait appel à lui pour être à nouveau Président du Conseil. Il sait prendre des mesures impopulaires, mais se rendre lui-même populaire en parcourant les tranchées la canne à la main (à 76 ans !). Il sait surtout faire confiance à Foch, contre l'avis des députés. Au lendemain de l'Armistice, Président de la Conférence de la Paix, il se montre intraitable avec l'Allemagne. Il n'est pourtant pas pleinement satisfait du traité, y ayant discerné les faiblesses.

Candidat à la présidence de la République en 1920, Clemenceau se voit préférer Deschanel. Il se retire de la vie publique et partage son temps entre Paris et sa petite maison de pêcheur à Saint-Vincent-sur-Jard, en Vendée, où il continue à écrire, s'alarmant du réarmement de l'Allemagne.

Il s'éteint le 24 novembre 1929, à son domicile de la rue Franklin à Paris.

 

Source : www.echodeschamps.com