Marie-Madeleine Fourcade

1909-1989

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Source photo : © Ministère de la Défense-DMPA

Résistante dès 1940, Marie-Madeleine Fourcade fut la seule femme reconnue comme chef d’un grand réseau de résistance français, le réseau Alliance. Michèle Cointet, sa biographe, nous relate son parcours hors du commun.


Marie-Madeleine Bridou échappe aux conformismes du milieu bourgeois où elle naît en 1909. Éloignée de son mari Édouard Méric, officier des Affaires indigènes au Maroc, elle vit avec ses deux enfants à Paris. Elle se partage entre « Radio-Cité » et le secrétariat général des publications anticommunistes et antiallemandes du commandant Loustaunau-Lacau, fondateur du réseau Corvignolles et de La Spirale, son initiateur ès activités secrètes. L’amour d’une patrie mythifiée dans une enfance à Shanghai où son père était l’agent général des Messageries maritimes et… « honorable correspondant », une absence d’illusions sur le maréchal Pétain, inspirent en juin 1940 un réflexe : puisque les hommes ont déposé les armes c’est aux femmes de les relever.

Elle se laisse cependant convaincre de suivre à Vichy Loustaunau-Lacau, attiré par une délégation générale à la puissante Légion française des combattants. S’y met en place un réseau centré sur Marseille et Vichy qui se révèle un terrain fertile où recruter fonctionnaires de ministères et officiers patriotes. La rupture avec Vichy ne tarde d’ailleurs pas, l’amiral Darlan renvoyant en février 1941 Loustaunau-Lacau de la Légion. L’évolution de la guerre leur offre une opportunité de s’engager activement contre Hitler. En effet, la guerre sous-marine met en péril la survie des Britanniques. Obtenir des renseignements sur les départs de Lorient des sous-marins est vital. Seul des Français peuvent les fournir. En avril 1941, un contact est établi à Lisbonne d’où Loustaunau-Lacau rapporte de l’argent et un premier poste-émetteur, l’arme la plus efficace car remédiant aux délais de plusieurs semaines des anciens courriers et permettant enfin une riposte immédiate. Alliance en possédera jusqu’à 17. Marie-Madeleine n’étant pas « grillée » comme Loustaunau-Lacau à Paris organise en zone nord et dans l’ouest le réseau Alliance, un nom qui proclame la fidélité à l’Angleterre et l’égalité des partenaires. Les Allemands l’appelleront « Arche de Noé » en raison des pseudonymes d’animaux adoptés par ses membres.

Arrêté à Alger en mai 1941, Loustaunau-Lacau est condamné puis livré aux Allemands. Marie-Madeleine tirera de cet épisode un refus des engagements politiques, ce qui éloignera d’elle des membres comme le général Alamichel qui voulait se rattacher au général de Gaulle. Poussée par ses compagnons, elle succède à Loustaunau-Lacau en usant d’une signature neutre : POZ 55. Les résultats étant exceptionnels, les Britanniques finissent par reconnaître la femme enfin dévoilée comme chef du réseau de renseignements militaires, la seule à en bénéficier en Europe. Grande organisatrice, autoritaire, rigoureuse, entraîneuse d’hommes, hardie, elle a assez de souplesse d’esprit pour suivre les conseils des Britanniques de décentralisation du réseau en sous réseaux comme Sea Star ou les remarquables Druides de Georges Lamarque.

Alliance recrute beaucoup dans la fonction publique et présente une originalité : 24% des membres sont des femmes, ce qui en fait l’organisation résistante la plus féminisée. Alliance a joué son plus grand rôle dans la bataille de l’Atlantique, en fournissant des renseignements sur les TCO (transports allemands vers l’Est), une première information grâce à Amniarix (Jeannie Rousseau) sur les essais de V1 et V2 à Peenemünde, des relevés des rampes de lancement dans le nord-ouest de la France, une carte renseignée des défenses de l’Atlantique. Marie-Madeleine organise le départ le 4 novembre 1942, en sous-marin depuis le Lavandou, du général Giraud qui doit accueillir le débarquement allié à Alger.

Retenue en Angleterre à cause de l’arrestation, en septembre 1943, de son adjoint Faye, elle obtient de revenir en France en juillet 1944 et réalise, après son évasion d’une caserne allemande, des missions de renseignements en avant de l’armée de Patton.

Sensible aux détresses matérielles et morales, elle veille pendant plus de vingt ans sur les survivants et les familles d’un réseau très éprouvé – 431 disparus, soit un tiers de ses membres. Elle publie des souvenirs en forme de mémorial sous le titre L’Arche de Noé et défend la mémoire de la Résistance en tant que présidente du Comité d’action de la Résistance. Elle contribue, avec son mari, le Français libre Hubert Fourcade, au retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958. Ni icône d’un parti politique, ni militante antifasciste, elle est restée fidèle à sa conception de la Résistance : un combat patriotique efficace contre l’Allemagne hitlérienne.


Michèle Cointet, professeur émérite des Universités, In Les Chemins de la Mémoire, 239/octobre 2013
Pour en savoir plus :
Marie-Madeleine Fourcade-Un chef de la Résistance, éd. Perrin, 2006.

Alain Savary

Alger 25 avril 1918 - Paris 17 février 1988

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Le lieutenant de vaisseau Savary. Source : Collection du musée de l'Ordre de la Libération

 

Après des études secondaires menées à Paris, Alain Savary obtient une licence de droit et un diplôme de Sciences politiques puis intègre l'École du commissariat de la marine.

Il effectue la campagne de France dans le corps des commissaires avant de rejoindre l'Angleterre où, le 8 août 1940, il s'engage dans les Forces navales françaises libres (FNFL). Avec le grade d'enseigne de vaisseau, il devient l'aide de camp de l'amiral Muselier, commandant des FNFL. Après le ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon, celui-ci le nomme gouverneur de ce territoire, avec le grade de lieutenant de vaisseau.

En juin 1943, il rejoint en Tripolitaine, d'abord à l'état-major puis comme commandant du 2ème escadron, le 1er régiment de Fusiliers marins, qui devient un régiment blindé de reconnaissance intégré à la 1ère division française libre. Il participe, au sein de son unité, à la campagne d'Italie, au débarquement de Provence et à la libération du territoire national avant d'être nommé, en octobre 1944, à l'Assemblée consultative provisoire pour y représenter les Compagnons de la Libération.

En 1945, il est mis à la disposition du ministère de l'intérieur et entame alors une carrière de haut fonctionnaire et d'homme politique.

Secrétaire général du commissariat aux Affaires allemandes et autrichiennes, en 1946, puis conseiller de l'Union française, député de Saint-Pierre-et-Miquelon, secrétaire d'État chargé des affaires marocaines et tunisiennes, il est premier secrétaire du parti socialiste de 1969 à 1971. Député de Haute-Garonne (1973-1981) et président du Conseil régional Midi-Pyrénées (1974-1981), il est ministre de l'éducation nationale de 1981 à 1984.

Alain Savary était officier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 (avec trois citations), médaillé de la Résistance et titulaire de la Silver Star (États-Unis).

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Sir Winston Leonard Spencer Churchill

1874-1965

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Winston Churchill faisant le célèbre signe "V" signifiant " Victoire ", le 5 juin 1943. Source : Imperial War Museum Collections. Libre de droit

Blenheim, le 30 novembre 1874 - Londres, le 24 janvier 1965

 

Winston Churchill est un homme politique britannique descendant d'une des plus grandes familles de l'aristocratie anglaise, celle des ducs de Marlborough.

Né le 30 novembre 1874, Winston Churchill suit une scolarité assez médiocre avant d'être admis au concours de l'école militaire de Sandhurst en 1893. Il en sort 20e sur 130 en 1896.

Il combat à Cuba contre les Espagnols, en Inde, au Soudan où il s'engage en 1898 aux cotés du général Kitchener. En 1899, lors de la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud, il est fait prisonnier mais parvient à s'échapper, épisode rocambolesque qui est salué par la presse nationale et internationale. Dès lors, mi-officier, mi-journaliste, il rédige des articles très vivants et expressifs qui sont appréciés et lui ouvrent en 1900 les portes de la Chambre des communes.

Élu du parti conservateur au Parlement en 1900, il le quitte pour rejoindre les Libéraux en 1904 avec lesquels il commence une brillante carrière politique : il est nommé sous-secrétaire d'État aux colonies en 1905, ministre du commerce en 1908 et ministre de l'Intérieur en 1910.

En 1908, il rencontre et épouse Clémentine Hozier avec laquelle il aura cinq enfants.

En 1911, à trente-sept ans, il devient Premier lord de l'Amirauté (ministre de la Marine). Il est toujours à ce poste lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale.

En 1915, il prépare une expédition navale franco-britannique contre la Turquie, alliée de l'Allemagne, pour occuper le détroit des Dardanelles et rétablir des communications avec la Russie. Mais le débarquement de Gallipoli, au printemps 1915, est un véritable désastre qui lui vaut son départ du gouvernement et manque de briser définitivement sa carrière. Il sert alors brièvement sur le front français, en tant que commandant du 6e Bataillon du Royal Scots Fusiliers, mais Lloyd George le rappelle de nouveau au gouvernement et lui confie le portefeuille de l'Armement (1917), puis ceux de la Guerre et de l'Air (1918-1921).

À la suite de suite de l'échec du parti libéral, en 1922, Churchill perd son siège de député. Il réintègre alors le parti conservateur, qui l'accueille sans rancune en 1924 au poste de chancelier de l'Échiquier (ministre chargé des finances et du trésor).

Dans les années 30, il multiplie en vain les avertissements face à la menace de l'Allemagne hitlérienne.

Ainsi, lorsque Chamberlain signe les Accords de Munich en 1938, il lui déclare : " Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur . vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ".

En septembre 1939, Churchill est de nouveau nommé Premier Lord de l'Amirauté. Après la démission de Neville Chamberlain, le 10 mai 1940, il devient Premier ministre du Royaume-Uni. Il se révèle alors un véritable chef de guerre, fermement décidé à conduire son pays à la victoire, et proclame lors de son discours d'investiture devant la Chambre des communes qui annonce les jours sombres de la bataille d'Angleterre : "Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, du labeur, de la sueur et des larmes".

À 66 ans, Churchill parvient donc pour la première fois au sommet du pouvoir, et il y demeurera jusqu'à la fin du conflit. Son rôle est crucial pour soutenir le moral des Anglais. L'homme aux discours incisifs, au cigare et au V de la victoire devint le symbole de la résistance anglaise au nazisme. Il organise l'évacuation de la poche de Dunkerque, autorise de Gaulle à lancer son fameux appel du 18 juin, exalte la ténacité du peuple britannique durant la bataille d'Angleterre et le blitz ("Jamais dans l'histoire des guerres un si grand nombre d'hommes ont dû autant à un si petit nombre", Discours aux Communes, le 20 août 1940), et fait de la victoire une nécessité non négociable.

Adepte depuis toujours d'une coopération avec la France, même si ses relations avec le chef de la France Libre seront souvent tumultueuses malgré un respect mutuel des deux hommes, il n'hésite cependant pas à faire couler la flotte de cette dernière à Mers el-Kébir pour éviter avant tout qu'elle ne tombe aux mains de l'Axe. De même, fervent anti-communiste, il tend la main à Staline lorsque l'URSS est attaquée par l'Allemagne le 22 juin 1941 mais signe parallèlement avec Roosevelt la charte de l'Atlantique en août 1941.

Toute sa politique est orientée vers un seul objectif : résister au nazisme et battre Hitler, ce qui en fait sans conteste un des principaux artisans de la victoire alliée.

À la fin de la guerre, Churchill tente d'amener Roosevelt à une attitude plus ferme envers l'URSS, mais il ne peut empêcher, à la conférence de Yalta (Ukraine), le partage de l'Europe entre Soviétiques et Américains.

 

En 1945, le parti travailliste l'emporte aux élections. Churchill devient alors chef de l'opposition conservatrice, dénonçant dès 1946 le rideau de fer et insistant sur l'importance du Commonwealth et des relations privilégiées avec les États-Unis.

De retour au poste de Premier ministre en 1951, il cède sa place à Anthony Eden en avril 1955 et consacre les dernières années de sa vie à la peinture et à la littérature.

Prix Nobel de littérature en 1953, Sir Winston Churchill est l'auteur de nombreux ouvrages dont Mémoires de guerre (1948-1954), précieux témoignage sur son extraordinaire ténacité dans une des périodes les plus sombres de la Grande-Bretagne et du monde libre.

Il s'éteint le 24 janvier 1965 d'une congestion cérébrale à Londres, à l'âge de quatre-vingt-dix ans.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

William Birdwood

1865-1951

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William Birdwood.
Source : Wikimedia Commons - libre de droits

William Ridell Birdwood est né à Kirkee, en Inde, le 13 septembre 1865.

Après des études au Clifton College de Bristol et au Collège militaire royal de Standhurts, il débute sa carrière dans les Royal Scots Fusiliers, en 1883. Affecté en 1885 dans la cavalerie, il sert au sein du 12e lanciers, du 11e lanciers et du Viceroy's Bodyguard, en Inde, où il prend part aux opérations sur la frontière Nord-Ouest. En 1899, il rejoint l'Afrique du Sud et l'état-major du général Kitchener, lors de la guerre des Boers menée par les colons contre la souveraineté britannique. De retour en Inde, promu major général en 1911, il est secrétaire du département de l'armée indienne l'année suivante.

En novembre 1914, Kitchener, alors ministre de la guerre britannique, le charge de former un corps d'armée avec les troupes australiennes et néo-zélandaises, qui s'entraînent en Égypte avant d'être envoyées sur le front ouest. Ce corps, l'Anzac (Australian and New-Zealand Army Corps), participe à sa première opération en débarquant dans la péninsule de Gallipoli, le 25 avril 1915, dans le but de prendre le contrôle du détroit des Dardanelles reliant la mer Égée à la mer Noire via le détroit du Bosphore. Durant la campagne, il remplace brièvement Ian Hamilton à la tête de la Force expéditionnaire méditerranéenne, puis, promu lieutenant général, il prend, à la mi-novembre 1915, le commandement de l'armée britannique des Dardanelles, alors formée de l'Anzac, du 8e corps britannique et du 9e corps.

En mars 1916, après le remaniement de l'Anzac, il prend le commandement du 1er corps Anzac, formé des 1re et 2e divisions australiennes et de la division néo-zélandaise, envoyé sur le front de France. Général le 23 octobre 1917, il est à la tête du corps australien lorsque, au tournant de 1917-1918, les cinq divisions de l'Anzac sont réunies en un seul corps. Il reçoit le commandement de la 5e armée britannique, le 31 mai 1918, qu'il mène lors des dernières offensives donnant la victoire aux Alliés.

A l'issue du conflit, il commande l'armée du Nord, en Inde, jusqu'en 1925, puis, élevé à la dignité de maréchal, prend le commandement en chef de l'armée britannique en Inde. Retraité de l'armée en 1930, il aspire à devenir gouverneur général d'Australie mais ne peut obtenir le poste.

Il décède le 17 mai 1951, à Hampton Court Palace.

Anobli en 1916, le baron Birdwood d'Anzac et de Totnes dans le Devon a été fait Pair en 1919. Pour services rendus au cours du premier conflit mondial, il était titulaire de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre françaises, de la Croix de guerre belge, décoré de l'Ordre de la Couronne par la Belgique et de l'Ordre du Nil par l'Égypte.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Douglas Haig

1861-1928

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Portrait de Sir Douglas Haig. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

 

Douglas Haig naît à Édimbourg (Écosse), en 1861, dans une famille de fabricants de whisky. Son père, John, lui fait suivre des études classiques. Diplômé du Clifton College et du Brasenose College à Oxford, il s'inscrit à l'Académie Militaire de Sandhurst en 1864 et rejoint le 7ème régiment de Hussards.

Douglas Haig fait ses classes en Inde, en 1886, où il conquiert ses premiers galons. Il est ensuite envoyé en service actif au Soudan (1898) avant de prendre part à la guerre des Boers (1899-1902) sous les ordres du Major-General, Sir John French. Promu au rang de colonel, Haig retourne en Inde en 1903, où il assure diverses fonctions administratives (comme colonel et inspecteur général de la cavalerie) auprès de Lord Kitchener.

Montrant une aptitude particulière pour la carrière militaire, Douglas Haig devient le plus jeune Major-General de l'armée britannique lorsqu'il est nommé directeur de Formation Militaire en 1906, au Ministère de la Guerre. Il collabore alors étroitement avec le secrétaire d'État à la guerre, R. B. Haldane, à la mise en place d'une armée territoriale, ainsi que d'un corps expéditionnaire britannique (British Expeditionary Force).

Général de corps d'armée en 1914, il reçoit le commandement du 1er Corps d'Armée de la BEF en France et en Belgique où il s'illustre au cours des combats de Mons et d'Ypres. Jusqu'alors commandant en second des forces britanniques en France, sous les ordres du général French, il prend la tête de la BEF élargie en décembre 1915, French obtenant le commandement suprême des forces britanniques. Après février 1916, il subit les pressions de l'état-major français pour accélérer les préparatifs de l'offensive prévue sur la Somme, à l'été 1916, et créer ainsi une diversion au front de Verdun.

Lancé avec ses troupes dans les combats de la bataille de la Somme, de juillet à novembre 1916, il participe activement à la percée alliée du front sur 12 km, opérations qui occasionnent une perte de 420 000 hommes dans les rangs de l'armée anglaise et lui vaudront le surnom de "boucher de la Somme", puis aux assauts sanglants autour de Passchendaele en 1917 (troisième bataille d'Ypres) qui lui permettront d'obtenir le bâton de Maréchal et d'être désigné par Pershing comme "l'homme qui a gagné la guerre".

En 1918, Douglas Haig est l'artisan de la victoire anglaise sur le front occidental (fronts de la Somme, de l'Aisne). Membre du Conseil militaire d'armistice réuni à Senlis par Foch, il donne son assentiment aux conditions militaires d'un armistice avec les empires centraux.

Ses coûteux succès militaires cependant lui vaudront après-guerre des critiques de la part des politiques, tel David Lloyd George, Premier Ministre britannique et des organes de presse britanniques qui qualifieront le 1er juillet 1916 de "jour le plus sanglant pour l'armée britannique".

De retour du front, Douglas Haig assure, jusqu'à sa mise à la retraite en 1921, le commandement en chef des forces britanniques sur le territoire national.

Sorti de l'active et ayant obtenu le titre de comte, il consacre une grande part de son temps aux vétérans par le biais de la Légion britannique Royale.

Il décède à son domicile londonien en 1928. Ses obsèques donneront lieu à une cérémonie nationale.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Woodrow Wilson

1856-1924

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Portrait de Woodrow Wilson. Source : domaine public

 

Woodrow Wilson est le vingt-huitième président des États-Unis. Il engage son pays dans la Première Guerre mondiale, en avril 1917, après trois ans de neutralité et, au sortir de la guerre, oeuvre à la réconciliation des pays européens, ce qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 1919.

Woodrow Wilson est le fils d'un pasteur presbytérien qui l'élève dans la rigueur et l'attachement à ses valeurs. Après des études de droits à l'Université de Princeton, il devient avocat (Atlanta 1882-1883) et professeur de sciences politiques dans diverses institutions (1890-1910). Elu gouverneur démocrate de l'Etat du New Jersey en 1910, il est choisi par le Parti démocrate comme candidat à l'élection présidentielle du 5 novembre 1912 qu'il remporte grâce à la division de ses adversaires républicains, Théodore Roosevelt et William Taft.

Wilson est favorable à un pouvoir exécutif fort et met en place un ambitieux programme démocratique et économique. Il abaisse les droits de douane, réforme le système bancaire en créant une réserve fédérale facilitant le crédit et renforce la loi antitrust autorisant les grèves et le boycott par les ouvriers. Sur le terrain politique, il fait voter une loi interdisant le travail des enfants, instaure le droit de vote féminin, met en place l'impôt sur le revenu et un système de retraite pour les salariés fédéraux, et réduit la journée de travail à 8 heures.

En politique extérieure, Wilson n'est pas partisan de l'interventionnisme mais il développe néanmoins une diplomatie active et renforce la prédominance américaine sur le continent en tentant d'y imposer une démocratie à l'américaine. Mais il ne souhaite pas que les États-Unis s'engagent dans les conflits européens, au nom de la doctrine Monroe qui refuse que les États-Unis interviennent en Europe et se mêlent des problèmes internationaux.

Dès le 4 août 1914, il déclare la neutralité américaine dans le conflit en affirmant "cette guerre n'est pas la notre". Il sera d'ailleurs réélu pour un second mandat, en novembre 1916, notamment sur le thème "Il nous a préservé de la guerre" (He kept us out of war), indiquant néanmoins, dans son discours d'investiture, que cette position sera probablement très difficile à tenir. Ainsi, victime de la reprise de la guerre sous-marine à outrance menée par les Allemands - elle avait été suspendue après la mort d'une centaine de citoyens américains dans le torpillage du paquebot Lusitania, le 7 mai 1915 - et indigné par les manœuvres allemandes pour entraîner le Mexique dans une guerre contre les États-Unis - télégramme du secrétaire d'État allemand des affaires étrangères Zimmermann - le président Wilson demande au Congrès le droit d'entrer en guerre contre l'Allemagne, demande approuvée le 6 avril 1917. Un mois plus tard, le 18 mai, il rétablit le service militaire obligatoire qui était aboli depuis la fin de la guerre de Sécession (1865).
 

Wilson organise l'effort de guerre et fournit aux Alliés une aide matérielle, morale et militaire (En octobre 1918, près de deux millions de soldats américains sous le commandement du général Pershing auront débarqué pour combattre en France). Il cherche également à prendre la direction politique de la coalition et définit les buts de guerre des Alliés. Le 8 janvier 1918, dans un discours au Congrès, il formule un programme en quatorze points définissant les objectifs de paix. Ces Quatorze points prônent la fin du colonialisme, l'abandon des obstacles économiques entre les nations, la garantie de la liberté des mers, l'autodétermination des peuples et la création d'une Société des Nations en vue de fournir "des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux grandes nations comme aux petites".

Certains points de son programme serviront de base au Traité de Versailles de 1919.

De retour aux États-Unis, Wilson présente lui-même le Traité de Versailles pour ratification par le Congrès mais il se heurte à un puissant courant isolationniste qui refuse de signer un traité les contraignant à intervenir dans un nouveau conflit.

Par deux fois, en novembre 1919 et en mars 1920, le Congrès rejette le Traité de Versailles et se prononce contre l'adhésion à la SDN. Désavoué par le Congrès et une majorité du peuple américain, Wilson connaît donc l'ultime ironie de voir son propre pays refuser de se joindre à la Société des Nations mais ses efforts de réconciliation des pays européens lui valent néanmoins le prix Nobel de la paix en 1919 (reçu en 1920).

Épuisé physiquement par l'effort qu'il a déployé pour l'établissement de la paix, il subit une attaque d'apoplexie qui le laisse pratiquement paralysé. Il restera cloîtré à la Maison Blanche jusqu'en 1921, après la victoire écrasante du candidat républicain conservateur, Warren Harding.

Il se retire alors dans sa demeure de Washington où il décède, le 3 février 1924.

Il est inhumé dans la cathédrale de Washington.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Emile Muselier

1882-1965

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Portrait d'Emile Muselier. Source : SHD

 

Émile Henry Muselier, est né à Marseille le 17 avril 1882 et décédé à Toulon le 2 septembre 1965. Il est élève à l'École navale de 1899 à 1901. De cette date à 1939, il fait une brillante carrière où il alterne postes en unité (Extrême-Orient de 1902 à 1905, Yser en 1915...) et dans la haute fonction publique (membre des cabinets de Painlevé, de Jeanneney et de Clemenceau). Enseigne de 1re classe en 1902, il est promu lieutenant de vaisseau en 1912, capitaine de vaisseau en 1926, contre-amiral en 1933 et vice-amiral en 1939.

Mis à la retraite peu après sa dernière promotion, il rejoint le général de Gaulle à Londres le 30 juin 1940. Celui-ci lui confie la mission de créer les Forces navales françaises libres (FNFL) et les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Il assure ses fonctions de chef des FNFL jusqu'au 30 avril 1942.

Devenu commissaire à la Marine au sein du Comité national, il dirige en décembre 1941 l'expédition qui aboutit au ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon. Il démissionne du Comité national le 3 mars 1942.

Il rejoint le général Giraud à Alger en mai 1943 et est nommé adjoint au commandant en chef des Forces maritimes d'Afrique en juin.

Après la fusion des FNFL avec les Forces maritimes d'Afrique du Nord, il est relevé de ses fonctions en août 1943.

Il est nommé chef de la délégation navale à la mission militaire de la Défense nationale chargée des affaires allemandes en septembre 1944. Il quitte le service actif en juin 1946.

Jusqu'en 1960, il travaille en tant qu'ingénieur conseil à la maison Laignel. Il s'occupe également d'organisations d'anciens combattants, d'anciens fusiliers marins de la première guerre mondiale, et est nommé Président d'honneur de l'Union Franco Belge des Combattants de l'Yser et des Flandres, et Président de l'Association Nationale d'Entraide à la Vieillesse.

Le vice-amiral Muselier était Grand officier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération et Compagnon de l'Ordre du Bain. Il était en outre titulaire de la Croix de guerre 1914-1918 et de la Croix de guerre théâtres d'opérations extérieures.

Parmi ses publications, on notera Marine et Résistance (1945) et De Gaulle contre de Gaulle (1946).

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Edith Cavell

1865-1915

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Portrait d'Edith Cavell. Source : http://en.wikipedia.org

Edith Cavell naît en 1865 en Angleterre. Elle est la fille d'un pasteur anglican. Elle étudie d'abord à Bruxelles puis en Suisse, enfin à Dresdes et Aix-la-Chapelle où elle apprend les techniques allemandes en matière de médecine et d'hygiène. De retour en Angleterre en 1895, elle travaille d'abord comme gouvernante, puis elle obtient son diplôme d'infirmière au 'London Hospital' avant de retourner en 1906 exercer à l'Institut de Chirurgie et de diriger l'institut médical Berkendael à Bruxelles.

En 1914, la Croix Rouge installe un hôpital dans son établissement, rapidement transformé en un centre d'accueil pour les soldats français, belges et anglais désireux de rejoindre l'armée en passant par les Pays-Bas. Miss Cavell devient ainsi un maillon important de ce "réseau d'évasion" du nord de la France vers la Hollande via Bruxelles.

L'activité de son groupe s'intensifie avec le retrait vers la Marne des divisions françaises et anglaises. Des soldats blessés restent dans les hôpitaux de campagne dans le Nord de la France et les Ardennes, d'autres n'ont plus de contact avec leur unité. Ces combattants, qui n'éveillent pas l'attention des forces allemandes, sont pris en charge par la princesse Marie de Croÿ au château de Bellignies, puis conduits auprès d'Edith Cavell où ils reçoivent des vêtements, des faux papiers avant de rejoindre leurs armées. Ce travail commun, de novembre 1914 à juillet 1915, permet à deux cents personnes de s'évader de la zone d'occupation allemande.

Dénoncés, les soixante-six membres du réseau sont arrêtés à partir de l'été 1915. On a accusé l'espion français Gaston Quien d'avoir dénoncé le réseau, mais il a été acquitté faute de preuves. Edith Cavell est arrêtée le 15 juillet, alors qu'elle tente de faire passer la frontière hollandaise à des soldats alliés, et incarcérée à la prison Saint-Gilles. Au cours de son interrogatoire, elle ne nie pas les faits : "j'ai pensé que c'était mon devoir de faire cela pour mon pays ", dit-elle. Une attitude qui lui vaut d'être considérée comme traître et d'être désignée comme la cause de l'effondrement du service de renseignement belge.

Edith Cavell est enfermée sous le régime d'isolement cellulaire. Les autorités allemandes feignent de céder aux pressions diplomatiques et acceptent que Maître Sadie Kirsten en assure la défense, sans que, toutefois, celui-ci ne puisse lui parler ou consulter son dossier.

Le procès du réseau, du 7 septembre au 8 octobre 1915,est conduit sous l'autorité du général Ströbel. Le procès, très médiatique, doit avoir un effet dissuasif. La peine de mort pour intelligence avec l'ennemi, est donc demandée. Le 11 octobre 1915, Edith Cavell, la comtesse Jeanne de Belleville et Louise Thuliez, une institutrice, sont condamnées à mort. Le secrétaire de la légation américaine essaie d'introduire une demande de grâce pour Edith Cavell, mais sans résultat.

Le 12 octobre 1915, à sept heures du matin, la sentence est exécutée.

Les peines de ses camarades sont commuées en travaux forcés à vie.

En Angleterre et aux États-Unis, dans le contexte du torpillage du Lusitania, cette exécution déchaîne une tempête de protestations. La propagande anti-germanique se met en marche, les volontaires affluent.

Après guerre, le 7 mai 1919, la dépouille d'Edith Cavell est transférée en Angleterre. Une cérémonie est organisée dans l'abbaye de Westminster.

Une colonne a été érigée à Trafalgar Square (Londres), près de la National Gallery en souvenir de cette héroïne trans-nationale.

Un bas relief, détruit en 1940, lui a été aussi dédié au Musée du Jeu de Paume (Paris).

 

Sources : Louise de Bettignies et les femmes qui firent la guerre. Commémoration de l'année 1916, CDIHP du Nord
Ministère des anciens combattants et victimes de guerre. Poirier Léon, Soeurs d'armes, Tours, Maison MAME, 1938

Wilhelm Keitel

1882 - 1946

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Wilhelm Keitel. Photo collection DMPA

 

Entré dans l'armée en 1901, Wilhelm Keitel occupe principalement divers postes d'officiers d'état-major durant la Première Guerre Mondiale. Après la capitulation de l'Allemagne en 1918, il poursuit sa carrière militaire au sein de la nouvelle armée allemande, la Reichswehr, telle qu'elle est autorisée par le traité de Versailles.

Lorsque Adolf Hitler arrive au pouvoir, en 1933, et entreprend de reconstituer les forces armées, la carrière de Wilhelm Keitel progresse très rapidement. Nommé général de brigade en 1934, il devient chef de cabinet du ministre de la guerre et directeur du Wehrmachtsamt, chargé de la coordination des forces armées, l'année suivante.

En 1938, Wilhelm Keitel est nommé chef de l'Oberkommando der Wehrmacht (OKW : commandement suprême de la Wehrmacht) nouvellement crée.

Le 22 juin 1940, il signe l'armistice franco-allemand à Rethondes. Nommé maréchal en juillet 1940, cet exécuteur zélé des ordres d'Adolf Hitler couvre de son autorité toutes ses décisions militaires ainsi que les mesures de terreur adoptées dans les territoires conquis, portant notamment sur l'exécution des commissaires politiques de l'Armée rouge, l'exécution des otages et les prisonniers NN. En dépit de plusieurs tentatives visant à un changement de personne au sommet de la hiérarchie militaire de la part de cercles dirigeants de l'armée et de l'état-major, il conserve son poste jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le 9 mai 1945, il signe la capitulation sans conditions de la Wehrmacht, sur ordre du chancelier-amiral Dönitz. En 1946, le tribunal international de Nuremberg le condamne à mort pour crime contre la paix, crimes de guerre et crime contre l'humanité.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Charles de Gaulle

1890-1970

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Portrait de Charles de Gaulle. Source : Photo SHD

Général et homme politique français (1890-1970), Charles de Gaulle est le premier à avoir prôné la nécessité pour la France de disposer d'un corps de bataille de blindés.

Animateur de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, il est le père fondateur de la Vème république, celle-ci se caractérisant notamment par l'élection du président au suffrage universel direct (1962).

Charles de Gaulle est né à Lille le 22 novembre 1890 dans une famille catholique et patriote. Il passe son enfance à Paris, fait ses études chez les Jésuites et opte très tôt pour la carrière des armes. Il est reçu en 1908 à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. Après quatre années d'études il est nommé à Arras en 1912 comme sous-lieutenant.

Durant la Première Guerre mondiale, il est blessé trois fois au combat et est laissé pour mort lors de la bataille de Douaumont (1916). Fait prisonnier par les Allemands il tente à cinq reprises de s'évader, mais il est chaque fois repris. Il ne sera libéré qu'à l'Armistice, le 11 novembre 1918.

Poursuivant sa carrière militaire, le capitaine de Gaulle est envoyé en mission dans plusieurs pays (Pologne, Liban).

Durant l'entre-deux-guerres, il publie plusieurs ouvrages dans lesquels il critique la politique française de Défense : il soutient en particulier que l'armée doit être soumise aux décisions des hommes politiques et qu'il est nécessaire, pour la défense de la France, de constituer un corps de blindés susceptibles de faire face à la puissance mécanisée allemande (Le fil de l'Epée publié en 1932 et Vers l'armée de métier publié en 1934).

Parallèlement il commence à s'initier aux affaires de l'Etat : en 1931 il est en effet affecté au secrétariat général de la Défense nationale à Paris. Colonel en 1937, de Gaulle se voit confier le commandement du 507e régiment de chars à Metz.

Lors de la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne le 3 septembre 1939, il est nommé commandant par intérim des chars de la 5e Armée. Au moment de l'invasion allemande de Gaulle s'illustre à plusieurs reprises à la tête de son unité, arrêtant notamment les Allemands à Abbeville (27-30 mai 1940). Nommé général le 1er juin 1940, de Gaulle devient quelques jours plus tard sous-secrétaire d'État à la Défense nationale et à la Guerre, dans le gouvernement de Paul Reynaud.

Le 17 juin de Gaulle part pour Londres afin de poursuivre la guerre ; il lance un appel à la résistance sur les ondes de la BBC, le 18 juin. Général rebelle, il est condamné à mort par contumace en août. Reconnu par Churchill " chef des Français libres ", de Gaulle organise des forces armées qui deviendront les Forces françaises libres (FFL). Par ailleurs, il dote la France libre d'un gouvernement, le Comité national français, qui deviendra le Comité français de la Libération nationale (CFLN) le 3 juin 1943, après son arrivée à Alger.

À partir de 1942, de Gaulle charge Jean Moulin d'organiser en France le Comité national de la Résistance (CNR) dans lequel toutes les tendances des partis politiques, des syndicats et des mouvements de résistance doivent être représentées, afin de coordonner la lutte. Après le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, de Gaulle insiste auprès du général Eisenhower, commandant en chef des armées alliées, pour que Paris soit libéré rapidement, alors que la stratégie prévoyait d'aller directement vers l'est sans passer par la capitale. Finalement la 2e DB du général Leclerc libère Paris le 25 août.

 

Une fois les combats terminés, de Gaulle entreprend, à la tête du gouvernement provisoire (GPRF), de reconstruire le pays. Il prend plusieurs mesures importantes (nationalisations des secteurs clés de l'économie, création de la Sécurité sociale). Mais, le 20 janvier 1946, il quitte le pouvoir, car il est en désaccord avec les orientations constitutionnels prises par la IVe République naissante. De fait, la Constitution adoptée en octobre 1946 le mécontente profondément. Il la critique à plusieurs reprises (discours de Bayeux, juin 1946), lui reprochant la faiblesse du pouvoir exécutif. Dès lors, de Gaulle entre dans l'opposition. En 1947, il lance un mouvement, le Rassemblement du peuple français (RPF), qui malgré de nombreuses adhésions et des succès nombreux lors des élections municipales  de 1947 décline dès les législatives de 1951. Commence alors, pour plusieurs années, « la traversée du désert » : de Gaulle se retire à Colombey-les-Deux-Églises, rédige ses mémoires et voyage.

La France est confrontée depuis 1954 à une guerre de décolonisation en Algérie. Le 13 mai 1958, les Français d'Algérie lancent une insurrection à Alger pour affirmer leurs positions. Ils appellent de Gaulle au pouvoir.

Le président de la République française, René Coty, craint que cette crise dégénère en guerre civile. Sous la pression des événements, il propose à de Gaulle de devenir président du Conseil. De Gaulle accepte de revenir au pouvoir d'avoir les mains libres pour modifier les institutions. Pendant l'été 1958, il inspire la rédaction d'une nouvelle Constitution : celle-ci est approuvée lors d'un référendum le 28 septembre 1958, par près de 80 % des suffrages. La Ve République est née. Le 21 décembre 1958, Charles de Gaulle est élu président de la République française au suffrage universel indirect.

La tâche la plus urgente concerne l'Algérie. De Gaulle propose en 1959 l'autodétermination aux Algériens et organise en 1961 un référendum sur ce thème : 75% des Français disent " oui " à l'autodétermination de l'Algérie. Les partisans de l'Algérie française, mécontents, tentent en avril 1961 à Alger un putsch qui échoue. Les négociations entre Français et Algériens finissent par aboutir aux accords d'Evian, signés le 22 mars 1962, acceptés par référendum en France et en Algérie.

L'année 1962 marque un véritable tournant, tout d'abord sur le plan institutionnel : le Général propose l'élection du chef de l'État au suffrage universel. Cette réforme suscite une vive opposition, mais le référendum sur la révision constitutionnelle, avec 62,2 % de « oui », est un succès. En 1965, l'élection présidentielle au suffrage universel direct est mise en pratique pour la première fois.

Mis en ballottage au premier tour (avec 43,7% des voix), de Gaulle est finalement élu au second tour face à Mitterrand, avec 54,8% des voix.

Vis-à-vis de l'extérieur, de Gaulle mène une politique d'indépendance nationale, en dotant la France de ses propres moyens de défense : la première bombe atomique française éclate à Reggane, au Sahara, en février 1960. De Gaulle refuse la tutelle des Etats-Unis et retire en 1966 la France du commandement intégré de l'OTAN - mais la France reste membre de l'Alliance atlantique.

Dans le même temps, la France entre dans la Communauté économique européenne (CEE) le 1er janvier 1959.

Le pays est confronté à une crise très importante en mai 1968. Les étudiants organisent de vastes manifestations, rejoints par les ouvriers qui déclenchent une grève générale. De Gaulle réussit à apaiser la situation en accordant certains avantages aux ouvriers. Le 27 avril 1969, il soumet aux Français un projet sur la régionalisation et la réforme du sénat. Sa proposition est rejetée par référendum par 52,4% des voix. Désapprouvé par les Français, il estime n'avoir plus leur confiance et préfère démissionner.

Charles de Gaulle se retire à Colombey-les-Deux-Églises et poursuit l'écriture de ses Mémoires ; il meurt le 9 novembre 1970.

Conformément à son testament, de Gaulle ne reçoit pas de funérailles nationales. Il est enterré auprès de sa fille Anne, avec une simple inscription sur sa tombe : Charles de Gaulle 1890-1970.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA Photos Service historique de l'armée de terre