Enseigner la défense (n° 260)

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Henry Dunant

1828-1910

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Henry Dunant. Domaine public

 

En 1859, un jeune Suisse du nom de Henry Dunant découvre, sur le champ de bataille de Solferino en Italie, les horreurs de la guerre. Il décide de créer une organisation internationale pour venir en aide aux blessés des conflits.

Ce sera la Croix-Rouge.

Né à Genève le 8 mai 1828, Henry Dunant est issu d'une famille calviniste très pieuse et pratiquant la charité. Abandonnant ses études secondaires, il entre en apprentissage dans une banque genevoise. Il œuvre dans l'action sociale et consacre une partie de son temps à visiter les prisonniers et à aider les démunis.

En 1853, il part en Algérie pour prendre la direction d'une colonie suisse de Sétif. Il se lance dans la construction d'un moulin à blé, mais n'obtenant pas la concession de territoire indispensable pour le faire fonctionner, il va à Paris pour rencontrer Napoléon III. Or celui-ci est à la tête des troupes franco-sardes qui se battent dans le nord de l'Italie contre les Autrichiens. Dunant se rend sur place pour voir l'empereur. Le 24 juin 1859, jour de la bataille, il arrive à Castiglione, en Lombardie, petite ville proche du lieu des combats. Le lendemain, il découvre le champ de bataille de Solferino. "Celui qui parcourt cet immense théâtre des combats de la veille y rencontre à chaque pas, et au milieu d'une confusion sans pareille, des désespoirs inexprimables et des misères de tous genres". Devant tant de malheurs, Dunant prend en main l'organisation des secours et obtient qu'on traite les prisonniers autrichiens de la même façon que les autres soldats. Il obtient aussi que les médecins autrichiens prisonniers soient autorisés à soigner les blessés.

De retour à Genève, il écrit Un souvenir de Solferino (1862) dans lequel il raconte la bataille et expose ses idées pour améliorer le sort des blessés. "N'y aurait-il pas moyen, pendant une époque de paix et de tranquillité, de constituer des sociétés de secours dont le but serait de faire donner des soins aux blessés en temps de guerre, par des volontaires zélés, dévoués et bien qualifiés ?"

Dunant crée, le 17 février 1863, un comité international et permanent de secours aux militaires blessés, qui prendra en 1875 le nom de Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le 26 octobre 1863, une quinzaine de pays participent à la conférence internationale de Genève qui constitue vraiment l'acte fondateur de la Croix-Rouge. Soutenu par Napoléon III, le comité, dont Dunant est membre et secrétaire, prépare la Convention de Genève signée en 1864 par quinze pays.

Désormais célèbre, Dunant est reçu par de nombreux chefs d'État. Mais ses affaires financières se portent mal . il est déclaré en faillite en 1867. Ruiné, endetté, il est contraint de démissionner de son poste au Comité international. À Paris, il en est réduit à dormir sur les bancs publics. Pourtant, l'impératrice Eugénie le convoque au palais des Tuileries pour avoir son avis sur l'extension de la convention de Genève à la guerre sur mer. Dunant est alors nommé membre d'honneur des sociétés nationales de la Croix-Rouge d'Autriche, de Hollande, de Suède, de Prusse et d'Espagne.

Durant la guerre franco-prussienne de 1870, il visite les blessés ramenés à Paris et introduit le port de la plaque d'identité qui permettra d'identifier les morts.

La paix revenue, Dunant se rend à Londres, d'où il s'efforce d'organiser une conférence diplomatique pour statuer sur le sort des prisonniers de guerre . le tsar l'encourage, mais l'Angleterre est hostile au projet. Le 1er février 1875, à son initiative, s'ouvre à Londres un congrès international pour "l'abolition complète et définitive de la traite des nègres et du commerce d'esclaves".

Puis viennent des années d'errance et de misère : Dunant voyage à pied en Alsace, en Allemagne et en Italie . il vit de charité et de l'hospitalité de quelques amis. Finalement, en 1887, il échoue dans une bourgade suisse surplombant le lac de Constance : Heiden.

Malade, il trouve refuge à l'hospice et c'est là qu'en 1895 le découvre un journaliste, qui lui consacre un article repris quelques jours plus tard par la presse de toute l'Europe. Dunant redevient d'un coup célèbre et honoré. En 1901, il reçoit le premier prix Nobel de la paix. Il meurt le 30 octobre 1910.

 

In Les Chemins de la Mémoire, 196/juillet-août 2009

Adolphe Thiers

1797-1877

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Portrait d'Adolphe Thiers. Source : SHD terre

 

Adolphe Thiers à la fois historien et homme d'État est emblématique de la Troisième République naissante, "bourreau de la Commune" et fondateur de la République.

Marie-Louis-Joseph-Adolphe Thiers est né à Marseille dans une famille bourgeoise. Desservi par la conduite dispendieuse de son père, le jeune Adolphe effectue une brillante scolarité en tant que boursier. Après des études de droit à Aix-en-Provence, il s'installe à Paris en 1821, fréquente les milieux libéraux, et entame une carrière de journaliste au Constitutionnel avant de fonder Le National le 3 janvier 1830 avec Auguste Mignet et Armand Carrel, combattant dans ses articles la royauté de Charles X. Dès 1824, avec son ami Auguste Mignet, il entreprend un récit historique de la Révolution de 1789. Par la suite, Thiers se consacre à Napoléon et fournit le premier une relation complète, bien que partisane, de son parcours dans L'Histoire du Consulat et de l'Empire, publiée de 1845 à 1862 - il proposera d'ailleurs en 1836 et 1840 le retour des cendres de Napoléon. Ses travaux lui valent d'être élu à l'Académie française en décembre 1834.

Politiquement, Thiers est un "libéral", un homme de progrès, attaché au principe de la souveraineté nationale exprimée par des élections libres et par des représentants contrôlant l'exécutif.

Il joue un rôle actif dans la révolution de Juillet en organisant la résistance des journalistes menacés par les "Quatre Ordonnances" (textes visant à "museler" la presse), allant jusqu'à soutenir Louis-Philippe lors de sa prise de pouvoir. Ce dernier l'appelle au gouvernement aux fonctions de sous-secrétaire d'Etat aux Finances, ministre de l'Intérieur puis ministre de l'Agriculture et du Commerce. Il est alors en opposition permanente avec les légitimistes, les républicains et les bonapartistes. Pendant la Seconde République (1848-1851) Thiers compose avec un régime qu'il jugera "décevant" car trop conservateur. Parlementaire, Thiers met à bas les thèses socialistes de Proudhon, écrivant à l'occasion un petit traité grand public sur La Propriété, il soutient la loi Falloux et l'expédition de Rome. Il ira même jusqu'à soutenir le candidat Louis-Napoléon Bonaparte lors des élections présidentielles mais refusera le coup d'Etat du 2 décembre 1851, position qui lui vaudra l'exil en Angleterre, en Italie puis en Suisse.

Thiers s'efface ainsi de la scène politique dans les premières année de pouvoir de Napoléon III. Il revient en politique en opposant de gauche sous l'Empire libéral (1860-1870). "Thiers encore catalogué "orléaniste" en raison de son passé de 1830-48, est en fait le leader de la poignée de royalistes restés fidèles au libéralisme." (M. Aguhlon). Il accepte l'expédition de Crimée mais reste très critique à l'égard de la politique étrangère de Napoléon III qu'il juge trop libérale et mal appropriée dans la péninsule italienne et en Allemagne . il exigera la liquidation de l'expédition du Mexique.

À la chute du Second Empire Thiers, élu lors des dernières élections de l'Empire en 1869, participe au gouvernement de la Défense nationale, dont il finit par prendre la direction, ayant contribué activement, à partir du 10 septembre 1870, à la préparation de la paix : Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, le sollicite au nom du gouvernement afin qu'il modère les politiques offensives des puissances européennes, notamment les ambitions de Bismarck - de 1873 à 1875 Thiers effectuera un long périple dans toutes les capitales européennes. L'armistice signé le 28 janvier 1871, Thiers est élu à la tête du nouveau gouvernement lors des élections du 8 février 1871. En chef du pouvoir exécutif, il met fin dans un bain de sang, au printemps de 1871, au mouvement communard . il est le "bourreau de la Commune". La répression de l'insurrection parisienne, mouvement des "Fédérés", est menée par Thiers avec l'armée des "Versaillais", le gouvernement étant alors installé à Versailles, qui, à la tête de 63500 hommes renforcés par les 130000 prisonniers de guerre français libérés et appuyés par Bismarck, réinvestit Paris et les communes voisines entre mars et juin 1871.

Les combats feront environ trente mille morts dans le rang des Fédérés. Quatre tribunaux d'exception jugeront les "Communards" jusqu'en 1874 : 13804 condamnations seront prononcés dont nombre d'entre elles pour les bagnes de Guyane ou de Nouvelle-Calédonie - ils ne seront amnistiés qu'en juillet 1880.

Le 24 mai 1873, la droite parlementaire qui l'a porté au pouvoir, hostile à l'orientation républicaine que Thiers donne au Gouvernement, obtient sa démission et le remplace par Mac Mahon.

Adolphe Thiers décède le 3 septembre 1877. Un cortège funèbre et 384 couronnes suivi par Gambetta et Hugo, en dépit du refus de sa famille de procéder à des obsèques officielles, donneront une dimension nationale au dernier voyage de cet homme d'État aux multiples facettes.

 

Sources : Aguhlon (Maurice), "Adolphe Thiers", dans : Célébrations nationales 1997, Paris, Direction des Archives de France. Mourre (Michel), Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Paris, Bordas, 1996 (1978)
Sources complémentaires : Guiral (Pierre), "Thiers (Adolphe)", dans : Tulard (Jean), Dictionnaire du Second Empire, Paris Fayard, 1995

Léon Gambetta

1838-1882

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Portrait de Léon Gambetta. Sources : SHD

 

Léon Gambetta naît à Cahors le 2 avril 1838, ville d'adoption de Joseph, un génois, et de Marie Madeleine Orasie Massabie, fille d'un pharmacien de Molières, cité du Tarn-et-Garonne. Très jeune, Léon se fait remarquer par son intelligence et sa prodigieuse mémoire. Il devient interne au petit séminaire de Montfaucon avant de poursuivre sa scolarité au lycée de Cahors. Candidat au Concours général, il décroche le prix de dissertation française puis le baccalauréat ès-lettres en 1856, à 17 ans.

Au grand dam de son père qui aurait voulu le voir lui succéder dans les affaires, le jeune homme, orateur talentueux, part pour Paris en janvier 1857 et s'inscrit à l'École de droit afin d'embrasser la carrière d'avocat. Il demande la nationalité française le 29 octobre 1859 et l'obtient. Il soutient sa thèse de licence en droit le 19 janvier de l'année suivante et prête serment le 8 juin 1861.

Ses premières plaidoiries le mettent en rapport avec les groupes parlementaires d'opposition de "gauche" (les Républicains). L'affaire de la souscription Baudin (1851) le révèle en 1868. Ce procès est intenté par le gouvernement impérial contre les journaux favorables à une souscription en vue d'édifier un monument à la mémoire de cet élu tué sur les barricades, faubourg Saint-Antoine, aux côtés du peuple de Paris, le 3 décembre.

Le jeune avocat prononce pour l'occasion un réquisitoire contre le régime de Louis Napoléon Bonaparte.

En janvier 1870, député de la circonscription de Marseille, il s'oppose au gouvernement d'Emile Ollivier dont le ralliement à Napoléon III est perçu comme une traîtrise par les républicains. Gambetta appelle cependant à l'union nationale et vote les crédits militaires à la veille de la guerre. Dans la nuit du 3 au 4 septembre, Léon Gambetta, après avoir vainement tenté d'apaiser la situation insurrectionnelle née de l'annonce de la capitulation de Sedan, proclame la déchéance de l'Empire, dans un Palais Bourbon envahi par la foule. À l'Hôtel de Ville, il assiste à la proclamation du Gouvernement de Défense nationale auquel il est associé aux côtés de Jules Simon et Ernest Picard. Il s'installe de son propre chef au ministère de l'Intérieur et ordonne la destitution des préfets de l'Empire. Il organise en même temps la défense de la capitale.

Le 7 septembre, dans Paris assiégée, Léon Gambetta apparaît comme l'homme providentiel. Face à un gouvernement débordé par la situation, il anime la Défense nationale en province. Gambetta incarne alors la résistance à l'occupant prussien. Il s'envole en ballon pour rejoindre la délégation de Tours, via Montdidier, Amiens et Rouen, ajoute le département de la guerre à son portefeuille, met sur pied des armées nouvelles, veille à l'encadrement et au ravitaillement des troupes, crée des manufactures, multiplie les déplacements, les instructions et les discours appelant à "prolonger la guerre jusqu'à l'extermination". Au même moment la capitale subit le siège des impériaux : la ville est bombardée, la population est affamée. Adolphe Thiers finit par mandater (22 janvier 1871) Jules Favre, chargé des affaires extérieures, auprès de Bismarck afin de convenir d'un armistice. Gambetta est écarté de la scène politique et des négociations en raison d'un décret qu'il a signé à Bordeaux rendant inéligibles les membres des assemblées de l'Empire. Il démissionne le 6 février.

Gambetta est élu sur neuf listes lors des élections générales du 8 février 1871 : dans l'Est, à Paris, à Marseille, en Algérie. Il choisit le Bas-Rhin. Il vote contre la paix et marque sa volonté de récupérer les provinces perdues. De retour de sa retraite à Saint-Sébastien, ayant perdu son siège de député le 2 juillet, il fait campagne dans les Bouches-du-Rhône et dans la Seine.

Député de la Seine, Gambetta forme un parti parlementaire d'extrême gauche, " l'Union républicaine", fonde un journal, La République française, multiplie les allocutions en province au cours desquelles il fustige la politique conservatrice de l'Assemblée nationale, et affiche un anticléricalisme militant. Dans la tumulte de la souveraineté républicaine restaurée, il participe aux débats qui donnent naissance aux lois constitutionnelles, et contribue à faire voter l'amendement Wallon le 28 janvier 1875.

Léon Gambetta s'applique ensuite à promouvoir le nouveau régime, lors de la campagne électorale pour le scrutin de janvier et de février 1876. À Bordeaux (13 février), il énonce les réformes nécessaires : séparation des Églises et de l'État, création d'un impôt sur le revenu, rétablissement de la liberté de réunion et d'association, mesure qu'il renvoie à des temps "opportuns" par crainte de heurter l'électorat rural, le plus nombreux démographiquement. Le vote du 20 février consacre son travail. Gambetta est élu dans plusieurs circonscriptions et opte pour Belleville. Le maréchal de Mac-Mahon cependant ne l'appelle pas dans son ministère. Il lui préfère des personnalités plus "à droite". Gambetta profite de la crise née de la constitution du ministère de Broglie pour fédérer le vote républicain et provoquer la dissolution de la Chambre - ce sera son unique victoire dans sa vaine tentative de rassembler les partis de gauche.

Tacticien et orateur de premier plan, Gambetta fait sienne la campagne électorale de l'été jusqu'à prononcer dans son discours de Lille (15 août), à l'adresse du Président de la République, la phrase "se soumettre ou se démettre", propos qui lui vaudront une condamnation de trois mois de prison, peine qu'il n'effectuera pas. Ayant accédé à la "sainteté républicaine", il préfère cependant le 3 septembre promouvoir Jules Grévy à la fonction de chef de l'État et demeurer au second plan.

Les crises politiques se succèdent . Gambetta s'oppose au maréchal de Mac-Mahon avec véhémence. Il finit par obtenir sa démission, ce dernier ayant refusé de signer le décret de mise en disponibilité des dix généraux de corps d'armée (20 janvier 1879). Refusant à nouveau de prendre la tête du régime, Gambetta laisse Jules Grévy succéder à Mac-Mahon et se contente de la présidence de la chambre (31 janvier 1879).

D'une fonction symbolique dont il s'acquitte élégamment, Gambetta, ne constituant plus un obstacle politique aux yeux du président Grévy, accède à la présidence du conseil le 10 novembre 1881. Il croit alors enfin pouvoir faire de la France un pays stable et pacifique réuni autour de l'idée républicaine. Le nouveau chef de l'État tente de mettre en place un grand ministère réunissant l'ensemble des grandes figures de "gauche". Jules Ferry, Léon Say, Henri Brisson, Charles de Freycinet, les chefs de mouvements déclinent l'offre. Son gouvernement à peine formé (14 janvier 1882) est renversé au bout de 74 jours à la suite d'une proposition de loi sur les modes de désignation des sénateurs et d'élection des représentants à la chambre. Freycinet lui succède entouré de ceux-là mêmes qui avaient refusé de lui apporter leur concours.

Léon Gambetta se désengage alors de la vie politique. Il s'installe dans la région de Nice, ne prend plus part aux débats si ce n'est le 18 juillet 1882 pour demander le maintien de la présence française en Egypte.

Replié aux Jardies (Ville-d'Avray), en compagnie de Léonie Léon, Gambetta est victime d'un accident d'arme à feu qui le contraint à garder le lit pendant le mois de novembre. Cette inactivité lui est fatale. Il succombe à la suite d'une infection intestinale et d'une appendicite non opérée, le 31 décembre 1882.

Héros républicain, "père" fondateur de la IIIe République, Léon Gambetta est une personnalité incontournable pour "arriver à comprendre qu'un régime initialement moderne et populaire, celui de Napoléon III, ait été remplacé par une république qui ajoutait, à ces mêmes mérites, celui d'un libéralisme profond" (M. Aghulon). Ses obsèques, nationales, sont organisées le 6 janvier 1883. Des monuments lui seront élevés dans toute la France : à Bordeaux (25 avril 1905), à Nice (25 avril 1909), etc. Celui installé dans le jardin des Tuileries disparaîtra sous l'occupation allemande.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

François Chabaud-Latour

1804-1885

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Portrait du Général François de Chabaud-Latour (1804-1885). Source : Société d'histoire du protestantisme français

 

Fils d'Antoine Georges François (15 mars 1769-19 juillet 1832) et de Julie Verdier de la Coste, François, Ernest Chabaud-Latour naît à Nîmes le 25 janvier 1804.

Il sort 7e de l'école Polytechnique en 1820 et choisit le Génie. En 1829, il participe brièvement aux côtés de l'armée russe au siège des places du Danube, appelé à Paris pour servir dans le ministère Polignac.

En 1830, il est volontaire pour l'expédition d'Alger, et est décoré à la suite du bombardement du Fort-1'Empereur et de l'occupation de Blida.

Nommé officier d'ordonnance du duc d'Orléans, fonction qu'il occupera jusqu'à la mort du Prince en 1842, il se retrouve engagé dans la campagne de Belgique et à la prise d'Anvers. Chabaud-Latour suit également le duc d'Orléans pendant les campagnes d'Algérie (1837, 1839, 1840) et participe aux engagements de Sig, Habra, Mascara, puis, en 1839, à la bataille des Portes de Fer qui lui vaut d'être élevé à la dignité de croix d'officier de la Légion d'honneur et, en 1840, aux combats de Médéah, d'El-Affroun, du col de Mouzaïa et du bois des Oliviers.

En 1840, lorsque se pose la question des fortifications de Paris, il préconise dans son avant-projet la construction d'une enceinte continue fortifiée et d'une ceinture de forts avancés destinés à éviter à la population les rigueurs d'un siège.

Sa charge de député du Gard (de 1837 à 1848, favorable au ministère Guizot), lui permet de défendre son projet au Parlement.

Chef du génie, il s'occupe personnellement du secteur Est de l'enceinte de Paris - il supervise les travaux jusqu'en 1846.

Promu lieutenant-colonel en 1842, il devient l'aide de camp du comte de Paris à la mort du duc d'Orléans. Colonel en 1846, il part commander le 3e régiment du génie, à Arras. Lors des journées de février 1848, il reste fidèle aux Orléans allant jusqu'à offrir sa démission à la suite de l'abdication du roi. Mis en disponibilité quelques semaines, il est appelé à la direction du génie d'Amiens, puis, suite au coup d'État du 2 décembre 1851, il réintègre ses fonctions à Grenoble.

Commandant supérieur du génie en Algérie en 1852, il demeure cinq ans dans la colonie, prenant part aux expéditions des Babors en 1853, des Beni-Iuya en 1854, des Guetchoula en 1855 et de la Grande-Kabylie en 1857. Planificateur talentueux , il réalise en seize jours la route de Tizi-Ouzou à Souk-el-Arba, et, en quatre mois, il fait construire Fort-Napoléon, au centre de la tribu des Béni Raten. Il s'occupe également de construction de barrages sur les rivières et de la création de plusieurs villages.

Général de brigade au 30 avril 1853, Chabaud-Latour est promu général de division après les campagnes de 1857 et 1858, date de son retour à Paris, appelé au comité des fortifications, à l'inspection générale des places fortes, des régiments du génie et de l'École polytechnique, et au comité consultatif des affaires algériennes. Lors de la guerre d'Italie, il commande le corps du génie posté en observation sur la frontière de l'Est. Grand officier de la Légion d'honneur en 1861, président du comité des fortifications en 1864, il passe au cadre de réserve le 25 janvier 1869.

Rappelé à l'activité en 1870, Chabaud-Latour est mis à la tête du génie de la défense de Paris et reprend la présidence du comité des fortifications, mettant en état de défense le camp retranché de la capitale de sorte qu'elle ne put être bombardée sur sa rive gauche qu'à partir des redoutes inachevées de Châtillon et de Montretout.

Son fils, Arthur Henri Alphonse (1839-1910), issu de son mariage avec Hélène Mathilde Périer, saint-cyrien, s'illustre lors des combats de l'armée de la Loire, recevra la Légion d'honneur pour sa conduite exemplaire. Lissagaray, le "Michelet de la Commune", écrira à ce propos "Ce Paris pour qui Hoche, Marceau, Kléber n'eussent été ni trop jeunes, ni trop croyants, ni trop purs, avait comme généraux les plus mauvais résidus de l'Empire et de l'Orléanisme, Vinoy de Décembre, Ducrot, Suzanne, Leflô. Tel prétentieux fossile comme Chabaud-Latour commandait en chef le génie."

L'enceinte ainsi réalisée, appelée communément l'enceinte de Thiers ou "les fortif'" mesure 35 kilomètres de long (son tracé correspond à celui du l'actuel périphérique) assurée par 94 bastions et pourvue de 17 portes et de 8 poternes. L'assise par endroit atteint 40 centimètres d'épaisseur de béton, le pavement extérieur, comme les murs de profil, est en meulière et formé d'une succession de moellons bruts lié par du mortier hydraulique. Nommé grand croix de la Légion d'honneur pour cela, il est maintenu en activité sans limite d'âge.

 

Élu député du Gard, en février 1871 à l'Assemblée nationale - y siégeant au centre droit - il y préside la commission de l'armée chargé de la rédaction de la loi militaire de 1872, il est aussi le rapporteur du projet de loi sur les nouveaux forts à construire autour de Paris et occupe, à plusieurs reprises, la fonction de vice-président de l'Assemblée. Membre du comité de défense, Chabaud-Latour met tout son talent dans l'organisation de la nouvelle frontière de l'Est.

Personnage éminent de l'État, il est désigné pour juger, en 1873, le maréchal Bazaine, accusé d'avoir contribué à la défaite française lors de la guerre franco-allemande de 1870.

Appelé le 20 juillet 1874 par le maréchal de Mac-Mahon aux fonctions de ministre de l'Intérieur, et ce jusqu'au 10 mars 1875, il s'inscrit dans la ligne du duc de Broglie, en plein débat sur le septennat. Il échoue aux élections sénatoriales du 30 janvier 1876 mais est nommé sénateur inamovible le 10 novembre de l'année suivante.

Il décède à Paris le 10 juin 1885 des suites d'une chute dans l'escalier de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest dont il était l'administrateur.

 

Sources : R. d'Amat et R. Limouzin-Lamothe, Dictionnaire de biographie française, Paris, Letouzey, 1965, tome 6, col. 113-115 . F. Guizot, Mémoires pour servir à l'histoire de mont temps, Paris, Lévy, 1864
Sources complémentaires : P.-O. Lissagaray, Histoire de la Commune, Paris, Dentu, 1896, pp. 58-59 . B. Yvert, Dictionnaire des ministres (1789-1989), Paris, Perrin, 1990, pp. 400-401

Napoléon III

1808-1873

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Portrait de Napoléon III. Source : SHD

NAPOLEON III (Paris, 20 avril 1808 - Chiselhurst, 9 janvier 1873)

Troisième fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, frère de Napoléon Ier, et d'Hortense de Beauharnais, belle-fille de l'Empereur. Il eut pour précepteur le fils du conventionnel Le Bas, qui lui fit aimer le passé révolutionnaire. En 1830, sur les traces de son oncle, il part pour l'Italie, s'affilie au mouvement des carbonari et prend part au soulèvement de Menotti, en Romagne, contre le pape Grégoire XVI. Avec le décès du Duc de Reichstadt en 1832, Louis Napoléon hérite de la légitimité bonapartiste.

Avec l'aide de Persigny, il essaie en vain, le 30 oct. 1836, de soulever la garnison de Strasbourg. Louis-Philippe l'exile au Brésil, d'où il passe aux Etats-Unis, avant de s'installer en 1837 en Angleterre. Il y défend sa conception du "césarisme démocratique" dans son livre Les Idées napoléoniennes (1839) et décide de profiter du regain de ferveur bonapartiste suscité en France par l'annonce du retour des cendres de Napoléon Ier pour tenter à Boulogne un nouveau tour de force, le 6 août 1840. Il comparaît devant la Cour des Pairs, est condamné à la prison perpétuelle et enfermé au fort de Ham (Somme). Il s'en évade en mai 1846, gagne l'Angleterre.

Jugé indésirable sur le territoire métropolitain, Louis Napoléon se fait élire dans cinq département au mois de juin 1848, et siège à l'assemblée trois mois plus tard.

Piètre orateur, l'ambitieux député travaille néanmoins à gagner l'appui des conservateurs, il harangue les foules et se rapproche de l'armée, nostalgique de l'Empire. Candidat aux élections présidentielles de décembre 1848, il est élu avec cinq millions de voix d'avance sur ses concurrents. Le 2 décembre 1851, il réalise un coup d'Etat qu'il fait approuver par plébiscite les 20 et 21 décembre. Ayant au préalable fait modifié la constitution, il devient Président de la République pour dix ans. Il concentre ainsi entre ses mains tous les pouvoirs. Commence alors une série de voyages dans les provinces françaises afin de préparer l'opinion au plébiscite des 21 et 22 novembre 1852 par lequel il se fait proclamer Empereur des Français. Il devient Napoléon III le 2 décembre 1852. Désireux, à l'instar de Napoléon Ier, d'entrer dans le cercle des dynasties européennes, l'année suivante, il épouse, le 30 janv. 1853, une aristocrate espagnole, Eugénie Marie de Montijo.

De 1852 à 1860, Napoléon III exerce le pouvoir sans partage, s'appuyant sur le suffrage universel, qui lui fournit régulièrement des majorités écrasantes mais dont l'orientation est dirigée par le mécanisme de la « candidature officielle ». Le régime reçoit le soutien de l'ancienne bourgeoisie orléaniste, des catholiques et des milieux d'affaires. La vie politique tombe dans le marasme, une oppression feutrée s'appesantit sur tout le pays : l'opposition légitimiste se tait, observant les consignes d'abstention données par le comte de Chambord . l'opposition républicaine est décapitée, les fonctionnaires sont contraints de prêter serment de fidélité à l'empereur, la puissance des préfets est pratiquement illimitée . la presse est bâillonnée par l'autorisation préalable, par le droit de timbre très élevé, par le système des « avertissements », la littérature connaît un sort analogue. L'heure est aussi au faste et à l'apparat : on fait jouer Offenbach, les stations balnéaires sont à la mode. Les grands travaux réalisés à Paris par Haussmann, préfet de 1853 à 1869, restent le symbole du puissant essor de la vie économique à cette époque. La France entre dans la l'ère industrielle : les grands établissements de crédit sont créés (le Crédit foncier et le Crédit mobilier des frères Pereire en 1852, le Crédit industriel et commercial en 1859, etc.) . les transports sont développés (3 100 km de voies ferrées en 1851, 17 000 à la fin de l'Empire, les Grands magasins ouvrent leurs portes (Le Bon Marché, Le Louvre, Le Printemps, La Samaritaine). Les talents de négociateurs de Napoléon III lors du congrès de Paris qui met fin à la guerre de Crimée (1854-1856) lui assurent un grand prestige international. Il intervient dans la création du royaume de Roumanie, prend une part active à l'unification italienne, à l'issue de laquelle il agrégera Nice et la Savoie à la France. Sa politique italienne, lui fait perdre l'appui des catholiques, défenseurs du pouvoir temporel du Pape. L'attentat d'Orsini (14 janvier 1858), sans dommages pour l'Empire, symbolise le mécontentement des conservateurs, et permet à l'empereur de renforcer son pouvoir : par la loi de sûreté générale du 19 février 1858 il peut interner ou de déporter sans jugement les anciens condamnés politiques.

 

Napoléon III se tourne alors vers le courant libéral entre 1860 et 1870. Le décret du 24 novembre 1860 accorde le droit d'adresse au corps législatif, et annonce le retour des républicains dans le débat public. Ces derniers qui réclament l'abolition de la loi de sûreté générale, le rétablissement de la liberté de la presse et du droit de réunion, obtiennent, lors des élections de 1863 trente-deux sièges. Le pouvoir s'incline : l'universitaire anticlérical Victor Duruy est nommé à l'Instruction publique (1863-1869), le droit de grève et de coalition est octroyé en avril 1864, la presse retrouve son autonomie en mai 1868, etc. Napoléon III se réserve le domaine de la politique étrangère : il se lance dans la constitution d'un empire. Ses initiatives finiront par inquiéter les ambitions des autres puissances, et ce, notamment lors de l'expédition du Mexique (1861-1867), où, afin de retrouver les faveurs du Vatican, Napoléon III tente de créer en Amérique centrale un grand empire latin, catholique. L'histoire retiendra le sort tragique de l'empereur du Mexique, Maximilien de Habsbourg, et la bataille de Camerone où, le 30 avril 1863, dans l'hacienda de Camerone, les 3 officiers et les 62 légionnaires de la compagnie du capitaine Danjou ont résisté pendant toute une journée à 2000 Mexicains - cette date est d'ailleurs devenue le jour anniversaire de la Légion. Il achève par ailleurs la conquête de l'Algérie, conforte l'assise coloniale en Nouvelle-Calédonie et au Sénégal, annexe Obock (Mer Rouge) en 1862, se pose en défenseur des chrétiens de Syrie, encourage le creusement du canal de Suez (1859-1869), intervient en Chine aux côté de l'Angleterre (1860), prend possession de la Cochinchine (1863). En Europe, l'Empereur des Français choisit l'ambiguïté, poursuivant en cela sa politique d'affaiblissement de l'Autriche. Après avoir contribué à la formation de l'Italie, il apporte son soutient à la Prusse du chancelier Bismarck pour la constitution d'un Etat allemand, en octobre 1865, lors de l'entrevue de Biarritz, où il tente de négocier l'incorporation des territoires rhénans frontaliers.

À la suite de l'éclatante victoire des troupes prussiennes sur les Autrichiens à Sadowa (3 juillet 1866), Napoléon III prend conscience de la menace de cet État en devenir et donne une nouvelle impulsion à son action politique. Il lance une réorganisation de l'armée par la réforme Niel de 1867-1868, secourt Pie IX à Rome afin de se rallier les catholiques français et les orléanistes. Les élections de 1869 confirment l'assise républicaine de l'Assemblée : Émile Ollivier entre au gouvernement en janvier 1870. L'Empire devient parlementaire. À l'extérieur cependant, la politique française irrite les Italiens et les Prussiens qui ne tardent pas à se rapprocher, alors même que Bismarck achève de discréditer la France en Europe. L'affaire de la succession d'Espagne, dont le trône sans héritier doit échoir aux Hohenzollern, fait planer la menace d'un encerclement de la France. Bismarck utilise l'hostilité née des exigences françaises pour achever l'unification de l'Allemagne. Dans la "dépêche d'Ems", il modifie le compte rendu de l'entrevue entre Benedetti et les Hohenzollern de manière à obliger Napoléon III à déclarer la guerre . chose faite le 19 juillet 1870. Les troupes prussiennes donneront le coup de grâce à l'Empire : Froeschwiller et Forbach, Rezonville-Gravelotte, dans la première quinzaine d'août, Bazaine est encerclé dans Metz. Napoléon III se rend le 2 septembre à Sedan - où il échappe de justesse au peloton d'exécution. L'Empire n'est plus, Gambetta en annonce la déchéance au Palais Bourbon. Le 4 septembre la République est proclamée à l'Hôtel de Ville de Paris.

Charles Louis Napoléon Bonaparte est emmené en captivité à Wilhelmshöhe, en Hesse. Libéré quelques temps plus tard, il rejoint Eugénie de Montijo au château de Chislehurst, dans le Kent.

Comme son oncle, il mourra de maladie (maladie de la pierre), en exil.

 
Sources : Michel MOURRE, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Paris, Bordas, 1996 (1978) - Jean TULARD, Dictionnaire du Second Empire, Paris Fayard, 1995

François Bazaine

1811-1888

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Portrait de François Achille BAZAINE.
Source : Wikipedia, libre de droit

Maréchal de France (Versailles, le 13 février 1811 - Madrid, le 23 septembre 1888)

 

Fils de Pierre Dominique et de Marie Madeleine Josèphe dite Mélanie Vasseur, François Achille Bazaine entre en 1831 dans l'armée à la suite d'un échec au concours d'entrée à l'école Polytechnique. Il sert dans la Légion étrangère en Algérie, puis combat de 1835 à 1838 en Espagne contre les carlistes, avant de revenir à Alger où il dirige le district de Tlemcen. Il devient colonel de la Légion en 1850.

Bazaine s'illustre lors de la guerre de Crimée. Son courage lui vaut d'être élevé au rang de général de division. Il commande les troupes françaises dans l'expédition de Kinburln en 1859, est blessé à Melgrano, et prend une part non négligeable lors de la bataille de Solférino, ce pour quoi il sera élevé à la dignité de Grand Croix de la Légion d'Honneur.

Membre du contingent de légionnaires au Mexique, de 1862 à 1867, il s'empare de Puebla en 1863, et finit par remplacer le général Foyer à la tête du corps expéditionnaire. Il contraint le président mexicain, Benito Juárez, à la clandestinité. Ses qualités de commandement reconnues, il devient maréchal en 1864.

Devenu veuf par le suicide de sa femme, il se remarie en 1865 avec une Mexicaine issue d'une riche famille proche du président déchu, qui l'incite à intriguer contre l'empereur Maximilien de Habsbourg. Face à l'intervention américaine, le corps expéditionnaire français est contraint de se retirer . Bazaine restera avec ses hommes jusqu'au terme du rembarquement à Vera Cruz en 1867.

Bien que disgracié par Napoléon III à son retour en France, sa grande popularité lui octroie en 1869 le commandement de la garde impériale et en 1870 celui du troisième corps de l'armée du Rhin. L'armée allemande, supérieure numériquement, mieux équipée et entraînée, déborde rapidement l'armée impériale. Suite à la défaite de Spicheren, Bazaine décide de tenir une position stratégique. Son expérience coloniale est cependant inefficace. Indécis et inquiet, le maréchal se laisse enfermer dans Metz (18 août) par Constantin von Alvensleben qui lance, deux jours durant, deux corps de troupe à l'assaut de la place. Les renforts demandés tardent à arriver. Tiraillé entre le devoir d'obéissance à une hiérarchie, différant sans cesse les décisions liées à un pouvoir dans lequel il ne croit plus, et celui de se ranger du côté de la puissance venue "libérer la France d'elle-même", Bazaine décide d'attendre l'armée de Châlons du maréchal Mac-Mahon. Apprenant la reddition de Napoléon III à Sedan (2 septembre), il tente de se poser en médiateur de la France, perdant son temps à négocier dans ce dessein avec l'impératrice Eugénie, avant d'être finalement contraint à la reddition sans conditions le 27 octobre 1870. Les Allemands feront prisonniers 140 000 hommes de l'armée du Rhin.

En 1873, il est jugé, après instruction du dossier par Séré de Rivière, par un conseil de guerre présidé par le duc d'Aumale, condamné à la dégradation militaire et à la peine de mort. Gracié par Mac-Mahon, alors président de la République, il est interné pour vingt ans à l'île Sainte-Marguerite, dont il s'évade dans la nuit du 9 au 10 août 1874. Il gagne ensuite l'Espagne et s'installe à Madrid où il reçoit les égard du gouvernement d'Alfonse XII.

Il profitera de ses dernières années de vie pour écrire Épisodes de la guerre de 1870 et blocus de Metz (1883), ouvrage justifiant son attitude.

 

Sources : Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Paris, Bordas, 1996 (978) . Jean Tulard, Dictionnaire du Second Empire, Paris Fayard, 1995.

Victor-Emmanuel II

1820 -1878

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Portrait de Victor-Emmanuel. Source www.fuhsd.net

 

Roi de Sardaigne puis d'Italie Turin, 14 mars 1820 , Rome, 9 janvier 1878

 

Victor-Emmanuel témoigne de la situation de la péninsule italienne au XIXe siècle. Fils de Charles-Albert et de la reine Thérèse, fille du grand duc de Toscane Ferdinand, il concentre l'autorité des deux principales maisons italiennes. Son mariage avec Adélaïde d'Autriche témoigne de l'influence des Habsbourg de Vienne depuis Charles Quint. Cette alliance le désert dans l'opinion italienne lorsque le 23 mars 1849, en pleine guerre contre l'Autriche, son père abdique en sa faveur.

Contraint de signer le traité de Milan, le 6 août 1849, Victor-Emmanuel reste fidèle aux engagements de son père et à la politique dynastique de former un état italien unifié et libre. Il conserve ainsi le statut constitutionnel du Piémont (proclamation de Moncalieri), contrairement aux exigences de l'Autriche, même s'il doit accepter l'occupation d'une partie du Piémont par les troupes impériales. Il se pose en champion de la liberté, ce qui lui vaudra le surnom de re galatuomo (roi gentilhomme). Il sait s'entourer en la personne du comte de Cavour notamment qu'il nomme Premier Ministre en 1852.

Sa politique extérieure vise à affirmer l'identité et la présence italiennes dans le concert des nations. Il envoie le général La Marmora en Crimée en 1855 et gagne ainsi un siège au congrès de Paris. L'entrevue de Plombières en juillet 1858 entre le Comte de Cavour et Napoléon III et l'accord militaire de janvier 1859 lui permettent de trouver un allié dans sa lutte contre Vienne et d'ouvrir la dynastie par le mariage de Clotilde avec le prince Jérôme, cousin germain de Napoléon III.

Lors des combats de la guerre de 1859, Victor-Emmanuel se distingue à la bataille de Palestro. Peu après la victoire de Solférino, il entre en libérateur à Milan et poursuit l'unification par les armes de l'Italie en dépit de la défection de Napoléon III qui signe à Villafranca un armistice avec l'Autriche. Les troupes sardes annexent ainsi Parme, Modène et les Romagnes au cours l'année 1860. En échange de l'accord français il doit céder Nice et la Savoie par le raité de Turin le 24 mars 1860.

Le royaume des Deux Siciles est soumis par l'expédition de Garibaldi, "l'expédition des Mille", soutenue en secret par le gouvernement Piémotais. L'unification de la péninsule achevée militairement, Victor-Emmanuel se fait reconnaître roi d'Italie par le Sénat (cent-vingt-neuf voix contre deux).

Roi constitutionnel à partir du 14 mars 1861 il mène une politique modérée, tempérant l'ardeur des partisans de Garibaldi, s'efforçant d'apaiser les conflits avec le Saint-Siège, tout en poursuivant l'oeuvre économique et diplomatique de Cavour.

 

Bénéficiant de la médiation de Napoléon III (entrevue de Biarritz en octobre 1865), il s'allie à la Prusse de Bismarck dans la guerre austro-prussienne de 1866, et incorpore la Vénétie à la suite des traités de Prague et de Vienne. La défaite française de 1870, difficile alliée, lui donne l'occasion d'occuper Rome militairement en 1870 et d'y faire son entrée le 2 juillet 1871.

La consolidation intérieure mais surtout l'affirmation territoriale du nouvel état occupe ses dernières années de règne. C'est ainsi qu'il inaugure une politique "offensive" d'occupation et de maîtrise des frontières. L'opposition à la France de la Troisième République se concrétisera dans les Alpes par la fortification du col de Tende en réaction au système Séré de Rivières.

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Pierre Denfert-Rochereau

1823 - 1878

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Denfert-Rochereau. Photo SHAT

Issu d'une famille de confession protestante originaire de Jarnac, Pierre Marie Philippe Aristide Denfert-Rochereau naît le 11 janvier 1823 à Saint-Maxent, dans le département des Deux-Sèvres.

Après un premier échec, il parvient finalement à intégrer l'École polytechnique en 1842, et opte pour une carrière militaire en 1845, de son propre aveu du fait de son médiocre classement.

Sorti premier de l'école d'application de l'artillerie et du Génie de Metz, le jeune lieutenant est affecté au 2ème régiment du Génie à Montpellier en 1847. Denfert-Rochereau participe à la prise de Rome en 1849, avant d'être promu capitaine et de prendre part à la guerre de Crimée, notamment au siège de Sébastopol en 1855 où il est blessé par balle à la jambe gauche. Rapatrié en France, il enseigne cinq ans la fortification à l'école d'application de Metz, avant de partir pour l'Algérie, où il fait bâtir casernes, ponts et barrages.

Désormais titulaire du grade de lieutenant-colonel, Denfert-Rochereau reçoit le commandement du génie de Belfort. L'officier entreprend d'aménager les défenses de la ville, dont il devient gouverneur en octobre 1870. Au sud de l'Alsace, Belfort est un chef-lieu d'arrondissement, sous-préfecture du département du Haut-Rhin, alors que la France est en guerre avec les armées allemandes coalisées autour de la Prusse depuis le mois de juillet.

Dès le 3 novembre 1870, la région de Montbéliard est envahie par les puissantes armées ennemies, et Denfert-Rochereau doit organiser la résistance de Belfort, place forte barrant l'entrée de la Bourgogne. Assailli par plus de quarante mille soldats menés par Werder, Denfert-Rochereau ne dispose que d'environ quinze mille hommes, dont un modeste quart sont issus d'unités régulières de ligne. À la sommation de rendre la ville, Denfert-Rochereau aurait répondu à l'ennemi : " Nous connaissons l'étendue de nos devoirs envers la France et envers la République et nous sommes décidés à les remplir ".

Refusant la sortie des vieillards, femmes et enfants, la machine de guerre prussienne utilise dès le mois de décembre 1870 plus de deux cent pièces d'artillerie, et bombarde Belfort dans l'espoir de mettre un terme au siège. Retranché dans une casemate de la tour des Bourgeois, à la porte de Brisach, Denfert-Rochereau n'accepte pas de baisser les armes, malgré les pertes humaines au sein de ses troupes et l'aggravation de la situation sanitaire de la population civile. Le combat se poursuit après l'armistice du 28 janvier 1871, et Denfert-Rochereau ne consent à se rendre que le 13 février, sur ordre exprès du gouvernement provisoire.

Après 103 jours de combats, les assiégés, encore forts de douze mille hommes, quittent Belfort devant les Prussiens qui leur rendent les honneurs de la guerre. Cette résistance héroïque sauve l'honneur d'une France meurtrie par la défaite de Napoléon III et de Mac-Mahon à Sedan, et la reddition de Bazaine à Metz. Elle permet à Adolphe Thiers, élu chef du pouvoir exécutif de la République française le 17 février par l'Assemblée nationale, d'obtenir des vainqueurs la conservation de l'arrondissement de Belfort au sein de la France, le Traité de Francfort du 18 mai 1871 prévoyant de céder à l'ennemi le reste de l'Alsace et une partie de la Lorraine.

Elu représentant du Haut-Rhin à l'Assemblée nationale dès le 8 février, le héros de Belfort donne sa démission lors de la signature des préliminaires de paix. Élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur le 18 avril 1871, Denfert-Rochereau est placé en position de disponibilité du fait de ses positions républicaines affirmées, et ne participe donc pas à la répression sanglante de la Commune.

Désormais civil, il est élu dans trois départements aux élections du 18 juillet 1871, et opte pour la Charente-Inférieure, en siégeant auprès de la gauche républicaine dans une assemblée à majorité conservatrice et monarchiste. Réélu en février 1876 dans le VIème arrondissement de Paris, il s'inscrit au groupe de l'union républicaine des gambettitstes, et se range naturellement aux côtés des opposants au général Mac-Mahon lors de la crise du 16 mai 1877. Lors de son troisième mandat, il se consacre plus particulièrement aux questions militaires, et revendique notamment le rétablissement du droit de vote pour les militaires, qui en sont privés depuis 1872.

Il meurt au palais de Versailles le 11 mai 1878, et reçoit des funérailles nationales lors de son inhumation à Montbéliard.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA