La nécropole nationale de Berry-au-Bac

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Nécropole nationale de Berry-au-Bac. © Guillaume Pichard

 

Pour accéder au panneau d'information de la nécropole, cliquer ici vignette_Berry_au_Bac

 

La nécropole nationale de Berry-au-Bac, autrefois appelée "cimetière militaire de Moscou" en raison de sa localisation dans le hameau de Moscou, regroupe les dépouilles de soldats morts pour la France lors des batailles du Chemin des Dames en 1914-1918. Créée au lendemain des combats, en 1919, elle est réaménagée de 1919 à 1925 pour réunir d’autres corps de soldats inhumés dans les cimetières provisoires français du Chemin des Dames (Ferme de Moscou, Carrefour du Choléra, Centre de Tarbes et Cuvette à Berry-au-Bac, Guignicourt, Gernicourt, Presles-Thierny, La-Ville-aux-Bois-Lès-Pontavert) ou enterrés initialement dans des cimetières allemands (Festieux, Coucy-lès-Eppes, Corbeny, Crépy-en-Laonnois, Veslud).

 

Cette nécropole rassemble près de 4 000 corps dont 3 933 Français inhumés parmi lesquels 1 958 reposent en deux ossuaires. Trente combattants britanniques tués en mai 1918 et deux autres de la Seconde Guerre mondiale non identifiés, six soldats russes et un Belge y reposent également.

Dans la nécropole, un monument est érigé honorant le souvenir des sapeurs de la compagnie 1913 du 2e génie de Montpellier, morts pour la France à la cote 108 en 1916-1917 lors des opérations de la guerre de mines. Constituant un observatoire unique dans la région, cette colline est le théâtre de multiples assauts conduits par les soldats français qui cherchent à bousculer les troupes allemandes qui en occupent le sommet. Une longue guerre de mines s’en est suivie ravageant peu à peu la colline, creusant de larges entonnoirs encore visibles aujourd'hui.

L'emploi des premiers chars d'assaut au cours de la Grande Guerre

Au cours de l'automne 1914, la guerre de mouvement se fige progressivement. Chaque belligérant dresse, de la mer du Nord à la frontière suisse, un réseau infranchissable de tranchées appuyées par des blockhaus équipés de mitrailleuses. Malgré des efforts renouvelés, l'infanterie ne parvient pas à rompre le front. Les Alliés conçoivent alors un engin spécial, capable de se déplacer sur un terrain bouleversé et de franchir d'un seul bond l'enchevêtrement des tranchées. L'artillerie spéciale est née.

En dépit d'imperfections techniques et tactiques notables, ces cuirassés terrestres mobiles et puissamment armés sont d'abord engagés sur la Somme (septembre 1916 – Bataille de Flers) puis au Chemin des Dames (avril 1917) avant de s'imposer, en 1918, comme l'arme de la Victoire.

Le baptême du feu des unités françaises de l'artillerie d'assaut sur le Chemin des Dames

La première attaque des chars s'intègre au dispositif de l'offensive Nivelle lancée le 16 avril 1917. Divisés en deux groupements (Bossut et Chaubès), les 128 Schneider se déploient, au sud-est de Craonne, sur un terrain particulièrement détrempé. Après avoir gagné leur position de départ située au nord de Berry-au-Bac, ces engins de 13 tonnes atteignant 6 km/h s'ébranlent et appuient l'assaut de la 42e DI. Sous une pluie d'obus, ils se déploient en ordre de bataille face à Juvincourt. Le manque de mobilité, la vulnérabilité et les avaries techniques transforment ces engins en des cibles idéales pour l'artillerie.

Le 16 avril 1917 est pour ces hommes une journée éprouvante. Quatre-vingt-un chars sur 128 sont hors de combat. Parmi les 720 hommes engagés, on dénombre 180 tués, blessés et disparus, dont 33 officiers, soit 25 % de l'effectif. Parmi eux, se trouve le commandant Bossut dont le char "Trompe-la-Mort" est atteint dès les premières heures de l'assaut. Sa dépouille repose depuis 1992 au pied du monument des chars, érigé au carrefour de la ferme du Choléra, point de départ des premiers chars, à Berry-au-Bac. Ce monument de granit, érigé par le groupement des anciens combattants de l'artillerie d'assaut, est l'œuvre du sculpteur Maxime Réal del Sarte. Inauguré en juillet 1922, en présence des maréchaux Foch et Pétain, des généraux Mangin, Weygand et Estienne, père des chars, cet imposant mémorial, au centre duquel se trouve l'Arme du chevalier sur deux canons croisés, rend hommage à tous les équipages de l'artillerie spéciale tombés au cours de la Grande Guerre.

Apollinaire au Bois des Buttes

Entre la vallée de l’Aisne et le plateau du Chemin des Dames, les Français occupent le Bois de Beau Marais et le Bois des Buttes dont une partie, tenue par les deux camps, prend alors le nom de "Bois franco-allemand".

Sous-lieutenant au 96e régiment d’infanterie, le poète Guillaume Apollinaire se trouve dans les premières lignes, au pied du plateau du Chemin des Dames, le 14 mars 1916. Blessé par un éclat d’obus le lendemain, il est transféré vers un hôpital de campagne pour y être soigné. Le 17 juin, il reçoit la Croix de guerre avec une citation à l’ordre du régiment. Jamais véritablement remis de ses blessures, il meurt le 9 novembre 1918, deux jours avant l’armistice, de l’épidémie de grippe espagnole. Il est reconnu "mort pour la France des suites de ses blessures".

Une stèle est érigée à sa mémoire à l'endroit du Bois des Buttes près de la nécropole de Berry-au-Bac.

  • Nécropole nationale de Berry-au-Bac. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Berry-au-Bac. © ECPAD

  • Nécropole nationale de Berry-au-Bac. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Berry-au-Bac. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Berry-au-Bac. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Berry-au-Bac. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Berry-au-Bac. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Berry-au-Bac. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Berry-au-Bac. © Guillaume Pichard

  • Mémorial des chars d'assaut de Berry-au-Bac. © SGA/DMPA/JP le Padellec

  • Sucrerie de Berry-au-Bac abandonnée par les Allemands. Quittant ce secteur, les Allemands pratiquent la politique de la terre brûlée, et ont détruit les installations d'une sucrerie, où était entreposé de la ferraille destinée à être recyclée par l'industrie d'armement allemande. © ECPAD

  • Campement d'artillerie à la Ferme Roberchamp. Cette région est marquée par les derniers combats de la ligne Hunding menés par les troupes du 21e Corps d'Armée. Etablie par les allemands entre Sissone et Rethel, cette ligne de défense devait stopper l'avancée alliée menée vers le nord-est. © ECPAD

  • Boyau traversant les ruines du village de Berry-au-Bac. © ECPAD

  • Casemate de canon de 75mm au Bois Poupaux. © ECPAD

  • Boyau B-3 à Cormicy près de Gernicourt, juin 1916. © ECPAD

  • Passerelle sur l’Aisne - Berry-au-Bac, mai 1917. Le tablier repose sur des radeaux de madriers. Les ponts sont souvent détruits c’est pourquoi des installations de ce type sont construites par l’arme du Génie pour pallier ce manque d’ouvrage. © ECPAD

  • Char Schneider en manœuvre, janvier 1918. Le char Schneider CA1 est le premier blindé motorisé déployé par l'armée française sur le Chemin des Dames. Construit en 400 exemplaires, cet engin de près de 14 tonnes est utilisé pour appuyer la progression de l'infanterie, en facilitant notamment des ouvertures dans les réseaux de barbelés. C'est au sein de l'un de ces appareils baptisé "trompe-la-mort" que le commandant Bossut est engagé en avril 1917. © ECPAD

  • Progression d'un char Schneider appuyé par l'infanterie, janvier 1918. © ECPAD

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    Infos pratiques

    Adresse

    Berry-au-Bac 02190
    À 31 km au sud-est de Laon, au croisement de la RN 44 (Laon/Reims) et du CD 1140 vers Gernicourt

    Horaires d'ouverture hebdomadaires

    Visites libres toute l’année

    En résumé

    Eléments remarquables

    Monument aux morts du 2ème Génie, tombés à la cote 108 en 1916