Wilhelm Keitel

1882 - 1946

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Wilhelm Keitel. Photo collection DMPA

 

Entré dans l'armée en 1901, Wilhelm Keitel occupe principalement divers postes d'officiers d'état-major durant la Première Guerre Mondiale. Après la capitulation de l'Allemagne en 1918, il poursuit sa carrière militaire au sein de la nouvelle armée allemande, la Reichswehr, telle qu'elle est autorisée par le traité de Versailles.

Lorsque Adolf Hitler arrive au pouvoir, en 1933, et entreprend de reconstituer les forces armées, la carrière de Wilhelm Keitel progresse très rapidement. Nommé général de brigade en 1934, il devient chef de cabinet du ministre de la guerre et directeur du Wehrmachtsamt, chargé de la coordination des forces armées, l'année suivante.

En 1938, Wilhelm Keitel est nommé chef de l'Oberkommando der Wehrmacht (OKW : commandement suprême de la Wehrmacht) nouvellement crée.

Le 22 juin 1940, il signe l'armistice franco-allemand à Rethondes. Nommé maréchal en juillet 1940, cet exécuteur zélé des ordres d'Adolf Hitler couvre de son autorité toutes ses décisions militaires ainsi que les mesures de terreur adoptées dans les territoires conquis, portant notamment sur l'exécution des commissaires politiques de l'Armée rouge, l'exécution des otages et les prisonniers NN. En dépit de plusieurs tentatives visant à un changement de personne au sommet de la hiérarchie militaire de la part de cercles dirigeants de l'armée et de l'état-major, il conserve son poste jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le 9 mai 1945, il signe la capitulation sans conditions de la Wehrmacht, sur ordre du chancelier-amiral Dönitz. En 1946, le tribunal international de Nuremberg le condamne à mort pour crime contre la paix, crimes de guerre et crime contre l'humanité.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Félix Eboué

1884-1944

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Félix Eboué. Photo DMPA

Adolphe Félix Eboué naît le 26 décembre 1884 à Cayenne (Guyane), quatrième d'une famille noire de cinq enfants. Son père, d'abord orpailleur, tiendra avec son épouse, après 1898, une épicerie.

En 1901 il obtient une demi-bourse pour poursuivre sa scolarité à Bordeaux. Bachelier en 1905, il gagne Paris et l'école coloniale dont il sort diplômé en 1908. Très tôt, il est attiré par l'Afrique noire et ses civilisations auxquelles se rattache sa condition de créole. Il s'oriente donc vers l'administration des colonies africaines, et obtient son affectation comme administrateur en chef en 1909 dans l'Oubangui-Chari (aujourd'hui la République Centrafricaine) où la pénétration occidentale n'est pas encore partout assurée. Il va demeurer en poste jusqu'en 1933, revenant régulièrement en Guyane pour ses congés. Il y épouse Eugénie Tell en 1921.

En Afrique noire, Félix Eboué élabore sa propre conception de la politique coloniale, tentant de concilier la modernisation de la vie matérielle et le maintien de la culture africaine. C'est ainsi qu'il favorise les productions nouvelles comme le coton, développe l'infrastructure routière ferroviaire. Parallèlement, il pousse à sauvegarder les cultures vivrières, s'initie aux langues locales, étend ses recherches sur les traditions...

Partisan de l'association - et non de l'assimilation - des peuples colonisés, il se heurte souvent à ses supérieurs hiérarchiques qui ont peu apprécié son adhésion, en 1928, à la Ligue des droits de l'homme. Félix Eboué veut en effet assumer le pari délicat d'être à la fois un administrateur colonial rigoureux et un humaniste intransigeant.

En 1934, il part pour le Soudan français (aujourd'hui le Mali). S'appuyant sur les élites noires, il entreprend la mise en valeur des rives du Soudan, la sédentarisation des nomades pour cultiver les terres. Entre-temps, en 1932 et 1933, il fut secrétaire général en Martinique, où il a cherché à développer l'île, à améliorer la condition des plus démunis, à atténuer les antagonismes entre Blancs, Métis et Noirs.

Rappelé du Soudan, il est chargé, en septembre 1936, d'appliquer la politique du Front Populaire en Guadeloupe. Trouvant sur cette île morcelée une situation de crise, il ouvre des négociations, engage un plan d'aide au crédit, de formation professionnelle, de construction de cités, et assainit les finances publiques.

Le 4 janvier 1939, il est nommé gouverneur du Tchad, nouvelle colonie tout juste pacifiée. Conscient de l'importance stratégique du pays, alors que la menace italienne se précise dans la région, il lance de grands travaux d'infrastructures.

Le 6 juin 1940, la nouvelle de la défaite des armées françaises et de l'armistice parviennent à Fort-Lamy. L'appel du général de Gaulle est aussi appris quelques jours plus tard. A Brazzaville, après avoir hésité, Boisson, gouverneur général de FA.E.F, fait allégeance au maréchal Pétain. Le 29 juin. Eboué, qui juge que cet armistice prive sa patrie des valeurs qu'il a toujours défendues, câble sa détermination de ne pas en appliquer les clauses. Bien que son isolement géographique le place dans une position inconfortable, le Tchad reste en état de guerre. Le 16 juillet, un télégramme du général de Gaulle lui apporte l'appui du chef de la France Libre dont les émissaires arrivent le 24 août. Le 26, une proclamation annonce le ralliement du Tchad à la France Libre. Le Cameroun, le Congo, suivent l'exemple : Eboué a donné le signal de la dissidence africaine, apportant à la cause de la France combattante un point d'appui exceptionnel.

Relevé de ses fonctions et condamné à mort par contumace par le Gouvernement de Vichy, Félix Eboué est nommé, le 13 novembre, gouverneur général de l'Afrique équatoriale française par le général de Gaulle, et siège au Conseil de défense de l'empire. Le Tchad devient la base arrière des Français qui reprennent le combat : c'est de là que Leclerc lance en mars 1942 son raid légendaire sur Koufra, et que les F.F.L. attaquent les Italiens au Fezzan puis en Tripolitaine.

En même temps qu'il assure l'approvisionnement de ces troupes, organise une économie de guerre, rétablit les circuits commerciaux, Eboué cherche à ramener la paix civile en A.E.F., atténuant les tensions nées en 1940 entre gaullistes et pétainistes.

Parallèlement, il est convaincu que l'autorité française ne peut se maintenir durablement en Afrique noire sans une profonde réforme de la politique coloniale.

Dans cet esprit, sa circulaire du 8 novembre 1941 prévoit ainsi le respect du droit coutumier, l'association des conseils africains à l'administration, la formation de cadres indigènes, l'extension de contrats de travail, etc. En juillet 1942, le général de Gaulle signe trois décrets allant dans le même sens.

Le 30 janvier 1944, le chef de la France Libre ouvre à Brazzaville une conférence sur l'avenir des territoires français d'Afrique. Reprenant des thèmes chers à Eboué, comme la participation indigène à l'administration ou à la redistribution des régions en fonction des appartenances ethniques, les recommandations de la conférence le laissent insatisfait puisqu'elles rejettent toute autonomie à terme, tout en préconisant une représentation élue des territoires africains. Fatigué, Eboué prend un congé et part en février 1944 avec sa famille - qui, de France, l'a rejoint en 1942 - en Egypte. Il trouve l'occasion d'oeuvrer aux relations diplomatiques entre ce pays et le gouvernement provisoire de la République française.

Le 17 mai 1944, il meurt des suites d'une congestion pulmonaire.

Le 19 mai 1949, les cendres de Félix Eboué sont transférées au Panthéon à Paris. A cette occasion, Gaston Monnerville, président du Sénat, rappelle que "c'est (un) message d'humanité qui a guidé Félix Eboué, et nous tous, Résistants d'outre-mer, à l'heure où le fanatisme bestial menaçait d'éteindre les lumières de l'esprit et où, avec la France, risquait de sombrer la liberté".

La mémoire de Félix Eboué est aujourd'hui rappelée à travers plusieurs monuments et plaques commémoratifs.

À Paris, son nom, joint à celui de Daumesnil, se retrouve dans une station du métropolitain.

 
Source : MINDEF/SGA/DMPA

Anna Marly

1917-2006

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Anna Marly

 

Née à Saint-Pétersbourg le 30 octobre pendant la Révolution de 1917 au cours de laquelle son père fut fusillé, Anna Bétoulinsky quitte la Russie pour la France au début des années vingt. Réfugiée avec sa mère, sa soeur aînée et leur fidèle nounou dans la communauté russe de Menton, elle vécut des années difficiles dont elle garde néanmoins un souvenir heureux.

A l'âge de treize ans on lui offre une guitare. Ce cadeau dont elle ne se séparera jamais va bouleverser sa vie. "C'est à cette période que j'ai découvert la magie des sons, influencée par Charles Trénet."

En 1934, Anna rejoint Paris et débute une carrière artistique sous le pseudonyme d'Anna Marly, patronyme qu'elle choisit dans l'annuaire. Elle danse tout d'abord dans les Ballets russes de Paris qui l'entraînent en tournée à travers l'Europe, puis ce sont les Ballets Wronska qui l'engagent comme danseuse étoile.

Pour autant, Anna n'en oublie pas la musique. Après un passage au conservatoire de Paris pour travailler sa voix, elle se produit dès 1935, avec sa guitare et un petit répertoire qu'elle s'est créé, au Shéhérazade, le cabaret parisien de la jeunesse dorée, puis au théâtre des Variétés à Bruxelles et au Savoy Club de La Haye. C'est d'ailleurs lors de son séjour en Hollande qu'elle rencontre celui qui deviendra en avril 1939 son mari, le baron van Doorn.

La même année, Anna connaît une grande satisfaction professionnelle en devenant la benjamine de la SACEM (Société des Auteurs Compositeurs et des Éditeurs de Musique).

Le 13 juin 1940, Paris est déclarée ville ouverte. Anna et son mari quittent la capitale et prennent le chemin de l'exode. Après avoir transité par l'Espagne et le Portugal, ils s'installent à Londres en 1941 où Anna s'engage comme volontaire à la cantine des Forces Françaises Libres. Elle chante aussi quelquefois au café. Se séparant bientôt de son mari, elle devient alors projectionniste, puis s'enrôle au théâtre aux Armées et chante au micro de la BBC dans l'émission "Les Français parlent aux Français".

De cette époque datent les chansons les plus célèbres d'Anna Marly, notamment "Le Chant des partisans". Un jour, fin 1942, ayant lu dans les journaux britanniques le récit de la bataille de Smolensk, son âme russe se réveille. Un mot lui revient à l'esprit, ce mot de "partisans". "Bouleversée, je prends ma guitare, je joue une mélodie rythmée, et sortent tout droit de mon coeur ces vers en russe : Nous irons là-bas où le corbeau ne vole pas/Et la bête ne peut se frayer un passage. Aucune force ni personne/Ne nous fera reculer." Appelée initialement "La Marche des partisans", cette chanson sera interprétée en russe par son auteur jusqu'à ce que Joseph Kessel s'exclame en l'entendant pour la première fois "Voilà ce qu'il faut pour la France !" et qu'il en écrive la version française avec son neveu Maurice Druon. Sifflé comme indicatif de l'émission de la BBC "Honneur et Patrie" puis comme signe de reconnaissance dans les maquis, "Le Chant des partisans" (intitulé "Guérilla song" dans sa version anglaise) s'impose rapidement comme l'hymne de la Résistance.

La Complainte du partisan est écrite dans la même période. "En pensant à la France occupée, je me suis mise à jouer une mélopée lancinante, mais sans paroles." C'est Emmanuel d'Astier de la Vigerie, chef du mouvement Libération-Sud, qui signe les paroles de cette chanson reprise plus tard par Joan Baez et Léonard Cohen.

A son retour en France en 1945, Anna Marly connaît la gloire. Toutefois, elle décide de s'installer en Amérique du sud où elle devient l'ambassadrice de la chanson française. C'est au Brésil, en 1947 qu'Anna rencontre son second mari, le russe Yuri Smiernow. Elle continue à beaucoup voyager et sillonne l'Afrique, toujours accompagnée de sa guitare. Aujourd'hui, elle vit aux Etats-Unis où elle se consacre à l'écriture de fables, de poèmes tissés de souvenirs. Comme pour ses mémoires récemment publiées (Anna Marly, Troubadour de la Résistance. Tallandier-Historia), elle souhaite que le présent ouvrage serve de témoignage aux jeunes générations, à tous ceux qui n'ont pas vécu ces moments tourmentés de l'Histoire afin qu'ils portent et transmettent à leur tour le flambeau du souvenir.

Anna Marly, que l'on surnomma le "Troubadour de la Résistance" et dont le Général de Gaulle écrivit qu'"elle fit de son talent une arme pour la France", a composé plus de trois cents chansons (dont "Une chanson à trois temps" pour Edith Piaf). Certaines d'entre elles se sont élevées au rang de patrimoine national. L'enseignement obligatoire dans les années soixante du "Chant des partisans" avec "la Marseillaise" et "Le Chant du départ" n'en est pas la moindre preuve. Ecrites dans le contexte de la guerre, les chansons d'Anna Marly constituent un témoignage vivant de l'Histoire de France et c'est à ce titre qu'elle fut décorée de l'ordre national du Mérite en 1965 et de la Légion d'honneur en 1985.

Elle participa à un hommage à Jean Moulin en 2000, à l'occasion du 60e anniversaire du 18 juin, où elle chanta avec les choeurs de l'armée française le "Chant des partisans".

Anna Marly s'est éteinte le 17 février 2006, en Alaska, à l'âge de 88 ans.

 

Source : AERI (Association pour des Études sur la Résistance Intérieure)

Edmond Michelet

1899-1970

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Edmond Michelet. © délégation régionale du Limousin

 

Edmond Charles Octave Michelet et est né à Paris dans le XIXème arrondissement, le 8 octobre 1899.

Dès ses 18 ans, il s'engage volontairement pour la durée de la guerre. Affecté au 126ème régiment d'infanterie de Brive, il découvre la Corrèze où il se marie. Il milite à l'ACJF (Action catholique de la jeunesse française) dont il devient le président en Béarn puis en Corrèze. En 1932, il développe les Equipes sociales, créées par Robert Garric en 1919, dont le but était de faciliter l'ascension professionnelle, intellectuelle et morale de tous ses membres défavorisés.

Devant la montée du nazisme, il créé le Cercle Duguet, un groupe de réflexion qui organise, entre autres, une série de conférences intitulée : «les dangers qui menacent notre civilisation». Père de famille, il n'est pas mobilisé en 1939, mais organise le Secours national pour venir en aide aux nombreux réfugiés.

Il pose un premier acte de résistance dès juin 1940 en distribuant avec des amis, à Brive, un tract reprenant un texte de Péguy : « celui qui ne se rend pas a raison contre celui qui se rend ».

En 1942, il en devient chef régional puis prend la direction de la région 5 des MUR. Michelet est arrêté pour ses activités de résistance par la police allemande le 25 février 1943. Emprisonné d'abord à Fresnes, au secret pendant 6 mois, il est déporté à Dachau le 15 septembre 1943.

À la libération du camp, le 29 avril 1945, il représente la France au Comité international et s'occupe du rapatriement de tous les français ainsi que de celui des Espagnols internés. Il rentre en France le 27 mai 1945.

En juillet 1945, il est désigné par le MLN comme membre de l'Assemblée consultative provisoire. Le 21 octobre 1945, il est élu député de la Corrèze à la première Assemblée constituante dans les rangs du MRP (Mouvement Républicain Populaire).

Il devient en novembre 1945, ministre des Armées du gouvernement de De Gaulle. En juin 1946, il est élu député de la deuxième Assemblée constituante et en novembre 1946, il est élu député à la première Assemblée législative. Battu aux élections législatives du 17 juin 1951 en Corrèze, il est élu en mai 1952, conseiller de la République et devient vice-président de la Haute Assemblée de 1958.

En 1954, il dirige le délégation française à l'ONU. En juin 1958, Michelet devient ministre des Anciens Combattants. Il entre au Conseil Constitutionnel en février 1962. Le 12 mars 1967, il est élu député de la première circonscription du Finistère : Quimper. Un mois plus tard, Edmond Michelet revient au gouvernement comme ministre chargé de la Fonction publique.

Après mai 1968, il est ministre d'État sans portefeuille. Après les élections des 23 et 30 juin 1968, avec la formation du gouvernement Couve de Murville, il retrouve son banc de député du Finistère à l'Assemblée. Il le quitte le 22 juin 1969 pour recueillir les Affaires culturelles dans le gouvernement Chaban-Delmas où il succède à André Malraux.

Il occupe de poste jusqu'à sa mort, le 9 octobre 1970, à Marcillac près de Brive.

Edmond Michelet a reçu le prix littéraire de la Résistance en 1959 et le Grand prix littéraire franco-belge de la Liberté en 1960 pour son ouvrage de souvenirs Rue de la liberté.

Il était président de l'Amicale des Anciens de Dachau dont il sut maintenir l'unité malgré la guerre froide et président fondateur de l'Association France-Algérie en 1963.

 

Source : Secrétariat d'Etat au Tourisme - délégation régionale du Limousin

Antoine de Saint-Exupéry

1900 - 1944

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Antoine de Saint-Exupéry l'aviateur écrivain. © SHD

L'homme de l'art

Antoine de Saint-Exupéry naît avec le XXème siècle le 29 juin à Lyon, et reçoit une formation classique dans des instituts religieux.

Aviateur-poète ? Ecrivain-pilote ? La courte existence du plus mythique des " Morts pour la France " du second conflit mondial révèle une extraordinaire richesse.

L'écrivain et le poète

Au soir de son baptême de l'air, le jeune Antoine, alors âgé de douze ans, offre à un de ses professeurs un poème aéronautique, premier signe de la double orientation de son futur destin. Dès l'enfance, Antoine de Saint-Exupéry écrit de courts textes, pour la plupart en vers. En 1926, l'auteur adopte définitivement la prose en publiant une nouvelle : "L'aviateur". Ecrit en 1929 au Maroc, "Courrier Sud" est le premier roman d'une série de cinq ouvrages qui assurent la gloire de Saint-Ex, avant même sa tragique disparition. En 1931, "Vol de nuit" remporte le Prix Femina, et préfigure le retentissant succès de "Terre des hommes", édité en 1938.

Lors de son exil aux Etats-Unis, Antoine de Saint-Exupéry publie ses deux dernières oeuvres littéraires : "Pilote de guerre" en 1942, puis "Le petit Prince" en 1943. En 1948 paraît "Citadelle", texte inachevé rédigé dans les derniers mois de sa vie. Par la suite, sont publiés une série de lettres et d'écrits : essais, correspondances, articles de presse. Écrivain de génie, Antoine de Saint-Exupéry a également été un cinéaste visionnaire, prêtant sa plume à l'écriture de plusieurs scénarios.

 

L'inventeur et le technicien

Dès son plus jeune âge, Antoine de Saint-Exupéry fait preuve d'une formidable ingéniosité, et tente de mettre au point des innovations techniques avec l'aide de ses frères et soeurs.

Plus tard, entre 1934 et 1940, sa curiosité scientifique et sa qualité de pilote le poussent à déposer une série de brevets d'invention à l'Institut national de la propriété industrielle, tous orientés vers le domaine de l'aviation. Ces découvertes visent à créer des matériels assurant un meilleur pilotage, ou à développer des processus garantissant une navigation aérienne plus précise. Ainsi, deux de ces brevets proposent un nouveau système pour l'atterrissage des avions sans visibilité, avec dispositifs et appareils de réalisation. Comme les autres innovations déposées par Saint-Ex, ils ne connaissent aucune suite industrielle.

 

L'homme de l'air

Le pionnier de l'aviation civile

Appelé sous les drapeaux en 1921, Antoine de Saint-Exupéry est affecté au 2ème Régiment d'aviation à Strasbourg, où il obtient son brevet de pilote. En 1926, cette qualification lui permet d'être nommé mécanicien, puis pilote au sein de la compagnie générale aéropostale Pierre Latécoère. Nommé chef d'escale à Cap Juby (Maroc), Saint-Exupéry est chargé de sécuriser cette portion de la ligne reliant Toulouse à Dakar.

En 1929, il rejoint Mermoz et Guillaumet à Buenos Aires, pour devenir directeur et pilote de l'Aeroposta Argentina, filiale de l'Aéropostale chargée de créer la ligne aérienne vers la Patagonie. La légende de l'Aéropostale prend fin en 1933 lorsque les lignes aériennes civiles sont regroupées sous le nom d'Air France.

Un temps pilote d'essai, victime de plusieurs accidents graves, Antoine de Saint-Exupéry rejoint le service des relations extérieures de la nouvelle compagnie, et prononce à partir de 1934 une série de conférences sur l'aviation.

L'intrépide pilote militaire

Mobilisé en septembre 1939, le capitaine de réserve Saint-Exupéry est affecté à sa demande au groupe de reconnaissance 2/33 basé à Orconte en Haute-Marne, et effectue des missions au-dessus de l'Allemagne et de la Belgique, puis du nord de la France envahie. En mars 1943, il obtient un nouvel ordre de mobilisation, et retrouve le groupe 2/33, désormais basé au Maroc. Malgré son âge et du fait de son insistance, il réussit à convaincre les autorités militaires, et vole à nouveau, non sans connaître l'épreuve du feu.

 

L'homme de guerre

Ni vichyste, ni gaulliste

Après l'armistice de 1940, Saint-Exupéry n'est ni séduit ni tenté par la révolution nationale vichyste, et rejoint les Etats-Unis où il se tient en marge de la communauté française en exil. L'écrivain, qui jouit d'ores et déjà d'un incomparable prestige, ne peut en effet trouver sa place dans un univers manichéen, partagé entre les partisans du Général de Gaulle et les artisans de la collaboration avec l'ennemi. Si les deux camps se disputent son adhésion, Saint-Exupéry refuse tout ralliement, et prône la réconciliation nationale d'un pays divisé par la défaite et l'occupation.

Homme de lettres, refusant d'être un vaincu silencieux, il publie en 1943 ses "Lettres à un otage" adressées à son ami Léon Werth resté en France, et exhortant les Français à s'unir dans le combat pour le respect des droits de l'homme.

L'énigme de la disparition

Homme d'action, il rejoint le combat et la France Libre en 1943. Au matin du 31 juillet 1944, il part de Borgo en Corse à bord de son Lightning P-38, et ne revient pas de cette mission de reconnaissance destinée à préparer le débarquement en Provence.

Le 7 avril 2004, quelque soixante années après la disparition du pilote, l'agence France-Presse relaye une information fournie par le département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines de Marseille : sur la poutre gauche d'un avion reposant par 70 mètres de fond au large de la cité phocéenne, un plongeur a découvert une série de quatre chiffres, numéro civil de fabrication apposé par l'avionneur Lockheed correspondant au matricule militaire de l'avion de Saint-Exupéry.

Soixante années d'immersion empêchent à tout jamais l'épave de livrer les raisons exactes de la disparition du père du Petit prince. Le mythique poète de l'aviation est définitivement entré dans la légende.

Ayant su dépasser les contingences pour rechercher l'essentiel, il reste pour beaucoup, tant dans sa pensée que par ses actes, l'un des phares du XXème siècle.

Résistant, déporté en 1943 à Buchenwald, plusieurs fois ministre du général de Gaulle, Pierre Sudreau narre dans "Au-delà de toutes les frontières" son extraordinaire rencontre avec le légendaire pilote.

Au Panthéon, plaque commémorative dédiée à l'auteur disparu dans le crash de son avion en mer Méditerranée, le 31 juillet 1944.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

 

Jean Maridor

1920 - 1944

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Jean Maridor. Photo Fondation de la France Libre

Le sacrifice de Jean Maridor

 

Jean Maridor est né au Havre en 1920.

Fils de petits commerçants, il se passionne très tôt pour l'aviation, découverte lors d'un meeting aérien. Elève doué appliqué, il intègre l'école des sous-officiers de l'armée de l'Air d'Istres à sa sortie du lycée. Il obtient en même temps son brevet de pilote privé à l'âge de 17 ans.

Admis à Istres en 1939, il suit le peloton d'élèves pilotes pendant l'hiver 1939 1940. Le 24 juin, il embarque avec cinq camarades, mêlés à des aviateurs polonais, à bord d'un bateau qui quitte Saint-Jean-de-Luz pour l'Angleterre. Après une formation complémentaire sur la base d'Odiham, Jean Maridor et nommé sergent dans la Royal Air Force le 1er octobre 1940.

Affecté au squadron Winston Churchill, il multiplie en 1941 les attaques contre les bateaux allemands en Manche et Mer du Nord, ponctuées de combats contre les chasseurs allemands.

Promu sous-lieutenant des FAFL puis lieutenant en 1942, il est nommé capitaine en 1943 et reçoit, après la croix de guerre et la Distinguished Flying Cross, la croix de la Libération.

En 1944, il se spécialise dans la chasse des V1, ces bombes volantes allemandes à longue portée qui commencent alors à s'abattre sur l'Angleterre.

Le 3 août 1944, le capitaine Jean Maridor poursuit un V1 qui plonge vers un hôpital. Ouvrant le feu à très courte portée, il se sacrifie pour éviter que la bombe ne touche sa cible.

 

Source : La Fondation de la France Libre

René Mouchotte

1914 - 1943

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Commandant René Mouchotte, né le 21 août 1914 à St Mandé (Val-de-Marne) et la mascotte de l'escadrille. Source : Fondation de la France Libre

Le premier Français à commander un squadron de la RAF

 

René Mouchotte breveté pilote militaire en 1937 est mobilisé en septembre 1939.

Il rejoint l'École de chasse d'Avord en tant qu'élève instructeur, puis en mai 1940, avec son ami Guérin, il est dirigé sur le centre d'instruction à la chasse d'Oran. Le 30 juin, contre des ordres reçus, Mouchotte avec huit de ses camarades s'envolent pour Gibraltar à bord de deux avions et arrivent à Liverpool le 13 juillet 1940, pour assister à Londres, à la première revue du 14 juillet, présidée par le général de Gaulle.

Après un entraînement à Old Sarum, près de Salisbury, à la School of Army Cooperation, il rejoint la 6 Operational Training Unit de Sutton Bridge, pour être formé pilote de chasse sur Hawker Hurricane. Début d'octobre, il part avec le 615 pour Notholt, dans la banlieue ouest de Londres.

Le 11 octobre, René Mouchotte, effectue sa première sortie opérationnelle et aperçoit la côte française. Le 15 décembre 1940, le 615 rejoint sa base, Kenley, au sud de Londres. Le 4 mars, René Mouchotte se voit confier à titre temporaire, la conduite d'un Flight. Il abat le 26 août un Junkers 88.

Le 10 novembre 1941, René Mouchotte rejoint la base RAF de Turnhouse, où le premier groupe de chasse n° 2 « île de France » (340 squadron) est en cours de formation. Quand le lieutenant de vaisseau Philippe de Scitivaux prend le commandement du groupe, en février 1942, René Mouchotte le remplace à la tête de la 1re escadrille « Paris». Il est nommé capitaine le 15 mars 1942. Le général de Gaulle lui remet la croix de la Libération, le 14 juillet 1942 et le 1er septembre, il est décoré de la Distinguished Flying Cross.

Il reçoit le commandement du 65 squadron. Puis il prend la tête du groupe de chasse n° 1 « Alsace » qui, après un tour d'opérations au Moyen-Orient, vient être affecté en Grande-Bretagne en tant que 341 squadron de la RAF. Le 17 mars 1943, le 341 est considéré apte pour servir dans le 11 Group, où l'activité ennemie est importante, et rejoint la base de Biggin Hill.

Le 15 mai 1943, le wing de Biggin Hill, qui détient un palmarès de 998 victoires aériennes, décolle pour une mission de protection.

« L'Alsace » vole avec le 611 squadron, commandé par le squadron Leader Charles. Le wing est attaqué au-dessus du Pas-de-Calais par une formation importante de Fw 190. Charles en abat un, ce qui porte le score du wing à 999, puis Mouchotte en descendant un Fw 190 obtient la 1 000e victoire. Le testament du commandant René Mouchotte est le suivant : « Si le destin, ne m'accorde qu'une courte carrière de commandant, je remercierai le ciel d'avoir pu donner ma vie pour la Libération de la France. Qu'on dise à ma Mère que j'ai toujours été heureux et reconnaissant que l'occasion m'ait été donnée de servir Dieu, mon Pays et ceux que j'aime et que, quoi qu'il arrive, je serai toujours près d'Elle».

Les dernières lignes de son carnet de vol disaient : « Les sorties continuent à une cadence terrible. J'en suis à un record de 140. Ma fatigue est impitoyable, je sens mes nerfs s'user. J'ai un besoin hurlant de repos. Je n'ai pas pris huit jours de permission depuis plus de deux ans. Toujours en alerte à voler. Je suis éreinté mais demain, ...je repars. 26 août. ».

Il ne reviendra pas, abattu au-dessus de la Belgique. Il totalisait 1 748 heures de vol dont 408 en 382 missions de guerre.

« Mort pour la France » en opération aérienne, en septembre 1943.

 

Source : La Fondation de la France Libre

Philippe Leclerc

1902-1947

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Le général Leclerc. Photo SHAT

Le 22 novembre 1902 naît à Belloy (Picardie) Philippe de Hauteclocque, cinquième des six enfants du comte Adrien et de Marie-Thérèse Van der Cruisse de Waziers. Originaire d'Artois, sa famille, de noblesse attestée depuis le XIIe siècle, a participé aux croisades, servi à Fontenoy, à Wagram et rempli des charges édilitaires. A son enfance terrienne, vécue dans un milieu traditionnel, il doit une résistance exceptionnelle et la passion de la chasse, un patriotisme ardent, une foi chrétienne ancrée dans le catholicisme romain, et que conforte l'éducation des Pères jésuites de la Providence à Amiens. Il embrasse la carrière des armes. Saint-Cyrien de la promotion " Metz-Strasbourg ", il choisit, après un premier poste en Allemagne, une affectation au Maroc, d'abord comme instructeur à l'Ecole des officiers indigènes de Dar El-Beïda, puis à la tête d'un goum lors des opérations de pacification des tribus dissidentes. Il est ensuite instructeur à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr puis admis en 1938 à l'Ecole de guerre, ce qui lui ouvre les perspectives d'une belle carrière. Entre temps, en 1925, il a épousé Marie-Thérèse de Gargan, apparentée aux Wendel, dont il aura six enfants. Le capitaine de Hauteclocque est nommé à l'état-major de la 4e division d'infanterie qui est encerclée, en juin 1940, dans Lille. Capturé, évadé, il rejoint le front pour être affecté au 2e groupement cuirassé.

Blessé, hospitalisé sur ordre, il s'échappe devant l'avance ennemie et gagne Paris à bicyclette. C'est alors qu'il décide de rejoindre le général de Gaulle à Londres en passant par l'Espagne, non sans avoir revu sa femme qui l'approuve et veillera sur leurs enfants. Le capitaine de Hauteclocque devient Leclerc. A Londres, il comprend le sens politique du combat du général de Gaulle : maintenir la France dans la guerre en tant que nation souveraine. Le chef de la France libre confie donc une mission politique au commandant Leclerc avec le ralliement du Cameroun le 26 août . Une nouvelle mission amène, le 12 novembre, le ralliement du Gabon dont Vichy voulait faire une base de reconquête de l'Afrique française libre. Les arrières assurés, le harcèlement des Italiens en Libye devient la priorité pour montrer que les Français continuent la guerre. Le colonel Leclerc est promu commandant militaire du Tchad, base logistique de ces opérations.

Le 1er mars 1941, après une préparation méthodique, Leclerc s'empare de Koufra, oasis italienne au sud-est de la Libye, première victoire exclusivement française. Leclerc jure alors « de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». L'écho de la bataille retentit jusqu'en France occupée. Un accord franco-anglais prévoit une action venant du Tchad pour faciliter l'offensive anglaise contre l'Afrika Korps sur la côte libyenne à partir de l'Egypte. Avec ses coloniaux du Tchad, Leclerc conquiert le Fezzan en 1942 et rejoint, le 26 janvier 1943, le général Montgomery, commandant la 8e armée britannique, qu'il convainc de l'engager dans la campagne de Tunisie. La « Force L », nom que portent désormais les unités de Leclerc, se distingue au combat de Ksar Rhilane le 10 mars où, avec l'aide de la Royal Air Force, elle cause de lourdes pertes à un groupement blindé allemand. Après un exil de quelques mois en Libye, le temps que le général de Gaulle s'impose au général Giraud, la 2e Division française libre (ex. « Force L ») donne naissance officiellement à la 2e Division blindée le 24 août 1943. La constitution de la 2e DB à Témara (Maroc) doit son homogénéité à son chef, alors qu'elle amalgame des hommes et des femmes d'horizons politiques et militaires multiples.

Dès la fin de 1943, de Gaulle a confié à Leclerc une autre mission politique : la libération de la capitale. La 2e DB est donc transférée en Angleterre fin avril 1944 pour parfaire son instruction. Intégrée à la IIIème Armée du général Patton, elle débarque à Utah-Beach le 1er août et reçoit le baptême du feu à Mortain. Puis elle se distingue dans les combats de la poche de Falaise. A la mi-août, le général Leclerc attend, non sans impatience, l'ordre de libérer Paris et d'y asseoir l'autorité du gouvernement provisoire. La détermination de Leclerc, les missions envoyées par le colonel Roi-Tanguy, commandant les FFI d'Ile-de-France, l'insistance du général de Gaulle ont convaincu Eisenhower de ne pas contourner la capitale. La 2e DB établit la jonction avec les FFI, force l'ennemi à la capitulation et prépare l'arrivée du général de Gaulle. Grâce à la détermination de son chef, la 2e DB a libéré Paris rapidement. Libérateur de Paris, Leclerc en est aussi le sauveur car la guerre n'est pas terminée et son unité doit livrer de durs combats au Bourget pour repousser la contre-offensive allemande. La 2e DB reprend sa progression : le 13 septembre, à Dom-paire, la coordination du feu et de la manoeuvre avec une intervention aérienne brise une attaque ennemie. Baccarat libéré le 30, Badonviller et Cirey-sur-Vezouze enlevés les 17 et 18 novembre, les Vosges sont franchies le 22. Un coup d'audace, résultat d'une préparation méthodique, permet la libération de Strasbourg. Leclerc a superbement tenu son serment de Koufra.

Rattachée à la 1re armée (de Lattre de Tassigny), le 2e DB participe à la réduction de la poche de Colmar. La campagne d'Alsace est pour elle éprouvante et coûteuse en vies humaines. Leclerc demande à être replacé dans le dispositif américain. Après une période de repos à Châteauroux, au cours de laquelle une partie de la Division, aux ordres de Langlade, participe à la réduction de la poche de Royan (15-17 avril 1945), Leclerc obtient des Alliés de participer au combat final en Allemagne avec, pour point d'orgue, la prise de Berchtesgaden et les couleurs françaises hissées sur la villa de Hitler le 5 mai.

Commandant supérieur des troupes en Extrême-Orient sous l'autorité de l'amiral Thierry d'Argenlieu, haut-commissaire et commandant en chef, Leclerc est parti pour l'Indochine avec une double mission : rétablir la souveraineté française et représenter la France à la capitulation japonaise. Son séjour à Ceylan auprès de l'amiral Mountbatten l'a convaincu que l'action diplomatique et politique devait être intégrée dans son plan de manoeuvre. Il prend la mesure, plus que beaucoup de ses contemporains, de l'importance du mouvement national au Vietnam.

Il rétablit l'ordre en Cochinchine et en Annam, fin 1945 - début 1946, et, de retour au Tonkin, prépare simultanément l'action militaire et l'action diplomatique (accords Sainteny - Hô Chi Minh du 6 mars 1946). La perception de l'homme de terrain s'oppose là aux positions de principe de ceux qui, comme de Gaulle ou d'Argenlieu, Moutet ou Bidault, craignent d'ébranler l'Union française par des mesures arrachées plus qu'accordées. Il demande alors une autre affectation. En juillet 1946, il est nommé inspecteur des Forces terrestres en Afrique du Nord, affectation interrompue par une mission en Indochine à la demande du président du Conseil Léon Blum en décembre 1946. Leclerc ne repousse pas l'hypothèse d'un accord avec les dirigeants nationalistes mais refuse tout engrenage militaire. Il décline l'offre de succéder à d'Argenlieu, craignant d'être politiquement isolé et de ne pas recevoir les moyens qu'il demande.

Il reprend ses fonctions d'Inspecteur qui ont été étendues à l'ensemble des trois armées. Face aux difficultés politiques de l'Afrique du Nord, il est favorable à une évolution plus mesurée dans le temps et moins extrême dans ses buts que pour l'Indochine. Mais, le 28 novembre 1947, son avion s'écrase dans les confins algéro-marocains près de Colomb-Béchar. Avec lui périssent sept officiers de son état-major et quatre navigants. Le 8 décembre, sont célébrées les obsèques nationales du chef dont de Gaulle écrit alors : " Jamais en lui, rien de médiocre, ni dans sa pensée ni dans ses paroles, ni dans ses actes ".

En 1952, il est promu maréchal de France à titre posthume. Son courage, sa ténacité, son ascendant sur les soldats, sa disparition soudaine, en font un personnage de légende qui entre pleinement dans l'Histoire.

 

Source : Christine Levisse-Touzé directrice du Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et du Musée Jean Moulin

Jacques Stosskopf

1898 - 1944

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Jacques Stosskopf. Photo DMPA

 

Né le 27 novembre 1898 à Paris, Jacques Stosskopf entre au service en 1917 comme aspirant d'artillerie, et reçoit la Croix de guerre à l'issue du premier conflit mondial. Il intègre l'école Polytechnique en 1920, et opte pour une carrière dans le Génie maritime en 1924.

Nommé chef de la section des constructions neuves à l'arsenal de Lorient en octobre 1939, il est promu ingénieur en chef de 1ère classe du génie maritime dès novembre, à 41 ans. Pendant les premiers mois de la guerre, il contribue à la participation importante de l'arsenal aux opérations maritimes, notamment à la mise au point du système de dragage des mines magnétiques allemandes. Dès l'arrivée des sous-marins allemands au sein du port en 1940, l'ingénieur en chef, sous prétexte d'encadrer au plus près le travail de ses ouvriers, ne cesse d'inspecter les quais. Parlant couramment l'allemand du fait de ses origines alsaciennes, Jacques Stosskopf a en effet gagné la confiance de l'occupant.

L'ingénieur autoritaire à l'aspect strict et froid est bientôt considéré par les personnels de l'arsenal comme un collaborateur zélé qui vérifie scrupuleusement, jusqu'au coeur des ateliers, l'ensemble des tâches confiées aux ouvriers français par les Allemands.

Les officiers de la Kriegsmarine s'habituent à la présence de l'ingénieur autour des alvéoles et des bassins, et lorsque les bases de Lorient-Kéroman deviennent opérationnelles à la fin de l'année 1941, ses relations privilégiées avec l'état-major ennemi lui permettent d'être l'un des rares français à pouvoir y pénétrer.

Favorisé par une mémoire hors du commun, Jacques Stosskopf observe pendant quatre ans les sous-marins qui traversent la passe de Port-Louis : Croix de fer, as de pique, poissons et sirènes, bovidés hilares d'une célèbre marque de fromage...il relève scrupuleusement les insignes peints sur les kiosques des bâtiments qui, avec les fanions de victoire, permettent d'identifier ces redoutables machines de guerre. Remarquable de discrétion, ce combattant de l'ombre tient à jour un tableau quotidien de mouvement des U-Boote, récité par coeur lors de ses rendez-vous avec le réseau "Alliance", qui transmet les précieux renseignements à l'Amirauté anglaise.

Le démantèlement de ce réseau aboutit à l'arrestation de Jacques Stosskopf le 21 février 1944.

 

Enfermé dans une baraque du camp de Schirmeck, il est transféré au camp du Struthof, où il est exécuté d'une balle dans la nuque le 1er septembre 1944, peu avant l'arrivée des alliés en Alsace.

Ayant payé de sa vie sa glorieuse contribution à la Résistance, Jacques Stosskopf est élevé en octobre 1945 au grade de Commandeur de la Légion d'Honneur par le général De Gaulle, à titre posthume.

Le 6 juillet 1946, les bases de Kéroman sont baptisées de son nom.

 

Source : Service historique de la Marine

Berty Albrecht

1893-1943

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Berty Albrecht. Source : SHD

Née le 15 février 1893 à Marseille de parents protestants, elle prépare un diplôme d'infirmière d'Etat et travaille dans un hôpital militaire pendant la grande guerre. En 1919, elle épouse un financier hollandais, Frédéric Albrecht, dont elle aura deux enfants et part pour Londres en 1924.

De retour à Paris en 1931, elle consacre son temps à la Ligue des Droits de l'Homme et à la condition féminine. En 1934, elle s'occupe des réfugiés allemands du nazisme afin de leur procurer argent, logement et travail. Elle fera de même pour les réfugiés de la guerre civile d'Espagne. Elle sera mobilisée pendant la guerre en tant que surintendante aux Usines Fulmen à Vierzon.

Profondément choquée par l'armistice, elle refuse la défaite et se rend en zone libre où elle retrouve son ami évadé d'Allemagne, Henri Frenay, avec lequel elle organise d'abord à Vichy puis à Lyon ce qui devient le grand mouvement de Résistance "Combat". Elle est arrêtée par le gouvernement de Vichy, fin avril 1942, mise en internement administratif, n'a droit ni à un avocat, ni à un procès. Elle fait une grève de la faim pour obtenir d'être jugée et obtient gain de cause au bout de 13 jours. Transférée à la prison de Saint-Joseph à Lyon, jugée au bout de six mois, elle est condamnée à passer le restant du temps de guerre dans un camp d'internement du gouvernement de Vichy.

Elle simule alors la folie, est internée à l'hôpital psychiatrique de Bron, d'où un commando du mouvement Combat la fera évader le 23 décembre 1942.

Recherchée par toutes les polices françaises et allemandes, elle se cache durant deux mois dans la région de Toulouse et rejoint Henri Frenay à Cluny où elle reprend la lutte clandestine. Dénoncée, elle est arrêtée par la Gestapo à Mâcon, le 28 mai 1943, transférée à la prison de Montluc à Lyon puis incarcérée à Fresnes, le 31 mai à 0H15, où elle réussit à échapper à la surveillance de ses gardiens et se donne la mort par pendaison dans la nuit.

En mai 1945, son corps est retrouvé dans le jardin potager dans la prison de Fresnes et inhumé dans la crypte du Mémorial de la France Combattante au Mont Valérien. Elle a reçu à titre posthume la Croix de Compagnon de la Libération, la Médaille Militaire, la Croix de Guerre avec palmes et la Médaille de la Résistance.

 

Source MINDEF/SGA/DMPA Capitaine Prévost