Edmond Marin la Meslée

1912-1945

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Le commandant Marin la Meslée. Source : SHD

(5 février 1912 : Valenciennes - 4 février 1945 : Dessenheim)

 

Enfant du siècle de la conquête de l'air, le jeune Edmond hérite de son père, ingénieur des Arts et Métiers, la passion des avions. Ils construisent ensemble des planeurs et créent des aéro-clubs. Bachelier latin-sciences à l'âge de 16 ans, il se lance dans de brèves études de droit. Au bout de quelques semaines, il demande une bourse de pilotage et entre à l'école d'aviation Morane. Breveté pilote le 1er août 1931, il termine sa formation à Istres, le 20 avril 1932, et prépare le concours d'entrée à l'École des Officiers de Réserve. Sous-lieutenant le 20 septembre suivant, il se résigne à abandonner ses galons afin de contourner le règlement qui interdit de voler aux réservistes. Il s'engage alors avec le grade de sergent dans l'aviation de chasse, pour intégrer l'école de l'Air en 1936 et en sortir en octobre 1937 à nouveau sous-lieutenant avec le brevet d'observateur.

Il rejoint alors la 5e escadre aérienne à Reims et sert sous les ordres du capitaine Accard dans la première escadrille de chasse "Champagne", héritière de la prestigieuse Spa-67 de Navarre. Promu lieutenant au début de la Seconde Guerre mondiale, son groupe, équipé de Curtis H-75, hiverne sur le terrain de Suippes ponctuant la monotonie quotidienne par de longues missions d'alerte en altitude.

Le 11 janvier 1940 enfin, Marin la Meslée, " Marina " pour la radio, connaît l'ivresse des premiers combats. En patrouille avec le lieutenant Rey, les deux pilotes mettent un terme à la mission de reconnaissance d'un Dormier-17 dans le ciel de Verdun. Mais c'est au mois de mai, face à l'irrésistible machine de guerre allemande qu'il acquiert ses titres de gloire et entre dans la légende de l'aviation de chasse. Le 12, il abat deux Stukas Junkers-87 et le lendemain, des chasseurs Messerschmidt-109. Les semaines suivantes, c'est au tour d'un bombardier Heinkel, de deux Henschel-126 et d'un Heinkel-111 de plier sous ses tirs.

Le 1er juin, avec 16 appareils à son tableau de chasse, il est nommé chef d'escadrille Cigogne en remplacement du capitaine Accard, grièvement blessé. Au moment de l'armistice, il totalise 106 sorties, quinze victoires en France, cinq au-dessus de l'Allemagne et dix citations à l'Ordre de l'Armée. Le palmarès est sans égal.

En novembre 1942, l'escadrille basée en Afrique du Nord, aux ordres de Vichy, renoue avec son désir de reprendre la lutte. A la faveur du débarquement anglo-américain, les " Cigognes " volent pour la France Libre dans le ciel de Tunisie, même s'il ne s'agit que de simples missions de reconnaissance. Le lieutenant effectue 105 sorties à bord d'un " Airacobra P-39 " et remporte quatre victoires au large des côtes africaines. Commandant en juin 1944, il revient sur le terrain de Salon-en-Provence aux commandes d'un P-47 " Thunderbolt ", le 20 septembre, un mois après le débarquement de Provence. Son groupe est alors attaché à la 1re armée française.

 

Début 1945, les combats pour la reconquête de l'Alsace font rage. L'aviation alliée s'emploie à détruire les obstacles à l'avancée de l'infanterie, au moyen de périlleux piqués si nécessaire. Le 4 février, le commandant Edmond Marin la Meslée exécute un second passage au-dessus des lignes allemandes. Son appareil, touché par un tir de DCA, vient s'écraser et explose à deux kilomètre du village de Rustenhardt.

Ses ailes se sont définitivement repliées à l'aube de sa trente-troisième année :

"Pur visage de l'aviation de chasse, dont il était l'incarnation

il restera par ses vertus et par sa gloire,

une des figures les plus éclatantes de l'Armée de l'Air

et un des héros les plus nobles de la Nation"

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Antoine Béthouart

1889-1982

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Le général Béthouard, commandant le Corps Expéditionnaire Français à Narvik. Source : SHD

(17 décembre 1889 : Dôle, Jura - 17 octobre 1982 : Fréjus, Var)

 

Issu d'une famille picarde de Marquenterre, Antoine Béthouart prépare son baccalauréat à Sainte-Geneviève de Versailles et entre à Saint-Cyr en 1909, promotion " Fez ", où il y rencontre Alphonse Juin et Charles de Gaulle. Sous-lieutenant en octobre 1912, il est affecté dans les Vosges au 152e régiment d'infanterie et sert dans diverses unités avant de rejoindre le 158e RI au sein duquel il s'illustre pendant la Première Guerre mondiale en Alsace, à Verdun, dans la Somme, au Chemin des Dames et à l'assaut du Mont Kemel. Blessé à trois reprises, il décroche autant de citations et termine la guerre avec le grade de capitaine.

En 1919-1920, il est missionné auprès de l'armée finlandaise, à Viborg, avant d'être admis à l'Ecole de guerre et de servir, entre 1922 et 1924, à l'état-major du 12e corps d'armée et au 6e bataillon de chasseurs alpins. Chef de bataillon en mars 1928, il commande le 24e bataillon de chasseurs alpins à Villefranche. Nommé adjoint de l'attaché militaire français en Yougoslavie en 1931, puis, devenu lieutenant-colonel en 1934, il exerce pleinement cette fonction diplomatique jusqu'en 1938.

En septembre 1939, le colonel Béthouart, à la tête de la 5e demi-brigade de chasseurs alpins (Chambéry), garde la frontière des Alpes puis rejoint la ligne Maginot sur le secteur mosellan de Bitche. En février 1940, il forme la brigade de Haute-montagne en vue des opérations en Scandinavie. Le corps de troupe embarque le 12 avril. Son fondateur gagne alors ses étoiles de général de brigade. Après Bjervik, ses hommes enlèvent Narvik le 28 mai et repoussent à la frontière les bataillons allemands du général Dietl, un exploit qui lui vaudra d'être élevé à la dignité de commandeur de la Légion d'honneur. Le corps expéditionnaire français de Norvège est évacué pour partie vers le Royaume-Uni après l'armistice. Béthouart reste fidèle à son unité et suit ceux de ses hommes qui désirent revenir en France. Il est finalement rapatrié au Maroc où il assure successivement le commandement de la subdivision de Rabat, la présidence de la commission française d'armistice au Maroc, puis le commandement de la division de Casablanca en janvier 1942, position stratégique lorsqu'il organise l'aide aux Alliés pendant le débarquement de novembre. Il est mis aux arrêts par le résident général Noguès et traduit en cour martiale le 10 novembre, à Meknès, où il est condamné à mort. Libéré quelques jours plus tard, il est promu général de division et désigné par le général Giraud, en décembre 1942, comme chef de la Mission militaire à Washington pour négocier avec le gouvernement américain son aide matérielle à l'armée française. Chef d'état-major de la Défense nationale à Alger, il œuvre au rapprochement entre les FFL et l'armée d'Afrique, accompagne le général de Gaulle à Rome, Londres et Bayeux. Commandant du 1er corps d'armée en août 1944, il prend part au sein de la 1re armée à la trouée de Belfort (14 novembre), prend Héricourt, Montbéliard, Delle et atteint Mulhouse . il est cité à l'ordre de l'armée. Le 29 janvier 1945, lors des opérations de réduction de la Poche de Colmar, il met à mal les défenses du front sud du réduit allemand et réalise la jonction avec les éléments de la 1re armée venant du nord. Il aborde les rives du Rhin le 9 février . il est alors élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d'honneur. Pendant la campagne d'Allemagne, il enlève Constance, Ulm, Friedrichshafen, Bregenz, pour achever son périple au col de l'Arlberg (Autriche), le 6 mai 1945. Compagnon de la Libération, le général Béthouart est nommé haut-commissaire de la République française en Autriche, le 8 juillet 1945, et occupe cette fonction jusqu'au 30 septembre 1950, ayant quitté le service actif avec le rang de général d'armée le 12 janvier 1949.

De retour en France, il assure la présidence du Comité de la Flamme sous l'Arc de Triomphe et celle de la Fédération Européenne des Associations de Combattants, et continue de servir la France par le biais de la députation. Il représente, en 1955, les Français du Maroc, puis les Français établis hors de France au Sénat à partir de 1959, étant aussi nommé membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Les 2 et 3 juin 1958, il vote pour les pleins pouvoirs au général de Gaulle et pour la révision constitutionnelle. En 1960, il vote pour la loi autorisant le gouvernement à prendre des mesures relatives au maintien de l'ordre en Algérie. L'année suivante, il prend part à la discussion sur l'aide aux rapatriés d'Afrique du Nord. De 1963 à 1971, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères sur le projet de loi de finances pour les crédits du ministère des Affaires étrangères, il fait des observations sur de nombreux sujets dont la coopération technique, la situation des ressortissants français à l'étranger (1963), l'indemnisation des agriculteurs spoliés au Maroc (1964), les rapatriés (1966), les crédits d'aide militaire aux pays d'Afrique du Nord, le personnel et les postes diplomatiques (1967), les crédits pour l'action culturelle, le fonctionnement du Conseil supérieur des Français de l'étranger, l'affectation des appelés du contingent (1969), l'Alliance française, l'aide militaire apportée à l'Algérie et la situation du Cambodge (1970). En juin 1970, il est membre de la commission spéciale chargée de l'examen du projet de loi relatif à l'indemnisation des Français rapatriés. Vice-président de la délégation française à la conférence des parlementaires de l'OTAN en 1965 et en 1968, Béthouart intervient au Sénat en séance publique, en 1966 et en 1967, sur la question des relations entre la France et l'Alliance atlantique. Il se charge aussi des questions relatives à la réforme de l'armée française, prend part au débat sur le service national en 1965, sur le service de santé des armées en 1968 et, en 1970, sur la loi de programme relative aux équipements militaires pour la période 1971-1975.

Il prend sa retraite en 1971 et poursuit sa carrière d'écrivain commencée avec La Bataille pour l'Autriche (1966) et Cinq années d'espérance (1968). Il publie Des hécatombes glorieuses aux désastres (mémoires) en 1972, puis Le Prince Eugène de Savoie (1975) et Metternich et l'Europe (1978), à côté d'une collaboration régulière avec Le Figaro.

Décédé le 17 octobre 1982 à Fréjus, le général Antoine Béthouart est inhumé à Rue, dans la Somme.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Auguste Spinner

1864-1939

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Portrait d'Auguste Spinner posant en uniforme - 1915. Source : Libre de droits

(Wissembourg, le 14 juin 1864 - Strasbourg, le 1er avril 1939)

 

Aujourd'hui presque tombé dans l'oubli, Auguste Spinner a pourtant été l'un des personnages marquants de l'Alsace de la première moitié du XXe siècle, à la fois peintre, décorateur, architecte, espion, journaliste, militaire, puis fonctionnaire français.

Né à Wissembourg en 1864, Auguste Spinner a été profondément marqué par la bataille du 4 août 1870 qui toucha sa ville natale, il grandit ainsi dans le souvenir de la France, l'Alsace étant alors annexée au Reich wilhelmien. Après des études réalisées à l'Ecole des Beaux Arts de Karlsruhe, il reprend, dans les années 1890, l'entreprise de peinture et de décoration familiale. On lui doit notamment les fresques qui ornent l'intérieur du Musée historique de Haguenau.

Passionné par l'Histoire, il participe à la fondation, en 1905, de la Verein zur Erhaltung der Altertümer in Weissenburg und Umgegend ou Société pour la conservation des antiquités de Wissembourg et des ses environs, dont il devient le trésorier. Auguste Spinner se fait également remarquer à cette époque, comme l'un des principaux collectionneurs d'armes et d'uniformes d'Alsace et comme l'un des meilleurs historiens de la guerre de 1870 dans le Nord de l'Alsace.

Il publie d'ailleurs en 1908, l'une des premières études détaillées sur les aventures du comte von Zeppelin lors de l'affaire de Schirlenhofe, qui fit les deux premières victimes de la guerre franco-allemande.

À partir de 1906, il entreprend de faire ériger à Wissembourg, au Geisberg, un monument commémoratif consacré aux soldats français tombés au champ d'honneur sous les ordres du maréchal de Villars (1705-1706), du maréchal Coigny (1744), du général Hoche (1793) et du général Abel Douay (1870). Rapidement secondé par Paul Bourson, puis par tous les leaders alsaciens francophiles de l'époque, son projet voit le jour en 1909, après d'âpres négociations avec le gouvernement impérial allemand.

L'inauguration du monument, qui a lieu le 17 octobre 1909, se transforme en une fantastique manifestation pro-française, lors de laquelle plus de 50 000 Alsaciens-Lorrains entonnent une vibrante Marseillaise jouée par la musique municipale de Reichshoffen, devant les autorités allemandes médusées.

Nommé délégué général du Souvenir Français en Alsace, Spinner poursuit dès lors son action en faveur de la France en encourageant la création de nouvelles sections du Souvenir et en fédérant en associations les anciens combattants français vétérans de Crimée, d'Italie, du Mexique et de 1870. En 1910, il intervient même au côté de Joseph Sansboeuf, président des anciens combattants français, et de Maurice Barrès afin que l'Assemblée Nationale française crée la médaille commémorative de la guerre de 1870-1871.

Loin de tout fanatisme et chauvinisme, il organise le 24 juillet 1910, à l'occasion du quarantième anniversaire de l'escarmouche de Schirlenhofe, l'une des premières cérémonies de réconciliation franco-allemande de l'Histoire en réunissant sur les tombes des deux premières victimes du conflit de 1870 une partie des anciens protagonistes de ce fait d'arme.

Cependant, face à la multiplication des procès politiques et des arrestations dans le milieu francophile, qui touchent parmi ses proches notamment l'abbé Wetterlé, Hansi, Zislin... Auguste Spinner se sent menacé et préfère s'exiler à Nancy, au mois de septembre 1912, tout en restant très actif en Alsace-Lorraine annexée. Il participe ainsi à la fondation du musée Westercamp à Wissembourg en 1912 à qui il lègue ses collections et devient vice-président du Souvenir Alsacien-Lorrain, qui est dissout par les autorités impériales en 1913. Hansi lui dédit alors de manière implicite son album intitulé Mon village - Ceux qui n'oublient pas, publié à Noël 1913, dans lequel le père d'Auguste Spinner, Laurent, resté à Wissembourg, figure sous les traits du veilleur de nuit.

Spinner devient à cette période, agent spécial du lieutenant-colonel Albert Carré qui est chargé, en 1913 par le Haut Commandement français, d'organiser à Besançon un centre de ralliement pour les Alsaciens qui déserteraient l'armée allemande en cas de conflit. Engagé volontaire dans l'armée française le 28 juillet 1914, Spinner est appelé à l'état-major de l'armée, en tant qu'officier interprète, avant même le début des hostilités. Suite à une lettre ouverte de Maurice Barrès au ministre de la Guerre , le 22 août 1914, il est chargé du triage des Alsaciens-Lorrains parmi les prisonniers de guerre allemands. Décoré de la Légion d'Honneur en 1915, il est affecté, à partir de 1916, au Service des Renseignements du GQG.

Nommé administrateur adjoint de la ville de Wissembourg, il est le premier soldat français à entrer dans la ville redevenue française le 24 novembre 1918. Démobilisé en 1920, il devient alors Directeur de l'Entrepôt des tabacs fabriqués de Strasbourg et occupe des fonctions importantes au sein du Souvenir Français du Bas Rhin, de la Fédération des Engagés Volontaires et de diverses autres associations patriotiques. Il termine sa carrière militaire en 1935 avec le grade de commandant interprète et la rosette d'officier de la Légion d'Honneur.

Collaborateur occasionnel de la revue L'Alsace Française, il organise, en 1934-1935, une importante cérémonie à l'occasion du 25e anniversaire du monument de Wissembourg. Celle-ci, présidée par le général Gamelin, réunit, le 28 juillet 1935, plus de 75 généraux d'origine alsacienne et plusieurs milliers de spectateurs dont son ami Hansi.

Victime d'une attaque à la fin du mois de mars 1939, Auguste Spinner meurt le 1er avril 1939. Des funérailles imposantes sont alors organisées et, suivant en cela ses dernières volontés, son cercueil est enveloppé dans un drapeau tricolore ayant flotté lors de la cérémonie d'inauguration de 1909. Un an plus tard, "son" monument est dynamité par les autorités nazies et sa famille contrainte à l'exil. A la libération, son fils Georges, devenu architecte des Bâtiments de France, récupère quelques blocs de grès du monument détruit afin de réaliser la stèle funéraire de son père à Wissembourg. Un nouveau monument est par la suite reconstruit et inauguré au Geisberg le 13 novembre 1960.

 

Source : Philippe Tomasetti, professeur d'histoire

Edgard de Larminat

1895-1962

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Portrait de Edgard de Larminat. Source : SHD

(29 novembre 1895 : Alès, Gard - 1er juillet 1962 : Paris)

Admissible à Saint-Cyr en 1914, promotion "Grande Revanche", Edgard de Larminat, dont le père était officier des Eaux et Forêts, perpétue la tradition familiale, remontant au XVIIème siècle, de vie au service de l'Etat.

Élevé chez les Jésuites à Montfré et aux Postes, il a fréquenté les lycées de Gap, de Troyes et s'engage à l'âge de 19 ans comme simple soldat au 27e régiment d'infanterie. Affecté au 134e, il suit les cours spéciaux des élèves de Saint-Cyr puis rejoint successivement les 321e et 121e régiments d'infanterie. Promu capitaine en septembre 1917, il termine la guerre avec quatre citations à l'ordre du jour, trois blessures dont une par les gaz (mars 1918), en ayant fait preuve d'un courage exemplaire devant le fort de Vaux où il a été blessé par un éclat d'obus en juin 1916. A ce titre, il sera distingué par la Légion d'honneur.

Doté d'un caractère indépendant et curieux des horizons lointains, il rejoint les troupes de marines (armée coloniale) en 1919, sa formation de saint-cyrien achevée. Envoyé au Maroc pour mettre en oeuvre la politique du maréchal Lyautey, il montre toute sa mesure à commander le 13e bataillon de tirailleurs sénégalais d'Ouezzane, qualité qui lui vaut une nouvelle citation.

Son commandement du cercle de Kiffa en Mauritanie, de 1923 à 1926, laisse une empreinte durable, de même que sa mission en Indochine de 1928 à 1931.

Chef de bataillon en 1929, il suit les cours de l'Ecole supérieure de Guerre, de 1933 à 1935, se faisant remarquer par l'étendue de sa culture et ses capacités à appréhender les questions militaires. Lieutenant-colonel, il est affecté au Levant en janvier 1936 pour exercer les fonctions de chef d'état-major du général commandant en chef le théâtre d'opérations du Moyen-Orient.

Colonel en mars 1940, De Larminat refuse de rendre les armes : alors que le général Mittelhauser décide de suivre les ordres du gouvernement de Bordeaux, il prépare le passage en Palestine des troupes voulant continuer la lutte. Mis aux arrêts et emprisonné, il s'échappe et gagne Damas le 1er juillet puis la France Libre qu'il sert avec une ardeur sans relâche. En Egypte, il regroupe les contingents français de Syrie puis va seconder le général Legentilhomme à Djibouti. Apprenant au cours d'un séjour à Londres la situation insurrectionnelle au Tchad, au Cameroun et en Afrique Equatoriale française, il se rend à Léopoldville d'où il prépare la reddition de la garnison de Brazzaville le 28 août, déposant le gouverneur général et commandant des troupes et prenant le commandement civil et militaire des territoires ralliés.

Promu général de brigade, il exerce les fonctions de commandant supérieur et gouverneur général, puis Haut-commissaire jusqu'en juillet 1941, date à laquelle, nommé général de division, il retourne en Syrie auprès du général Catroux. En décembre commence son aventure en Afrique du Nord. Commandant les Forces françaises en Libye, il prend part à la campagne du Western Desert, s'illustrant aux batailles de Gazalla (mai 1942) et d'El-Alamein (octobre-novembre 1942) face à Rommel.
Il organise la 1re Division Française Libre à la tête de laquelle il représente brillamment la patrie pendant les dernières opérations de la campagne de Tunisie, à Takroune et au Djebel Garci, en mai 1943, gagnant ainsi ses étoiles de général de corps d'armée.

De chef d'État-Major général des Forces Françaises Libres auprès du Comité français de la Libération nationale en juin-juillet, il prend le commandement du 2e corps d'armée en août 1943 avec lequel il mène la campagne d'Italie en mai-juin 1944 comme adjoint du commandant du Corps Expéditionnaire Français en Italie. A sa tête, du 10 juin au 4 juillet, il signe les pages les plus glorieuses de cette opération entre Viterbo et Sienne, en Toscane, décrochant une nouvelle citation et la cravate de commandeur de la Légion d'honneur. Le 16 août, De Larminat débarque en Provence avec le 2e corps d'armée, combat devant Marseille, libère Toulon, ouvrant la voie à la reconquête du territoire national.

D'octobre 1944 à juin 1945, il dirige le Détachement d'Armée de l'Atlantique au Commandement des Forces de l'Ouest et joue un rôle décisif dans la réduction des poches de résistance allemandes de Lorient, La Rochelle, Rochefort et la Pointe de Grave. Durant l'hiver 1944-1945, il procède également à la transformation en unités régulières des unités des Forces Française de l'Intérieur, issues du maquis. L'armée, la résistance et la Nation lui fourniront la matière de trois ouvrages : L'Armée dans la Nation . Bertie Albrecht, Pierre Arrighi, général Brosset, D. Corticchiato, Jean Prévost, 5 parmi d'autres . Que sera la France de demain ?

Compagnon de la Libération, il exerce les fonctions d'Inspecteur Général des Forces d'Outre-Mer de novembre 1945 à juillet 1947, est nommé membre titulaire du Conseil supérieur de Guerre en 1950, préside le Comité militaire de la Communauté européenne de Défense (1951-1954) - sujet qu'il traite dans L'Armée européenne -, est promu au grade de général d'armée en 1953, officie en qualité d'Inspecteur des troupes coloniales en 1955, puis passe au cadre de réserve le 29 novembre 1956.

Rappelé en juin 1962, alors qu'il vient d'achever Chroniques irrévérencieuses (livre de souvenirs de ses débuts à la fin de la Seconde Guerre mondiale), De Larminat se voit confier la présidence de la Cour militaire de Justice chargée d'instruire le procès des instigateurs de la rébellion d'Alger d'avril 1961. Le procès doit s'ouvrir le 2 juillet sur fond de fin de guerre d'Algérie, d'une nation déchirée, d'un pouvoir contesté, de virulentes campagnes de presse. Patrie, Armée, fidélité au gaullisme ... le dilemme emporte De Larminat qui met fin à ses jours la veille de la première audience.

Le 6 juillet, le général Dio prononce son éloge funèbre dans la cour des Invalides et termine ainsi son panégyrique : "Que le Dieu des Armées, mon Général, vous ait en sa garde. Et que la terre de votre petit village du Jura vous soit douce. Vos anciens compagnons d'armes qui vous sont attachés par tant de souvenirs, garderont pieusement votre mémoire"

Le général Edgard de Larminat repose au cimetière de Montain, dans le Jura.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

 

Sur le suicide de De Larminat : www.larminat-jm.com Historia, n° 610, 615, 620, 632 Philippe Oulmont, dir., Larminat, un fidèle hors série, Fondation Charles de Gaulle/Éditions LBM. Diffusion Ouest France, 2008

Gustave, Auguste Ferrié

1868-1932

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Portrait de Gustave Ferrié. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

(19 novembre 1868, Saint-Michel de Maurienne : Savoie - 16 février 1932 : Paris)

 

Né le 19 novembre 1868 de Pierre Ferrié, ingénieur pour les Chemins de Fer du Sud et d'Antoinette Manecy, Gustave Ferrié évolue dès son enfance au milieu des plans et des réalisations, si bien que, admis à l'École Polytechnique en 1887, il choisit l'arme du Génie. Ingénieur des transmissions radiophoniques en 1891, il est affecté à ce corps jusqu'en 1898. Ses travaux pendant cette période permettront notamment d'augmenter la portée de l'émetteur de la Tour Eiffel de 400 à 6000 km.

En 1899, il est conquis par la télégraphie sans fil après avoir assisté à un exposé de Marconi sur cette nouvelle technologie. Freycinet, ministre de la guerre, le nomme la même année au comité d'exploration du télégraphe sans fil entre la France et le Royaume-Uni afin de rendre un rapport sur les applications militaires de ce moyen de communication. Il oeuvre par ailleurs au développement des unités militaires mobiles de radiocommunication et améliore le système de radiodétection de Branly en mettant au point dès 1900 un détecteur électrolytique, appareil rendant possible la transmission du son, dont la dernière version (1910) sera utilisée par l'armée française lors de la Première Guerre mondiale.

Colonel en 1914, il reconnaît les propriétés du tube à électrons et augmente considérablement la portée des émetteurs-récepteurs de campagne qui équipent les troupes alliées dès 1916.

En 1917, Ferrié, grâce à ses appareils, permet d'intercepter les messages de Mata-Hari et de mettre fin aux agissements de l'espionne.

Promu général en 1919, il continue ses recherches et le développement de leurs applications militaires : construction de postes radio pour la marine, les colonies et l'aviation. Ces nouvelles liaisons rendues possibles, il affine les mesures des longitudes et des dimensions du globe terrestre. Ayant atteint la limite d'âge, il est maintenu en activité à titre exceptionnel. Oeuvrant au développement des techniques radioélectriques, il crée une section de radio à l'École supérieure d'Électricité.

La communauté scientifique reconnaît l'avancée majeure de ses découvertes pour le domaine des radio-télécommunications. Les honneurs se succèdent : en 1922, il est élu à l'Académie des Sciences et devient président de l'International Scientific Radio Union ainsi que de la commission internationale des longitudes par radio. Il est également vice-président de l'International Board of Scientific Unions, préside le comité de géodésie et de géophysique et reçoit la médaille d'honneur de l'Institute of Radio Engineers. Distingué par la Légion d'Honneur, Gustave Ferrié est élevé à la dignité de grand Croix en 1932.

Peu de temps après, hospitalisé à l'hôpital du Val-de-Grâce, il décède le 16 février.

Il repose au cimetière du Père-Lachaise (89e division) auprès de son épouse Pierrette Pernelle qu'il avait épousé en 1908.


À lire sur le sujet :
Amoudry (Michel), Le Général Ferrié et la naissance des transmissions et de la radiodiffusion, Presses Universitaires de Grenoble, 2000

Joseph de Goislard de Monsabert

1887-1981

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Le général de Goislard de Monsabert. Début février 1944. Source : ECPAD

(30 septembre 1887 : Libourne, Gironde - 18 juin 1981 : Dax, Landes)

 

Joseph de Goislard de Monsabert est issu d'une famille de militaire vivant dans le culte de l'honneur et du service de la patrie. Perpétuant les traditions, le jeune homme connaît rapidement l'appel des armes et prépare l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, qu'il intègre en octobre 1907 (promotion Maroc) après avoir éprouvé le métier des armes une année durant au 50e régiment d'infanterie. Attiré par l'Afrique du Nord, il choisit de servir au Maroc où dès 1912 il rejoint le 3e régiment de tirailleurs.

Lieutenant lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, il est affecté au 1er régiment mixte de tirailleurs et zouaves de la 1re division marocaine. Capitaine en mai 1915, il s'illustre au 9e régiment de zouaves où il termine la guerre en tant que chef de bataillon à titre temporaire, auréolé de sept citations et de la Légion d'Honneur.

L'entre-deux guerres est l'occasion de suivre les cours de l'Ecole supérieure de guerre et d'approfondir sa connaissance du Maghreb dont il ne tarde pas à devenir un spécialiste.

Colonel depuis juin 1937, il commande le 9e RT à Miliana au début de la Seconde Guerre mondiale alors qu'il est promu commandant du groupement du sud tunisien (81e brigade d'infanterie) à Blida au mois de décembre.

Contraint d'accepter l'armistice, Monsabert ne se résout pas à abandonner la lutte. Général en août 1941, il veille au maintien de l'armée d'Afrique afin de servir aux côtés des Alliés au moment opportun, préparant l'arrivée du général Giraud à Blida après le débarquement d'Afrique du Nord, en novembre 1942. Mis au ban par le régime de Vichy, il prend la tête du Corps Franc d'Afrique puis du 19e corps d'armée pendant la campagne de Tunisie.

Général de division, il prend en mars 1943 le commandement de la 3e division d'infanterie algérienne qu'il entraîne pendant tout l'été à travers le désert de l'Ouest de l'Algérie, sachant se faire apprécier des cadres et de ses hommes. En décembre, il embarque à Bizerte pour Nisida.

Au sein du Corps expéditionnaire français en Italie (CEFI) du général Juin, les "Africains" prennent position dans les Abruzzes. Son unité, engagée dans la montagne, au nord de Venafro, doit faire face aux rigueurs de l'hiver et à l'acharnement de l'ennemi qui doit reculer sur les flancs du Monna Casale, à Acquafondata et de l'autre côté du Rapido. Il enlève notamment la crête du Belvédère, qui lui vaut sa première citation à l'ordre de l'armée.

Les troupes américaines ne pouvant résorber le réduit de Monte Cassino, acceptent le plan du général Juin d'une manoeuvre enveloppante par les troupes du CEFI. Le 12 mai, ses troupes enlèvent Castelforte et franchissent en quelques jours les monts Aurunci. Les Alliés entrent dans Rome le 5 juin. Les combats se poursuivent le long du lac de Bolsena et à travers l'Amiata, la 3e DIA prend Sienne le 3 juillet.

Après l'Italie, la France : ses hommes débarquent en Provence, dans le golfe de Saint-Tropez (Cogolin, 16 août), participent à la prise de Toulon (21 août) puis de Marseille (28 août). Monsabert est fait citoyen d'honneur de la cité phocéenne et est élevé par le général de Gaulle à la dignité de Grand Officier de la Légion d'Honneur.

Nommé général de corps d'armée, il prend le commandement du 2e CA et poursuit son travail de reconquête : Saint-Etienne, Lyon, Mâcon, Chalon, Autun et Dijon tombent.

Il se rend maître des campagnes vosgiennes et alsaciennes, prend part à la défense de Strasbourg face à la poche de résistance allemande, franchit la Lauter et le Rhin pour fêter la victoire à Stuttgart.

Commandant Supérieur des Troupes d'Occupation en Allemagne le 24 juillet 1945, Monsabert accède au rang de général d'Armée, il reçoit la Médaille Militaire et devient Grand Croix de la Légion d'Honneur.

Dégagé des cadres d'active en 1946, il se retire dans sa maison de Toureil à Hastingues (Landes) où il se consacre à la défense de l'armée française tant dans l'écriture : Il faut refaire l'Armée française (Paris, 1950), qu'en politique par son mandat de député des Basses-Pyrénées entre 1951 et 1955.

Le 8 juillet 1985, la ville de Bordeaux a rendu hommage à l'enfant du pays. Charles Hernu, alors ministre de la Défense, a inauguré un monument à la mémoire du général de Monsabert, Place des Martyrs de la Résistance.

 

Source : MinDef/SGA/DMPA

Diégo, Charles Brosset

1898-1944

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Portrait du général Diégo Brosset. Source : SHD

 

(3 octobre 1898 : Buenos-Aires, Argentine - 20 novembre 1944 : Champagney, Haute-Saône)

 

Né à Buenos Aires, en Argentine, d'une famille de magistrats lyonnais, Diego Brosset rentre en France à l'âge de deux ans et grandit au château de Rillieux-la-Pape. Ne pouvant supporter l'enfermement des collèges jésuites qu'il fréquente, il arrête ses études à quinze ans pour revenir dans la maison de famille. Lors de la Première Guerre mondiale, il s'engage le 7 septembre 1916 comme soldat de 2e classe au 28e bataillon de chasseurs à pied de Grenoble puis au 68e. En quatre engagements, il obtient autant de citations et est promu caporal, puis sergent.

Combattant distingué, il entre à l'école d'aspirants d'Issoudun et réussit le concours d'entrée à l'école militaire d'infanterie de Saint-Maixent dont il sort en 1921 avec le grade de sous-lieutenant. Il choisit l'infanterie coloniale et est affecté en Afrique occidentale française au 2e régiment de tirailleurs soudanais. Nommé au sein d'un peloton de méharistes en mars 1922, il sillonne le Soudan (Kati), la Mauritanie (Chinguetti, Atar, Agaraktem), le Sud algérien (Touat Gourara, Tindouf) et le Sud marocain (Lekdim) pendant une quinzaine d'années entrecoupées de brefs retours en France, à son grand regret.

Passionné de littérature, il met à profit son temps libre pour achever son roman semi-autobiographique, Il sera beaucoup pardonné, pour l'édition duquel il sollicite le parrainage de François Mauriac. En février 1928, élevé à la dignité de chevalier de la Légion d'Honneur, il est affecté au 23e régiment d'infanterie coloniale à Coulommiers. Au camp de Châlons, il y rencontre Jean Bruller (alias Vercors) et une longue amitié littéraire commence entre les deux hommes. Promu capitaine en 1930, il rentre en France et épouse Jacqueline, la fille du général Mangin, au mois d'août 1931. Il retrouve le Maroc en 1933 pour quatre ans durant lesquels il combat, à la tête du 29e goum, aux cotés du général Giraud. Ecrivain infatigable, il concoure plusieurs fois pour le grand prix de la littérature coloniale, sans succès. Il dépasse ces déceptions en préparant le concours d'entrée à l'Ecole supérieure de Guerre où il est admis en janvier 1937, après avoir obtenu un diplôme de Langues orientales. Breveté de la 59e promotion en août 1939, il est nommé à l'état-major des colonies.

Le 3 septembre, la diplomatie cède le pas aux canons. Brosset rejoint son unité sur le front de Lorraine. En décembre il accepte un poste au 2e bureau du corps d'armée colonial, obtient ses galons de commandant, puis postule pour participer à une mission militaire en Colombie. Sa candidature est retenue et les Brosset arrivent à Bogota au mois de mai 1940. La nouvelle de l'armistice atteint l'Amérique du Sud le 23 juin. En homme d'action, Diégo ne peut s'y résoudre. Il envoie le 27 juin une lettre au général de Gaulle lui exprimant son entière adhésion et se fait un "ambassadeur" de la France Libre dans ses écrits, par le biais de la mission en Colombie qui ne tarde pas à être supprimée. Brosset refuse d'exécuter les ordres du gouvernement de Vichy, qui le condamne à mort par contumace et signifie à sa hiérarchie sa décision de se mettre aux ordres du général de Gaulle.

Le 8 décembre, il peut enfin rallier Londres où il est promu lieutenant-colonel au 2e bureau avant de prendre part au périple colonial du général en qualité d'officier d'état-major : Freetown, Brazzaville, Fort-Lamy, Le Caire, l'Erythrée où il est momentanément le chef d'état-major du général Catroux : la Corne de l'Afrique est alors un enjeu stratégique important depuis l'arrivée de l'Afrika Korps en Tripolitaine. De juin 1941 à décembre 1942, il assiste à la lutte fratricide entre les troupes de la France Libre du général Legentilhomme et celles, restées fidèles à Pétain, du général Dentz dans les territoires de Syrie, situation qui ne sera réglée qu'avec la convention de Saint-Jean d'Acre.

Sa longue expérience du désert lui vaut d'être missionné dans l'Est syrien avant une nouvelle affectation, en janvier 1943, à la 2e brigade à Marsa Matrouh en Cyrénaïque. Brosset réorganise son unité, la conduit à travers le désert libyen vers Gambut (Tobrouk) et la mène à la victoire de Takrouna les 9 et 11 mai en enfonçant les lignes ennemies sur plus de trois kilomètres.

Nommé général de brigade le 1er juin, il reçoit de mains du général de Gaulle la Croix de la Libération puis prend la tête de la 1re division française libre (DFL) au mois d'août, rebaptisée "division motorisée d'infanterie" (DMI). Il réarme et réorganise son corps de troupe avec l'énergie qui le caractérise. Le 11 avril 1944, enfin, la reconquête de l'Europe peut commencer : partis de Bône et de Bizerte, ses hommes débarquent en Italie. Brosset participe à la rupture des lignes Gustav, Dora et Hitler, à la bataille du Garigliano, marche sur Rome et, fin juin, libère la Toscane, avant d'ouvrir un nouveau front dans le sud de la France aux côtés du général de Lattre de Tassigny. Avec sa division, il débarque en Provence le 16 août 1944, reprend Toulon, enlève le mont Redon et Hyères (20-21 août), Le Touar et La Garde (22-23 août) et s'engage dans le pays lyonnais. Toujours dans l'action, le récent général de division marche en tête de la 1re DFL-DMI lors de la bataille des Vosges (20 septembre - 19 novembre 1944).

La ruée vers le Rhin peut commencer. Le lundi 20 novembre l'attaque est lancée sur Giromany. Le général Diégo Brosset, part à l'aube pour le front. Il presse son ordonnance, emprunte des trajets non assurés. Il visite quelques campements, saute de jeep en jeep. Se profile alors le pont du Rahin (Champagney, Haute-Saône). Il s'y engage, la voiture se renverse dans la rivière... Son corps, retrouvé le 23 novembre, sera inhumé dans la nécropole nationale de Rougemont (Doubs). "La France perdait en lui une force rayonnante qui était, ne voulait être et ne fut qu'à son service" (général Koenig).

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Maurice, Gustave Gamelin

1872-1958

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Portrait de Maurice Gamelin. Source : SHD

(20 septembre 1872 : Paris - 18 avril 1958 : Paris)

Fils d'un officier, contrôleur général des armées blessé à la bataille de Solférino en 1859, et d'une mère alsacienne, fille de l'intendant général Ulrich et nièce du Gouverneur militaire de Strasbourg en 1870, Maurice Gamelin présente dès son plus jeune âge des dispositions pour les arts et les questions militaires. Après avoir décroché le prix de philosophie au Concours général, il suit les cours de l'École du Louvre puis décide de préparer le concours d'entrée à Saint-Cyr. Admis en octobre 1891, il sort major de sa promotion en 1893 pour être affecté au 3e régiment de tirailleurs algériens puis à la Section topographique en Tunisie.

De 1896 à 1899, le jeune officier met à profit ses talents de dessinateur au Service géographique de l'Armée à Paris. Admis huitième au concours de l'École de Guerre, il est rapidement remarqué par ses professeurs tels Foch et Lanrezac. Promu capitaine en 1901, au 15e bataillon de chasseurs à pied, il rejoint le général Joffre à son état-major l'année suivante et publie, en 1906, une Etude philosophique sur l'art de la guerre, ouvrage qui le hausse au rang des penseurs militaires de son temps alors même qu'il est l'officier d'ordonnance du généralissime à la 6e division d'infanterie. Il demeure à ses côtés au 2e corps d'armée (1908) et au Conseil supérieur de la Guerre avant de prendre le commandement du 11e bataillon de chasseurs alpins (Annecy), en 1911, pour deux ans. Chef au 3e Bureau de l'État-Major général, il choisit de rejoindre à nouveau le général Joffre en mars 1914.

C'est en qualité de chef de son cabinet militaire que Gamelin participe aux opérations de la Grande Guerre. Confident du généralissime, tacticien éclairé, il conduit la 2e demi-brigade de chasseurs à pied sur le Linge (Alsace) et dans la Somme, rédige le brouillon de l'instruction n°2 à la base de la victoire de la Marne (25 août 1914) et écrit l'instruction n°6 qui en déclenche l'offensive. Général de brigade à titre temporaire en décembre 1916, il est affecté à la 16e division d'infanterie, avant d'être rappelé au G.Q.G. de Joffre au début de 1917. Au remplacement de Joffre par Nivelle, il demande un commandement. En avril-mai, il se voit confier la 9e division d'infanterie avec laquelle il se distingue sur l'Argonne, à Verdun, dans l'Aisne, autour de Noyon en mars 1918 et bloque l'avancée des troupes allemandes dans l'Oise. Promu général de brigade en septembre 1919, il est envoyé comme chef de la mission militaire française au Brésil et publie en 1921 "Trois étapes de l'avant-guerre" (Les oeuvres libres, n°13).

À son retour en France en 1925, jeune général de division, il reçoit le commandement des troupes françaises en Syrie en qualité d'adjoint au Haut Commissaire Jouvenel (septembre 1925 à février 1929), avec pour mission de réprimer l'insurrection du Djebel Druse aux côtés du général Sarrail, tâche dont il s'acquitte brillamment et qui lui vaut d'être élevé à la dignité d'officier de la Légion d'honneur (16 septembre 1926) et de gagner ses étoiles de général de corps d'armée (novembre 1927).

Affecté au 20e corps d'armée de Nancy, il devient le premier sous-chef d'état-major général de l'armée avant de remplacer Weygand au poste de chef d'État-Major général le 9 février 1931. Grand Croix de la Légion d'honneur le 14 juillet 1932, il assure la vice-présidence du Conseil supérieur de la Guerre (janvier 1935) et est décoré de la Médaille militaire (31 décembre 1935).

Chef d'état-major de la défense nationale (21 janvier 1938), il prend le commandement en chef des forces alliées en France au mois de septembre 1939. Ses conceptions tactiques sont cependant dépassées : il refuse d'employer massivement l'arme blindée et l'aviation, lui préférant une stratégie défensive appuyée sur la ligne Maginot, et montre une tendance à la délégation de commandement sur le front . l'armée française ne peut qu'opposer une vaine résistance - "nous sommes tous, à peu près inévitablement, les hommes d'un milieu et d'une époque, même quand nous essayons de réagir contre certains éléments de l'ambiance", écrira-t-il dans ses mémoires comme pour se justifier.

Le 19 mai 1940, le général Gamelin est relevé de son commandement et mis aux arrêts par le régime de Vichy le 6 septembre. Interné au fort du Portalet avec Blum, Daladier, Mandel et Reynaud, il est traduit le 19 février 1942 devant la Haute Cour à Riom, qu'il contraint à s'ajourner (11 avril) en refusant de participer aux débats - "le procès devint donc en fait celui de "l'impréparation"", notera-t-il dans ses mémoires.

À l'occupation de la Zone libre par la Wehrmacht, le généralissime est envoyé en captivité à Buchenwald en mars 1943, puis à Itter, au Tyrol autrichien, jusqu'à sa libération par les troupes américaines le 5 mai 1945.

Revenu à Paris, Maurice Gamelin se consacre à l'écriture de ses volumes de mémoires Servir, publiés en 1946, qu'il complète par le récit de son expérience de le Grande Guerre, Manoeuvre et victoire de la Marne, en 1954.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Maxime Weygand

1867-1965

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Portrait de Maxime Weygand. Source SHD

(21 janvier 1867 : Bruxelles - 28 janvier 1965 : Paris)

 

Maxime Weygand naît à Bruxelles de parents inconnus. Ses origines continuent d'intriguer les journalistes et les historiens : enfant naturel de la comtesse Kosakowska, fils illégitime de Léopold II de Belgique, fruit de l'union du colonel Van der Smissen et de l'impératrice Charlotte du Mexique ou de cette dernière avec un indien du Mexique ?

Le dossier reste ouvert.

 

Confié à l'âge de six ans à un négociant en peaux juif de Marseille, David Cohen de Léon, il prend le nom de la compagne de son tuteur et, après une scolarité exemplaire aux lycées de Vanves, Louis-le-Grand et Henri-IV, il entre en 1885 à Saint-Cyr au titre des étrangers sous le nom de Maxime de Nimal. Diplômé en 1887, il choisit la cavalerie et est formé à Saumur avant d'être envoyé au 4e régiment de Dragons. A vingt ans, il est officiellement adopté par le comptable de son tuteur, François Weygand, et obtient la nationalité française. Il enchaîne les villes de garnison (Chambéry, Saint-Étienne, Lunéville, Saumur, Niort, Nancy) et obtient ses épaulettes de capitaine en 1896. Sanctionné "pour avoir pris part à une souscription pouvant prendre un caractère politique" en faveur du colonel Henry, au moment de l'affaire Dreyfus, il se marie en 1900 et poursuit sa carrière d'officier au sein du 9e régiment de Dragons. Lieutenant-colonel en 1912, il se fait remarquer pour ses qualités d'instructeur à l'École de Cavalerie de Saumur et rejoint le Centre des hautes études militaires. Il est élevé à la dignité de Chevalier de la Légion d'honneur en 1913.

En 1914, il prend part, à la tête du 5e régiment de Hussard, à la bataille de Morhange. Le 28 août, promu colonel, il est affecté auprès de Foch, chef d'état-major. Général de brigade en 1916, il reste fidèle à Foch lors de sa mise à l'écart, pour mieux rebondir à ses côtés en 1917 après l'échec du plan Nivelle. A la conférence de Rapallo (6 et 7 novembre), il oeuvre à la constitution d'un commandement supérieur interallié, lequel devient effectif à partir de la rencontre de Doullens (26 mars 1918) avec la nomination de Foch à sa tête, et celle de Weygand au titre de major général. Les deux hommes négocient les termes de l'armistice au mois de novembre.

Général de corps d'armée en 1920, il effectue une mission en Pologne, en qualité de conseiller militaire du maréchal Pilsudski, dans sa lutte contre la Russie des Soviets. En 1923, il accède au rang de général d'armée et remplace Gouraud au Haut-commissariat en Syrie. De retour en France, il est nommé au Conseil supérieur de la Guerre puis à la direction du Centre de Hautes Etudes militaires et rédige les biographies de Foch (1929) et de Turenne (1930). En 1931, Weygand succède à Foch à l'Académie Française, publie un ouvrage sur Le 11 novembre (1932) et, retiré des cadres d'active en 1935, il se consacre à l'écriture de Histoire militaire de Méhémet-Ali et de ses fils (1936), Comment élever nos fils ? (1937), La France est-elle défendue ? (1937), Histoire de l'armée française (1938).

Le président Daladier le rappelle lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale pour lui confier le commandement des troupes françaises du Moyen-Orient avec le titre de chef du théâtre d'opération de la Méditerranée orientale et la mission de coordonner l'action des effectifs du Levant et des Balkans. En mai 1940, Reynaud, Président du Conseil, le rappelle à Paris pour succéder au général Gamelin au commandement suprême de l'armée française en raison de la déroute de l'armée française dans l'Est. Il tente de mettre en place une contre-offensive avec les armées belges et britanniques mais le projet est abandonné à la suite de l'encerclement des troupes franco-britanniques à Dunkerque, le 24 mai.

Le lendemain, lors d'une conférence extraordinaire à l'Elysée, l'hypothèse d'un armistice est posée. Le 11 juin, au cours de la conférence de Briare et face à la décision de Churchill de ne pas programmer d'attaques massives de la Royal Air Force sur la ligne de front, les positions au sein de l'état-major français se dessinent : poursuivre la lutte dans l'Empire ou se résoudre à demander un armistice ? Weygand et Pétain considèrent que le gouvernement ne peut quitter le territoire national et qu'un armistice conserverait l'honneur militaire.

Les événements s'accélèrent, le flot des réfugiés grossi par l'armée battant en retraite ajoute au désarroi général. Le gouvernement déplacé à Bordeaux hésite encore sur la politique à mener. Le 17 juin, un consensus est trouvé autour du vice-président du Conseil, Camille Chautemps, et une demande d'armistice est déposée auprès de l'autorité allemande. Pétain remplace Reynaud et Weygand est nommé ministre de la Défense nationale. S'il prend soin toutefois de transférer les contrats d'armement de la France avec l'industrie américaine au profit de l'allié anglais et de rediriger les livraisons vers des ports britanniques, il réprouve l'attitude du général de Gaulle qu'il rétrograde au rang de colonel et fait condamner à mort par contumace.

 

Ministre puis délégué général en Afrique du gouvernement de Vichy, Weygand tente de préserver l'équilibre entre les Alliés, les exigences du Reich et sa fidélité au seul gouvernement qu'il juge légitime : il refuse de livrer les infrastructures d'Afrique du Nord à l'Allemagne (juillet 1940 et mai 1941), applique la législation de Vichy, négocie les conditions de ravitaillement avec l'américain Murphy (février 1941) et exige des soldats de l'armée d'Afrique qu'il prêtent serment au maréchal après la campagne de Syrie. Son comportement embarrasse Berlin et le gouvernement de Vichy le rappelle en métropole en novembre 1941.

En novembre 1942, après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord et l'occupation totale de la métropole par les troupes allemandes et italiennes, Weygand est arrêté par les Allemands et est conduit en résidence surveillée administrée par le camp de Dachau.

Libéré le 5 mai 1945, il est mis aux arrêts deux jours après. Détenu au Val-de-Grâce pour actes de collaboration jusqu'en mai 1946, il bénéficie d'un non-lieu en 1948.

Il consacre les dernières années de sa vie à œuvrer, président de l'association Jeanne d'Arc, pour la réhabilitation de la mémoire de Philippe Pétain, publie des tribunes libres dans Le Monde, et poursuit sa carrière d'écrivain, réglant à l'occasion ses comptes avec de Gaulle et Reynaud : Foch (1947), Le général Frère (1949), Mémoires, 1950-1957, Forces de la France (1951), Et que vive la France ! (1953), En lisant les mémoires du général de Gaulle (1955), L'Arc de Triomphe de l'Étoile (1960), Histoire de l'armée française (1961), Maxime Weygand, L'Armée à l'Académie (1962), Lettres inédites relatives aux testaments de Leurs Majestés le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette (1965).

Maxime Weygand décède le 27 janvier 1965 des suites d'une fracture du fémur. Il est enterré au cimetière Saint-Charles de Morlaix, dans le Finistère.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Erwin Rommel

1891-1944

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Portrait du maréchal Erwin Rommel. Source : Deutsches Bundesarchiv (German Federal Archive

 

Erwin Johannes Eugen Rommel (15 novembre 1891 : Heidenheim - 14 octobre 1944 : Herrlingen)

 

Erwin Rommel est né à Heidenheim, le 15 novembre 1891. D'origine bourgeoise, il est fils et petit-fils de professeurs de mathématiques. Il rejoint l'armée en 1910. En 1914, au début de la Première Guerre mondiale, il n'a que 23 ans mais se révèle très vite un excellent soldat et un meneur d'hommes. Titulaire de la croix "Pour le Mérite", il devient après la guerre professeur à l'école de guerre de Potsdam, puis est nommé directeur de l'Ecole de Guerre de Wiener-Neustadt. Ses maîtres mots sont l'audace et la surprise.

Sympathisant du national-socialisme, il est nommé par Hitler, en 1938, chef d'état-major à son Quartier Général et mis, un an plus tard, à la tête de sa garde personnelle. Il est promu au rang de général de division le 1er août 1939.

Après la campagne de Pologne, il commande la 7e division blindée lors de l'invasion de la France, entre mai et juin 1940, bien qu'il n'ait aucune expérience pratique dans la guerre des blindés. Sa division progresse très rapidement vers Lille et prend ensuite à revers la Ligne Maginot qu'elle capture en partie. Elle fut nommée la "Division fantôme", car on ne savait jamais où elle était exactement, mais elle apparaissait toujours là où on l'attendait le moins, notamment au franchissement de la Meuse à Dinant, le 13 mai, qui fut un exploit tactique. Une prise massive d'amphétamines permettait à Rommel et à ses hommes de compenser le manque de sommeil et d'imprimer à leur marche en avant un rythme si soutenu qu'il fut rappelé à l'ordre par son commandant de corps d'armée, le général Hoth, soucieux de garantir à ses troupes un soutien logistique et des appuis qu'il n'était plus en mesure de leur garantir du fait de la rapidité de leur progression. Ses succès lors de la campagne de France sont largement relayés par la propagande nazie qui en fait un général "modèle" en dépit de son peu d'égards pour la vie de ses propres soldats.

Erwin Rommel est ensuite nommé commandant des forces militaires allemandes de l'Afrika Korps, pour venir en aide aux Italiens en difficulté en Libye face aux Britanniques.

Il réussit à retourner la situation en reprenant la Cyrénaïque, où il est surnommé le "Renard du désert" par ses amis et ennemis, car il improvise constamment et ruse pour faire balancer le sort des combats. Il se révèle cependant un officier difficilement contrôlable et entretient des relations pour le moins difficiles avec ses chefs italiens Gariboldi et Bastico.

Général d'armée le 30 janvier 1942, il conquiert Tobrouk le 21 juin suivant. Deux jours plus tard, il est élevé à la dignité de maréchal. Il a cinquante ans, c'est l'apogée de sa carrière.

Le 3 septembre 1942, Rommel tombe malade et retourne en Allemagne. Lorsqu'il revient en Afrique, la progression des Anglais est déjà considérable. Le général britannique Montgomery parvient à conquérir la ville d'El-Alamein et accule l'Afrika Korps et les Italiens à la retraite pour les prendre en tenaille avec les troupes anglo-américaines qui, depuis le 8 novembre, ont débarqué en Algérie et au Maroc. Rommel réussit à regrouper les forces allemandes sur une ligne de front dénommée Mareth, en Tunisie, mais l'opération est délicate car il manque d'hommes et de matériel.

Le 5 mars 1943, il est rappelé par Hitler et quitte l'Afrique. Ainsi, il n'assiste pas à la défaite définitive de l'Afrika Korps en Tunisie, le 13 mai 1943.

Il reçoit alors un commandement en Italie, puis il est chargé de l'inspection du Mur de l'Atlantique ainsi que du commandement du groupe d'armées B, situé en Normandie, sous les ordres du Feldmarschall von Runstedt avec qui les frictions sont permanentes. Sa tâche consiste à défendre les plages d'une invasion alliée. Lors d'une discussion avec le général Bayerlein, Rommel lui fit remarquer ceci : " Il ne s'agit plus de briser l'assaut de hordes fanatiques (les Russes) lancées en vague compactes sans égard à leurs pertes... nous devons faire face à un adversaire qui applique toute son intelligence à employer ses ressources techniques... ne recule devant aucune dépense de matériel. La fougue et la ténacité ne suffisent plus pour faire un soldat, il faut qu'il ait assez d'intelligence pour en tirer le meilleur parti, et c'est précisément ce que nos adversaires savent faire.... "(La guerre sans haine, carnets personnels de Rommel publiés en 1953 par l'historien anglais Liddell Hart, p 417).

 

Rommel est conscient que les premières heures de l'assaut allié seront très importantes. Cependant, le 6 juin 1944, il se trouve en Allemagne où il fête l'anniversaire de sa femme, les renseignements en sa possession indiquant clairement qu'il n'y aura pas de débarquement avant le 15. Dans la journée, il rentre à son poste de commandement à la Roche-Guyon et tente de repousser les forces débarquées à la mer, mais il sait qu'il est déjà trop tard. Le 17 juillet 1944, il est sérieusement blessé dans une attaque aérienne au dessus du village de Vimoutier.

Le 20 juillet 1944 a lieu l'attentat contre Hitler. Rommel, qui n'a pu y participer personnellement mais qui y était fortement impliqué, est limogé de son poste et Hitler ne lui laisse que le choix du suicide, en lui garantissant sous cette condition la sécurité pour sa famille.

Quatre jours après sa mort, le 14 octobre, l'Allemagne célèbre de grandioses funérailles en l'honneur d'un chef militaire très apprécié par le peuple, meneur d'hommes et tacticien hors pair, dont l'exécution aurait terni l'image de l'État et du parti.

Il est enterré à Herrlingen.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Joseph-Simon Gallieni

1849-1916

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Portrait du général Gallieni. Source : SHD

 

Fils du lieutenant Gallieni, italien engagé dans un régiment étranger en 1829 et naturalisé français en 1841, commandant alors la garnison du Val d'Aran, Joseph-Simon naît le 24 avril 1849 à Saint-Béat.

Élève au Prytanée militaire de La Flèche, il intègre ensuite le lycée militaire de Saint-Cyr en 1868. Sous-lieutenant en 1870, il est affecté au 3e régiment d'infanterie de marine, le 15 juillet, quatre jours avant le début de la guerre franco-prussienne. Le 30 août, il reçoit l'ordre de tenir les Hauts-de-Meuse entre Mouzon et Carignan. Fait prisonnier au mois de septembre et emprisonné pendant sept mois aux côtés des membres de son unité survivants de la bataille de Bazeilles, il est détenu à la prison d'Ingolstadt puis de Magdebourg et libéré le 12 mars 1871.

De retour de captivité, il est affecté à Paris puis à Rochefort, avant de s'embarquer pour l'île de la Réunion le 1er avril 1872, où il sert pendant trois ans en tant que lieutenant. En juin 1875, il regagne la métropole et rejoint le 1er régiment d'infanterie de marine en décembre 1876. Nommé sur l'île de Gorée, il devient ensuite commandant de Thiès où il se démarque par ses qualités de diplomate, de stratège et sa volonté de "pénétrer l'âme des peuples". Le général Brière de l'Isle, à l'État-major du Sénégal, lui confie des missions d'exploration sur les vallées du Sénégal et du Niger et au Soudan. Le 29 mars 1880, par le traité de Bafoulabe, il établit le protectorat français sur le Mali. Il négocie l'année suivante avec le sultan Ahmadou le traité de protectorat français sur le Niger.

En juin 1881, de retour au 3e régiment d'infanterie, il rentre à Paris avant de prendre ses fonctions de chef de bataillon à Toulon en mars 1882. Après trois ans passés en Martinique (1883-1886), le lieutenant-colonel Gallieni s'embarque pour le Soudan en mai 1886, où il est nommé commandant supérieur, le 20 décembre, afin de rétablir l'ordre dans la vallée supérieure du Sénégal.

Commandant du 4e régiment d'infanterie de marine à Toulon en juillet 1888, puis du 8e en avril 1890, breveté de l'École de guerre, il est promu colonel à l'état-major de l'infanterie de marine en mars 1891.

De septembre 1892 à août 1896, il participe aux campagnes de pacification du Tonkin à la tête du 3e régiment de tirailleurs tonkinois. Secondé par le commandant Lyautey, il poursuit les pirates en mer de Chine et pose les bases du système colonial français.

Général de brigade en 1896, Gallieni, à la demande du ministre des colonies André Lebon, est envoyé à Madagascar, dont il devient le gouverneur général au mois de septembre. Il contraint la reine Ravanalo III à abdiquer et met en oeuvre un programme de développement économique de l'île. Promu général de division en 1899, il rentre en mission à Paris puis regagne Madagascar en juin 1900. Gallieni est nommé commandant en chef des troupes du groupe de l'Afrique orientale en 1903, deux ans avant de revenir en France et de démissionner de son poste de gouverneur général.

Commandant du 13e corps d'armée à Clermont-Ferrand en février 1906, il est promu gouverneur militaire de Lyon au mois de juin et placé à la tête du 14e corps d'armée. Nommé au Conseil Supérieur de la Guerre et à la présidence du conseil facultatif de défense des colonies en 1908, il effectue des tournées d'inspection en Afrique du Nord. Élu au Conseil Supérieur de Défense nationale en 1911, il laisse à Joffre l'opportunité de devenir commandant en chef de l'armée française.

Atteint par la limite d'âge en avril 1914, le général est rappelé le 26 août par le gouvernement Viviani pour commander le camp retranché des armées de Paris. Il réorganise totalement la défense de la capitale et obtient les renforts de la 6e armée de Maunoury, de la 45e division algérienne et du 4e corps de la 3e armée. Le 2 septembre, il reçoit les pleins pouvoirs civils et militaires. Il donne une impulsion nouvelle à la défense nationale en faisant notamment réquisitionner tous les véhicules automobiles et hippomobiles ainsi que les taxis parisiens qui jouent un rôle décisif dans la contre-offensive qui libère Paris de la menace de l'armée du Reich.

Le 8 septembre, Maunoury repasse sous les ordres de Joffre. Gallieni conserve cependant son autorité sur Paris pendant le mois de novembre et dissout son cabinet civil le 7 décembre.

À son retour au gouvernement, Aristide Briand lui propose le portefeuille du ministère de la guerre, le 29 octobre 1915. La tâche est difficile : améliorer l'efficacité du haut commandement et réorganiser le fonctionnement de son administration. Le 2 décembre, le poste de commandement en chef de toutes les armées est créé et lui est confié. Désavoué par le président du Conseil à la suite de sa proposition de réforme du haut commandement, le 7 mars 1916, il démissionne trois jours plus tard pour raisons de santé.

Hospitalisé à Versailles en avril 1916, il décède dans la nuit du 27 au 28 mai. Après des obsèques nationales, le "Sauveur de Paris" est inhumé au cimetière de Saint-Raphaël.

Joseph Gallieni est fait maréchal de France à titre posthume le 6 mai 1921. Il était Grand-Croix de la Légion d'honneur et titulaire de la Médaille militaire.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

 

Albert 1er

1875 - 1934

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Le roi Albert 1er. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Fils du prince Philippe, comte de Flandre (le frère du roi Léopold II) et de la princesse Marie de Hohenzollern-Sigmaringen, Albert 1er est prince de Belgique, duc de Saxe et prince de Saxe-Cobourg-Gotha.

Le 2 octobre 1900, il épouse Elisabeth, duchesse de Bavière, dont il aura trois enfants : Léopold, futur Léopold III . Charles-Théodore, régent du royaume de 1944 à 1951 et Marie-José qui deviendra reine d'Italie durant seulement un mois, du 9 mai au 13 juin 1946.

Albert Ier prête le serment constitutionnel le 23 décembre 1909, pour devenir le troisième roi des Belges après Léopold Ier et Léopold II, souverains non d'un royaume mais d'un peuple (comme Louis-Phillipe Ier était " roi des Français ", en 1830).

Succédant à son oncle, le roi Léopold II, il trouve un pays opulent avec deux communautés, Flamands et Wallons, où prédominaient ces derniers, et doté d'une riche colonie, le Congo.

En 1914, Albert Ier rejette l'ultimatum lancé par l'empereur Guillaume II pour obtenir le libre passage de ses troupes sur le sol belge. Le 4 août, les Allemands envahissent la Belgique dont l'armée, après une lutte acharnée à Liège et à Anvers, se retranche derrière l'Yser, le 15 octobre.

Calme, modeste, presque effacé, le roi Albert va alors révéler son énergie en exigeant d'assumer personnellement sa prérogative constitutionnelle de commander l'armée. Il refuse de suivre le gouvernement belge en exil à Sainte-Adresse, dans la banlieue du Havre, et fixe son quartier général à La Panne, en Flandre-Occidentale, partageant durant toute la guerre la vie de ses soldats.

Il est admirablement soutenu par son épouse, la reine Elisabeth (1876-1965). Bavaroise de naissance (née Von Wittelsbach) et nièce de l'impératrice d'Autriche Elisabeth, épouse de l'empereur François-Joseph, elle se dévoue auprès des blessés, des réfugiés, fondant un hôpital à La Panne où elle sert comme infirmière. Leur fils, le prince Léopold, duc de Brabant, est mobilisé en 1915 comme simple soldat au 12e de Ligne, à l'âge de 13 ans.

En septembre 1918, Albert Ier participe activement à l'offensive décisive déclenchée par Foch pour la conquête de la crête des Flandres (29 septembre) et la bataille de Torhout-Tielt (14 - 18 octobre) qui aboutit à la reconquête de Bruges. Enfin, le 22 novembre 1918, accompagné de la reine Elizabeth et de ses enfants, Albert Ier rentre triomphalement à Bruxelles.

La noblesse de son attitude à la tête de son armée lui vaut le surnom de "roi-chevalier".

Au lendemain de la guerre, il représente la Belgique aux négociations de paix à Versailles, défendant les intérêts de son pays mais tentant aussi, en vain, de s'opposer à la politique d'humiliation excessive de l'Allemagne.

Fervent alpiniste, il trouve la mort en escaladant un des rochers de Marche-les-Dames, dans la vallée de la Meuse, près de Namur, le 17 février 1934.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Philippe Kieffer

1899-1962

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Portrait du commandant Kieffer. ©Chancellerie de l'Ordre de la Libération

 

(24 octobre 1899 : Port-au-Prince, Haïti - 20 novembre 1962 : Cormeilles-en-Parisis, Val-d'Oise)

 

Alsacien par son père instituteur, dont la famille avait fui Otterswiller pour la Jamaïque à la suite de l'annexion allemande de 1870, et britannique par sa mère, rien, si ce n'est un atavisme proprement rhénan à verser son sang pour la Patrie, ne prédispose Philippe Kieffer à exercer le métier des armes, tout juste a-t-il suivi les cours des élèves officiers de réserve en 1918. Diplômé de l'École des Hautes Études commerciales, il mène jusqu'à quarante ans une carrière de banquier en Amérique du Nord.

Il se porte cependant volontaire en qualité d'officier de réserve au début de la Seconde Guerre mondiale. Sous-lieutenant dans la marine le 10 septembre 1939 après une première affectation dans l'armée de terre, il exerce les fonctions d'interprète à bord du cuirassé Courbet. A Dunkerque, affecté à l'état-major de l'amiral Nord, il assiste au déferlement de la Wehrmacht au mois de mai 1940, et décide de rallier le Général de Gaulle à Londres dès le 19 juin.

Il rejoint les rangs des Forces Navales Françaises Libres, le jour même de leur création, le 1e juillet 1940. Officier interprète et du chiffre, il comprend l'intérêt des troupes de commandos anglaises et met sur pieds à Portsmouth une unité française de Fusiliers-Marins en mai 1941 : la 1re compagnie du bataillon de fusiliers-marins commandos (1ere BFMC). Formées au centre d'entraînement des commandos à Achnacarry, la vingtaine de volontaires ne tarde pas à participer aux opérations de la 2e unité de Commando britannique : promu lieutenant de vaisseau le 1er juillet 1942, Kieffer conduit ses hommes sur Dieppe dès le 19 août 1942. Le BFM, augmenté d'une compagnie, prend part à des raids préparatoires en Normandie en vue du débarquement en 1943, pour mieux se couvrir de gloire l'année suivante au sein du renommé 4e commando britannique du lieutenant-colonel Dawson de la 1re Brigade du général Lord Lovat.

Le 6 juin, ses Bérets verts débarquent sur la plage "Sword" à Ouistreham, font une percée à Colleville, Saint-Aubin-d'Arquenay, Amfreville et Bavant pour faire la jonction à Benouville (Pegasus Bridge) avec les troupes aéroportées anglaises. Blessé au début de l'assaut, le capitaine de corvette reste avec ses compagnons d'armes pendant encore deux jours avant d'être évacué, et retrouve son unité le 13 juillet au moment de l'avancée sur Honfleur.

De Normandie, il fonce sur Paris, avec deux de ses hommes, afin d'être le premier à y entrer. En octobre 1944, son bataillon, augmenté d'une compagnie, est envoyé aux Pays-Bas pour un assaut sur l'île de Walcheren. Ses fusiliers-marins s'emparent de Flessinge, clef du port d'Anvers, et poursuit la libération des îles hollandaises au cours d'opérations concertées avec les commandos britanniques.

À la fin de la guerre, il participe à état-major interallié avant de quitter l'active pour travailler à la reconstruction du pays au sein de l'Assemblée consultative de 1945 et de s'investir dans la vie locale avec ses mandats de conseiller général du Calvados (septembre 1945 - juin 1946) et de conseiller municipal de Grandcamp-les-Bains. Il publie un livre de souvenirs, Béret vert, en 1948, et est nommé capitaine de frégate six ans plus tard, en 1954. Conseiller sur le film le Jour le plus long, en 1962, il décède le 20 novembre de cette même année. Il repose au cimetière de Grandcamp-les-Bains.

En hommage à ce serviteur de la France, le 6e Bataillon de Commandos, créé à compter du 6 juin 2008, porte le nom de Commando Marine "Kieffer". Implantée à Lorient, cette formation spécialisée dans les nouvelles technologies est un élément de force maritime de la force des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO).

 

Source : Mindef/SGA/DMPA

Paul von Hindenburg

1847-1934

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Le feld-maréchal von Hindenburg.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Issu d'une lignée de militaires prussiens, Hindenburg est né à Posen (aujourd'hui Poznan) le 2 octobre 1847, de Robert von Beneckendorff und von Hindenburg, alors lieutenant au 18e régiment d'infanterie, et de Louise Schwickart.

Cadet à l'école militaire de Wahlstatt puis de Berlin à partir de 1859, il est sous-lieutenant au 3e régiment d'infanterie de la Garde prussienne lorsqu'il prend part à la guerre austro-prussienne de 1866, combattant notamment à Rosberitz et Königgrätz. Il participe ensuite à la campagne de 1870-1871 contre la France, à Saint-Privat en août, puis au siège de Paris. Le 16 janvier 1871, il est présent à la proclamation de l'Empire allemand, dans le château de Versailles.

Admis à l'académie de guerre en 1873 puis stagiaire au grand état-major, il est capitaine à l'état-major du IIe corps d'armée à Stettin en 1878 puis à celui de la 1re division à Königsberg en 1881. À la tête d'une compagnie du 58e régiment d'infanterie en 1884, il devient ensuite major à la section des opérations du grand état-major, dirigée par von Schlieffen. En 1890, il devient chef d'une direction du ministère de la guerre.

Promu colonel en 1893, il est à la tête du 91e régiment d'infanterie, à Oldenburg. Général de brigade en 1896, il est chef d'état-major du VIIIe corps d'armée à Coblence puis, nommé général de division, commande la 28e division à Karlsruhe en 1900 avant de prendre la tête du IVe corps d'armée à Magdebourg en 1903. Il prend sa retraite en 1911.

Appelé le 23 août 1914 au commandement de la VIIIe armée, il arrête l'offensive russe en Prusse-Orientale par les victoires de Tannenberg contre Samsonov, en août 1914, et des lacs Mazures contre Rennenkampf en septembre. Commandant en chef du front oriental en novembre 1914, les succès remportés de 1914 à 1916 en Pologne et en Lituanie font du feld-maréchal un héros national et le successeur de Falkenhayn comme chef de l'état-major général en août 1916. Il prend, secondé par Ludendorff, la direction générale des opérations militaires sur tous les fronts. Adoptant une attitude défensive à l'Ouest, marquée par la construction d'un vaste ensemble de positions fortifiées (ligne Hindenburg), il fait porter tous les efforts sur le front Est, contre la Roumanie et la Russie, apporte son soutien aux Autrichiens sur le front italien et décide de pratiquer la guerre sous-marine à outrance. Outre l'autorité militaire, Hindenburg et Ludendorff jouissent également d'une influence politique importante et provoquent la démission de Bethmann-Hollweg, en désaccord sur certains aspects de la conduite de la guerre, en juillet 1917. En 1918, la reprise des offensives allemandes sur le front ouest se solde par un échec. Les forces alliées, renforcées par des unités américaines, font reculer inexorablement les troupes allemandes. Hindenburg incite le gouvernement à demander l'armistice.

Démobilisé en juillet 1919, il publie ses Mémoires, Aus meinem Leben, l'année suivante.

Il est élu, en 1925, président de la République allemande et réélu en 1932 face à Adolf Hitler qu'il nomme chancelier du Reich l'année suivante.

Il décède le 2 août 1934 à Neudeck, en Prusse orientale.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

William Birdwood

1865-1951

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William Birdwood.
Source : Wikimedia Commons - libre de droits

William Ridell Birdwood est né à Kirkee, en Inde, le 13 septembre 1865.

Après des études au Clifton College de Bristol et au Collège militaire royal de Standhurts, il débute sa carrière dans les Royal Scots Fusiliers, en 1883. Affecté en 1885 dans la cavalerie, il sert au sein du 12e lanciers, du 11e lanciers et du Viceroy's Bodyguard, en Inde, où il prend part aux opérations sur la frontière Nord-Ouest. En 1899, il rejoint l'Afrique du Sud et l'état-major du général Kitchener, lors de la guerre des Boers menée par les colons contre la souveraineté britannique. De retour en Inde, promu major général en 1911, il est secrétaire du département de l'armée indienne l'année suivante.

En novembre 1914, Kitchener, alors ministre de la guerre britannique, le charge de former un corps d'armée avec les troupes australiennes et néo-zélandaises, qui s'entraînent en Égypte avant d'être envoyées sur le front ouest. Ce corps, l'Anzac (Australian and New-Zealand Army Corps), participe à sa première opération en débarquant dans la péninsule de Gallipoli, le 25 avril 1915, dans le but de prendre le contrôle du détroit des Dardanelles reliant la mer Égée à la mer Noire via le détroit du Bosphore. Durant la campagne, il remplace brièvement Ian Hamilton à la tête de la Force expéditionnaire méditerranéenne, puis, promu lieutenant général, il prend, à la mi-novembre 1915, le commandement de l'armée britannique des Dardanelles, alors formée de l'Anzac, du 8e corps britannique et du 9e corps.

En mars 1916, après le remaniement de l'Anzac, il prend le commandement du 1er corps Anzac, formé des 1re et 2e divisions australiennes et de la division néo-zélandaise, envoyé sur le front de France. Général le 23 octobre 1917, il est à la tête du corps australien lorsque, au tournant de 1917-1918, les cinq divisions de l'Anzac sont réunies en un seul corps. Il reçoit le commandement de la 5e armée britannique, le 31 mai 1918, qu'il mène lors des dernières offensives donnant la victoire aux Alliés.

A l'issue du conflit, il commande l'armée du Nord, en Inde, jusqu'en 1925, puis, élevé à la dignité de maréchal, prend le commandement en chef de l'armée britannique en Inde. Retraité de l'armée en 1930, il aspire à devenir gouverneur général d'Australie mais ne peut obtenir le poste.

Il décède le 17 mai 1951, à Hampton Court Palace.

Anobli en 1916, le baron Birdwood d'Anzac et de Totnes dans le Devon a été fait Pair en 1919. Pour services rendus au cours du premier conflit mondial, il était titulaire de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre françaises, de la Croix de guerre belge, décoré de l'Ordre de la Couronne par la Belgique et de l'Ordre du Nil par l'Égypte.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Guillaume II

1859-1941

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Portrait de Guillaume II.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Guillaume II, fils de l'empereur Frédéric III et de l'impératrice Victoria, petit-fils de Guillaume 1er de Hohenzollern par son père et de la reine Victoria d'Angleterre par sa mère, est né à Potsdam le 27 janvier 1859.

Après des études au lycée de Kassel, il suit pendant deux ans les cours de l'université de Bonn et entame sa formation militaire dans les troupes de la Garde. Lieutenant au 1er régiment de la Garde à pied en 1877, capitaine en 1880, commandant aux hussards de la garde en 1881 puis du 1er bataillon du 1er régiment de la Garde à pied en 1883, il est promu colonel, commandant les hussards, en 1885 et nommé général en 1888.

Entre-temps, il épouse en 1881 la princesse Augusta-Victoria, fille de Frédéric-Auguste de Schleswig-Holstein. En mai 1844, il effectue un voyage en Russie pour conforter l'alliance des trois empereurs (Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie), selon les directives du chancelier Bismarck.

Couronné roi de Prusse et empereur d'Allemagne le 15 juin 1888, après le règne de trois mois de Frédéric III, il entend dès lors exercer un réel pouvoir politique. Son implication est cependant très fluctuante en fonction de son état de santé nerveuse.

Ses divergences de vues avec Bismarck, concernant notamment les questions sociales, les relations avec la Russie ou la politique coloniale se multiplient et, en 1890, ce dernier démissionne. Guillaume II nomme, pour le remplacer, Leo von Caprivi auquel succèdent, en 1894, le prince Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst, en 1900 le prince Bernhard von Bülow et en 1909 Theobald von Bethmann-Hollweg. Attaché au développement de la puissance militaire et de la richesse de l'Empire allemand, il s'engage alors dans une politique d'expansion commerciale, coloniale et maritime.

L'Allemagne connaît un essor économique important, devenant progressivement la première puissance industrielle en Europe. Les retombées sur le plan social ne manquent pas mais les tensions n'en sont pas moins nombreuses. Les sociaux-démocrates ne cessent de gagner du terrain, obtenant la plus large représentation au Reichstag en 1912. Sur le plan intérieur, le pays est par ailleurs également confronté à ses minorités : Polonais de Posnanie, Danois du Schleswig et Alsaciens-Lorrains qui refusent la politique de germanisation.

En Europe, la croissance de l'Allemagne comme sa politique extérieure inquiètent. La concurrence dans la recherche de débouchés commerciaux, les interventions au Proche-Orient ou dans les pays balkaniques sont autant de sujets de discorde, d'autant que l'empereur adopte une attitude oscillante, se rapprochant tantôt de l'une tantôt de l'autre des quatre autres grandes puissances européennes (Grande-Bretagne, France, Autriche-Hongrie, Russie). Ne reconduisant pas le traité d'assistance mutuelle avec la Russie en 1890, il consacre ses efforts à renforcer la Triple Alliance (Triplice) entre l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie, renouvelée en 1892, 1902 et 1912, non sans quelques tentatives de rapprochement avec la Grande-Bretagne et la France (qui signent entre elles le traité de l'Entente cordiale en 1904) et la Russie elle-même. Les relations germano-anglaises ne cessent cependant de se détériorer. Le traité d'alliance défensive avec la Russie (traité de Björkö, 1905) est un échec. De même, la tentative de rapprochement avec la France après l'affaire d'Agadir (1911) n'aboutit pas. L'Allemagne se trouve de plus en plus isolée diplomatiquement. Guillaume II fait accélérer le renforcement de sa marine et de son armée.

Au cours du conflit qui éclate en 1914, commandant en chef des armées, il conserve son pouvoir de nomination aux plus hautes fonctions ainsi que son rôle de coordination et d'arbitrage entre politiques et militaires. Il doit cependant céder la direction des opérations à Hindenburg et Ludendorff, devenus très populaires à la suite des succès de Tannenberg et des lacs Mazures d'août et septembre 1914 et nommés à la tête du haut-commandement durant l'été 1916. Confronté à la défaite allemande et aux troubles révolutionnaires de novembre 1918, l'empereur abdique le 9. Il se réfugie aux Pays-Bas qui refusent la demande d'extradition déposée par les Alliés afin d'appliquer à son encontre les sanctions prévues par le traité de Versailles.

Il se consacre alors à l'écriture et publie, en 1922 et 1927, ses Mémoires : Ereignisse und Gestalten, 1878-1918 et Aus meinem Leben, 1859-1888. Il décède à Doorn, en 1941.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Erich Ludendorff

1865-1937

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Portrait du général Ludendorf.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

 

Issu d'une famille de commerçants, Erich Ludendorff est né à Kruszewnia, dans la province de Posen (aujourd'hui Poznan, en Pologne), le 9 avril 1865.

Cadet à l'école de Ploen puis de Lichterfeld de 1877 à 1882, il est sous-lieutenant au 57e régiment d'infanterie à Wessel, lieutenant au 2e bataillon de marine à Kiel-Wilhemshaven puis au 8e grenadiers à Francfort-sur-l'Oder avant d'entrer à l'académie de guerre de Berlin. Sorti avec le grade de capitaine en 1895, il est affecté à l'état-major, où il est à la tête de la section des opérations de 1908 à 1912, et participe à l'élaboration du plan d'invasion de la France, sous les ordres de Schlieffen et de Moltke. Cette période est entrecoupée de passages plus ou moins brefs à la tête d'une compagnie d'infanterie à Thorn, à l'état-major de la 9e division d'infanterie à Glogau et à celui du 5e corps d'armée à Posen. Il est promu chef de bataillon en 1900, lieutenant-colonel en 1907 et colonel en 1911.

Affecté au 39e régiment d'infanterie à Düsseldorf, fin 1912, il prend le commandement de la 85e brigade d'infanterie à Strasbourg, en avril 1914, tout en continuant à participer à de nombreuses activités d'état-major.

En août 1914, il est quartier-maître de la IIe armée, commandée par von Bülow, et prend une part active à la prise de Liège lors de l'invasion de la Belgique. Cette action lui vaut d'être nommé chef d'état-major général de la VIIIe armée sur le front oriental, le 21 août 1914, puis, par la victoire de Tannenberg, chef d'état-major général d'Hindenburg, commandant en chef. Lorsque celui-ci succède à Falkenhayn comme chef d'état-major général des armées allemandes, à l'été 1916, Ludendorff devient premier quartier-maître général, traitant des questions d'intendance, préparant les plans militaires et dirigeant les opérations. Partisan de la guerre totale, il est l'ardent défenseur de la guerre sous-marine à outrance. Il s'oppose en cela au chancelier Bethmann-Hollweg, provoquant sa démission en juillet 1917. Il est également l'un des principaux négociateurs du traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918) qui enlève à la Russie de nombreux territoires dont notamment la Pologne, les Pays baltes, la Finlande et l'Ukraine. Ses grandes offensives sur le front Ouest, au printemps 1918, en dépit des violents combats qui en résultent, ne peuvent cependant empêcher la défaite allemande. Il se tourne fin septembre vers le gouvernement pour qu'une demande d'armistice soit déposée. Se rétractant finalement, il démissionne en octobre 1918 et se réfugie en Suède, rejetant la responsabilité de la défaite sur les autorités civiles.

De retour en Bavière au printemps 1919, il s'investit dans la politique, se rapprochant des nationaux-socialistes et soutenant Adolf Hitler lors de sa tentative de putsch en 1923. Élu député au Reichstag en mai 1924, il se présente aux élections présidentielles de mars 1925, remportées par Hindenburg, comme candidat des nationalistes, mais n'obtient que peu de voix. Il fonde en 1926 son propre parti, le Tannenberg Bund. En 1935, il refuse l'offre d'Adolf Hitler de l'élever à la dignité de maréchal.

Outre ses Mémoires, Souvenirs de guerre (1919), il est l'auteur de nombreux ouvrages militaires et écrits politiques.

Il décède à Tutzing, en Bavière, le 20 décembre 1937.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Adolphe Thiers

1797-1877

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Portrait d'Adolphe Thiers. Source : SHD terre

 

Adolphe Thiers à la fois historien et homme d'État est emblématique de la Troisième République naissante, "bourreau de la Commune" et fondateur de la République.

Marie-Louis-Joseph-Adolphe Thiers est né à Marseille dans une famille bourgeoise. Desservi par la conduite dispendieuse de son père, le jeune Adolphe effectue une brillante scolarité en tant que boursier. Après des études de droit à Aix-en-Provence, il s'installe à Paris en 1821, fréquente les milieux libéraux, et entame une carrière de journaliste au Constitutionnel avant de fonder Le National le 3 janvier 1830 avec Auguste Mignet et Armand Carrel, combattant dans ses articles la royauté de Charles X. Dès 1824, avec son ami Auguste Mignet, il entreprend un récit historique de la Révolution de 1789. Par la suite, Thiers se consacre à Napoléon et fournit le premier une relation complète, bien que partisane, de son parcours dans L'Histoire du Consulat et de l'Empire, publiée de 1845 à 1862 - il proposera d'ailleurs en 1836 et 1840 le retour des cendres de Napoléon. Ses travaux lui valent d'être élu à l'Académie française en décembre 1834.

Politiquement, Thiers est un "libéral", un homme de progrès, attaché au principe de la souveraineté nationale exprimée par des élections libres et par des représentants contrôlant l'exécutif.

Il joue un rôle actif dans la révolution de Juillet en organisant la résistance des journalistes menacés par les "Quatre Ordonnances" (textes visant à "museler" la presse), allant jusqu'à soutenir Louis-Philippe lors de sa prise de pouvoir. Ce dernier l'appelle au gouvernement aux fonctions de sous-secrétaire d'Etat aux Finances, ministre de l'Intérieur puis ministre de l'Agriculture et du Commerce. Il est alors en opposition permanente avec les légitimistes, les républicains et les bonapartistes. Pendant la Seconde République (1848-1851) Thiers compose avec un régime qu'il jugera "décevant" car trop conservateur. Parlementaire, Thiers met à bas les thèses socialistes de Proudhon, écrivant à l'occasion un petit traité grand public sur La Propriété, il soutient la loi Falloux et l'expédition de Rome. Il ira même jusqu'à soutenir le candidat Louis-Napoléon Bonaparte lors des élections présidentielles mais refusera le coup d'Etat du 2 décembre 1851, position qui lui vaudra l'exil en Angleterre, en Italie puis en Suisse.

Thiers s'efface ainsi de la scène politique dans les premières année de pouvoir de Napoléon III. Il revient en politique en opposant de gauche sous l'Empire libéral (1860-1870). "Thiers encore catalogué "orléaniste" en raison de son passé de 1830-48, est en fait le leader de la poignée de royalistes restés fidèles au libéralisme." (M. Aguhlon). Il accepte l'expédition de Crimée mais reste très critique à l'égard de la politique étrangère de Napoléon III qu'il juge trop libérale et mal appropriée dans la péninsule italienne et en Allemagne . il exigera la liquidation de l'expédition du Mexique.

À la chute du Second Empire Thiers, élu lors des dernières élections de l'Empire en 1869, participe au gouvernement de la Défense nationale, dont il finit par prendre la direction, ayant contribué activement, à partir du 10 septembre 1870, à la préparation de la paix : Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, le sollicite au nom du gouvernement afin qu'il modère les politiques offensives des puissances européennes, notamment les ambitions de Bismarck - de 1873 à 1875 Thiers effectuera un long périple dans toutes les capitales européennes. L'armistice signé le 28 janvier 1871, Thiers est élu à la tête du nouveau gouvernement lors des élections du 8 février 1871. En chef du pouvoir exécutif, il met fin dans un bain de sang, au printemps de 1871, au mouvement communard . il est le "bourreau de la Commune". La répression de l'insurrection parisienne, mouvement des "Fédérés", est menée par Thiers avec l'armée des "Versaillais", le gouvernement étant alors installé à Versailles, qui, à la tête de 63500 hommes renforcés par les 130000 prisonniers de guerre français libérés et appuyés par Bismarck, réinvestit Paris et les communes voisines entre mars et juin 1871.

Les combats feront environ trente mille morts dans le rang des Fédérés. Quatre tribunaux d'exception jugeront les "Communards" jusqu'en 1874 : 13804 condamnations seront prononcés dont nombre d'entre elles pour les bagnes de Guyane ou de Nouvelle-Calédonie - ils ne seront amnistiés qu'en juillet 1880.

Le 24 mai 1873, la droite parlementaire qui l'a porté au pouvoir, hostile à l'orientation républicaine que Thiers donne au Gouvernement, obtient sa démission et le remplace par Mac Mahon.

Adolphe Thiers décède le 3 septembre 1877. Un cortège funèbre et 384 couronnes suivi par Gambetta et Hugo, en dépit du refus de sa famille de procéder à des obsèques officielles, donneront une dimension nationale au dernier voyage de cet homme d'État aux multiples facettes.

 

Sources : Aguhlon (Maurice), "Adolphe Thiers", dans : Célébrations nationales 1997, Paris, Direction des Archives de France. Mourre (Michel), Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Paris, Bordas, 1996 (1978)
Sources complémentaires : Guiral (Pierre), "Thiers (Adolphe)", dans : Tulard (Jean), Dictionnaire du Second Empire, Paris Fayard, 1995

Maurice Sarrail

1856-1929

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Portrait du général Sarrail.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Né à Carcassonne, le 6 avril 1856, Maurice (Paul-Emmanuel) Sarrail entre à Saint-Cyr en 1875, choisit l'infanterie, puis sert en Algérie où il prend part à de nombreuses campagnes, notamment dans le Sud-Tunisien. Il est admis à l'école de guerre en 1883 et, à partir de 1885, accomplit divers stages dans les états-majors. En 1900, alors que les passions soulevées par l'affaire Dreyfus sont encore en pleine effervescence, le général André, ministre de la guerre, le choisit comme officier d'ordonnance : de là datent les amitiés qu'il noue dans les milieux politiques de gauche et qui favorisèrent souvent sa carrière, comme aussi les animosités qui en furent la rançon.

Commandant de l'école de Saint-Maixent, il s'y fait le champion des idées démocratiques. Il devient ensuite, pendant quelques années, commandant de la Chambre des députés avant d'être appelé, de 1907 à 1911, aux fonctions de directeur de l'infanterie au ministère de la Guerre. Général de division en 1911, il commande, au début de la guerre, le 6ème corps d'armée. Le 2 septembre, il remplace à la 3ème armée le général Ruffey et, en cette qualité, prend une part glorieuse à la bataille de la Marne. Son armée, qui était placée entre la forteresse de Verdun et le défilé de Sainte-Menehould, tente contre les forces allemandes une heureuse offensive.

À l'ordre de retraite, elle recule d'une cinquantaine de kilomètres sans perdre le contact avec Verdun, de sorte qu'à la reprise de l'offensive générale, elle est en mesure de repousser victorieusement l'armée du Kronprinz. Si Verdun, à ce moment là, avait cédé, c'était toute la victoire de la Marne qui se trouvait compromise. Comme Gallieni dans le camp retranché de Paris et Foch dans les marais de Saint-Gong, Sarrail fut un des artisans de la victoire de la Marne qui sauva la France.

À la fin de 1915, le général Sarrail reçoit le commandement en chef des armées alliées d'Orient. Il organise, dans des conditions difficiles, le camp retranché de Salonique et ordonne l'offensive qui aboutit à la prise de Monastir, en novembre 1916.

Il est relevé de son commandement le 14 décembre 1917.

S'il n'eut pas le temps de recueillir personnellement les fruits de deux années d'efforts persévérants, il laissa du moins à ses successeurs, le général Guillaumat puis le général Franchet d'Esperey, une situation solidement établie qui devait servir de base à l'offensive finale.

En avril 1918, le général Sarrail passe au cadre de réserve. L'année suivante, il se présente à Paris, aux élections législatives, mais il n'est pas élu. Il sera, plus tard, réintégré dans les cadres de l'armée active sans limite d'âge, récompense accordée à tous les généraux ayant commandé en chef devant l'ennemi.

En novembre 1924, il est nommé Haut-commissaire de la République française en Syrie et commandant en chef de l'armée du Levant, en remplacement du général Weygand. Suite à la révolte des Druzes et sa manière violente à redresser la situation, il est rappelé en France. Remplacé à Beyrouth par M. Henry de Jouvenel, il rentre à Paris, fin 1925 et met un terme à sa carrière militaire.

Atteint d'une affection pulmonaire, il succombe à Paris, le 23 mars 1929. Il est inhumé aux Invalides.

 

Distinctions : Grand-croix de la Légion d'honneur Médaille militaire avec la Croix de guerre.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Louis Franchet d'Espèrey

1856-1942

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Portrait de Louis Franchet d'Espèrey.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

 

Fils d'un officier de cavalerie des chasseurs d'Afrique, Louis, Félix, Marie, François Franchet d'Espèrey est né à Mostaganem le 25 mai 1856.

Sorti de Saint Cyr en 1876, il sert en Afrique du Nord dans le premier régiment de tirailleurs algériens.

Il est admis à suivre les cours de l'École supérieure de guerre en 1881, mais il n'y entrera qu'avec la promotion suivante, afin de participer à l'expédition de Tunisie contre les Kroumirs.

À sa sortie de l'école, il rejoint le Tonkin pour deux ans et participe aux combats de Lang-Son et de Lao-Qay.

À son retour en France, en 1886, il est à l'état-major de l'armée puis au Cabinet de Freycinet, ministre de la guerre, avant de commander un bataillon à Toul puis le 18e bataillon de chasseurs à pied de Nancy. En 1900, commandant de la zone française de Pékin, il participe à l'expédition de Chine contre les Boxers.

Revenu en France, il commande successivement le 69e régiment d'infanterie à Nancy puis la 77e brigade d'infanterie à Toul. Promu colonel en 1903, il commande le 60e régiment d'infanterie à Besançon.

En 1912, le général de division Franchet d'Espèrey sert près de Lyautey, comme commandant des troupes d'occupation du Maroc occidental et participe à diverses opérations de pacification dans les secteurs de Tadla, de la Chaouïa, du Grand Atlas.

À la déclaration de guerre, il commande le 1er corps d'armée à Lille. Durant la bataille des frontières, il est à Charleroi, en Belgique, puis mène, à Guise, sur l'Oise, une contre-attaque victorieuse contre les troupes allemandes. Le 3 septembre, Joffre lui confie la 5e armée qui constitue un élément déterminant dans la victoire de la Marne. Il commande les groupes d'armées de l'Est en 1916, puis du Nord en 1917. En juin 1918, il remplace le général Guillaumat à la tête des armées alliées d'Orient qu'il mène à la victoire finale. Son offensive victorieuse de la Moglena, dans les Balkans, marquée par la prise de Dobro Polje, contraint les Bulgares à signer l'armistice en septembre 1918. C'est ensuite, en quelques semaines, l'effondrement de la Turquie et de l'Autriche-Hongrie puis la demande d'armistice allemande.

À l'issue du conflit, commandant les troupes d'occupation à Constantinople jusqu'en 1920, il dirige les opérations d'Ukraine, de Bessarabie.

En 1921, le général Franchet d'Espèrey est élevé à la dignité de maréchal de France.

Devenu inspecteur général des troupes d'Afrique du Nord, il consacre son temps et son talent à l'Armée d'Afrique. Il entreprend également la réalisation des voies transsahariennes et est gravement blessé à Gabès, le 19 mars 1933, dans un accident d'automobile alors qu'il allait étudier une liaison Tunisie-Maroc par le Sud. Durant cette période, représentant de la France lors de cérémonies officielles ou chargé de missions en Europe centrale et en Afrique, il entame la rédaction de ses Mémoires et publie diverses études.

Élu à l'académie française en 1934, il fonde "les Amitiés africaines", oeuvre sociale à l'origine des "Dar el Askri" (maisons du combattant) qui regroupe les anciens combattants musulmans et leur vient en aide.

En 1940, il se retire dans le Tarn, à Saint-Amancet, où il décède le 8 juillet 1942. Il est inhumé le 24 octobre 1947 dans la crypte de l'église Saint-Louis-des-Invalides, à Paris.

Il était Grand-Croix de la Légion d'honneur et titulaire de la Médaille militaire et de la Croix de guerre 1914-1918.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA