Albert 1er

1875 - 1934

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Le roi Albert 1er. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Fils du prince Philippe, comte de Flandre (le frère du roi Léopold II) et de la princesse Marie de Hohenzollern-Sigmaringen, Albert 1er est prince de Belgique, duc de Saxe et prince de Saxe-Cobourg-Gotha.

Le 2 octobre 1900, il épouse Elisabeth, duchesse de Bavière, dont il aura trois enfants : Léopold, futur Léopold III . Charles-Théodore, régent du royaume de 1944 à 1951 et Marie-José qui deviendra reine d'Italie durant seulement un mois, du 9 mai au 13 juin 1946.

Albert Ier prête le serment constitutionnel le 23 décembre 1909, pour devenir le troisième roi des Belges après Léopold Ier et Léopold II, souverains non d'un royaume mais d'un peuple (comme Louis-Phillipe Ier était " roi des Français ", en 1830).

Succédant à son oncle, le roi Léopold II, il trouve un pays opulent avec deux communautés, Flamands et Wallons, où prédominaient ces derniers, et doté d'une riche colonie, le Congo.

En 1914, Albert Ier rejette l'ultimatum lancé par l'empereur Guillaume II pour obtenir le libre passage de ses troupes sur le sol belge. Le 4 août, les Allemands envahissent la Belgique dont l'armée, après une lutte acharnée à Liège et à Anvers, se retranche derrière l'Yser, le 15 octobre.

Calme, modeste, presque effacé, le roi Albert va alors révéler son énergie en exigeant d'assumer personnellement sa prérogative constitutionnelle de commander l'armée. Il refuse de suivre le gouvernement belge en exil à Sainte-Adresse, dans la banlieue du Havre, et fixe son quartier général à La Panne, en Flandre-Occidentale, partageant durant toute la guerre la vie de ses soldats.

Il est admirablement soutenu par son épouse, la reine Elisabeth (1876-1965). Bavaroise de naissance (née Von Wittelsbach) et nièce de l'impératrice d'Autriche Elisabeth, épouse de l'empereur François-Joseph, elle se dévoue auprès des blessés, des réfugiés, fondant un hôpital à La Panne où elle sert comme infirmière. Leur fils, le prince Léopold, duc de Brabant, est mobilisé en 1915 comme simple soldat au 12e de Ligne, à l'âge de 13 ans.

En septembre 1918, Albert Ier participe activement à l'offensive décisive déclenchée par Foch pour la conquête de la crête des Flandres (29 septembre) et la bataille de Torhout-Tielt (14 - 18 octobre) qui aboutit à la reconquête de Bruges. Enfin, le 22 novembre 1918, accompagné de la reine Elizabeth et de ses enfants, Albert Ier rentre triomphalement à Bruxelles.

La noblesse de son attitude à la tête de son armée lui vaut le surnom de "roi-chevalier".

Au lendemain de la guerre, il représente la Belgique aux négociations de paix à Versailles, défendant les intérêts de son pays mais tentant aussi, en vain, de s'opposer à la politique d'humiliation excessive de l'Allemagne.

Fervent alpiniste, il trouve la mort en escaladant un des rochers de Marche-les-Dames, dans la vallée de la Meuse, près de Namur, le 17 février 1934.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Philippe Kieffer

1899-1962

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Portrait du commandant Kieffer. ©Chancellerie de l'Ordre de la Libération

 

(24 octobre 1899 : Port-au-Prince, Haïti - 20 novembre 1962 : Cormeilles-en-Parisis, Val-d'Oise)

 

Alsacien par son père instituteur, dont la famille avait fui Otterswiller pour la Jamaïque à la suite de l'annexion allemande de 1870, et britannique par sa mère, rien, si ce n'est un atavisme proprement rhénan à verser son sang pour la Patrie, ne prédispose Philippe Kieffer à exercer le métier des armes, tout juste a-t-il suivi les cours des élèves officiers de réserve en 1918. Diplômé de l'École des Hautes Études commerciales, il mène jusqu'à quarante ans une carrière de banquier en Amérique du Nord.

Il se porte cependant volontaire en qualité d'officier de réserve au début de la Seconde Guerre mondiale. Sous-lieutenant dans la marine le 10 septembre 1939 après une première affectation dans l'armée de terre, il exerce les fonctions d'interprète à bord du cuirassé Courbet. A Dunkerque, affecté à l'état-major de l'amiral Nord, il assiste au déferlement de la Wehrmacht au mois de mai 1940, et décide de rallier le Général de Gaulle à Londres dès le 19 juin.

Il rejoint les rangs des Forces Navales Françaises Libres, le jour même de leur création, le 1e juillet 1940. Officier interprète et du chiffre, il comprend l'intérêt des troupes de commandos anglaises et met sur pieds à Portsmouth une unité française de Fusiliers-Marins en mai 1941 : la 1re compagnie du bataillon de fusiliers-marins commandos (1ere BFMC). Formées au centre d'entraînement des commandos à Achnacarry, la vingtaine de volontaires ne tarde pas à participer aux opérations de la 2e unité de Commando britannique : promu lieutenant de vaisseau le 1er juillet 1942, Kieffer conduit ses hommes sur Dieppe dès le 19 août 1942. Le BFM, augmenté d'une compagnie, prend part à des raids préparatoires en Normandie en vue du débarquement en 1943, pour mieux se couvrir de gloire l'année suivante au sein du renommé 4e commando britannique du lieutenant-colonel Dawson de la 1re Brigade du général Lord Lovat.

Le 6 juin, ses Bérets verts débarquent sur la plage "Sword" à Ouistreham, font une percée à Colleville, Saint-Aubin-d'Arquenay, Amfreville et Bavant pour faire la jonction à Benouville (Pegasus Bridge) avec les troupes aéroportées anglaises. Blessé au début de l'assaut, le capitaine de corvette reste avec ses compagnons d'armes pendant encore deux jours avant d'être évacué, et retrouve son unité le 13 juillet au moment de l'avancée sur Honfleur.

De Normandie, il fonce sur Paris, avec deux de ses hommes, afin d'être le premier à y entrer. En octobre 1944, son bataillon, augmenté d'une compagnie, est envoyé aux Pays-Bas pour un assaut sur l'île de Walcheren. Ses fusiliers-marins s'emparent de Flessinge, clef du port d'Anvers, et poursuit la libération des îles hollandaises au cours d'opérations concertées avec les commandos britanniques.

À la fin de la guerre, il participe à état-major interallié avant de quitter l'active pour travailler à la reconstruction du pays au sein de l'Assemblée consultative de 1945 et de s'investir dans la vie locale avec ses mandats de conseiller général du Calvados (septembre 1945 - juin 1946) et de conseiller municipal de Grandcamp-les-Bains. Il publie un livre de souvenirs, Béret vert, en 1948, et est nommé capitaine de frégate six ans plus tard, en 1954. Conseiller sur le film le Jour le plus long, en 1962, il décède le 20 novembre de cette même année. Il repose au cimetière de Grandcamp-les-Bains.

En hommage à ce serviteur de la France, le 6e Bataillon de Commandos, créé à compter du 6 juin 2008, porte le nom de Commando Marine "Kieffer". Implantée à Lorient, cette formation spécialisée dans les nouvelles technologies est un élément de force maritime de la force des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO).

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Paul von Hindenburg

1847-1934

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Le feld-maréchal von Hindenburg.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Issu d'une lignée de militaires prussiens, Hindenburg est né à Posen (aujourd'hui Poznan) le 2 octobre 1847, de Robert von Beneckendorff und von Hindenburg, alors lieutenant au 18e régiment d'infanterie, et de Louise Schwickart.

Cadet à l'école militaire de Wahlstatt puis de Berlin à partir de 1859, il est sous-lieutenant au 3e régiment d'infanterie de la Garde prussienne lorsqu'il prend part à la guerre austro-prussienne de 1866, combattant notamment à Rosberitz et Königgrätz. Il participe ensuite à la campagne de 1870-1871 contre la France, à Saint-Privat en août, puis au siège de Paris. Le 16 janvier 1871, il est présent à la proclamation de l'Empire allemand, dans le château de Versailles.

Admis à l'académie de guerre en 1873 puis stagiaire au grand état-major, il est capitaine à l'état-major du IIe corps d'armée à Stettin en 1878 puis à celui de la 1re division à Königsberg en 1881. À la tête d'une compagnie du 58e régiment d'infanterie en 1884, il devient ensuite major à la section des opérations du grand état-major, dirigée par von Schlieffen. En 1890, il devient chef d'une direction du ministère de la guerre.

Promu colonel en 1893, il est à la tête du 91e régiment d'infanterie, à Oldenburg. Général de brigade en 1896, il est chef d'état-major du VIIIe corps d'armée à Coblence puis, nommé général de division, commande la 28e division à Karlsruhe en 1900 avant de prendre la tête du IVe corps d'armée à Magdebourg en 1903. Il prend sa retraite en 1911.

Appelé le 23 août 1914 au commandement de la VIIIe armée, il arrête l'offensive russe en Prusse-Orientale par les victoires de Tannenberg contre Samsonov, en août 1914, et des lacs Mazures contre Rennenkampf en septembre. Commandant en chef du front oriental en novembre 1914, les succès remportés de 1914 à 1916 en Pologne et en Lituanie font du feld-maréchal un héros national et le successeur de Falkenhayn comme chef de l'état-major général en août 1916. Il prend, secondé par Ludendorff, la direction générale des opérations militaires sur tous les fronts. Adoptant une attitude défensive à l'Ouest, marquée par la construction d'un vaste ensemble de positions fortifiées (ligne Hindenburg), il fait porter tous les efforts sur le front Est, contre la Roumanie et la Russie, apporte son soutien aux Autrichiens sur le front italien et décide de pratiquer la guerre sous-marine à outrance. Outre l'autorité militaire, Hindenburg et Ludendorff jouissent également d'une influence politique importante et provoquent la démission de Bethmann-Hollweg, en désaccord sur certains aspects de la conduite de la guerre, en juillet 1917. En 1918, la reprise des offensives allemandes sur le front ouest se solde par un échec. Les forces alliées, renforcées par des unités américaines, font reculer inexorablement les troupes allemandes. Hindenburg incite le gouvernement à demander l'armistice.

Démobilisé en juillet 1919, il publie ses Mémoires, Aus meinem Leben, l'année suivante.

Il est élu, en 1925, président de la République allemande et réélu en 1932 face à Adolf Hitler qu'il nomme chancelier du Reich l'année suivante.

Il décède le 2 août 1934 à Neudeck, en Prusse orientale.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

William Birdwood

1865-1951

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William Birdwood.
Source : Wikimedia Commons - libre de droits

William Ridell Birdwood est né à Kirkee, en Inde, le 13 septembre 1865.

Après des études au Clifton College de Bristol et au Collège militaire royal de Standhurts, il débute sa carrière dans les Royal Scots Fusiliers, en 1883. Affecté en 1885 dans la cavalerie, il sert au sein du 12e lanciers, du 11e lanciers et du Viceroy's Bodyguard, en Inde, où il prend part aux opérations sur la frontière Nord-Ouest. En 1899, il rejoint l'Afrique du Sud et l'état-major du général Kitchener, lors de la guerre des Boers menée par les colons contre la souveraineté britannique. De retour en Inde, promu major général en 1911, il est secrétaire du département de l'armée indienne l'année suivante.

En novembre 1914, Kitchener, alors ministre de la guerre britannique, le charge de former un corps d'armée avec les troupes australiennes et néo-zélandaises, qui s'entraînent en Égypte avant d'être envoyées sur le front ouest. Ce corps, l'Anzac (Australian and New-Zealand Army Corps), participe à sa première opération en débarquant dans la péninsule de Gallipoli, le 25 avril 1915, dans le but de prendre le contrôle du détroit des Dardanelles reliant la mer Égée à la mer Noire via le détroit du Bosphore. Durant la campagne, il remplace brièvement Ian Hamilton à la tête de la Force expéditionnaire méditerranéenne, puis, promu lieutenant général, il prend, à la mi-novembre 1915, le commandement de l'armée britannique des Dardanelles, alors formée de l'Anzac, du 8e corps britannique et du 9e corps.

En mars 1916, après le remaniement de l'Anzac, il prend le commandement du 1er corps Anzac, formé des 1re et 2e divisions australiennes et de la division néo-zélandaise, envoyé sur le front de France. Général le 23 octobre 1917, il est à la tête du corps australien lorsque, au tournant de 1917-1918, les cinq divisions de l'Anzac sont réunies en un seul corps. Il reçoit le commandement de la 5e armée britannique, le 31 mai 1918, qu'il mène lors des dernières offensives donnant la victoire aux Alliés.

A l'issue du conflit, il commande l'armée du Nord, en Inde, jusqu'en 1925, puis, élevé à la dignité de maréchal, prend le commandement en chef de l'armée britannique en Inde. Retraité de l'armée en 1930, il aspire à devenir gouverneur général d'Australie mais ne peut obtenir le poste.

Il décède le 17 mai 1951, à Hampton Court Palace.

Anobli en 1916, le baron Birdwood d'Anzac et de Totnes dans le Devon a été fait Pair en 1919. Pour services rendus au cours du premier conflit mondial, il était titulaire de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre françaises, de la Croix de guerre belge, décoré de l'Ordre de la Couronne par la Belgique et de l'Ordre du Nil par l'Égypte.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Guillaume II

1859-1941

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Portrait de Guillaume II.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Guillaume II, fils de l'empereur Frédéric III et de l'impératrice Victoria, petit-fils de Guillaume 1er de Hohenzollern par son père et de la reine Victoria d'Angleterre par sa mère, est né à Potsdam le 27 janvier 1859.

Après des études au lycée de Kassel, il suit pendant deux ans les cours de l'université de Bonn et entame sa formation militaire dans les troupes de la Garde. Lieutenant au 1er régiment de la Garde à pied en 1877, capitaine en 1880, commandant aux hussards de la garde en 1881 puis du 1er bataillon du 1er régiment de la Garde à pied en 1883, il est promu colonel, commandant les hussards, en 1885 et nommé général en 1888.

Entre-temps, il épouse en 1881 la princesse Augusta-Victoria, fille de Frédéric-Auguste de Schleswig-Holstein. En mai 1844, il effectue un voyage en Russie pour conforter l'alliance des trois empereurs (Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie), selon les directives du chancelier Bismarck.

Couronné roi de Prusse et empereur d'Allemagne le 15 juin 1888, après le règne de trois mois de Frédéric III, il entend dès lors exercer un réel pouvoir politique. Son implication est cependant très fluctuante en fonction de son état de santé nerveuse.

Ses divergences de vues avec Bismarck, concernant notamment les questions sociales, les relations avec la Russie ou la politique coloniale se multiplient et, en 1890, ce dernier démissionne. Guillaume II nomme, pour le remplacer, Leo von Caprivi auquel succèdent, en 1894, le prince Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst, en 1900 le prince Bernhard von Bülow et en 1909 Theobald von Bethmann-Hollweg. Attaché au développement de la puissance militaire et de la richesse de l'Empire allemand, il s'engage alors dans une politique d'expansion commerciale, coloniale et maritime.

L'Allemagne connaît un essor économique important, devenant progressivement la première puissance industrielle en Europe. Les retombées sur le plan social ne manquent pas mais les tensions n'en sont pas moins nombreuses. Les sociaux-démocrates ne cessent de gagner du terrain, obtenant la plus large représentation au Reichstag en 1912. Sur le plan intérieur, le pays est par ailleurs également confronté à ses minorités : Polonais de Posnanie, Danois du Schleswig et Alsaciens-Lorrains qui refusent la politique de germanisation.

En Europe, la croissance de l'Allemagne comme sa politique extérieure inquiètent. La concurrence dans la recherche de débouchés commerciaux, les interventions au Proche-Orient ou dans les pays balkaniques sont autant de sujets de discorde, d'autant que l'empereur adopte une attitude oscillante, se rapprochant tantôt de l'une tantôt de l'autre des quatre autres grandes puissances européennes (Grande-Bretagne, France, Autriche-Hongrie, Russie). Ne reconduisant pas le traité d'assistance mutuelle avec la Russie en 1890, il consacre ses efforts à renforcer la Triple Alliance (Triplice) entre l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie, renouvelée en 1892, 1902 et 1912, non sans quelques tentatives de rapprochement avec la Grande-Bretagne et la France (qui signent entre elles le traité de l'Entente cordiale en 1904) et la Russie elle-même. Les relations germano-anglaises ne cessent cependant de se détériorer. Le traité d'alliance défensive avec la Russie (traité de Björkö, 1905) est un échec. De même, la tentative de rapprochement avec la France après l'affaire d'Agadir (1911) n'aboutit pas. L'Allemagne se trouve de plus en plus isolée diplomatiquement. Guillaume II fait accélérer le renforcement de sa marine et de son armée.

Au cours du conflit qui éclate en 1914, commandant en chef des armées, il conserve son pouvoir de nomination aux plus hautes fonctions ainsi que son rôle de coordination et d'arbitrage entre politiques et militaires. Il doit cependant céder la direction des opérations à Hindenburg et Ludendorff, devenus très populaires à la suite des succès de Tannenberg et des lacs Mazures d'août et septembre 1914 et nommés à la tête du haut-commandement durant l'été 1916. Confronté à la défaite allemande et aux troubles révolutionnaires de novembre 1918, l'empereur abdique le 9. Il se réfugie aux Pays-Bas qui refusent la demande d'extradition déposée par les Alliés afin d'appliquer à son encontre les sanctions prévues par le traité de Versailles.

Il se consacre alors à l'écriture et publie, en 1922 et 1927, ses Mémoires : Ereignisse und Gestalten, 1878-1918 et Aus meinem Leben, 1859-1888. Il décède à Doorn, en 1941.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Erich Ludendorff

1865-1937

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Portrait du général Ludendorf.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

 

Issu d'une famille de commerçants, Erich Ludendorff est né à Kruszewnia, dans la province de Posen (aujourd'hui Poznan, en Pologne), le 9 avril 1865.

Cadet à l'école de Ploen puis de Lichterfeld de 1877 à 1882, il est sous-lieutenant au 57e régiment d'infanterie à Wessel, lieutenant au 2e bataillon de marine à Kiel-Wilhemshaven puis au 8e grenadiers à Francfort-sur-l'Oder avant d'entrer à l'académie de guerre de Berlin. Sorti avec le grade de capitaine en 1895, il est affecté à l'état-major, où il est à la tête de la section des opérations de 1908 à 1912, et participe à l'élaboration du plan d'invasion de la France, sous les ordres de Schlieffen et de Moltke. Cette période est entrecoupée de passages plus ou moins brefs à la tête d'une compagnie d'infanterie à Thorn, à l'état-major de la 9e division d'infanterie à Glogau et à celui du 5e corps d'armée à Posen. Il est promu chef de bataillon en 1900, lieutenant-colonel en 1907 et colonel en 1911.

Affecté au 39e régiment d'infanterie à Düsseldorf, fin 1912, il prend le commandement de la 85e brigade d'infanterie à Strasbourg, en avril 1914, tout en continuant à participer à de nombreuses activités d'état-major.

En août 1914, il est quartier-maître de la IIe armée, commandée par von Bülow, et prend une part active à la prise de Liège lors de l'invasion de la Belgique. Cette action lui vaut d'être nommé chef d'état-major général de la VIIIe armée sur le front oriental, le 21 août 1914, puis, par la victoire de Tannenberg, chef d'état-major général d'Hindenburg, commandant en chef. Lorsque celui-ci succède à Falkenhayn comme chef d'état-major général des armées allemandes, à l'été 1916, Ludendorff devient premier quartier-maître général, traitant des questions d'intendance, préparant les plans militaires et dirigeant les opérations. Partisan de la guerre totale, il est l'ardent défenseur de la guerre sous-marine à outrance. Il s'oppose en cela au chancelier Bethmann-Hollweg, provoquant sa démission en juillet 1917. Il est également l'un des principaux négociateurs du traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918) qui enlève à la Russie de nombreux territoires dont notamment la Pologne, les Pays baltes, la Finlande et l'Ukraine. Ses grandes offensives sur le front Ouest, au printemps 1918, en dépit des violents combats qui en résultent, ne peuvent cependant empêcher la défaite allemande. Il se tourne fin septembre vers le gouvernement pour qu'une demande d'armistice soit déposée. Se rétractant finalement, il démissionne en octobre 1918 et se réfugie en Suède, rejetant la responsabilité de la défaite sur les autorités civiles.

De retour en Bavière au printemps 1919, il s'investit dans la politique, se rapprochant des nationaux-socialistes et soutenant Adolf Hitler lors de sa tentative de putsch en 1923. Élu député au Reichstag en mai 1924, il se présente aux élections présidentielles de mars 1925, remportées par Hindenburg, comme candidat des nationalistes, mais n'obtient que peu de voix. Il fonde en 1926 son propre parti, le Tannenberg Bund. En 1935, il refuse l'offre d'Adolf Hitler de l'élever à la dignité de maréchal.

Outre ses Mémoires, Souvenirs de guerre (1919), il est l'auteur de nombreux ouvrages militaires et écrits politiques.

Il décède à Tutzing, en Bavière, le 20 décembre 1937.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Adolphe Thiers

1797-1877

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Portrait d'Adolphe Thiers. Source : SHD terre

 

Adolphe Thiers à la fois historien et homme d'État est emblématique de la Troisième République naissante, "bourreau de la Commune" et fondateur de la République.

Marie-Louis-Joseph-Adolphe Thiers est né à Marseille dans une famille bourgeoise. Desservi par la conduite dispendieuse de son père, le jeune Adolphe effectue une brillante scolarité en tant que boursier. Après des études de droit à Aix-en-Provence, il s'installe à Paris en 1821, fréquente les milieux libéraux, et entame une carrière de journaliste au Constitutionnel avant de fonder Le National le 3 janvier 1830 avec Auguste Mignet et Armand Carrel, combattant dans ses articles la royauté de Charles X. Dès 1824, avec son ami Auguste Mignet, il entreprend un récit historique de la Révolution de 1789. Par la suite, Thiers se consacre à Napoléon et fournit le premier une relation complète, bien que partisane, de son parcours dans L'Histoire du Consulat et de l'Empire, publiée de 1845 à 1862 - il proposera d'ailleurs en 1836 et 1840 le retour des cendres de Napoléon. Ses travaux lui valent d'être élu à l'Académie française en décembre 1834.

Politiquement, Thiers est un "libéral", un homme de progrès, attaché au principe de la souveraineté nationale exprimée par des élections libres et par des représentants contrôlant l'exécutif.

Il joue un rôle actif dans la révolution de Juillet en organisant la résistance des journalistes menacés par les "Quatre Ordonnances" (textes visant à "museler" la presse), allant jusqu'à soutenir Louis-Philippe lors de sa prise de pouvoir. Ce dernier l'appelle au gouvernement aux fonctions de sous-secrétaire d'Etat aux Finances, ministre de l'Intérieur puis ministre de l'Agriculture et du Commerce. Il est alors en opposition permanente avec les légitimistes, les républicains et les bonapartistes. Pendant la Seconde République (1848-1851) Thiers compose avec un régime qu'il jugera "décevant" car trop conservateur. Parlementaire, Thiers met à bas les thèses socialistes de Proudhon, écrivant à l'occasion un petit traité grand public sur La Propriété, il soutient la loi Falloux et l'expédition de Rome. Il ira même jusqu'à soutenir le candidat Louis-Napoléon Bonaparte lors des élections présidentielles mais refusera le coup d'Etat du 2 décembre 1851, position qui lui vaudra l'exil en Angleterre, en Italie puis en Suisse.

Thiers s'efface ainsi de la scène politique dans les premières année de pouvoir de Napoléon III. Il revient en politique en opposant de gauche sous l'Empire libéral (1860-1870). "Thiers encore catalogué "orléaniste" en raison de son passé de 1830-48, est en fait le leader de la poignée de royalistes restés fidèles au libéralisme." (M. Aguhlon). Il accepte l'expédition de Crimée mais reste très critique à l'égard de la politique étrangère de Napoléon III qu'il juge trop libérale et mal appropriée dans la péninsule italienne et en Allemagne . il exigera la liquidation de l'expédition du Mexique.

À la chute du Second Empire Thiers, élu lors des dernières élections de l'Empire en 1869, participe au gouvernement de la Défense nationale, dont il finit par prendre la direction, ayant contribué activement, à partir du 10 septembre 1870, à la préparation de la paix : Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, le sollicite au nom du gouvernement afin qu'il modère les politiques offensives des puissances européennes, notamment les ambitions de Bismarck - de 1873 à 1875 Thiers effectuera un long périple dans toutes les capitales européennes. L'armistice signé le 28 janvier 1871, Thiers est élu à la tête du nouveau gouvernement lors des élections du 8 février 1871. En chef du pouvoir exécutif, il met fin dans un bain de sang, au printemps de 1871, au mouvement communard . il est le "bourreau de la Commune". La répression de l'insurrection parisienne, mouvement des "Fédérés", est menée par Thiers avec l'armée des "Versaillais", le gouvernement étant alors installé à Versailles, qui, à la tête de 63500 hommes renforcés par les 130000 prisonniers de guerre français libérés et appuyés par Bismarck, réinvestit Paris et les communes voisines entre mars et juin 1871.

Les combats feront environ trente mille morts dans le rang des Fédérés. Quatre tribunaux d'exception jugeront les "Communards" jusqu'en 1874 : 13804 condamnations seront prononcés dont nombre d'entre elles pour les bagnes de Guyane ou de Nouvelle-Calédonie - ils ne seront amnistiés qu'en juillet 1880.

Le 24 mai 1873, la droite parlementaire qui l'a porté au pouvoir, hostile à l'orientation républicaine que Thiers donne au Gouvernement, obtient sa démission et le remplace par Mac Mahon.

Adolphe Thiers décède le 3 septembre 1877. Un cortège funèbre et 384 couronnes suivi par Gambetta et Hugo, en dépit du refus de sa famille de procéder à des obsèques officielles, donneront une dimension nationale au dernier voyage de cet homme d'État aux multiples facettes.

 

Sources : Aguhlon (Maurice), "Adolphe Thiers", dans : Célébrations nationales 1997, Paris, Direction des Archives de France. Mourre (Michel), Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Paris, Bordas, 1996 (1978)
Sources complémentaires : Guiral (Pierre), "Thiers (Adolphe)", dans : Tulard (Jean), Dictionnaire du Second Empire, Paris Fayard, 1995

Maurice Sarrail

1856-1929

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Portrait du général Sarrail.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Né à Carcassonne, le 6 avril 1856, Maurice (Paul-Emmanuel) Sarrail entre à Saint-Cyr en 1875, choisit l'infanterie, puis sert en Algérie où il prend part à de nombreuses campagnes, notamment dans le Sud-Tunisien. Il est admis à l'école de guerre en 1883 et, à partir de 1885, accomplit divers stages dans les états-majors. En 1900, alors que les passions soulevées par l'affaire Dreyfus sont encore en pleine effervescence, le général André, ministre de la guerre, le choisit comme officier d'ordonnance : de là datent les amitiés qu'il noue dans les milieux politiques de gauche et qui favorisèrent souvent sa carrière, comme aussi les animosités qui en furent la rançon.

Commandant de l'école de Saint-Maixent, il s'y fait le champion des idées démocratiques. Il devient ensuite, pendant quelques années, commandant de la Chambre des députés avant d'être appelé, de 1907 à 1911, aux fonctions de directeur de l'infanterie au ministère de la Guerre. Général de division en 1911, il commande, au début de la guerre, le 6ème corps d'armée. Le 2 septembre, il remplace à la 3ème armée le général Ruffey et, en cette qualité, prend une part glorieuse à la bataille de la Marne. Son armée, qui était placée entre la forteresse de Verdun et le défilé de Sainte-Menehould, tente contre les forces allemandes une heureuse offensive.

À l'ordre de retraite, elle recule d'une cinquantaine de kilomètres sans perdre le contact avec Verdun, de sorte qu'à la reprise de l'offensive générale, elle est en mesure de repousser victorieusement l'armée du Kronprinz. Si Verdun, à ce moment là, avait cédé, c'était toute la victoire de la Marne qui se trouvait compromise. Comme Gallieni dans le camp retranché de Paris et Foch dans les marais de Saint-Gong, Sarrail fut un des artisans de la victoire de la Marne qui sauva la France.

À la fin de 1915, le général Sarrail reçoit le commandement en chef des armées alliées d'Orient. Il organise, dans des conditions difficiles, le camp retranché de Salonique et ordonne l'offensive qui aboutit à la prise de Monastir, en novembre 1916.

Il est relevé de son commandement le 14 décembre 1917.

S'il n'eut pas le temps de recueillir personnellement les fruits de deux années d'efforts persévérants, il laissa du moins à ses successeurs, le général Guillaumat puis le général Franchet d'Esperey, une situation solidement établie qui devait servir de base à l'offensive finale.

En avril 1918, le général Sarrail passe au cadre de réserve. L'année suivante, il se présente à Paris, aux élections législatives, mais il n'est pas élu. Il sera, plus tard, réintégré dans les cadres de l'armée active sans limite d'âge, récompense accordée à tous les généraux ayant commandé en chef devant l'ennemi.

En novembre 1924, il est nommé Haut-commissaire de la République française en Syrie et commandant en chef de l'armée du Levant, en remplacement du général Weygand. Suite à la révolte des Druzes et sa manière violente à redresser la situation, il est rappelé en France. Remplacé à Beyrouth par M. Henry de Jouvenel, il rentre à Paris, fin 1925 et met un terme à sa carrière militaire.

Atteint d'une affection pulmonaire, il succombe à Paris, le 23 mars 1929. Il est inhumé aux Invalides.

 

Distinctions : Grand-croix de la Légion d'honneur Médaille militaire avec la Croix de guerre.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Louis Franchet d'Espèrey

1856-1942

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Portrait de Louis Franchet d'Espèrey.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

 

Fils d'un officier de cavalerie des chasseurs d'Afrique, Louis, Félix, Marie, François Franchet d'Espèrey est né à Mostaganem le 25 mai 1856.

Sorti de Saint Cyr en 1876, il sert en Afrique du Nord dans le premier régiment de tirailleurs algériens.

Il est admis à suivre les cours de l'École supérieure de guerre en 1881, mais il n'y entrera qu'avec la promotion suivante, afin de participer à l'expédition de Tunisie contre les Kroumirs.

À sa sortie de l'école, il rejoint le Tonkin pour deux ans et participe aux combats de Lang-Son et de Lao-Qay.

À son retour en France, en 1886, il est à l'état-major de l'armée puis au Cabinet de Freycinet, ministre de la guerre, avant de commander un bataillon à Toul puis le 18e bataillon de chasseurs à pied de Nancy. En 1900, commandant de la zone française de Pékin, il participe à l'expédition de Chine contre les Boxers.

Revenu en France, il commande successivement le 69e régiment d'infanterie à Nancy puis la 77e brigade d'infanterie à Toul. Promu colonel en 1903, il commande le 60e régiment d'infanterie à Besançon.

En 1912, le général de division Franchet d'Espèrey sert près de Lyautey, comme commandant des troupes d'occupation du Maroc occidental et participe à diverses opérations de pacification dans les secteurs de Tadla, de la Chaouïa, du Grand Atlas.

À la déclaration de guerre, il commande le 1er corps d'armée à Lille. Durant la bataille des frontières, il est à Charleroi, en Belgique, puis mène, à Guise, sur l'Oise, une contre-attaque victorieuse contre les troupes allemandes. Le 3 septembre, Joffre lui confie la 5e armée qui constitue un élément déterminant dans la victoire de la Marne. Il commande les groupes d'armées de l'Est en 1916, puis du Nord en 1917. En juin 1918, il remplace le général Guillaumat à la tête des armées alliées d'Orient qu'il mène à la victoire finale. Son offensive victorieuse de la Moglena, dans les Balkans, marquée par la prise de Dobro Polje, contraint les Bulgares à signer l'armistice en septembre 1918. C'est ensuite, en quelques semaines, l'effondrement de la Turquie et de l'Autriche-Hongrie puis la demande d'armistice allemande.

À l'issue du conflit, commandant les troupes d'occupation à Constantinople jusqu'en 1920, il dirige les opérations d'Ukraine, de Bessarabie.

En 1921, le général Franchet d'Espèrey est élevé à la dignité de maréchal de France.

Devenu inspecteur général des troupes d'Afrique du Nord, il consacre son temps et son talent à l'Armée d'Afrique. Il entreprend également la réalisation des voies transsahariennes et est gravement blessé à Gabès, le 19 mars 1933, dans un accident d'automobile alors qu'il allait étudier une liaison Tunisie-Maroc par le Sud. Durant cette période, représentant de la France lors de cérémonies officielles ou chargé de missions en Europe centrale et en Afrique, il entame la rédaction de ses Mémoires et publie diverses études.

Élu à l'académie française en 1934, il fonde "les Amitiés africaines", oeuvre sociale à l'origine des "Dar el Askri" (maisons du combattant) qui regroupe les anciens combattants musulmans et leur vient en aide.

En 1940, il se retire dans le Tarn, à Saint-Amancet, où il décède le 8 juillet 1942. Il est inhumé le 24 octobre 1947 dans la crypte de l'église Saint-Louis-des-Invalides, à Paris.

Il était Grand-Croix de la Légion d'honneur et titulaire de la Médaille militaire et de la Croix de guerre 1914-1918.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

 

Douglas Haig

1861-1928

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Portrait de Sir Douglas Haig. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

 

Douglas Haig naît à Édimbourg (Écosse), en 1861, dans une famille de fabricants de whisky. Son père, John, lui fait suivre des études classiques. Diplômé du Clifton College et du Brasenose College à Oxford, il s'inscrit à l'Académie Militaire de Sandhurst en 1864 et rejoint le 7ème régiment de Hussards.

Douglas Haig fait ses classes en Inde, en 1886, où il conquiert ses premiers galons. Il est ensuite envoyé en service actif au Soudan (1898) avant de prendre part à la guerre des Boers (1899-1902) sous les ordres du Major-General, Sir John French. Promu au rang de colonel, Haig retourne en Inde en 1903, où il assure diverses fonctions administratives (comme colonel et inspecteur général de la cavalerie) auprès de Lord Kitchener.

Montrant une aptitude particulière pour la carrière militaire, Douglas Haig devient le plus jeune Major-General de l'armée britannique lorsqu'il est nommé directeur de Formation Militaire en 1906, au Ministère de la Guerre. Il collabore alors étroitement avec le secrétaire d'État à la guerre, R. B. Haldane, à la mise en place d'une armée territoriale, ainsi que d'un corps expéditionnaire britannique (British Expeditionary Force).

Général de corps d'armée en 1914, il reçoit le commandement du 1er Corps d'Armée de la BEF en France et en Belgique où il s'illustre au cours des combats de Mons et d'Ypres. Jusqu'alors commandant en second des forces britanniques en France, sous les ordres du général French, il prend la tête de la BEF élargie en décembre 1915, French obtenant le commandement suprême des forces britanniques. Après février 1916, il subit les pressions de l'état-major français pour accélérer les préparatifs de l'offensive prévue sur la Somme, à l'été 1916, et créer ainsi une diversion au front de Verdun.

Lancé avec ses troupes dans les combats de la bataille de la Somme, de juillet à novembre 1916, il participe activement à la percée alliée du front sur 12 km, opérations qui occasionnent une perte de 420 000 hommes dans les rangs de l'armée anglaise et lui vaudront le surnom de "boucher de la Somme", puis aux assauts sanglants autour de Passchendaele en 1917 (troisième bataille d'Ypres) qui lui permettront d'obtenir le bâton de Maréchal et d'être désigné par Pershing comme "l'homme qui a gagné la guerre".

En 1918, Douglas Haig est l'artisan de la victoire anglaise sur le front occidental (fronts de la Somme, de l'Aisne). Membre du Conseil militaire d'armistice réuni à Senlis par Foch, il donne son assentiment aux conditions militaires d'un armistice avec les empires centraux.

Ses coûteux succès militaires cependant lui vaudront après-guerre des critiques de la part des politiques, tel David Lloyd George, Premier Ministre britannique et des organes de presse britanniques qui qualifieront le 1er juillet 1916 de "jour le plus sanglant pour l'armée britannique".

De retour du front, Douglas Haig assure, jusqu'à sa mise à la retraite en 1921, le commandement en chef des forces britanniques sur le territoire national.

Sorti de l'active et ayant obtenu le titre de comte, il consacre une grande part de son temps aux vétérans par le biais de la Légion britannique Royale.

Il décède à son domicile londonien en 1928. Ses obsèques donneront lieu à une cérémonie nationale.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Woodrow Wilson

1856-1924

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Portrait de Woodrow Wilson. Source : domaine public

 

Woodrow Wilson est le vingt-huitième président des États-Unis. Il engage son pays dans la Première Guerre mondiale, en avril 1917, après trois ans de neutralité et, au sortir de la guerre, oeuvre à la réconciliation des pays européens, ce qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 1919.

Woodrow Wilson est le fils d'un pasteur presbytérien qui l'élève dans la rigueur et l'attachement à ses valeurs. Après des études de droits à l'Université de Princeton, il devient avocat (Atlanta 1882-1883) et professeur de sciences politiques dans diverses institutions (1890-1910). Elu gouverneur démocrate de l'Etat du New Jersey en 1910, il est choisi par le Parti démocrate comme candidat à l'élection présidentielle du 5 novembre 1912 qu'il remporte grâce à la division de ses adversaires républicains, Théodore Roosevelt et William Taft.

Wilson est favorable à un pouvoir exécutif fort et met en place un ambitieux programme démocratique et économique. Il abaisse les droits de douane, réforme le système bancaire en créant une réserve fédérale facilitant le crédit et renforce la loi antitrust autorisant les grèves et le boycott par les ouvriers. Sur le terrain politique, il fait voter une loi interdisant le travail des enfants, instaure le droit de vote féminin, met en place l'impôt sur le revenu et un système de retraite pour les salariés fédéraux, et réduit la journée de travail à 8 heures.

En politique extérieure, Wilson n'est pas partisan de l'interventionnisme mais il développe néanmoins une diplomatie active et renforce la prédominance américaine sur le continent en tentant d'y imposer une démocratie à l'américaine. Mais il ne souhaite pas que les États-Unis s'engagent dans les conflits européens, au nom de la doctrine Monroe qui refuse que les États-Unis interviennent en Europe et se mêlent des problèmes internationaux.

Dès le 4 août 1914, il déclare la neutralité américaine dans le conflit en affirmant "cette guerre n'est pas la notre". Il sera d'ailleurs réélu pour un second mandat, en novembre 1916, notamment sur le thème "Il nous a préservé de la guerre" (He kept us out of war), indiquant néanmoins, dans son discours d'investiture, que cette position sera probablement très difficile à tenir. Ainsi, victime de la reprise de la guerre sous-marine à outrance menée par les Allemands - elle avait été suspendue après la mort d'une centaine de citoyens américains dans le torpillage du paquebot Lusitania, le 7 mai 1915 - et indigné par les manœuvres allemandes pour entraîner le Mexique dans une guerre contre les États-Unis - télégramme du secrétaire d'État allemand des affaires étrangères Zimmermann - le président Wilson demande au Congrès le droit d'entrer en guerre contre l'Allemagne, demande approuvée le 6 avril 1917. Un mois plus tard, le 18 mai, il rétablit le service militaire obligatoire qui était aboli depuis la fin de la guerre de Sécession (1865).
 

Wilson organise l'effort de guerre et fournit aux Alliés une aide matérielle, morale et militaire (En octobre 1918, près de deux millions de soldats américains sous le commandement du général Pershing auront débarqué pour combattre en France). Il cherche également à prendre la direction politique de la coalition et définit les buts de guerre des Alliés. Le 8 janvier 1918, dans un discours au Congrès, il formule un programme en quatorze points définissant les objectifs de paix. Ces Quatorze points prônent la fin du colonialisme, l'abandon des obstacles économiques entre les nations, la garantie de la liberté des mers, l'autodétermination des peuples et la création d'une Société des Nations en vue de fournir "des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux grandes nations comme aux petites".

Certains points de son programme serviront de base au Traité de Versailles de 1919.

De retour aux États-Unis, Wilson présente lui-même le Traité de Versailles pour ratification par le Congrès mais il se heurte à un puissant courant isolationniste qui refuse de signer un traité les contraignant à intervenir dans un nouveau conflit.

Par deux fois, en novembre 1919 et en mars 1920, le Congrès rejette le Traité de Versailles et se prononce contre l'adhésion à la SDN. Désavoué par le Congrès et une majorité du peuple américain, Wilson connaît donc l'ultime ironie de voir son propre pays refuser de se joindre à la Société des Nations mais ses efforts de réconciliation des pays européens lui valent néanmoins le prix Nobel de la paix en 1919 (reçu en 1920).

Épuisé physiquement par l'effort qu'il a déployé pour l'établissement de la paix, il subit une attaque d'apoplexie qui le laisse pratiquement paralysé. Il restera cloîtré à la Maison Blanche jusqu'en 1921, après la victoire écrasante du candidat républicain conservateur, Warren Harding.

Il se retire alors dans sa demeure de Washington où il décède, le 3 février 1924.

Il est inhumé dans la cathédrale de Washington.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

John Pershing

1860-1948

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Portrait de John Joseph Pershing.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

 

John Joseph Pershing est né le 13 septembre 1860 à Linn Country, un village du Missouri. Sa famille était d'origine alsacienne - un de ses ancêtres avait émigré en Amérique au milieu du XVIIIe siècle. A 22 ans, après avoir été instituteur, il entre à l'Académie militaire de West Point. Il en sort en 1886 et suit alors une carrière militaire classique : sous-lieutenant en Arizona, professeur de science militaire et de tactique à l'Université du Nebraska (1891) où il étudie également le droit, 10e Régiment de cavalerie du Montana. Lieutenant à Washington (1897), il participe à la guerre de Cuba, puis à la répression de l'insurrection des Moros aux Philippines.

En 1901, le capitaine Pershing est attaché militaire à Tokyo et suit de près la guerre russo-japonaise. En 1906, il est nommé général de brigade et remplit une nouvelle mission aux Philippines avant de faire un séjour en Europe où il étudie le français et, en 1914, il reçoit le commandement de la Division de l'Ouest, à San Francisco. Il participe à la répression de la révolte de Pancho Villa au Mexique. En août 1915, sa femme et trois de ses enfants périssent dans un incendie à San Francisco.

Le 10 mai 1917, le président Wilson le charge de commander le Corps expéditionnaire américain en Europe. Le 13 juin 1917, le général Pershing arrive à Paris.

Treize jours plus tard, les premières troupes américaines débarquent à Saint-Nazaire. Jusqu'au 11 novembre 1918, le général Pershing n'aura de cesse de créer sur le front français une grande armée américaine autonome.

Le général Pershing quitte la France le 1er septembre 1919 . le 29 septembre, le Congrès américain déclare qu'il a bien mérité de la patrie.

Au lendemain de la guerre, Pershing est nommé Commandant en chef de l'état-major des armées américaines (1921). Il accède au cadre de réserve en 1924. Dès lors il se retire de la vie publique, n'intervenant de façon officielle que dans les cérémonies commémoratives auxquelles il participe chaque année en qualité de président fondateur de 1"American Battle Monuments Commission", l'organisme qui gère les nécropoles et les mémoriaux américains en Europe. Il participe ainsi en 1937 à l'inauguration de sa propre statue à Versailles. Il se rend en France pour la dernière fois en mai 1939. Il publie "Mes souvenirs de la guerre" en 1931, ouvrage qui sera couronné par le Prix Pulitzer l'année suivante (publié en France à la librairie Pion).

Le 4 août 1940, il adresse pour la dernière fois au peuple américain un message radiophonique dans lequel il prend position contre l'hitlérisme.

En 1944, il entre à l'hôpital Walter Reed à Washington . c'est là qu'il recevra le général de Gaulle en juillet de la même année.

John J. Pershing décède le 15 juillet 1948, et est inhumé au cimetière national d'Arlington en présence du président Harry S. Truman.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Marie-Pierre Koenig

1898-1970

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Portrait de Marie-Pierre Koenig. Source : SHD

 

Un homme d'exception, un militaire sorti du rang qui "appartient à l'histoire, et à jamais" (Michel Debré) ...

 

Issu d'une ancienne famille alsacienne, fils d'un facteur d'orgue, Pierre Koenig naît le 10 octobre 1898 à Caen (Calvados). Il effectue sa scolarité chez les frères des Ecoles chrétiennes. Il se porte volontaire, baccalauréat en poche, pour servir sa patrie et il est incorporé le 17 avril 1917 dans le 36e régiment d'infanterie (RI). Aspirant en février 1918, il prend part à la bataille des Flandres en mai, à la bataille du Matz en juin-juillet puis à l'offensive de l'Oise en août-septembre et aux combats de l'Ailette le mois suivant. Combattant exemplaire, il est cité à l'ordre de l'armée le 26 septembre 1918 et reçoit la médaille militaire.

La guerre terminée, Pierre Koenig décide d'embrasser la carrière des armes. Il rejoint le 15e bataillon de chasseurs alpins, sert en Haute-Silésie et dans la Ruhr (1919 à 1922) et gagne ses galons de lieutenant en 1920, avant d'être affecté dans les Alpes (1922-1923). Il officie ensuite en qualité d'officier de renseignement à l'état-major des 40e et 43e division d'infanterie des troupes d'occupation en Allemagne jusqu'en 1929. Après deux ans au 5e RI à Paris, il est envoyé au Maroc comme commandant de compagnie au 4e Régiment étranger (1931-1934) pour mener les opérations de pacification du protectorat. Détaché auprès du général Catroux à Marrakech, le capitaine Koenig conduit différentes opérations dans l'arrière pays lorsque la guerre éclate en septembre 1939.

En février 1940, il participe avec les unités détaché d'Afrique du Nord de la 13e brigade de la Légion étrangère (DBLE) au corps expéditionnaire de Norvège où il s'illustre lors des combats de Namsos. De retour en France, il assiste le 15 juin 1940 à l'entrée de la Wehrmacht à Brest. N'acceptant pas la reddition de l'armée française, il décide de rejoindre Londres avec quelques compagnons de la 13e. Il s'embarque le 19 juin à Saint-Jacut de la Mer et aborde les côtes britanniques le 21.

Chef de bataillon le 1er juillet, il participe avec ses compagnons de la 13e DBLE à l'infructueuse expédition de Dakar, puis à l'opération "Menace", reprenant le Gabon aux fidèles du gouvernement de Vichy, au mois de novembre, avant d'être nommé commandant du Cameroun en décembre 1940.

"Mutin" de son nom de guerre, rejoint les FFL au Soudan anglophone le mois suivant avant de gagner les territoires du Levant au début de l'année 1941. Lieutenant-colonel, il est le chef d'état-major du général Legentilhomme pendant la campagne de Syrie et est désigné délégué pour la France Libre à la Commission d'Armistice de Saint-Jean d'Acre à la suite de la capitulation du général Dentz. Général de brigade à titre temporaire, il oeuvre à la réorganisation des troupes françaises libres du Levant.

Commandant de la 1re division légère des FFL (ou 1re BFL), il rejoint la 8e armée britannique, combat en Libye, à Halfaya (décembre 1941 et janvier 1942), à Méchili (février 1942) et Bir-Hakeim (février-juin 1942). Il s'acquitte de sa mission "tenir coûte que coûte, jusqu'à ce que notre victoire soit définitive" (message de Koenig à ses troupes au matin du 3 juin) face à l'Afrika Korps de Rommel, et ce pendant 14 jours, du 27 mai au 10 juin 1942, permettant à l'armée anglaise de se réorganiser à Alexandrie : "en arrêtant l'avance allemande, ils [Pierre Koenig et ses hommes] permirent de gagner du temps, d'amener des troupes de Palestine et de couvrir l'Egypte" reconnaîtra Winston Churchill. Le général de Gaulle lui remet la Croix de la Libération pour ce haut fait de guerre.

Précédé par sa réputation, Koenig participe à la victoire sur les troupes de l'Axe à El-Alamein en octobre 1942. Puis, appuyant le général de Larminat, il mène ses troupes à la conquête de la Libye et de la Tunisie.

Au début du mois d'août 1943, il exerce les fonctions de chef d'état-major adjoint de l'armée à Alger. Il a pour mission d'y opérer la fusion et d'atténuer les tensions entre les troupes d'Afrique du Nord et celles de la France Libre.

À partir de mars 1944, le général Koenig entre sur la scène politique et diplomatique : il est nommé délégué du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) auprès du général Eisenhower, commandant supérieur des Forces françaises en Grande-Bretagne et commandant des Forces françaises de l'intérieur (FFI).

Il obtient notamment des Alliés le parachutage d'armes aux FFI en préparation du débarquement de Normandie, contribuant ainsi à coordonner les troupes régulières et les actions de guérilla de la Résistance.

Nommé général de corps d'armée le 28 juin 1944, il devient le premier Gouverneur militaire de Paris de la France libérée le 25 août.

Commandant des Forces françaises en Allemagne (juillet 1945 à août 1949), il reçoit ses étoiles de général d'armée le 20 mai 1946 puis est élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d'Honneur. Inspecteur des forces terrestres, maritimes et aériennes de l'Afrique du Nord et vice-président du Conseil supérieur de la Guerre, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques et membre de l'Assemblée consultative européenne en 1951.

Désireux de participer à l'activité républicaine, Pierre Koenig se fait élire député du Bas-Rhin en 1951 (il sera réélu en 1956), et accepte la présidence de la Commission de la Défense nationale de l'Assemblée nationale (août 1951 à juin 1954). Il entre alors dans le gouvernement Mendès-France pour lequel il prend en charge le portefeuille du ministère de la défense, de juin à août 1954, poste qu'il occupe à nouveau au sein du cabinet Edgar Faure (février - octobre 1955). Il quitte la vie politique en 1958.

Pierre Koenig décède le 2 septembre 1970, à l'Hôpital Américain de Neuilly-sur-Seine. Il est inhumé dans le cimetière parisien de Montmartre après des obsèques officielles en l'Eglise Saint-Louis des Invalides.

Homme d'exception, membre du conseil de l'Ordre de la Libération, Pierre Koenig est élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume par décret du 6 juin 1984.

 

Sources : Ordre de la Libération et MINDEF/SGA/DMPA

Dimitri Amilakvari

1906-1942

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Portrait de Dimitri Amilakvari. Source : Musée de la Légion Etrangère

 

 

Né dans la village de Bazorkino en Géorgie (région de Chida Kartlie), Dimitri Amilakvari est Prince de la Maison Zedguinidze et Grand Ecuyer de la Couronne de Géorgie.

Le traité de Brest-Litovsk et la Révolution sonnent le glas de la Russie tsariste et permettent à la nation kartvel de déclarer son indépendance le 26 mai 1918. La jeune république sociale-démocrate ne tarde pas à vaciller cependant, sous les pressions de Bolcheviks russes et de la menace turque sur la frontière sud-ouest (Erzurum). Le 25 février 1921, finalement, l'Armée Rouge investit la Transcaucasie, la Fédération transcaucasienne des Républiques socialistes soviétiques (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie) est créée. Les élites tsaristes et républicaines sont pourchassées.

La famille Amilakvari prend alors le chemin de l'exil : Constantinople puis la France . Dimitri n'est alors âgé que d'une dizaine d'années. En digne descendant de la noblesse d'épée géorgienne (son grand-père, Ivane est général et son père, le prince Giorgi est colonel de l'armée de la République démocratique de Géorgie), Dimitri Amilakvari se fait admettre à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1924.

Il en sort deux ans plus tard et intègre la Légion Étrangère : un premier poste au 1er RE à Sidi-Bel-Abès puis le 4e RE à Marrakech en 1929 au sein duquel il prend part à la campagne du haut-Atlas et se distingue en mai 1932 lors des combats d'Aït-Atto. Il est cité à nouveau l'année suivante lors des combats du Djebel Baddou.

Capitaine au 1er RE de Sidi-Bel-Abès en 1939 puis au 2e bataillon de groupement de haute montagne en février 1940, il reçoit alors la nationalité française. C'est avec la 13e Demi-brigade de Légion étrangère qu'il est engagé dans la Seconde Guerre mondiale. Il prend part aux opérations du corps expéditionnaire en Norvège, en qualité de commandant de la compagnie d'accompagnement du 2e Bataillon. Valeureux combattant, Dimitri Amilakvari gagne trois citations supplémentaires qui lui valent d'être élevé à la dignité de Chevalier de la Légion d'Honneur.

Homme d'honneur et de convictions, "Bazorka", comme il aime se faire appeler en hommage à son village natal, décide en juin 1940 de poursuivre le combat aux côtés du général de Gaulle. Trois jours après son retour sur les côtes bretonnes, il s'embarque le 19 juin de Saint-Jacut de la Mer avec quelques hommes de la 13e, et rejoint l'Angleterre le 21, via l'île de Jersey.

Légionnaire FFL, Dimitri Amilakvari rejoint Dakar au mois de septembre 1940 pour participer à l'opération "Menace", avant de partir à la conquête de l'AOF pétainiste (Gabon, Cameroun), de rallier l'Erythrée puis les territoires du Levant. "Bazorka" est incorporé à la Brigade d'Orient au début de 1941 et prend part, à la tête de la compagnie d'accompagnement du 1er Bataillon de Légion étrangère à la victoire de Keren (mars 1941) et à la prise de Massaouah (8 avril). Il s'illustre à nouveau pendant la campagne de Syrie en juin 1941 et décroche ses galons de chef de bataillon. Le 16 septembre suivant, il prend le commandement de la 13e DBLE et est promu lieutenant-colonel une semaine plus tard. Combattant de valeur, meneur d'hommes, il réorganise ses troupes qu'il entraîne à la guerre dans le désert, conduite qui lui vaudra de recevoir des mains du général Catroux le drapeau de la 13e, le 19 octobre 1941, à Homs.

Engagé dès le début de la campagne de Libye, "Bazorka" commande une Jock column : groupement tactique constitué d'éléments d'infanterie motorisée, d'une batterie d'artillerie tractée, d'un peloton d'automitrailleuses, d'une section de canons antichars de 75 mm et d'éléments légers de DCA, du génie et de transmissions radio. Il fait preuve d'audace et de bravoure aux côtés du général Koenig (1ère BFL) pendant la bataille de Bir-Hakeim (26 mai - 11 juin 1942). Le général de Gaulle lui remet alors en personne la Croix de la Libération au camp de El Tahag (Egypte) le 10 août 1942.

Début octobre 1942, le lieutenant-colonel Amilakvari et ses deux bataillons font face aux divisions de l'Afrika Korps de Rommel dans le secteur d'El Alamein, en Egypte. Ils sont envoyés en tête à l'assaut du piton de l'Himeimat, de 80 mètres de haut. Cette mission est accomplie au matin du 24 octobre lorsque les panzers allemands mènent une contre-offensive. Ses unités battent en retraite au milieu des champs de mines et des tirs ennemis.

"Bazorka", mitrailleuse au bras, est atteint à la tête par un obus.

À El Alamein, au lieu même de son trépas une croix blanche rappelle le courage et le sacrifice de ce Prince franco-géorgien, figure mythique de la Légion Etrangère et parrain de la 143e promotion de St-Cyriens. A l'occasion du 100ème anniversaire de sa naissance, Géorgiens et Français ont inauguré, le dimanche 19 novembre 2006, une rue Amilakvari dans la métropole provinciale de Gori ainsi qu'une salle au musée ethnographique local.

 

Sources : Ordre de la Libération et MINDEF/SGA/DMPA

Jean Vuillermoz

1906-1940

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Portrait de Jean Vuillermoz. Source : Collection Vuillermoz

 

Né à Monaco, le 29 décembre 1906, Jean Vuillermoz est initié à la musique dès sa plus tendre enfance par son père, le célèbre corniste Édouard Vuillermoz.

"Monté" à Paris à l'âge de 19 ans pour mener ses études au Conservatoire National, il est tout à la fois compositeur, chef d'orchestre et metteur en ondes à la Radiodiffusion française. Il signe aussi de superbes harmonisations de chansons folkloriques pour choeur mixte (deux chants du XVIe siècle) ou pour voix d'hommes (trois chants de la Renaissance, avec accompagnement d'orchestre).

Des oeuvres les plus significatives de son talent émergent un "Concerto pour cor et orchestre", un ballet "Veglione", une cantate pour choeurs et orchestre sur un poème d'Anatole France "Ode à la lumière", une suite d'orchestre "Le Tombeau d'Anna Favlova".

De ses divertissements pour orchestre, on peut retenir la "Promenade zoologique" (tableaux humoristiques évoquant la vie au zoo de Vincennes, près duquel demeurait le compositeur). Peu de choses de ce travail de composition ont été éditées, la plupart restant à l'état de manuscrits dont on peut admirer la calligraphie élégante et soignée datant des années précédant la Seconde Guerre mondiale.

Jean Vuillermoz était un artiste délicat, un enthousiaste qui se donnait tout entier sans rechercher la célébrité ou l'argent.

Tout particulièrement attaché à sa famille, sa femme et ses trois enfants étaient pour lui un bien sacré.

Soldat du 22e Régiment d'Infanterie de Forteresse, c'est en effectuant une patrouille aux abords de la Ligne Maginot qu'il est tué le 21 juin 1940, à Drachenbronn (Bas-Rhin).

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Henri Fertet

1926-1943

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Portrait d'Henri Fertet. Source : Musée de l'Ordre de la Libération

 

Lycéen en classe de Seconde au Lycée Victor-Hugo à Besançon, Henri Fertet est arrêté par les Allemands le 3 juillet 1943, condamné à mort par le tribunal militaire de la Feldkommandantur 560 pour faits de résistance, est exécuté le 26 septembre 1943.

Henri Fertet naît le 27 octobre 1926 à Seloncourt dans le Doubs dans une famille d'instituteurs.

Ses études primaires terminées, il quitte sa ville natale pour entrer en 1937 au Lycée Victor Hugo à Besançon. Elève doué et travailleur, il s'intéresse à l'archéologie et à l'histoire. Vivant sous le joug nazi depuis l'armistice de juin 1940, Henri Fertet, inspiré par l'exemple des ses augustes sujets d'étude, rejoint à l'été 1942 le groupe de Marcel Simon, secrétaire de la Jeunesse agricole chrétienne à Larnod.

En février 1943, le groupe Simon rejoint l'organisation des Franc-tireurs et Partisans et prend le nom de Groupe-franc "Guy Mocquet". Il mène alors des actions de lutte clandestine.

Henri Fertet (enregistré sous le matricule Émile - 702) participe comme chef d'équipe à trois opérations :

  • l'attaque du poste de garde du Fort de Montfaucon le 16 avril 1943 pour s'emparer d'un dépôt d'explosifs qui entraîne la mort d'une sentinelle allemande.
  • la destruction, le 7 mai, d'un pylône à haute-tension à Châteaufarine près de Besançon.
  • l'attaque, le 12 juin 1943 sur la route Besançon-Quingey, du commissaire des douanes allemand Rothe dans le but de lui prendre son arme, son uniforme et les papiers qu'il transporte.

Henri Fertet tire sur le commissaire, le blessant mortellement mais l'arrivée d'une moto les empêche de se saisir des documents. Dès lors activement recherchés, les membre du groupe sont successivement arrêtés à partir de juin 1943.

Henri Fertet est appréhendé par les forces allemandes le 3 juillet 1943 : il est trois heures du matin, le jeune homme se repose chez ses parents à l'Ecole de Besançon-Velotte. Le plus jeune des prévenus, il est alors à peine âgé de seize ans, Henri Fertet est incarcéré à la prison de la Butte (Besançon). Il comparait devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 560 et est condamné à mort le 18 septembre 1943. Après 87 jours de détention et de torture, ce "compagnon d'âme" de Guy Mocquet est exécuté le 26 septembre 1943 à la citadelle de Besançon.

À l'instar de ce dernier il adressera à ses parents sa dernière lettre :

"Chers Parents,

Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n'en doute pas, vous voudrez encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.

Vous ne pouvez savoir ce que moralement j'ai souffert dans ma cellule, ce que j'ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir peser sur moi votre tendre sollicitude que de loin. Pendant ces 87 jours de cellule, votre amour m'a manqué plus que vos colis, et souvent je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez vous douter de ce que je vous aime aujourd'hui car, avant, je vous aimais plutôt par routine, mais maintenant je comprends tout ce que vous avez fait pour moi et je crois être arrivé à l'amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être après la guerre, un camarade vous parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué. J'espère qu'il ne faillira pas à cette mission sacrée.

Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement nos plus proches parents et amis. dites-leur ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands parents, mes oncles, tantes et cousins, Henriette. Donnez une bonne poignée de main chez M. Duvernet. dites un petit mot à chacun. Dites à M. le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu'il m'a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant, mes camarades de lycée. A ce propos, Hennemann me doit un paquet de cigarettes, Jacquin mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez " Le Comte de Monte-Cristo " à Emourgeon, 3 chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice André, de la Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois.

Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon petit papa, mes collections à ma chère petite maman, mais qu'elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d'épée gaulois.

Je meurs pour ma Patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse, première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête.

Que les français soient heureux, voila l'essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur.

Pour moi, ne vous faites pas de soucis. Je garde mon courage et ma belle humeur jusqu'au bout, et je chanterai " Sambre et Meuse " parce que c'est toi, ma chère petite maman, qui me l'as apprise.

Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N'admettez pas de négligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur trois enfants, il en reste un. Il doit réussir.

Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée. mais c'est parce que j'ai un petit crayon. Je n'ai pas peur de la mort. j'ai la conscience tellement tranquille.

Papa, je t'en supplie, prie. Songe que, si je meurs, c'est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là ? Je meurs volontairement pour ma Patrie. Nous nous retrouverons tous les quatre, bientôt au Ciel.  Qu'est-ce que cent ans ?

Maman, rappelle-toi :

" Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs qui, après leur mort, auront des successeurs."

Adieu, la mort m'appelle. Je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C'est dur quand même de mourir.

Mille baisers. Vive la France.

Un condamné à mort de 16 ans

H. Fertet

Excusez les fautes d'orthographe, pas le temps de relire.

Expéditeur : Henri Fertet Au Ciel, près de Dieu."

 

Sources : Ordre de la Libération - MINDEF/SGA/DMPA

Gaston Monnerville

1897-1991

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Portrait de Gaston Monnerville.
Source : www.senat.fr

(2 janvier 1897 : Cayenne, Guyane française - 7 novembre 1991 : Paris)

 

Petit-fils d'esclave, Gaston Monnerville naît à Cayenne en 1897. Elève brillant, il est reçu, en 1912, au concours des bourses métropolitaines et vient à Toulouse pour y achever, au lycée Pierre de Fermat (Hôtel Bernuy), ses études secondaires comme boursier avant d'intégrer les Facultés de lettres et de droit de Toulouse.

En 1921 il devient docteur en droit après avoir soutenu une thèse sur "L'enrichissement sans cause" qui est honorée d'une souscription du ministère de l'instruction publique et primée. La même année, il est reçu au concours des secrétaires de la Conférence, il obtient la médaille d'or "Alexandre Fourtanier" qui récompense l'un des meilleurs secrétaires, puis quitte Toulouse et s'inscrit au Barreau de Paris. Il entre bientôt au cabinet d'un célèbre avocat et homme d'État, César Campinchi, dont il sera, pendant huit ans, le principal collaborateur.

En 1923, Gaston Monnerville est reçu au concours des secrétaires de la Conférence des Avocats, à la Cour d'appel de Paris. En 1927, il est élu président de l'Union des jeunes avocats et s'illustre dans plusieurs grands procès comme l'affaire "Galmot" en 1931. Inculpés après l'émeute provoquée en 1928 par la fraude électorale et par la mort suspecte du député Jean Galmot, quatorze Guyanais sont traduits devant la Cour d'assises de Nantes. Avec Fourny, Zevaes, et Henri Torres, Monnerville assure leur défense. Sa plaidoirie produit un effet considérable sur les jurés qui se prononcent pour l'acquittement.

Ce procès retentissant marque ses débuts en politique. Il se présente en Guyane, contre le député sortant, Eugène Lautier, et est élu au premier tour de scrutin, en 1932 - il sera réélu en 1936, après avoir été élu maire de Cayenne en 1935.

Deux fois sous-secrétaire d'État aux Colonies, en 1937 et 1938, sa connaissance des questions internationales et d'Outre-Mer le font choisir comme membre de la délégation française à la Conférence du Pacifique, dite "Conférence des Neuf Nations" qui a lieu à Bruxelles, en 1937, lors de l'agression du Japon contre la Chine. En 1939, Gaston Monnerville est parlementaire âgé de plus de quarante ans. Aux termes de la loi sur la Nation en temps de guerre, il n'est pas mobilisable. Avec quatre de ses collègues, il fait prendre un décret-loi, signé Daladier, qui prévoit une exception et, aussitôt, il s'engage dans la Marine. Il sert comme "officier de justice", sur le cuirassé "La Provence", expérience qu'il consignera dans un journal de bord.

Monnerville est démobilisé une semaine après le vote à Vichy des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, le 10 juillet 1940. Le 17 juillet 1940, il se rend à Vichy pour protester contre l'Armistice et la situation faite aux originaires d'Outre-Mer par le gouvernement Pétain. Dès l'hiver 1940-1941, il milite dans le mouvement de résistance "Combat" et assure la défense des personnes emprisonnées pour délit d'opinion ou origine ethnique. Sous le pseudonyme de "Commandant Saint-Just", il fait partie des maquis d'Auvergne (groupe du commandant Cheval), d'octobre 1942 à octobre 1944. Il administre de juin à août 1944 l'hôpital de Cheylade, réquisitionné par les FFI et prend part, du 7 au 10 septembre 1944, à l'opération "Bec d'Allier".

La Croix de Guerre 1939-1945, la Rosette de la Résistance et la Légion d'Honneur à titre militaire, témoignent de son courage et de son patriotisme.

 

Désigné par la Résistance métropolitaine, en novembre 1944, pour siéger à l'Assemblée consultative provisoire, il y préside la "Commission de la France d'Outre-Mer" et a l'honneur, au nom des populations de l'Union française, de célébrer, dans la séance solennelle du 12 mai 1945, la victoire des Alliés. Il prononce également, durant cette séance, un discours en hommage aux combattants de l'Outre-Mer.

En 1945, le Gouvernement provisoire de la République appelle le président Monnerville à la tête de la commission chargée de préparer le futur statut politique des territoires d'Outre-Mer. Cette commission élabore le cadre constitutionnel de l'Union française.

Élu pour la troisième fois député de la Guyane à l'Assemblée Constituante, le 21 octobre 1945, son mandat est renouvelé le 2 juin suivant, à la deuxième Assemblée nationale Constituante.

Le 15 décembre 1946, il est désigné comme vice-président de cette assemblée de Guyane. En mars 1947, il est élu président du Conseil de la République et réélu en janvier 1948. En novembre 1948, il est élu sénateur du Lot, maire de Saint-Céré (Lot) de 1964 à 1971, puis président du Conseil de la République définitif, remplacé par le Sénat, dont il assurera la présidence pendant vingt-deux ans. De mars 1974 à mars 1983, il siège au Conseil Constitutionnel.

Gaston Monnerville, grand serviteur de l'État à l'étranger, après avoir été délégué de la France en 1937 à la Conférence du Pacifique, puis en janvier 1946 à l'Assemblée des Nations Unies, représente la France en Amérique latine en 1957, en Haïti, en 1980, à l'occasion du bicentenaire de sa capitale, Port-au-Prince.

Homme de lettres, Gaston Monnerville publie en mai 1968 un ouvrage sur Georges Clemenceau, puis se consacre à la rédaction de ses mémoires, Témoignages, De la France équinoxiale au Palais du Luxembourg (1975), et Vingt-deux ans de présidence (1980).

 

Sources : Dictionnaire des parlementaires, Paris, La Documentation française - www.senat.fr

Guy Môquet

1924-1941

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Portrait de Guy Môquet. Source : SHD

Guy Môquet naît à Paris le 26 avril 1924. Étudiant au lycée Carnot, il se passionne très tôt pour la politique et choisi, dès l'arrestation de son père, le syndicaliste cheminot et député communiste Prosper Môquet, de suivre ses traces.

 

 

Prosper Môquet

 
Prosper Môquet, le père de Guy, était cheminot et député communiste, élu en 1936 dans le XVIIe arrondissement de Paris.
Source : Collection Musée de la résistance nationale à Champigny-sur-Marne - Fonds de la famille Môquet-Saffray

Ancien combattant de la Grande Guerre, Prosper Môquet (1897-1986) entre à la SNCF où il milite activement à la fédération unitaire des cheminots. Membre du PCF depuis 1926, il est élu député en 1936. Malgré la dissolution du PCF en 1939, il continue à suivre la ligne du Parti et ne dénonce pas le Pacte germano-soviétique, signé le 23 août 1939. Il participe à la constitution du Groupe ouvrier et paysan français. Arrêté avec 43 autres députés de ce groupe, en octobre 1939, il est déchu de son mandat, en janvier 1940, puis, comme ses camarades, condamné, en avril, à cinq ans de prison. Il est ensuite déporté, en mars 1941, avec d'autres députés communistes, au bagne de Maison-Carrée en Algérie. Libéré en février 1943 après l'arrivée du général De Gaulle à Alger, Prosper Môquet occupera d'autres postes de député après la guerre.

 

Après l'arrestation de Prosper, Guy, sa mère Juliette et son petit frère Serge s'étaient réfugiés à Bréhal, dans la Manche. Il revient à Paris, seul, et milite avec ferveur au sein des jeunesses communistes réorganisées clandestinement. Il distribue des tracts et colle des papillons proclamant la politique du Parti, y compris après l'entrée des Allemands dans Paris, le 14 juin 1940, et la proclamation de l'État Français, le 10 juillet suivant.

 

Guy Môquet et son frère Serge

 

Guy Môquet et son frère Serge à vélo, rue Baron dans le XVIIe arrondissement de Paris, en juillet 1939.
Source : Collection Musée de la résistance nationale à Champigny-sur-Marne - Fonds de la famille Môquet-Saffray

 

Dans le même temps, il entretient une correspondance avec son père dont il s'efforce d'obtenir la libération. En novembre, il adresse ainsi à Édouard Herriot, président de l'assemblée nationale, un long poème en alexandrins dont voici un extrait :

"Je suis jeune Français, et j'aime ma patrie

J'ai un coeur de Français, qui demande et supplie

Qu'on lui rende son père, lui qui a combattu

Pour notre belle France avec tant de vertu".

Le 13 octobre 1940, Guy Môquet, alors âgé de 16 ans, est arrêté Gare de l'Est par des policiers français qui recherchent les militants communistes. On l'interroge. On veut lui faire livrer les amis de son père.

Incarcéré à la prison de Fresnes, le jeune militant est inculpé, sous le même chef d'accusation que son père, "d'infraction au décret du 26 septembre 1939, portant dissolution des organisations communistes". Le 23 janvier 1941, il est acquitté par la 15e chambre correctionnelle de Paris, et doit être mis en liberté surveillée.

L'intérieur de camp de Choisel en juillet 1941. Source : Amicale de Châteaubriand - Vosves-Rouillé

 

Guy Môquet n'est pourtant pas relâché. Au contraire, il est transféré à la prison de la Santé, à Paris, le 10 février suivant. L'adolescent s'impatiente, écrit au procureur mais rien n'y fait. Il est transféré à la prison de Clairvaux, dans l'Aube, puis au camp de Choisel à Châteaubriant, en Loire-Inférieure (Loire-Atlantique actuelle), où sont détenus d'autres militants communistes généralement arrêtés entre l'automne 1939 et 1940.

Arrivé le 16 mai 1941, il est à la baraque 10, la baraque des jeunes où il lie de nombreuses amitiés. Le 20 octobre 1941, trois résistants communistes, Marcel Bourdarias, Gilbert Brustlein et Spartaco Guisco, abattent, à Nantes, le Feldkommandant Karl Hotz, commandant des troupes d'occupation de la Loire-inférieure. En guise de représailles, l'Occupant décide de fusiller 50 otages.

Lettre du sous-préfet de Châteaubriant dénonçant aux autorités allemandes les détenus communistes. Source : SHD

 

Le ministre de l'Intérieur du gouvernement de Vichy, Pierre Pucheu, propose une liste comprenant essentiellement des communistes dont 27 prisonniers du camp de Choisel, parmi lesquels, Charles Michels, secrétaire général des industries cuirs et peaux CGT, Jean-Pierre Timbaud, dirigeant de la métallurgie CGT et Guy Môquet, fils de député communiste. Parallèlement, vingt et une autres personnes sont fusillées à Nantes et à Paris.

La dernière photo de Charles Michels. À ses côtés, René Sentuc. Source : SHD

 

Jean-Pierre Timbaud. Source : SHD

 

Guy Môquet va mourir. Quelques minutes avant d'être conduit sur le lieu d'exécution, alors rassemblés avec ses camarades dans la baraque 6, il écrit une dernière lettre à sa famille, cette fameuse lettre qui commence par, "Je vais mourir !", et se termine par, "Je vous embrasse de tout mon coeur d'enfant".

Enfin, il griffonne un dernier petit mot pour une jeune communiste, Odette Leclan (aujourd'hui Odette Nilès), militante de l'Union des jeunes filles de France. Il a fait sa connaissance un mois plus tôt alors qu'elle vient d'être internée au camp de Choisel et multiplie les contacts à travers une palissade de bois surmontée d'un grillage, qui sépare le secteur des garçons et celui des filles. Tombés rapidement amoureux, le jeune Guy regrette, dans ses dernières lignes, le baiser qu'elle lui avait promis.

Dernière lettre de Guy Môquet adressée à sa famille et écrite au camp de Châteaubriant, le jour de son exécution. 22 octobre 1941.
Source : Collection Musée de la résistance nationale à Champigny-sur-Marne - Fonds de la famille Môquet-Saffray

 

Billet de Guy Môquet adressé à Odette Leclan, internée au camp de Choisel. 22 octobre 1941.
Source : Collection Musée de la résistance nationale à Champigny-sur-Marne - Donation Odette Niles

Ce 22 octobre 1941, les vingt-sept otages sont fusillés, en trois groupes, dans la carrière de la Sablière, à la sortie de Châteaubriant. Ils avaient refusé qu'on leur bande les yeux et, dans leur dernier souffle, crièrent "Vive la France".

Le lendemain, les Allemands dispersent dans plusieurs cimetières des environs les corps de ceux que le général de Gaulle qualifie, dès le 25 octobre suivant, dans un discours à la radio, de "martyrs" : "En fusillant nos martyrs, l'ennemi a cru qu'il fallait faire peur à la France. La France va lui montrer qu'elle n'a pas peur de lui."

Le 22 octobre 1944, premier anniversaire de la fusillade après la Libération.
Le parti communiste français organise la première cérémonie du souvenir à laquelle assiste l'ensemble des forces de la Résistance. Source : SHD

 

Le corps de Guy Môquet est par la suite transporté au cimetière parisien du Père Lachaise (carré 97) pour être inhumé aux côtés de son frère et de sa mère. A titre posthume, Guy Môquet est chevalier de la Légion d'honneur et est titulaire de la Croix de Guerre et de la Médaille de la Résistance.

Le 22 octobre 1963, commémoration en honneur des victimes de Châteaubriant. Source : SHD

 

Le 22 octobre 1963, commémoration en honneur des victimes de Châteaubriant. Source : SHD
 

Benjamin Fondane

1898-1944

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Benjamin Fondane en 1938. Source : www.fondane.org

(Jassy, Roumanie, 14 novembre 1898 - Auschwitz, 2 ou 3 octobre 1944)

 

Benjamin Wechsler (ou Vecsler) choisit le nom de B. Fundoianu pour faire son entrée en littérature. Ecrivain précoce, il laisse une oeuvre considérable en langue roumaine. Fondane appartient à cette lignée d'écrivains roumains qui se laissèrent séduire par le rayonnement de la littérature française. Il débarque à Paris en 1923 sous le nom de Fundoianu et devient Benjamin Fondane. Malgré les espoirs qu'il avait mis en lui, Fondane n'a jamais rallié le surréalisme. En 1928 il se rapproche du groupe "Discontinuité" et éprouve de la sympathie pour le "Grand Jeu" de René Daumal.

Mais c'est la rencontre de Léon Ghestov qui est déterminante pour Fondane, infléchissant sa vie et son oeuvre. Désormais, toute cette oeuvre sera écrite en français. En 1933 paraissent simultanément son poème Ulysse et son essai Rimbaud le voyou, fort remarqué : lecture existentielle de Rimbaud, s'inscrivant en faux contre l'interprétation de Breton et des surréalistes. Quant au Faux traité d'esthétique (1938), s'il contient une vive critique du surréalisme, il présente une poétique existentielle.

La poésie de Fondane, telle qu'on la découvre dès Ulysse (1933) et Titanic (1938), est une poésie âpre, prophétique, proche du cri. Tous ses poèmes réunis sous le titre Le mal des fantômes forment une sorte d'odyssée existentielle où domine la figure d'un poète errant qui incarne le destin de l'homme, du poète et du Juif. En 1936 paraît La conscience malheureuse, son premier livre philosophique, contenant des essais consacrés à Ghestov, à Kierkegaard, à Husserl, à Heidegger... Le théâtre a toujours passionné Fondane qui écrit plusieurs pièces : poèmes dramatiques, drames métaphysiques (Le festin de Balthazar, Philoctète). Il collabore aux Cahiers du Sud où il tient la rubrique de la "Philosophie vivante".

Ayant obtenu la nationalité française en 1938, Fondane est mobilisé en 1940. Fait prisonnier, il s'évade . repris, il est libéré pour raisons de santé. Il passe l'hiver 1942 à écrire Baudelaire et l'expérience du gouffre. En même temps il met en chantier L'Être et la connaissance, essais sur Lévy-Bruhl, Ghestov et Lupasco. Son dernier essai Le lundi existentiel et le dimanche de l'histoire constitue un testament philosophique. Il y expose sa philosophie de la liberté, du possible, éclatante victoire sur l'Histoire conçue comme nécessité.

Il est arrêté en mars 1944. Interné à Drancy, il est déporté à Auschwitz où il est assassiné dans une chambre à gaz le 2 (ou le 3) octobre 1944.

Une plaque a été apposée à Paris, au 6 rue Rollin, son domicile entre le 15 avril 1932 et le 7 mars 1944.

Le nom de Benjamin Vecsler est inscrit au Mémorial de la Shoah.

 

Sources : Jutrin (Monique), dans : Célébrations nationales 1998, Paris, Direction des Archives de France, 1998 - www.fondane.org

 

Éléments de bibliographie :
Rimbaud le voyou (1933) , Le lundi existentiel, Baudelaire et l'expérience du gouffre, Le Mal des fantômes, Le Voyageur n'a pas fini de voyager, Faux-traité d'esthétique, Essai sur Lupasco.

Robert Desnos

1900-1945

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Portrait de Robert Desnos. Source : http://perso.orange.fr/d-d.natanson/desnos.htm

 

Robert Desnos naît à Paris le 4 juillet 1900 et passe son enfance dans le quartier des Halles. Peu intéressé par l'école, il préfère l'univers des bandes dessinées et des romans d'aventures. A 16 ans, il devient commis dans une droguerie. En 1918, ses premiers écrits paraissent dans La Tribune des jeunes, et son recueil de poèmes Le Fard des argonautes est publié dans une revue d'avant-garde, Le Trait d'union, en 1919. L'année suivante, il découvre le mouvement Dada avec Benjamin Perret et André Breton, groupe qu'il rejoint après son service militaire effectué au Maroc.

Quand le surréalisme, qui marqua tant la littérature de l'entre-deux-guerres, remplaçe le dadaïsme, Desnos en devient un acteur primordial : l'écriture automatique, le rêve sous hypnose, engendrent d'étranges poésies et aphorismes : Prose Sélavy, L'Aumonyme, L'asile ami...

"La lame qui tranche l'affliction

des âmes dévoile-t-elle aux amis

la fiction de l'affection ?"

 

(Prose Sélavy)

 

 

Entre 1924 et 1929, il est rédacteur de La Révolution surréaliste, mais aussi comptable, caissier, journaliste à Paris-Soir puis au Soir, partageant peu à peu sa vie sentimentale entre la chanteuse Yvonne George - qui meurt en 1930 - et Youki Foujita. De cette époque datent La liberté ou l'amour, La mystérieuse, Siramour. En 1926, il s'installe dans le quartier Montparnasse, côtoyant les frères Prévert, Raymond Queneau, Joan Miro.

Savoir si l'esprit surréaliste est ou non compatible avec un engagement politique - le communisme - provoque la scission du groupe et oppose à coups d'injures Desnos, Prévert, Soupault et quelques autres, à Breton, Aragon, Eluard...

Dans les années trente, l'activité de Desnos évolue : il écrit moins, se lançant dans la radio - réalisateur d'émissions, rédacteur publicitaire - dans la chanson, le cinéma. Issu d'un milieu modeste, il veut que la culture imprègne la vie de tous.

 

"La lune, nid des vers luisants,

Dans le ciel continue sa route.

Elle sème sur les enfants,

Sur tous les beaux enfants dormants,

Rêve sur rêve, goutte à goutte."

 

(Chantefables et Chantefleurs)

 

Mais l'artiste qu'il est perçoit comme un danger pour la liberté les tensions internationales : il rejoint le Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes, milite en faveur des républicains espagnols, endosse sans complexe l'uniforme en 1939.

Démobilisé après la défaite de juin 1940, il entre au journal Aujourd'hui. En 1942, il intègre le réseau de Résistance "Agir", participe à l'action de la presse clandestine et retrouve la littérature sous forme de pamphlets et de romans (Maréchal Duconno, Etat de veille...).

 

"Je suis le veilleur de la Porte Dorée

Autour ou donjon le bois de Vincennes

épaissi ! les ténèbres

J'ai entendu des cris

dans ta direction de Créteil

Et des trains roulent vers l'est

avec un sillage Je chants de révolte."

 

(Destinée arbitraire)

 

Le 22 février 1944, Desnos est arrêté et emmené à la prison de Fresnes. Le camp de Compiègne-Royallieu, où il est transféré le 20 mars, est la première étape de sa déportation. Le 12 mai, il doit partir pour Buchenwald.

Le 25 mai, il gagne le camp de Flossenburg puis, le 2 juin, le commando de Flohä. Lorsque les Alliés pénètrent en Allemagne, les Nazis font évacuer les camps, exécutant les déportés ou les lançant dans d'épouvantables marches jalonnées de morts.

Parti le 14 avril 1945, Desnos arrive ainsi à Theresienstadt (Terezin) en Tchécoslovaquie, ville délivrée par les Russes le 8 mai suivant. Atteint de typhus, il s'éteint le 8 juin 1945.

Ses restes mortels reposent à Paris, dans le cimetière du Montparnasse.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA