Une médaille pour Koufra

© Collection Maurice Bleicher

Le 1er mars 1941, il y a 80 ans, des soldats français partis du Tchad parviennent à s’emparer du fort italien de Koufra, dans la région libyenne du Fezzan.

Si les combats ont cessé en métropole dès la fin du mois de juin 1940 et que la plus grande partie de l’empire reste fidèle au maréchal Pétain, l’Afrique équatoriale française s’est quant à elle précocement ralliée au général de Gaulle. A la fin du mois d’août 1940, celui-ci dispose donc d’une base territoriale à partir de laquelle il peut reprendre le combat contre les forces de l’Axe et témoigner ainsi du maintien de la France dans la guerre auprès de ses alliés.

Nommé commandant militaire du Tchad, le colonel Leclerc arrive à Fort-Lamy (aujourd’hui N’Djamena) le 2 décembre et lance immédiatement des actions de reconnaissance offensives en Libye italienne. Galvanisant ses troupes, rassemblant les faibles moyens dont il dispose, il décide de mener en février un raid audacieux en direction de l’oasis de Koufra, avant-poste italien au Fezzan.

La victoire qu’il remporte alors a un immense impact symbolique : si Koufra n’est pas le premier fait d’armes des Français libres, ceux-ci ayant remporté la victoire de Kubkub en Erythrée le 22 février 1941, c’est en effet la première fois que cette victoire est obtenue indépendamment de tout appui britannique et sous commandement uniquement français. De Gaulle ne s’y trompe pas, qui envoie immédiatement ce message à Leclerc : « les glorieuses troupes du Tchad sont sur la route de la victoire. Je vous embrasse ».

Le 2 mars 1941, les Français rassemblés à l’intérieur du fort récemment conquis prononcent leur fameux serment, jurant de « (…) ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. »

Les années suivantes, les forces de Leclerc chasseront les Italiens du Fezzan puis arriveront en Tunisie en 1943. Elles formeront l’ossature de la 2ème DB qui débarquera en 1944 sur les côtes normandes avant de libérer Paris, puis Strasbourg, et de finir la guerre à Berchtesgaden, au cœur de la forteresse hitlérienne.

La médaille coloniale présentée cette semaine permet d’évoquer les débuts de cette épopée.

La médaille coloniale, créée par la loi du 26 juillet 1893, est destinée à récompenser "les services militaires dans les colonies résultant de la participation à des opérations de guerre, dans une colonie ou dans un pays de protectorat". 

Elle présente, de face, l'effigie de la République coiffée d'un casque et entourée des mots République française et, au revers, un globe terrestre posé sur un trophée d'attributs militaires et marins, avec la légende Médaille coloniale. Elle se porte suspendue par une bélière formée de branches de lauriers à un ruban bleu ciel avec trois bandes blanches. Des agrafes portées sur le ruban indiquent le nom de la campagne concernée. 

Près de 50 ans après sa création, afin de récompenser les Français libres qui ont combattu en Afrique du Nord et en Afrique orientale, le général de Gaulle crée de nouvelles agrafes destinées à être portées sur la médaille coloniale. C'est ainsi que le décret du 26 mars 1942 pris à Londres prévoit que la barrette "Koufra" est "attribuée à tous les militaires des forces terrestres, maritimes et aériennes ayant participé aux opérations qui ont amené en 1941 la prise de Koufra en Libye".

La médaille présentée a la particularité d'avoir été frappée à Londres par la maison Gaunt, pendant la guerre, pour répondre aux commandes de la France libre.

 

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