Une annexe de l’ancien camp de concentration de Natweiler-Struthof

Annexe de l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof, haut lieu de la mémoire nationale, le camp de Thil a fonctionné de mai à septembre 1944, date de son évacuation.

Un ancien camp de concentration au coeur de la Meurthe-et-Moselle

La ville de Thil, en Lorraine, est située au Nord de la Meurthe-et-Moselle, à quelques kilomètres de Longwy, au coeur de la région industrielle connue sous le nom de Pays-Haut.

Attesté par un rapport du mars 1951 provenant des archives d’Arolsen (service international de la croix rouge), le camp de concentration de Thil est un Kommando du Struthof, désigné alors sous le nom de "camp de travail de Erz". Le camp de Thil-Longwy a, selon toute vraisemblance, fonctionné du 10 mai 1944 jusqu'au mois de septembre de la même année. Les raisons de son implantation dans le Nord de la Meurthe-et-Moselle s'expliquent notamment par la présence dans la région de nombreuses mines de fer.


Un site stratégique composé de deux espaces distincts

  • La mine : un espace dédié à la construction de pièces d’armement  

Suite au bombardement de Peenemunde dans la Baltique, principal centre de fabrication des fusées V1 et V2 censées, selon les nazis, renverser en leur faveur le cours de la guerre, les autorités allemandes se sont mises à chercher d'autres sites aménageables. C’est dans ce cadre que la mine de Tiercelet a été choisie. Couvrant 250.000 m2, elle fut utilisée comme usine souterraine pour la fabrication des V1 et autres pièces d’armement.

Déportés, Ostrarbeiters (travailleurs étrangers effectuant des travaux forcés), requis du STO, travailleurs libres et personnel allemand (5000 personnes environ) ont travaillé dans cette mine afin d’assurer son fonctionnement.

  • Le camp de concentration

À quelques kilomètres de la mine, sur un site quelque peu isolé du village, 863 déportés dont 800 juifs (provenant d’Auschwitz et de Neuengamme) ont transité. Sous l’autorité du SS Büttner, rattaché au camp Natzweiller Struthof, le camp se composait de plusieurs baraques en bois.

Après la guerre, les habitants de Thil ont décidé d'édifier, par souscription, une crypte renfermant le four crématoire qui fut inauguré le 17 novembre 1946. Cet ensemble est un veritable témoignage de l'existence du camp.

Un site valorisé par la municipalité et l’association Sentier de mémoire de Thil (SMT)

C’est en 1949 que le camp de Thil fut officiellement reconnu comme « camp de concentration, annexe du Struthof ». Il deviendra par la suite nécropole nationale, entrant ainsi dans le périmètre de l'Etat en 1984. Rappelons qu’au terme de la Grande Guerre des nécropoles ont été créées afin d’y regrouper les dépouilles des soldats “Morts pour la France”. Aujourd’hui, il existe 290 nécropoles nationales en France métropolitaine.

Afin de valoriser le site et transmettre l’histoire du camp, la municipalité de Thil et l'association Sentier de mémoire de Thil (SMT) proposent un véritable parcours historique et mémoriel. L’association assure des visites guidées de la crypte et du sentier mémoriel.  Composée d’une vingtaine de membres, l’association tente de réunir des ressources historiques et des dons pour assurer la pérennité du site.


Une prospection archéologique liée au projet ESCH2022

Le ministère de la Culture met en lien, sur son site Internet, l’ancien camp de concentration de Thil et le projet "ESCH2022 capitale européenne de la culture". Dans ce cadre, une prospection archéologique  soutenue par la Direction Régionale des Affaires Culturelles du Grand Est a eu lieu en 2021.

Cette prospection a été réalisée en lien avec le programme de recherche interdisplinaire du camp de concentration du Natzweiller Struthof. Elle a permis l’étude de l’aménagement du camp ainsi que la découverte de vestiges relatifs à son fonctionnement. Une conférence animée par des archéologues évoquant l’histoire du site a d’ailleurs été organisée dans le cadre du projet "ESCH 2022".

Pour plus d’informations sur le camp de Thil, n’hésitez pas à consulter la page Chemin de mémoire dédiée.