Aristide Briand

1862-1932

Partager :

Portrait d'Aristide Briand. Photo archives du ministère des affaires étrangères

Aristide Briand est né à Nantes le 28 mars 1862, d'une famille de cafetiers d'origine paysanne. Après des études de droit, il s'inscrit au barreau de Saint-Nazaire avant de s'installer à Paris où il travaille à la Lanterne, journal populiste et anticlérical d'Eugène Mayer. Aux côtés de Jean Jaurès, il s'efforce de maintenir unis les courants qui s'affrontent au sein du mouvement socialiste.

Élu député en 1902, il multiplie dès lors les postes politiques. Brillant orateur, il est nommé rapporteur sur le projet de loi de séparation des Églises et de l'État, votée en 1905. En 1906, il obtient son premier portefeuille ministériel, celui de l'instruction publique et des cultes. Succédant à Georges Clemenceau à la présidence du Conseil en 1909, il fait adopter, notamment, la loi sur les retraites ouvrières et paysannes (avril 1910).

À la veille de la Première Guerre mondiale, Aristide Briand, tout en soutenant l'allongement de la durée du service militaire, s'efforce de faire valoir les solutions pacifiques. La guerre déclarée, cependant, il entre dans un cabinet "d'union sacrée" en qualité de garde des Sceaux, vice-président du conseil et apporte son soutien au commandement lors de la bataille de la Marne.

Chef du gouvernement et ministre des affaires étrangères de 1915 à 1917, il joue un rôle important, notamment en organisant l'expédition de Salonique et en coordonnant l'action militaire et économique avec les Alliés.

Quatre années de guerre laissent l'Europe exsangue. Les anciens belligérants, qui se sont endettés pour assurer leur ravitaillement, sortent du conflit économiquement très affaiblis. En France, les régions les plus riches et les plus industrialisées sont dévastées. Avec près d'un million et demi de morts et plus d'un million d'invalides, le pays est profondément atteint dans ses forces vives. Les pensions de guerre, la reconstruction accroissent les charges de l'État. Le traité de paix, signé avec l'Allemagne, le 28 juin 1919 à Versailles, impose à cette dernière la réparation des dommages de guerre. L'épineuse question du règlement des réparations est l'un des principaux facteurs qui président aux relations franco-allemandes pendant quelque dix ans et est source de divergences entre les Alliés eux-mêmes.

l'issue de la guerre, partisan d'une stricte application du traité de Versailles, Aristide Briand est de ceux qui entendent obliger l'Allemagne à payer les réparations de guerre. Il abandonne toutefois rapidement cette politique de fermeté pour une politique de paix dans le cadre de la Société des Nations (SDN) et oeuvre dès lors pour le rapprochement avec l'Allemagne. Lors de la conférence de Cannes, en janvier 1922, il est ouvert à la proposition d'aménagement de la dette allemande en contrepartie d'une garantie des frontières françaises. Désavoué par Alexandre Millerand, président de la République, il démissionne.

Délégué de la France à la Société des Nations en 1924, il s'efforce de faire prévaloir une politique de conciliation, conscient que le rapprochement franco-allemand ne peut se faire qu'au prix de certaines concessions. Cette politique s'exprime en ces termes : "Paix intérieure, paix politique et sociale, je crois qu'elle est ardemment désirée par le pays tout entier... Vouloir la paix, c'est, dans un pays qui, comme la France, a tant souffert de la guerre et, depuis l'armistice, a été soumis à un régime de défis et de provocations qui justifieraient l'impatience -c'est se montrer patient".

De nouveau ministre des affaires étrangères en 1925, Aristide Briand poursuit sa politique de réconciliation avec l'Allemagne, seul moyen d'assurer une paix durable en Europe. Il se rapproche de son homologue allemand, Gustav Stresemann, également partisan d'une politique conciliatrice. Lors de la conférence de Locarno, qui réunit les délégués de l'Allemagne, de la Belgique, de l'Italie, de la France et de la Grande-Bretagne, il signe, le 16 octobre 1925, le traité qui garantit les frontières de la France et de la Belgique avec l'Allemagne et établit un pacte d'assistance mutuelle. Après Locarno, il soutient la candidature de l'Allemagne à la SDN où elle est admise l'année suivante. Il obtient en décembre 1926, ainsi que Gustav Stresemann, le prix Nobel de la Paix.

Début d'une ère nouvelle annonçant la fin de l'antagonisme franco-allemand pour certains, les accords de Locarno et l'admission de l'Allemagne à la SDN ne sont toutefois pour Aristide Briand qu'un premier jalon. L'absence des États-Unis à la Société des Nations en affaiblit la portée. En 1927, il s'emploie donc à faire renoncer les États-Unis à leur isolationnisme. En appelant "à la nation américaine", il rencontre le soutien de ses puissantes associations pacifistes. Le 27 août 1928, le "Pacte Briand-Kellogg", du nom du secrétaire d'État américain qui l'a négocié avec lui, met la guerre "hors-la-loi" :

"Article 1er : Les Hautes Parties contractantes déclarent solennellement au nom de leurs peuples respectifs qu'elles condamnent le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renoncent en tant qu'instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles.

Article 2 : Les Hautes Parties contractantes reconnaissent que le règlement ou la solution de tous les différends ou conflits, de quelque nature ou de quelque origine qu'ils puissent être, qui pourront surgir entre elles, ne devra jamais être recherché que par des moyens pacifiques."

Bien qu'approuvé par cinquante-sept pays, dont notamment l'Allemagne, le Japon et l'Union Soviétique, ce pacte n'a cependant qu'une valeur morale, laissant en suspens la question des sanctions applicables en cas de non-respect de ses dispositions. Les États-Unis, qui connaissent alors une période de prospérité économique, sont en effet réticents à un engagement dans un éventuel conflit européen.

Aristide Briand s'engage alors dans une politique nouvelle, résolument européenne. En septembre 1929, lors d'un discours à Genève, reprenant une idée émise notamment par le comte Coudenhove-Kalergi, diplomate autrichien fondateur du mouvement Pan-Europa, il suggère la création d'une union régionale, une "fédération européenne" dont la compétence s'exercerait principalement en matière économique et qui ne porterait pas atteinte à la souveraineté nationale. Cette proposition rencontre un vif succès et les délégués des vingt-sept états européens le chargent de rédiger un mémorandum à ce sujet.

Ce mémorandum leur est adressé en mai 1930. Aristide Briand y développe son projet. S'inscrivant dans le cadre de la Société des Nations, cette institution serait composée d'une Conférence d'Union européenne, organe représentatif groupant les représentants de tous les gouvernements européens membres de la SDN, d'un Comité politique permanent, organe exécutif présidé à tour de rôle par les états membres et d'un secrétariat. L'un des principaux objectifs serait "l'établissement d'un marché commun pour l'élévation au maximum du niveau de bien-être humain sur l'ensemble des territoires de la communauté européenne".

Le mémorandum ne reçoit pas le même accueil que ses propos à la Société des Nations. En France comme dans le monde, l'action d'Aristide Briand se heurte à des résistances de plus en plus fortes. L'obstacle le plus important est la persistance des différents nationalismes. Si le principe d'une coopération n'est pas remis en cause, celui d'une union européenne pleine et entière, tant au plan politique qu'économique, effraie. L'aspect politique du projet, notamment, en évoquant des "liens fédéraux", réveille les méfiances. Une commission d'études est créée le 23 septembre 1930. Aristide Briand en est élu président. Chargée d'étudier les modalités d'une éventuelle collaboration au sein de l'Europe, elle ne peut cependant aboutir à aucun résultat.

Surnommé le "pèlerin de la paix", Aristide Briand n'a cessé tout au long de sa carrière diplomatique de multiplier les occasions d'établir la paix en Europe. Son projet d'union européenne ne résiste malheureusement pas à la crise économique et à la montée des dictatures.

Aristide Briand s'éteint le 7 mars 1932.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Félix Eboué

1884-1944

Partager :

Félix Eboué. Photo DMPA

Adolphe Félix Eboué naît le 26 décembre 1884 à Cayenne (Guyane), quatrième d'une famille noire de cinq enfants. Son père, d'abord orpailleur, tiendra avec son épouse, après 1898, une épicerie.

En 1901 il obtient une demi-bourse pour poursuivre sa scolarité à Bordeaux. Bachelier en 1905, il gagne Paris et l'école coloniale dont il sort diplômé en 1908. Très tôt, il est attiré par l'Afrique noire et ses civilisations auxquelles se rattache sa condition de créole. Il s'oriente donc vers l'administration des colonies africaines, et obtient son affectation comme administrateur en chef en 1909 dans l'Oubangui-Chari (aujourd'hui la République Centrafricaine) où la pénétration occidentale n'est pas encore partout assurée. Il va demeurer en poste jusqu'en 1933, revenant régulièrement en Guyane pour ses congés. Il y épouse Eugénie Tell en 1921.

En Afrique noire, Félix Eboué élabore sa propre conception de la politique coloniale, tentant de concilier la modernisation de la vie matérielle et le maintien de la culture africaine. C'est ainsi qu'il favorise les productions nouvelles comme le coton, développe l'infrastructure routière ferroviaire. Parallèlement, il pousse à sauvegarder les cultures vivrières, s'initie aux langues locales, étend ses recherches sur les traditions...

Partisan de l'association - et non de l'assimilation - des peuples colonisés, il se heurte souvent à ses supérieurs hiérarchiques qui ont peu apprécié son adhésion, en 1928, à la Ligue des droits de l'homme. Félix Eboué veut en effet assumer le pari délicat d'être à la fois un administrateur colonial rigoureux et un humaniste intransigeant.

En 1934, il part pour le Soudan français (aujourd'hui le Mali). S'appuyant sur les élites noires, il entreprend la mise en valeur des rives du Soudan, la sédentarisation des nomades pour cultiver les terres. Entre-temps, en 1932 et 1933, il fut secrétaire général en Martinique, où il a cherché à développer l'île, à améliorer la condition des plus démunis, à atténuer les antagonismes entre Blancs, Métis et Noirs.

Rappelé du Soudan, il est chargé, en septembre 1936, d'appliquer la politique du Front Populaire en Guadeloupe. Trouvant sur cette île morcelée une situation de crise, il ouvre des négociations, engage un plan d'aide au crédit, de formation professionnelle, de construction de cités, et assainit les finances publiques.

Le 4 janvier 1939, il est nommé gouverneur du Tchad, nouvelle colonie tout juste pacifiée. Conscient de l'importance stratégique du pays, alors que la menace italienne se précise dans la région, il lance de grands travaux d'infrastructures.

Le 6 juin 1940, la nouvelle de la défaite des armées françaises et de l'armistice parviennent à Fort-Lamy. L'appel du général de Gaulle est aussi appris quelques jours plus tard. A Brazzaville, après avoir hésité, Boisson, gouverneur général de FA.E.F, fait allégeance au maréchal Pétain. Le 29 juin. Eboué, qui juge que cet armistice prive sa patrie des valeurs qu'il a toujours défendues, câble sa détermination de ne pas en appliquer les clauses. Bien que son isolement géographique le place dans une position inconfortable, le Tchad reste en état de guerre. Le 16 juillet, un télégramme du général de Gaulle lui apporte l'appui du chef de la France Libre dont les émissaires arrivent le 24 août. Le 26, une proclamation annonce le ralliement du Tchad à la France Libre. Le Cameroun, le Congo, suivent l'exemple : Eboué a donné le signal de la dissidence africaine, apportant à la cause de la France combattante un point d'appui exceptionnel.

Relevé de ses fonctions et condamné à mort par contumace par le Gouvernement de Vichy, Félix Eboué est nommé, le 13 novembre, gouverneur général de l'Afrique équatoriale française par le général de Gaulle, et siège au Conseil de défense de l'empire. Le Tchad devient la base arrière des Français qui reprennent le combat : c'est de là que Leclerc lance en mars 1942 son raid légendaire sur Koufra, et que les F.F.L. attaquent les Italiens au Fezzan puis en Tripolitaine.

En même temps qu'il assure l'approvisionnement de ces troupes, organise une économie de guerre, rétablit les circuits commerciaux, Eboué cherche à ramener la paix civile en A.E.F., atténuant les tensions nées en 1940 entre gaullistes et pétainistes.

Parallèlement, il est convaincu que l'autorité française ne peut se maintenir durablement en Afrique noire sans une profonde réforme de la politique coloniale.

Dans cet esprit, sa circulaire du 8 novembre 1941 prévoit ainsi le respect du droit coutumier, l'association des conseils africains à l'administration, la formation de cadres indigènes, l'extension de contrats de travail, etc. En juillet 1942, le général de Gaulle signe trois décrets allant dans le même sens.

Le 30 janvier 1944, le chef de la France Libre ouvre à Brazzaville une conférence sur l'avenir des territoires français d'Afrique. Reprenant des thèmes chers à Eboué, comme la participation indigène à l'administration ou à la redistribution des régions en fonction des appartenances ethniques, les recommandations de la conférence le laissent insatisfait puisqu'elles rejettent toute autonomie à terme, tout en préconisant une représentation élue des territoires africains. Fatigué, Eboué prend un congé et part en février 1944 avec sa famille - qui, de France, l'a rejoint en 1942 - en Egypte. Il trouve l'occasion d'oeuvrer aux relations diplomatiques entre ce pays et le gouvernement provisoire de la République française.

Le 17 mai 1944, il meurt des suites d'une congestion pulmonaire.

Le 19 mai 1949, les cendres de Félix Eboué sont transférées au Panthéon à Paris. A cette occasion, Gaston Monnerville, président du Sénat, rappelle que "c'est (un) message d'humanité qui a guidé Félix Eboué, et nous tous, Résistants d'outre-mer, à l'heure où le fanatisme bestial menaçait d'éteindre les lumières de l'esprit et où, avec la France, risquait de sombrer la liberté".

La mémoire de Félix Eboué est aujourd'hui rappelée à travers plusieurs monuments et plaques commémoratifs.

À Paris, son nom, joint à celui de Daumesnil, se retrouve dans une station du métropolitain.

 
Source : MINDEF/SGA/DMPA

Wilhelm Keitel

1882 - 1946

Partager :

Wilhelm Keitel. Photo collection DMPA

 

Entré dans l'armée en 1901, Wilhelm Keitel occupe principalement divers postes d'officiers d'état-major durant la Première Guerre Mondiale. Après la capitulation de l'Allemagne en 1918, il poursuit sa carrière militaire au sein de la nouvelle armée allemande, la Reichswehr, telle qu'elle est autorisée par le traité de Versailles.

Lorsque Adolf Hitler arrive au pouvoir, en 1933, et entreprend de reconstituer les forces armées, la carrière de Wilhelm Keitel progresse très rapidement. Nommé général de brigade en 1934, il devient chef de cabinet du ministre de la guerre et directeur du Wehrmachtsamt, chargé de la coordination des forces armées, l'année suivante.

En 1938, Wilhelm Keitel est nommé chef de l'Oberkommando der Wehrmacht (OKW : commandement suprême de la Wehrmacht) nouvellement crée.

Le 22 juin 1940, il signe l'armistice franco-allemand à Rethondes. Nommé maréchal en juillet 1940, cet exécuteur zélé des ordres d'Adolf Hitler couvre de son autorité toutes ses décisions militaires ainsi que les mesures de terreur adoptées dans les territoires conquis, portant notamment sur l'exécution des commissaires politiques de l'Armée rouge, l'exécution des otages et les prisonniers NN. En dépit de plusieurs tentatives visant à un changement de personne au sommet de la hiérarchie militaire de la part de cercles dirigeants de l'armée et de l'état-major, il conserve son poste jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le 9 mai 1945, il signe la capitulation sans conditions de la Wehrmacht, sur ordre du chancelier-amiral Dönitz. En 1946, le tribunal international de Nuremberg le condamne à mort pour crime contre la paix, crimes de guerre et crime contre l'humanité.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Anna Marly

1917-2006

Partager :

Anna Marly

 

Née à Saint-Pétersbourg le 30 octobre pendant la Révolution de 1917 au cours de laquelle son père fut fusillé, Anna Bétoulinsky quitte la Russie pour la France au début des années vingt. Réfugiée avec sa mère, sa soeur aînée et leur fidèle nounou dans la communauté russe de Menton, elle vécut des années difficiles dont elle garde néanmoins un souvenir heureux.

A l'âge de treize ans on lui offre une guitare. Ce cadeau dont elle ne se séparera jamais va bouleverser sa vie. "C'est à cette période que j'ai découvert la magie des sons, influencée par Charles Trénet."

En 1934, Anna rejoint Paris et débute une carrière artistique sous le pseudonyme d'Anna Marly, patronyme qu'elle choisit dans l'annuaire. Elle danse tout d'abord dans les Ballets russes de Paris qui l'entraînent en tournée à travers l'Europe, puis ce sont les Ballets Wronska qui l'engagent comme danseuse étoile.

Pour autant, Anna n'en oublie pas la musique. Après un passage au conservatoire de Paris pour travailler sa voix, elle se produit dès 1935, avec sa guitare et un petit répertoire qu'elle s'est créé, au Shéhérazade, le cabaret parisien de la jeunesse dorée, puis au théâtre des Variétés à Bruxelles et au Savoy Club de La Haye. C'est d'ailleurs lors de son séjour en Hollande qu'elle rencontre celui qui deviendra en avril 1939 son mari, le baron van Doorn.

La même année, Anna connaît une grande satisfaction professionnelle en devenant la benjamine de la SACEM (Société des Auteurs Compositeurs et des Éditeurs de Musique).

Le 13 juin 1940, Paris est déclarée ville ouverte. Anna et son mari quittent la capitale et prennent le chemin de l'exode. Après avoir transité par l'Espagne et le Portugal, ils s'installent à Londres en 1941 où Anna s'engage comme volontaire à la cantine des Forces Françaises Libres. Elle chante aussi quelquefois au café. Se séparant bientôt de son mari, elle devient alors projectionniste, puis s'enrôle au théâtre aux Armées et chante au micro de la BBC dans l'émission "Les Français parlent aux Français".

De cette époque datent les chansons les plus célèbres d'Anna Marly, notamment "Le Chant des partisans". Un jour, fin 1942, ayant lu dans les journaux britanniques le récit de la bataille de Smolensk, son âme russe se réveille. Un mot lui revient à l'esprit, ce mot de "partisans". "Bouleversée, je prends ma guitare, je joue une mélodie rythmée, et sortent tout droit de mon coeur ces vers en russe : Nous irons là-bas où le corbeau ne vole pas/Et la bête ne peut se frayer un passage. Aucune force ni personne/Ne nous fera reculer." Appelée initialement "La Marche des partisans", cette chanson sera interprétée en russe par son auteur jusqu'à ce que Joseph Kessel s'exclame en l'entendant pour la première fois "Voilà ce qu'il faut pour la France !" et qu'il en écrive la version française avec son neveu Maurice Druon. Sifflé comme indicatif de l'émission de la BBC "Honneur et Patrie" puis comme signe de reconnaissance dans les maquis, "Le Chant des partisans" (intitulé "Guérilla song" dans sa version anglaise) s'impose rapidement comme l'hymne de la Résistance.

La Complainte du partisan est écrite dans la même période. "En pensant à la France occupée, je me suis mise à jouer une mélopée lancinante, mais sans paroles." C'est Emmanuel d'Astier de la Vigerie, chef du mouvement Libération-Sud, qui signe les paroles de cette chanson reprise plus tard par Joan Baez et Léonard Cohen.

A son retour en France en 1945, Anna Marly connaît la gloire. Toutefois, elle décide de s'installer en Amérique du sud où elle devient l'ambassadrice de la chanson française. C'est au Brésil, en 1947 qu'Anna rencontre son second mari, le russe Yuri Smiernow. Elle continue à beaucoup voyager et sillonne l'Afrique, toujours accompagnée de sa guitare. Aujourd'hui, elle vit aux Etats-Unis où elle se consacre à l'écriture de fables, de poèmes tissés de souvenirs. Comme pour ses mémoires récemment publiées (Anna Marly, Troubadour de la Résistance. Tallandier-Historia), elle souhaite que le présent ouvrage serve de témoignage aux jeunes générations, à tous ceux qui n'ont pas vécu ces moments tourmentés de l'Histoire afin qu'ils portent et transmettent à leur tour le flambeau du souvenir.

Anna Marly, que l'on surnomma le "Troubadour de la Résistance" et dont le Général de Gaulle écrivit qu'"elle fit de son talent une arme pour la France", a composé plus de trois cents chansons (dont "Une chanson à trois temps" pour Edith Piaf). Certaines d'entre elles se sont élevées au rang de patrimoine national. L'enseignement obligatoire dans les années soixante du "Chant des partisans" avec "la Marseillaise" et "Le Chant du départ" n'en est pas la moindre preuve. Ecrites dans le contexte de la guerre, les chansons d'Anna Marly constituent un témoignage vivant de l'Histoire de France et c'est à ce titre qu'elle fut décorée de l'ordre national du Mérite en 1965 et de la Légion d'honneur en 1985.

Elle participa à un hommage à Jean Moulin en 2000, à l'occasion du 60e anniversaire du 18 juin, où elle chanta avec les choeurs de l'armée française le "Chant des partisans".

Anna Marly s'est éteinte le 17 février 2006, en Alaska, à l'âge de 88 ans.

 

Source : AERI (Association pour des Études sur la Résistance Intérieure)

Charles Péguy

1873 - 1914

Partager :

Charles Péguy - Portrait par Pierre Laurens. ©Harlingue-Viollet

 

Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,

Mais pourvu que ce soit pour une juste guerre.

Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.

Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle »

Charles Péguy, Prière pour nous autres charnels.

 

Charles Péguy naît le 7 janvier 1873 à Orléans au sein d'une famille de condition modeste.

Son père, menuisier, décède l'année même de sa naissance et l'enfant est alors élevé par sa mère, rempailleuse de chaises.

Bon élève, Charles Péguy bénéficie d'une bourse d'enseignement qui lui offre la possibilité d'effectuer de brillantes études au delà de l'école communale. Après avoir accompli son service militaire au 131e RI d'Orléans en 1892, il quitte donc le lycée et entre en 1894 à l'École Normale Supérieure où il a pour maître des professeurs prestigieux comme le médiéviste Joseph Bédier, l'écrivain Romain Rolland ou le philosophe Henri Bergson qui aura d'ailleurs une grande influence sur la maturation intellectuelle du jeune homme.

Licencié ès lettres en 1896, Charles Péguy démissionne de l'institution en 1897 après avoir échoué à l'agrégation de philosophie. Il abandonne alors toute pratique religieuse et s'engage avec conviction dans la cause dreyfusiste après avoir fait la connaissance de Bernard Lazare.

En 1897, Péguy collabore à la Revue Blanche et achève en juin sa première oeuvre, Jeanne d'Arc, suivie, l'année suivante, de Marcel, premier dialogue de la cité harmonieuse.

En 1898, Péguy se marie civilement avec Charlotte Baudouin, la soeur de son plus intime ami, récemment décédé. Le couple, qui demeure au 7, rue de l'Estrapade à Paris, aura quatre enfants : Marcel en 1898, Germaine en 1901, Pierre en 1903 et enfin Charles-Pierre en 1915.

Marcel Baudouin l'ayant orienté vers les idées socialistes, Charles Péguy s'engage dans l'action politique aux côtés de Jean Jaurès, Lucien Herr et Charles Andler et collabore activement à la Revue Socialiste. Il investit également dans une librairie, ouverte en compagnie de Georges Bellais, qui devient rapidement un foyer de résistance au socialisme marxiste prônée par Jules Guesde ainsi qu'à l'influence de Jean Jaurès sur la vie de la gauche parlementaire. Mais, l'affaire périclite à la suite de nombreuses difficultés financières, ce qui éloigne de manière définitive Péguy de ses amitiés de gauche.

En 1905, l'incident de Tanger lui révèle la menace allemande et l'ampleur du "mal universel". Péguy s'élève alors contre le pacifisme et l'internationalisme de la gauche. Au mois d'octobre, il publie ainsi Notre Patrie, un écrit polémiste et patriotique. Dans les années qui suivent, l'écrivain dénonce également le scientisme du "parti intellectuel", autrement dit ses anciens professeurs de l'enseignement supérieur. L'année 1908 est marquée par son retour à la foi. Il en fait la confidence à son ami Joseph Lotte. De 1912 à 1914, Charles Péguy effectue ainsi plusieurs pèlerinages à Notre-Dame de Chartres. L'écrivain fustige à présent le socialisme officiel, auquel il reproche sa démagogie et son sectarisme anticlérical, après la séparation de l'Église et de l'État. L'écrivain se fait mystique dans des essais philosophiques comme Clio, Dialogue de l'Histoire et de l'Âme païenne, publié entre 1909 et 1912, ou Victor-Marie, comte Hugo, en 1910. Son style personnel et intemporel trouve à s'exprimer dans de vastes poèmes oratoires aux rythmes lancinants : Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, en 1910 . Le Porche du Mystère de la deuxième Vertu, l'année suivante . Le Mystère des Saints Innocents et La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc, en 1912 . La Tapisserie de Notre-Dame, en 1913. Dans ces dernières oeuvres, Charles Péguy reprend les thèmes de la confrontation entre la mystique et la politique, la vie intérieure des citoyens qui avaient marqué le début de son oeuvre. Enfin, avec Ève en 1913, un vaste poème symphonique de quelque 3 000 quatrains, l'écrivain patriotique célèbre de nouveau les morts "pour la terre charnelle", celle des ancêtres.

 

Au mois de janvier 1900, Charles Péguy fonde les Cahiers de la Quinzaine, une maison d'édition indépendante qui publie chaque mois sa propre revue littéraire. Installée au 8 rue de la Sorbonne, il en assume personnellement la direction. Celle-ci connaîtra 229 livraisons entre le 5 janvier 1900 et le mois de juillet 1914, permettront à Péguy de publier ses oeuvres, ainsi que celles de ses amis tels André Suarès, Anatole France, Georges Sorel ou Julien Benda. Péguy rédige également des textes sur l'actualité, comme la séparation de l'Église et de l'État, la crise de l'enseignement...

 

Le 2 août 1914, la mobilisation générale contraint Péguy à interrompre sa Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne, un plaidoyer pour la défense de Bergson. Le 4 août, il prend le commandement d'une unité de réservistes à Colommiers et gagne la Lorraine. Après une courte campagne devant Metz, son régiment, le 276e R.I. se replie sur l'Aisne où l'armée française fait retraite.

Le 5 septembre 1914 à Villeroy, près de Meaux, lors des premiers combats de la bataille de la Marne, l'unité du lieutenant Péguy entre en contact de l'ennemi qui avance alors sur Paris. Alors qu'il commande le tir, l'officier est tué d'une balle en plein front. Son corps est inhumé parmi ceux de ses compagnons d'armes dans le cimetière national de Chauconin-Neufmontiers.


Heureux les grands vainqueurs.

Paix aux hommes de guerre.

 

Qu'ils soient ensevelis dans un dernier silence.

Que Dieu mette avec eux la juste balance

Un peu de ce terreau d'ordure et de poussière.

 

Que Dieu mette avec eux dans le juste plateau

Ce qu'ils ont tant aimé, quelques grammes de terre.

Un peu de cette vigne, un peu de ce coteau,

Un peu de ce ravin sauvage et solitaire.

 

Mère voici vos fils qui se sont tant battus.

Vous les voyez couchés parmi les nations.

Que Dieu ménage un peu ces êtres débattus,

Ces coeurs pleins de tristesse et d'hésitations.

 

Et voici le gibier traqué dans les battues,

Les aigles abattus et les lièvres levés.

Que Dieu ménage ces coeurs tant éprouvés

Ces torses déviés, ces nuques rebattues.

 

Que Dieu ménage un peu de ces êtres combattus,

Qu'il rappelle sa grâce et sa miséricorde.

Qu'il considère un peu de ce sac et cette corde

Et ces poignets liés et ces reins courbatus.

 

Mère voici vos fils qui se sont tant battus.

Qu'ils ne soient pas pesés comme Dieu pèse un ange.

Que Dieu mette avec eux un peu de cette fange

Qu'ils étaient en principe et sont redevenus."

Extrait de l'œuvre poétique Eve, publiée dans le Quatorzième cahier de la quinzième série, le 28 décembre 1913.
 
MINDEF/SGA/DMPA et Marc Nadaux

 

Antoine de Saint-Exupéry

1900 - 1944

Partager :

Antoine de Saint-Exupéry l'aviateur écrivain. © SHD

L'homme de l'art

Antoine de Saint-Exupéry naît avec le XXème siècle le 29 juin à Lyon, et reçoit une formation classique dans des instituts religieux.

Aviateur-poète ? Ecrivain-pilote ? La courte existence du plus mythique des " Morts pour la France " du second conflit mondial révèle une extraordinaire richesse.

L'écrivain et le poète

Au soir de son baptême de l'air, le jeune Antoine, alors âgé de douze ans, offre à un de ses professeurs un poème aéronautique, premier signe de la double orientation de son futur destin. Dès l'enfance, Antoine de Saint-Exupéry écrit de courts textes, pour la plupart en vers. En 1926, l'auteur adopte définitivement la prose en publiant une nouvelle : "L'aviateur". Ecrit en 1929 au Maroc, "Courrier Sud" est le premier roman d'une série de cinq ouvrages qui assurent la gloire de Saint-Ex, avant même sa tragique disparition. En 1931, "Vol de nuit" remporte le Prix Femina, et préfigure le retentissant succès de "Terre des hommes", édité en 1938.

Lors de son exil aux Etats-Unis, Antoine de Saint-Exupéry publie ses deux dernières oeuvres littéraires : "Pilote de guerre" en 1942, puis "Le petit Prince" en 1943. En 1948 paraît "Citadelle", texte inachevé rédigé dans les derniers mois de sa vie. Par la suite, sont publiés une série de lettres et d'écrits : essais, correspondances, articles de presse. Écrivain de génie, Antoine de Saint-Exupéry a également été un cinéaste visionnaire, prêtant sa plume à l'écriture de plusieurs scénarios.

 

L'inventeur et le technicien

Dès son plus jeune âge, Antoine de Saint-Exupéry fait preuve d'une formidable ingéniosité, et tente de mettre au point des innovations techniques avec l'aide de ses frères et soeurs.

Plus tard, entre 1934 et 1940, sa curiosité scientifique et sa qualité de pilote le poussent à déposer une série de brevets d'invention à l'Institut national de la propriété industrielle, tous orientés vers le domaine de l'aviation. Ces découvertes visent à créer des matériels assurant un meilleur pilotage, ou à développer des processus garantissant une navigation aérienne plus précise. Ainsi, deux de ces brevets proposent un nouveau système pour l'atterrissage des avions sans visibilité, avec dispositifs et appareils de réalisation. Comme les autres innovations déposées par Saint-Ex, ils ne connaissent aucune suite industrielle.

 

L'homme de l'air

Le pionnier de l'aviation civile

Appelé sous les drapeaux en 1921, Antoine de Saint-Exupéry est affecté au 2ème Régiment d'aviation à Strasbourg, où il obtient son brevet de pilote. En 1926, cette qualification lui permet d'être nommé mécanicien, puis pilote au sein de la compagnie générale aéropostale Pierre Latécoère. Nommé chef d'escale à Cap Juby (Maroc), Saint-Exupéry est chargé de sécuriser cette portion de la ligne reliant Toulouse à Dakar.

En 1929, il rejoint Mermoz et Guillaumet à Buenos Aires, pour devenir directeur et pilote de l'Aeroposta Argentina, filiale de l'Aéropostale chargée de créer la ligne aérienne vers la Patagonie. La légende de l'Aéropostale prend fin en 1933 lorsque les lignes aériennes civiles sont regroupées sous le nom d'Air France.

Un temps pilote d'essai, victime de plusieurs accidents graves, Antoine de Saint-Exupéry rejoint le service des relations extérieures de la nouvelle compagnie, et prononce à partir de 1934 une série de conférences sur l'aviation.

L'intrépide pilote militaire

Mobilisé en septembre 1939, le capitaine de réserve Saint-Exupéry est affecté à sa demande au groupe de reconnaissance 2/33 basé à Orconte en Haute-Marne, et effectue des missions au-dessus de l'Allemagne et de la Belgique, puis du nord de la France envahie. En mars 1943, il obtient un nouvel ordre de mobilisation, et retrouve le groupe 2/33, désormais basé au Maroc. Malgré son âge et du fait de son insistance, il réussit à convaincre les autorités militaires, et vole à nouveau, non sans connaître l'épreuve du feu.

 

L'homme de guerre

Ni vichyste, ni gaulliste

Après l'armistice de 1940, Saint-Exupéry n'est ni séduit ni tenté par la révolution nationale vichyste, et rejoint les Etats-Unis où il se tient en marge de la communauté française en exil. L'écrivain, qui jouit d'ores et déjà d'un incomparable prestige, ne peut en effet trouver sa place dans un univers manichéen, partagé entre les partisans du Général de Gaulle et les artisans de la collaboration avec l'ennemi. Si les deux camps se disputent son adhésion, Saint-Exupéry refuse tout ralliement, et prône la réconciliation nationale d'un pays divisé par la défaite et l'occupation.

Homme de lettres, refusant d'être un vaincu silencieux, il publie en 1943 ses "Lettres à un otage" adressées à son ami Léon Werth resté en France, et exhortant les Français à s'unir dans le combat pour le respect des droits de l'homme.

L'énigme de la disparition

Homme d'action, il rejoint le combat et la France Libre en 1943. Au matin du 31 juillet 1944, il part de Borgo en Corse à bord de son Lightning P-38, et ne revient pas de cette mission de reconnaissance destinée à préparer le débarquement en Provence.

Le 7 avril 2004, quelque soixante années après la disparition du pilote, l'agence France-Presse relaye une information fournie par le département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines de Marseille : sur la poutre gauche d'un avion reposant par 70 mètres de fond au large de la cité phocéenne, un plongeur a découvert une série de quatre chiffres, numéro civil de fabrication apposé par l'avionneur Lockheed correspondant au matricule militaire de l'avion de Saint-Exupéry.

Soixante années d'immersion empêchent à tout jamais l'épave de livrer les raisons exactes de la disparition du père du Petit prince. Le mythique poète de l'aviation est définitivement entré dans la légende.

Ayant su dépasser les contingences pour rechercher l'essentiel, il reste pour beaucoup, tant dans sa pensée que par ses actes, l'un des phares du XXème siècle.

Résistant, déporté en 1943 à Buchenwald, plusieurs fois ministre du général de Gaulle, Pierre Sudreau narre dans "Au-delà de toutes les frontières" son extraordinaire rencontre avec le légendaire pilote.

Au Panthéon, plaque commémorative dédiée à l'auteur disparu dans le crash de son avion en mer Méditerranée, le 31 juillet 1944.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

 

Edmond Michelet

1899-1970

Partager :

Edmond Michelet. © délégation régionale du Limousin

 

Edmond Charles Octave Michelet et est né à Paris dans le XIXème arrondissement, le 8 octobre 1899.

Dès ses 18 ans, il s'engage volontairement pour la durée de la guerre. Affecté au 126ème régiment d'infanterie de Brive, il découvre la Corrèze où il se marie. Il milite à l'ACJF (Action catholique de la jeunesse française) dont il devient le président en Béarn puis en Corrèze. En 1932, il développe les Equipes sociales, créées par Robert Garric en 1919, dont le but était de faciliter l'ascension professionnelle, intellectuelle et morale de tous ses membres défavorisés.

Devant la montée du nazisme, il créé le Cercle Duguet, un groupe de réflexion qui organise, entre autres, une série de conférences intitulée : «les dangers qui menacent notre civilisation». Père de famille, il n'est pas mobilisé en 1939, mais organise le Secours national pour venir en aide aux nombreux réfugiés.

Il pose un premier acte de résistance dès juin 1940 en distribuant avec des amis, à Brive, un tract reprenant un texte de Péguy : « celui qui ne se rend pas a raison contre celui qui se rend ».

En 1942, il en devient chef régional puis prend la direction de la région 5 des MUR. Michelet est arrêté pour ses activités de résistance par la police allemande le 25 février 1943. Emprisonné d'abord à Fresnes, au secret pendant 6 mois, il est déporté à Dachau le 15 septembre 1943.

À la libération du camp, le 29 avril 1945, il représente la France au Comité international et s'occupe du rapatriement de tous les français ainsi que de celui des Espagnols internés. Il rentre en France le 27 mai 1945.

En juillet 1945, il est désigné par le MLN comme membre de l'Assemblée consultative provisoire. Le 21 octobre 1945, il est élu député de la Corrèze à la première Assemblée constituante dans les rangs du MRP (Mouvement Républicain Populaire).

Il devient en novembre 1945, ministre des Armées du gouvernement de De Gaulle. En juin 1946, il est élu député de la deuxième Assemblée constituante et en novembre 1946, il est élu député à la première Assemblée législative. Battu aux élections législatives du 17 juin 1951 en Corrèze, il est élu en mai 1952, conseiller de la République et devient vice-président de la Haute Assemblée de 1958.

En 1954, il dirige le délégation française à l'ONU. En juin 1958, Michelet devient ministre des Anciens Combattants. Il entre au Conseil Constitutionnel en février 1962. Le 12 mars 1967, il est élu député de la première circonscription du Finistère : Quimper. Un mois plus tard, Edmond Michelet revient au gouvernement comme ministre chargé de la Fonction publique.

Après mai 1968, il est ministre d'État sans portefeuille. Après les élections des 23 et 30 juin 1968, avec la formation du gouvernement Couve de Murville, il retrouve son banc de député du Finistère à l'Assemblée. Il le quitte le 22 juin 1969 pour recueillir les Affaires culturelles dans le gouvernement Chaban-Delmas où il succède à André Malraux.

Il occupe de poste jusqu'à sa mort, le 9 octobre 1970, à Marcillac près de Brive.

Edmond Michelet a reçu le prix littéraire de la Résistance en 1959 et le Grand prix littéraire franco-belge de la Liberté en 1960 pour son ouvrage de souvenirs Rue de la liberté.

Il était président de l'Amicale des Anciens de Dachau dont il sut maintenir l'unité malgré la guerre froide et président fondateur de l'Association France-Algérie en 1963.

 

Source : Secrétariat d'Etat au Tourisme - délégation régionale du Limousin

Jean Maridor

1920 - 1944

Partager :

Jean Maridor. Photo Fondation de la France Libre

Le sacrifice de Jean Maridor

 

Jean Maridor est né au Havre en 1920.

Fils de petits commerçants, il se passionne très tôt pour l'aviation, découverte lors d'un meeting aérien. Elève doué appliqué, il intègre l'école des sous-officiers de l'armée de l'Air d'Istres à sa sortie du lycée. Il obtient en même temps son brevet de pilote privé à l'âge de 17 ans.

Admis à Istres en 1939, il suit le peloton d'élèves pilotes pendant l'hiver 1939 1940. Le 24 juin, il embarque avec cinq camarades, mêlés à des aviateurs polonais, à bord d'un bateau qui quitte Saint-Jean-de-Luz pour l'Angleterre. Après une formation complémentaire sur la base d'Odiham, Jean Maridor et nommé sergent dans la Royal Air Force le 1er octobre 1940.

Affecté au squadron Winston Churchill, il multiplie en 1941 les attaques contre les bateaux allemands en Manche et Mer du Nord, ponctuées de combats contre les chasseurs allemands.

Promu sous-lieutenant des FAFL puis lieutenant en 1942, il est nommé capitaine en 1943 et reçoit, après la croix de guerre et la Distinguished Flying Cross, la croix de la Libération.

En 1944, il se spécialise dans la chasse des V1, ces bombes volantes allemandes à longue portée qui commencent alors à s'abattre sur l'Angleterre.

Le 3 août 1944, le capitaine Jean Maridor poursuit un V1 qui plonge vers un hôpital. Ouvrant le feu à très courte portée, il se sacrifie pour éviter que la bombe ne touche sa cible.

 

Source : La Fondation de la France Libre

Marc Montalembert

1714 - 1800

Partager :

Marc René de Montalembert . Photo SHAT

 

À la fin du règne de Louis XIV, Marc René de Montalembert naît à Angoulême, le 15 juillet 1714. Issu d'une ancienne famille noble du Poitou, il est promis par sa naissance au métier des armes, et opte pour une carrière militaire. Il se distingue lors la guerre de succession d'Autriche, et devient dès 1742 capitaine des gardes du Prince de Conti. Académicien des Sciences en 1747, il est remarqué par le Duc de Choiseul qui lui donne pour mission de suivre les états-majors suédois et russe pendant la guerre de Sept Ans, au cours de laquelle il dirige notamment les opérations menées en Poméranie. Maréchal de camp en 1761, il sert par la suite en Bretagne, et prépare parallèlement un ouvrage consacré à l'art de la fortification. En effet, les dernières années de l'Ancien Régime sont marquées par un immobilisme relatif en matière d'architecture militaire. Si Cormontaigne peut être considéré comme un des héritiers de Vauban, les conceptions de Marc René de Montalembert s'opposent radicalement à celles du célèbre Maréchal.

Artilleur de formation, il préfère aux principes de Vauban une fortification concentrée, opposant à l'ennemi une grande puissance de feu servie par de nombreux canons, désormais plus précis comme plus puissants. Il est ainsi à l'origine de la création de nombreuses fonderies de canons en France, dont les forges de Ruelle, près de sa ville natale. S'appuyant sur la réorganisation de l'artillerie orchestrée par le Lieutenant-Général de Gribeauval, le marquis de Montalembert préconise d'offrir au canon une place de premier ordre dans la défense, en lieu et place du fusil préféré par l'ancien commissaire général aux fortifications de Louis XIV. Entre 1776 et 1794, il publie les onze volumes de son ouvrage capital, " la fortification perpendiculaire, ou l'art défensif supérieur à l'art offensif ". Convaincu de la nécessaire adaptation des fortifications à l'évolution de l'armement, Marc René de Montalembert préconise d'éloigner la zone des combats de l'enceinte des places fortes, et rompt avec les angles saillants et rentrants des bastions et courtines propres aux ouvrages édifiés par Vauban. Il y apparaît comme un précurseur, appelant de ses voeux l'avènement de forteresses reposant sur un tracé polygonal, renforcées de tours à canons et de caponnières, mais dépouillées d'ouvrages de défense avancée. L'agencement architectural proposé par le marquis de Montalembert dispose plusieurs forts se flanquant mutuellement, et se présentant de front face à l'ennemi.

De son vivant, ses théories ne sont guère appliquées en France. L'ouvrage éphémère élevé en 1779 sur l'emplacement du fort de la Rade (île d'Aix) est un des seuls édifices de défense construit par le marquis. Cet ouvrage à trois niveaux de feu casematés est cependant détruit dès 1783. Ce n'est qu'au XIXème siècle que d'autres forts s'inspirant des principes édictés par le marquis de Montalembert seront construits, dont le fort Boyard au large de l'île d'Aix, et la forteresse de La Ferrière à Haïti. La fortification perpendiculaire rencontre plus de succès auprès des ingénieurs militaires étrangers, notamment austro-sardes. Ainsi, le site fortifié de l'Esseillon est un remarquable exemple d'application des idées architecturales de Marc René de Montalembert. Parmi les ouvrages composant cette impressionnante barrière fortifiée, le fort Marie-Christine est sans doute le plus caractéristique des conceptions novatrices du marquis : cet hexagone régulier élevé à partir de 1819 autorise une concentration de tirs d'artillerie perpendiculaires dans un espace restreint. Convaincu par la Révolution, mais sans avoir connu l'application de ses théories sur l'architecture militaire, Marc René de Montalembert meurt le 26 mars 1800 à Paris.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

René Mouchotte

1914 - 1943

Partager :

Commandant René Mouchotte, né le 21 août 1914 à St Mandé (Val-de-Marne) et la mascotte de l'escadrille. Source : Fondation de la France Libre

Le premier Français à commander un squadron de la RAF

 

René Mouchotte breveté pilote militaire en 1937 est mobilisé en septembre 1939.

Il rejoint l'École de chasse d'Avord en tant qu'élève instructeur, puis en mai 1940, avec son ami Guérin, il est dirigé sur le centre d'instruction à la chasse d'Oran. Le 30 juin, contre des ordres reçus, Mouchotte avec huit de ses camarades s'envolent pour Gibraltar à bord de deux avions et arrivent à Liverpool le 13 juillet 1940, pour assister à Londres, à la première revue du 14 juillet, présidée par le général de Gaulle.

Après un entraînement à Old Sarum, près de Salisbury, à la School of Army Cooperation, il rejoint la 6 Operational Training Unit de Sutton Bridge, pour être formé pilote de chasse sur Hawker Hurricane. Début d'octobre, il part avec le 615 pour Notholt, dans la banlieue ouest de Londres.

Le 11 octobre, René Mouchotte, effectue sa première sortie opérationnelle et aperçoit la côte française. Le 15 décembre 1940, le 615 rejoint sa base, Kenley, au sud de Londres. Le 4 mars, René Mouchotte se voit confier à titre temporaire, la conduite d'un Flight. Il abat le 26 août un Junkers 88.

Le 10 novembre 1941, René Mouchotte rejoint la base RAF de Turnhouse, où le premier groupe de chasse n° 2 « île de France » (340 squadron) est en cours de formation. Quand le lieutenant de vaisseau Philippe de Scitivaux prend le commandement du groupe, en février 1942, René Mouchotte le remplace à la tête de la 1re escadrille « Paris». Il est nommé capitaine le 15 mars 1942. Le général de Gaulle lui remet la croix de la Libération, le 14 juillet 1942 et le 1er septembre, il est décoré de la Distinguished Flying Cross.

Il reçoit le commandement du 65 squadron. Puis il prend la tête du groupe de chasse n° 1 « Alsace » qui, après un tour d'opérations au Moyen-Orient, vient être affecté en Grande-Bretagne en tant que 341 squadron de la RAF. Le 17 mars 1943, le 341 est considéré apte pour servir dans le 11 Group, où l'activité ennemie est importante, et rejoint la base de Biggin Hill.

Le 15 mai 1943, le wing de Biggin Hill, qui détient un palmarès de 998 victoires aériennes, décolle pour une mission de protection.

« L'Alsace » vole avec le 611 squadron, commandé par le squadron Leader Charles. Le wing est attaqué au-dessus du Pas-de-Calais par une formation importante de Fw 190. Charles en abat un, ce qui porte le score du wing à 999, puis Mouchotte en descendant un Fw 190 obtient la 1 000e victoire. Le testament du commandant René Mouchotte est le suivant : « Si le destin, ne m'accorde qu'une courte carrière de commandant, je remercierai le ciel d'avoir pu donner ma vie pour la Libération de la France. Qu'on dise à ma Mère que j'ai toujours été heureux et reconnaissant que l'occasion m'ait été donnée de servir Dieu, mon Pays et ceux que j'aime et que, quoi qu'il arrive, je serai toujours près d'Elle».

Les dernières lignes de son carnet de vol disaient : « Les sorties continuent à une cadence terrible. J'en suis à un record de 140. Ma fatigue est impitoyable, je sens mes nerfs s'user. J'ai un besoin hurlant de repos. Je n'ai pas pris huit jours de permission depuis plus de deux ans. Toujours en alerte à voler. Je suis éreinté mais demain, ...je repars. 26 août. ».

Il ne reviendra pas, abattu au-dessus de la Belgique. Il totalisait 1 748 heures de vol dont 408 en 382 missions de guerre.

« Mort pour la France » en opération aérienne, en septembre 1943.

 

Source : La Fondation de la France Libre

Jacques Stosskopf

1898 - 1944

Partager :

Jacques Stosskopf. Photo DMPA

 

Né le 27 novembre 1898 à Paris, Jacques Stosskopf entre au service en 1917 comme aspirant d'artillerie, et reçoit la Croix de guerre à l'issue du premier conflit mondial. Il intègre l'école Polytechnique en 1920, et opte pour une carrière dans le Génie maritime en 1924.

Nommé chef de la section des constructions neuves à l'arsenal de Lorient en octobre 1939, il est promu ingénieur en chef de 1ère classe du génie maritime dès novembre, à 41 ans. Pendant les premiers mois de la guerre, il contribue à la participation importante de l'arsenal aux opérations maritimes, notamment à la mise au point du système de dragage des mines magnétiques allemandes. Dès l'arrivée des sous-marins allemands au sein du port en 1940, l'ingénieur en chef, sous prétexte d'encadrer au plus près le travail de ses ouvriers, ne cesse d'inspecter les quais. Parlant couramment l'allemand du fait de ses origines alsaciennes, Jacques Stosskopf a en effet gagné la confiance de l'occupant.

L'ingénieur autoritaire à l'aspect strict et froid est bientôt considéré par les personnels de l'arsenal comme un collaborateur zélé qui vérifie scrupuleusement, jusqu'au coeur des ateliers, l'ensemble des tâches confiées aux ouvriers français par les Allemands.

Les officiers de la Kriegsmarine s'habituent à la présence de l'ingénieur autour des alvéoles et des bassins, et lorsque les bases de Lorient-Kéroman deviennent opérationnelles à la fin de l'année 1941, ses relations privilégiées avec l'état-major ennemi lui permettent d'être l'un des rares français à pouvoir y pénétrer.

Favorisé par une mémoire hors du commun, Jacques Stosskopf observe pendant quatre ans les sous-marins qui traversent la passe de Port-Louis : Croix de fer, as de pique, poissons et sirènes, bovidés hilares d'une célèbre marque de fromage...il relève scrupuleusement les insignes peints sur les kiosques des bâtiments qui, avec les fanions de victoire, permettent d'identifier ces redoutables machines de guerre. Remarquable de discrétion, ce combattant de l'ombre tient à jour un tableau quotidien de mouvement des U-Boote, récité par coeur lors de ses rendez-vous avec le réseau "Alliance", qui transmet les précieux renseignements à l'Amirauté anglaise.

Le démantèlement de ce réseau aboutit à l'arrestation de Jacques Stosskopf le 21 février 1944.

 

Enfermé dans une baraque du camp de Schirmeck, il est transféré au camp du Struthof, où il est exécuté d'une balle dans la nuque le 1er septembre 1944, peu avant l'arrivée des alliés en Alsace.

Ayant payé de sa vie sa glorieuse contribution à la Résistance, Jacques Stosskopf est élevé en octobre 1945 au grade de Commandeur de la Légion d'Honneur par le général De Gaulle, à titre posthume.

Le 6 juillet 1946, les bases de Kéroman sont baptisées de son nom.

 

Source : Service historique de la Marine

Philippe Leclerc

1902-1947

Partager :

Le général Leclerc. Photo SHAT

Le 22 novembre 1902 naît à Belloy (Picardie) Philippe de Hauteclocque, cinquième des six enfants du comte Adrien et de Marie-Thérèse Van der Cruisse de Waziers. Originaire d'Artois, sa famille, de noblesse attestée depuis le XIIe siècle, a participé aux croisades, servi à Fontenoy, à Wagram et rempli des charges édilitaires. A son enfance terrienne, vécue dans un milieu traditionnel, il doit une résistance exceptionnelle et la passion de la chasse, un patriotisme ardent, une foi chrétienne ancrée dans le catholicisme romain, et que conforte l'éducation des Pères jésuites de la Providence à Amiens. Il embrasse la carrière des armes. Saint-Cyrien de la promotion " Metz-Strasbourg ", il choisit, après un premier poste en Allemagne, une affectation au Maroc, d'abord comme instructeur à l'Ecole des officiers indigènes de Dar El-Beïda, puis à la tête d'un goum lors des opérations de pacification des tribus dissidentes. Il est ensuite instructeur à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr puis admis en 1938 à l'Ecole de guerre, ce qui lui ouvre les perspectives d'une belle carrière. Entre temps, en 1925, il a épousé Marie-Thérèse de Gargan, apparentée aux Wendel, dont il aura six enfants. Le capitaine de Hauteclocque est nommé à l'état-major de la 4e division d'infanterie qui est encerclée, en juin 1940, dans Lille. Capturé, évadé, il rejoint le front pour être affecté au 2e groupement cuirassé.

Blessé, hospitalisé sur ordre, il s'échappe devant l'avance ennemie et gagne Paris à bicyclette. C'est alors qu'il décide de rejoindre le général de Gaulle à Londres en passant par l'Espagne, non sans avoir revu sa femme qui l'approuve et veillera sur leurs enfants. Le capitaine de Hauteclocque devient Leclerc. A Londres, il comprend le sens politique du combat du général de Gaulle : maintenir la France dans la guerre en tant que nation souveraine. Le chef de la France libre confie donc une mission politique au commandant Leclerc avec le ralliement du Cameroun le 26 août . Une nouvelle mission amène, le 12 novembre, le ralliement du Gabon dont Vichy voulait faire une base de reconquête de l'Afrique française libre. Les arrières assurés, le harcèlement des Italiens en Libye devient la priorité pour montrer que les Français continuent la guerre. Le colonel Leclerc est promu commandant militaire du Tchad, base logistique de ces opérations.

Le 1er mars 1941, après une préparation méthodique, Leclerc s'empare de Koufra, oasis italienne au sud-est de la Libye, première victoire exclusivement française. Leclerc jure alors « de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». L'écho de la bataille retentit jusqu'en France occupée. Un accord franco-anglais prévoit une action venant du Tchad pour faciliter l'offensive anglaise contre l'Afrika Korps sur la côte libyenne à partir de l'Egypte. Avec ses coloniaux du Tchad, Leclerc conquiert le Fezzan en 1942 et rejoint, le 26 janvier 1943, le général Montgomery, commandant la 8e armée britannique, qu'il convainc de l'engager dans la campagne de Tunisie. La « Force L », nom que portent désormais les unités de Leclerc, se distingue au combat de Ksar Rhilane le 10 mars où, avec l'aide de la Royal Air Force, elle cause de lourdes pertes à un groupement blindé allemand. Après un exil de quelques mois en Libye, le temps que le général de Gaulle s'impose au général Giraud, la 2e Division française libre (ex. « Force L ») donne naissance officiellement à la 2e Division blindée le 24 août 1943. La constitution de la 2e DB à Témara (Maroc) doit son homogénéité à son chef, alors qu'elle amalgame des hommes et des femmes d'horizons politiques et militaires multiples.

Dès la fin de 1943, de Gaulle a confié à Leclerc une autre mission politique : la libération de la capitale. La 2e DB est donc transférée en Angleterre fin avril 1944 pour parfaire son instruction. Intégrée à la IIIème Armée du général Patton, elle débarque à Utah-Beach le 1er août et reçoit le baptême du feu à Mortain. Puis elle se distingue dans les combats de la poche de Falaise. A la mi-août, le général Leclerc attend, non sans impatience, l'ordre de libérer Paris et d'y asseoir l'autorité du gouvernement provisoire. La détermination de Leclerc, les missions envoyées par le colonel Roi-Tanguy, commandant les FFI d'Ile-de-France, l'insistance du général de Gaulle ont convaincu Eisenhower de ne pas contourner la capitale. La 2e DB établit la jonction avec les FFI, force l'ennemi à la capitulation et prépare l'arrivée du général de Gaulle. Grâce à la détermination de son chef, la 2e DB a libéré Paris rapidement. Libérateur de Paris, Leclerc en est aussi le sauveur car la guerre n'est pas terminée et son unité doit livrer de durs combats au Bourget pour repousser la contre-offensive allemande. La 2e DB reprend sa progression : le 13 septembre, à Dom-paire, la coordination du feu et de la manoeuvre avec une intervention aérienne brise une attaque ennemie. Baccarat libéré le 30, Badonviller et Cirey-sur-Vezouze enlevés les 17 et 18 novembre, les Vosges sont franchies le 22. Un coup d'audace, résultat d'une préparation méthodique, permet la libération de Strasbourg. Leclerc a superbement tenu son serment de Koufra.

Rattachée à la 1re armée (de Lattre de Tassigny), le 2e DB participe à la réduction de la poche de Colmar. La campagne d'Alsace est pour elle éprouvante et coûteuse en vies humaines. Leclerc demande à être replacé dans le dispositif américain. Après une période de repos à Châteauroux, au cours de laquelle une partie de la Division, aux ordres de Langlade, participe à la réduction de la poche de Royan (15-17 avril 1945), Leclerc obtient des Alliés de participer au combat final en Allemagne avec, pour point d'orgue, la prise de Berchtesgaden et les couleurs françaises hissées sur la villa de Hitler le 5 mai.

Commandant supérieur des troupes en Extrême-Orient sous l'autorité de l'amiral Thierry d'Argenlieu, haut-commissaire et commandant en chef, Leclerc est parti pour l'Indochine avec une double mission : rétablir la souveraineté française et représenter la France à la capitulation japonaise. Son séjour à Ceylan auprès de l'amiral Mountbatten l'a convaincu que l'action diplomatique et politique devait être intégrée dans son plan de manoeuvre. Il prend la mesure, plus que beaucoup de ses contemporains, de l'importance du mouvement national au Vietnam.

Il rétablit l'ordre en Cochinchine et en Annam, fin 1945 - début 1946, et, de retour au Tonkin, prépare simultanément l'action militaire et l'action diplomatique (accords Sainteny - Hô Chi Minh du 6 mars 1946). La perception de l'homme de terrain s'oppose là aux positions de principe de ceux qui, comme de Gaulle ou d'Argenlieu, Moutet ou Bidault, craignent d'ébranler l'Union française par des mesures arrachées plus qu'accordées. Il demande alors une autre affectation. En juillet 1946, il est nommé inspecteur des Forces terrestres en Afrique du Nord, affectation interrompue par une mission en Indochine à la demande du président du Conseil Léon Blum en décembre 1946. Leclerc ne repousse pas l'hypothèse d'un accord avec les dirigeants nationalistes mais refuse tout engrenage militaire. Il décline l'offre de succéder à d'Argenlieu, craignant d'être politiquement isolé et de ne pas recevoir les moyens qu'il demande.

Il reprend ses fonctions d'Inspecteur qui ont été étendues à l'ensemble des trois armées. Face aux difficultés politiques de l'Afrique du Nord, il est favorable à une évolution plus mesurée dans le temps et moins extrême dans ses buts que pour l'Indochine. Mais, le 28 novembre 1947, son avion s'écrase dans les confins algéro-marocains près de Colomb-Béchar. Avec lui périssent sept officiers de son état-major et quatre navigants. Le 8 décembre, sont célébrées les obsèques nationales du chef dont de Gaulle écrit alors : " Jamais en lui, rien de médiocre, ni dans sa pensée ni dans ses paroles, ni dans ses actes ".

En 1952, il est promu maréchal de France à titre posthume. Son courage, sa ténacité, son ascendant sur les soldats, sa disparition soudaine, en font un personnage de légende qui entre pleinement dans l'Histoire.

 

Source : Christine Levisse-Touzé directrice du Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et du Musée Jean Moulin

Frédéric Bartholdi

1834 - 1904

Partager :

Frédéric Barholdi. Photo Musée Bartholdi

 

Frédéric Auguste Bartholdi naît le 2 août 1834 à Colmar (Haut-Rhin). Dès son enfance passée à Paris, il affiche des dons artistiques, et son avenir se trace au fil des visites des ateliers et monuments de la capitale, parallèlement à ses études au sein du lycée Louis-le-Grand.

De 1843 à 1851, il fréquente l'atelier du peintre Ary Scheffer, et suit pendant les vacances scolaires passées à Colmar les leçons de dessins de Mr Rossbach.

En 1852, Bartholdi s'installe dans un atelier à Paris, et exécute l'année suivante pour sa ville natale une de ses premières commandes : une statue du général Rapp, inaugurée en 1856.

À 21 ans, il entreprend un voyage au Moyen-Orient, en Égypte et au Yémen.

Remontant le Nil, il découvre une riche civilisation, dont les monuments ont survécu au temps. Ce périple enrichissant de huit mois permet à Bartholdi de ramener des croquis, dessins et photographies, et surtout de confirmer sa vocation de statuaire.

En 1857, il présente un projet de fontaine qui remporte un concours organisé par la ville de Bordeaux, mais qui n'est concrétisé que 42 ans plus tard, à Lyon, sur la place des Terreaux.

De 1863 à 1869, il réalise à Colmar le monument Martin Schongauer et la fontaine dédiée à l'amiral Bruat, entreprend un second voyage en Égypte, et sculpte son Petit Vigneron, exposé au marché couvert de Colmar.

En 1870, il réalise une première maquette de la Statue de la Liberté éclairant le Monde. Pendant la guerre, il est officier de la garde nationale, puis aide de camp du général Garibaldi et agent de liaison du gouvernement. Blessé par la perte de l'Alsace-Moselle, Bartholdi dit lors d'une discussion avec son ami Edouard de Laboulaye: "je lutterai pour la liberté, j'en appellerai aux peuples libres. Je tâcherai de glorifier la République là-bas, en attendant que je la retrouve un jour chez nous". Attaché à la concrétisation de l'amitié Franco-Américaine, il part pour les Etats-Unis.

En 1872, il réalise "la malédiction de l'Alsace", et prépare un monument funéraire des Gardes nationaux tombés durant la guerre. En 1873, la statue de Vauban est inaugurée à Avallon. En 1874, il réalise des bas-reliefs pour l'église unitarienne de Boston.

En 1875, pour l'exposition de Philadelphie, il achève une fontaine, et accomplit également une statue de Champollion. Dès lors, avec la création du Comité de l'Union Franco-Américaine, il s'attache à la confection de la Statue de la Liberté éclairant le Monde.

La main et le flambeau sont achevés en 1876, et présentés pendant 5 ans à Madison Square. Pour la ville de New-York, Bartholdi réalise aussi cette année-là une statue de La Fayette.

En 1878, la tête de la future statue de la Liberté est visible à l'exposition universelle de Paris.

De 1879 à 1884, il réalise le monument Gribeauval à Paris, le Lion de Belfort, la statue de Rouget de Lisle à Lons-le-Saunier, et celle de Diderot à Langres.

Le 4 juillet 1884, la France remet aux États-Unis la statue de la Liberté éclairant le Monde. En 1885, une réplique de quelques mètres est installée sur l'île des Cygnes à Paris, tandis que sa grande soeur est embarquée à bord de "l'Isère". La statue New-Yorkaise est inaugurée le 28 octobre 1886, d'autres copies de l'oeuvre étant installées par la suite à Hanoï et à Bordeaux.

De 1888 à 1891, Bartholdi réalise à Colmar le monument Roesselmann et le monument Hirn, puis le monument Gambetta à Sèvres.

De 1892 à 1895, il présente à Paris deux oeuvres consacrées à La Fayette et Washington et une sculpture sur la Suisse secourant Strasbourg, tandis que l'exposition universelle de Chicago accueille une statue de Christophe Colomb.

En 1898 est inauguré le monument de Schwendi à Colmar.

En 1902, il réalise pour la place des Ternes à Paris une oeuvre consacrée aux Aéronautes de la guerre de 1870, les Grands soutiens du monde (visible dans la cour du musée de Colmar).

En 1903, il achève le monument consacré à Vercingétorix pour la ville de Clermont-Ferrand, sur les bases d'une maquette créée en 1870.

Malade, Frédéric Auguste Bartholdi meurt à Paris le 4 octobre 1904.

En 1907, sa veuve lègue la maison et les maquettes de l'artiste à la ville de Colmar, où un monument en son hommage est inauguré.

En 1912 se tient à Belfort l'inauguration posthume du monument des Trois Sièges.

Le musée Bartholdi ouvre ses portes en 1922, quatre années après le retour de l'Alsace-Moselle à la France.

Parmi ses oeuvres figure le monument du Sergent Hoff, Héros de la guerre de 1870, au cimetière du Père-Lachaise (division 4).

 

Source : Musée Bartholdi

Pierre Denfert-Rochereau

1823 - 1878

Partager :

Denfert-Rochereau. Photo SHAT

Issu d'une famille de confession protestante originaire de Jarnac, Pierre Marie Philippe Aristide Denfert-Rochereau naît le 11 janvier 1823 à Saint-Maxent, dans le département des Deux-Sèvres.

Après un premier échec, il parvient finalement à intégrer l'École polytechnique en 1842, et opte pour une carrière militaire en 1845, de son propre aveu du fait de son médiocre classement.

Sorti premier de l'école d'application de l'artillerie et du Génie de Metz, le jeune lieutenant est affecté au 2ème régiment du Génie à Montpellier en 1847. Denfert-Rochereau participe à la prise de Rome en 1849, avant d'être promu capitaine et de prendre part à la guerre de Crimée, notamment au siège de Sébastopol en 1855 où il est blessé par balle à la jambe gauche. Rapatrié en France, il enseigne cinq ans la fortification à l'école d'application de Metz, avant de partir pour l'Algérie, où il fait bâtir casernes, ponts et barrages.

Désormais titulaire du grade de lieutenant-colonel, Denfert-Rochereau reçoit le commandement du génie de Belfort. L'officier entreprend d'aménager les défenses de la ville, dont il devient gouverneur en octobre 1870. Au sud de l'Alsace, Belfort est un chef-lieu d'arrondissement, sous-préfecture du département du Haut-Rhin, alors que la France est en guerre avec les armées allemandes coalisées autour de la Prusse depuis le mois de juillet.

Dès le 3 novembre 1870, la région de Montbéliard est envahie par les puissantes armées ennemies, et Denfert-Rochereau doit organiser la résistance de Belfort, place forte barrant l'entrée de la Bourgogne. Assailli par plus de quarante mille soldats menés par Werder, Denfert-Rochereau ne dispose que d'environ quinze mille hommes, dont un modeste quart sont issus d'unités régulières de ligne. À la sommation de rendre la ville, Denfert-Rochereau aurait répondu à l'ennemi : " Nous connaissons l'étendue de nos devoirs envers la France et envers la République et nous sommes décidés à les remplir ".

Refusant la sortie des vieillards, femmes et enfants, la machine de guerre prussienne utilise dès le mois de décembre 1870 plus de deux cent pièces d'artillerie, et bombarde Belfort dans l'espoir de mettre un terme au siège. Retranché dans une casemate de la tour des Bourgeois, à la porte de Brisach, Denfert-Rochereau n'accepte pas de baisser les armes, malgré les pertes humaines au sein de ses troupes et l'aggravation de la situation sanitaire de la population civile. Le combat se poursuit après l'armistice du 28 janvier 1871, et Denfert-Rochereau ne consent à se rendre que le 13 février, sur ordre exprès du gouvernement provisoire.

Après 103 jours de combats, les assiégés, encore forts de douze mille hommes, quittent Belfort devant les Prussiens qui leur rendent les honneurs de la guerre. Cette résistance héroïque sauve l'honneur d'une France meurtrie par la défaite de Napoléon III et de Mac-Mahon à Sedan, et la reddition de Bazaine à Metz. Elle permet à Adolphe Thiers, élu chef du pouvoir exécutif de la République française le 17 février par l'Assemblée nationale, d'obtenir des vainqueurs la conservation de l'arrondissement de Belfort au sein de la France, le Traité de Francfort du 18 mai 1871 prévoyant de céder à l'ennemi le reste de l'Alsace et une partie de la Lorraine.

Elu représentant du Haut-Rhin à l'Assemblée nationale dès le 8 février, le héros de Belfort donne sa démission lors de la signature des préliminaires de paix. Élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur le 18 avril 1871, Denfert-Rochereau est placé en position de disponibilité du fait de ses positions républicaines affirmées, et ne participe donc pas à la répression sanglante de la Commune.

Désormais civil, il est élu dans trois départements aux élections du 18 juillet 1871, et opte pour la Charente-Inférieure, en siégeant auprès de la gauche républicaine dans une assemblée à majorité conservatrice et monarchiste. Réélu en février 1876 dans le VIème arrondissement de Paris, il s'inscrit au groupe de l'union républicaine des gambettitstes, et se range naturellement aux côtés des opposants au général Mac-Mahon lors de la crise du 16 mai 1877. Lors de son troisième mandat, il se consacre plus particulièrement aux questions militaires, et revendique notamment le rétablissement du droit de vote pour les militaires, qui en sont privés depuis 1872.

Il meurt au palais de Versailles le 11 mai 1878, et reçoit des funérailles nationales lors de son inhumation à Montbéliard.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Charles Mangin

1866 - 1925

Partager :

Le général Mangin. Photo SHAT

 

Né à Sarrebourg (Moselle), Charles Mangin (1866-1925), participa, à la tête des tirailleurs sénégalais, à la mission Congo-Nil en 1898-1900 sous les ordres de Marchand. Colonel au Maroc avec Lyautey, il prit Marrakech.

Général, il commande en 1914-15 une brigade d'infanterie puis une division, la 5e D.I. de Rouen, lors de la bataille des frontières, sur la Marne, en Artois. Le 22 mai 1916, il attaque en vain le fort de Douaumont (Meuse) puis, toujours à Verdun, il dirige les offensives de reconquête aux côtés de Nivelle.

En 1917, il est au Chemin des Dames, chef de la 6e armée. L'attaque s'enlisant, il est limogé. Il revient en 1918 commander la 10e armée avec laquelle il effectue la célèbre contre-attaque du 18 juillet à Villers-Cotterêts où il brise l'ennemi. Vainqueur dans l'Aisne à l'automne, il rompt le front allemand, libère Soissons et Laon.

L'armistice annule son offensive prévue en Lorraine. Il entre à Metz le 19 novembre, atteint le Rhin à Mayence le 11 décembre, occupe la Rhénanie.

Convaincu de la valeur des troupes sénégalaises, c'était un partisan ardent d'une armée africaine ("la Force noire") plus nombreuse et plus puissante, au service de la France. Pour l'anecdote, rappelons que de 1906 à 1922, son fidèle ordonnance fut un Bambara de haute stature, Baba Koulibaly, qui veilla jour et nuit sur lui avec dévouement et une ostentation que le général appréciait, étant lui-même volontiers théâtral. Mangin tel qu'il était, adoré ou détesté, a vraiment incarné le type de l'officier colonial, infatigable, tempétueux, dominant les hommes et forçant les événements.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA

Ferdinand Foch

1851-1929

Partager :

Le maréchal Foch. Source : SHD

 

Foch naît à Tarbes, en 1851, au sein d'une famille bourgeoise et pieuse.

Lycéen travailleur et brillant, il devient bachelier ès lettres puis ès sciences. Envoyé à Metz en 1869 pour y préparer l'Ecole polytechnique, il connaît l'occupation prussienne qui s'abat sur la Lorraine.

Épreuve déterminante ? À Polytechnique, il choisit la carrière des armes. Capitaine à 26 ans, ami de Gustave Doré, il se marie en 1883.

Élève à l'École de Guerre en 1885. il y professe de 1895 à 1901, avant d'en devenir le commandant en 1908. Déjà, deux ouvrages ont regroupé ses conceptions stratégiques. "La réalité du champ de bataille est qu'on n'y étudie pas . on fait simplement ce que l'on peut pour appliquer ce que l'on sait . dès lors, pour y pouvoir un peu, il faut savoir beaucoup et bien" (Foch. in "Principes de guerre").

Août 1914 : la guerre éclate.

Général depuis 1907, Foch commande alors le 20e corps d'armée à Nancy. Le 29 août, il prend la tête des unités qui vont former la 9e armée, se distinguant dans la bataille des marais de Saint-Gond, opération capitale dans la première bataille de la Marne. Il coordonne ensuite le groupe des armées alliées du Nord qui arrêtent les Allemands dans leur "course à la mer", puis dirige les offensives d'Artois en 1915 et celles de la Somme en 1916.

Mais l'impact du résultat de celles-ci, jugé insuffisant, s'ajoutant à des rivalités internes, entraîne une disgrâce provisoire du général. En 1917, la situation militaire des Alliés est inquiétante : échec du général Nivelle sur le Chemin des Dames, mutineries, effondrement de l'empire russe, déroute italienne... Foch est rappelé comme chef d'état-major général de l'Armée.

Désigné comme généralissime des troupes alliées, il bloque l'offensive allemande en avril 1918 et lance la contre-attaque décisive du 18 juillet. Le 11 novembre, il a le sentiment du devoir accompli. Mais il songe aussi aux millions de soldats morts - dont son fils et son gendre - et il sait qu'il faut aussi gagner la paix. "Je ne fais pas la guerre pour la guerre. Si j'obtiens par l'armistice les conditions que nous voulons imposer à l'Allemagne, je suis satisfait. Le but étant atteint, nul n'a le droit de faire répandre une goutte de sang de plus". (Mémoires du maréchal Foch, t. II. p. 285).

Les honneurs l'auréolent : il est maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne, académicien, titulaire de 37 décorations françaises et étrangères, Président du Conseil supérieur de la guerre. Conseiller lors de la conférence qui s'ouvre le 18 janvier 1919, il ne réussit pas à imposer sa conception d'une paix exigeant le Rhin comme frontière de l'Allemagne plutôt que fondée sur d'hypothétiques promesses.

Déçu par les clauses du traité, il veut faire entendre sa voix en se présentant aux élections présidentielles de 1920. Son échec lui fait renoncer à la politique. Il voyage, écrit ses mémoires, ne cessant de défendre sa conviction : une nation moralement forte, puissamment armée, est nécessaire pour éviter que ne recommence la guerre. L'isolement de la France, le marasme économique qui se profile, la déliquescence des traités de paix, assombrissent d'autant ses dernières années.

Le 20 mars 1929 s'achève une vie placée sous la devise : "Que soit vaincu celui qui ne veut vaincre". Le nom de Foch est lié à la victoire de 1918, et c'est symboliquement que de très nombreuses municipalités en ont baptisé une rue, une place, un boulevard : le maréchal Foch est incontestablement l'un des personnages historiques les plus évoqués dans les villes de France.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA/SDACE

Georges Guynemer

1894 - 1917

Partager :

Georges Guynemer devant son Spad. ©SHDAI

 

 

 

 

Georges, Marie Guynemer naît à Paris le 24 novembre 1894.

À la déclaration de guerre, il tente de s'engager dans l'infanterie, puis dans la cavalerie, mais est à chaque fois refusé en raison de sa faible constitution physique. Il parvient à s'engager dans l'aviation et obtient son brevet de pilote en mars 1915. Au sein de l'escadrille des Cigognes, il se révèle rapidement un pilote de chasse d'une audace et d'une habileté extraordinaires. Il est plusieurs fois cité, plusieurs fois décoré.

Devenu un mythe vivant, le capitaine Georges Guynemer disparaît en mission (« en plein ciel de gloire », dira l'ultime citation qui lui a été accordée), au-dessus de Poelkapelle (Belgique), le 11 septembre 1917, aux commandes de son appareil, le Vieux Charles. Ses 53 victoires homologuées font de lui l'un des « As » de l'aviation française de la Première Guerre mondiale.

Sa devise, « Faire face », a été reprise par l'Armée de l'air.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA CEROd - ©SHDAI

 

 

 

 

 

 

René Quillivic

1879-1969

Partager :

René Quillivic dans son atelier. Source : www.ibretagne.net

Une identité bretonne affirmée 

René Quillivic est né à Plouhinec dans le Finistère en 1879, d'un père paysan-pêcheur.

Il commence sa formation de sculpteur, sans que rien ne le prédestinait à cela, à l'atelier de menuisier-charpentier de son village.

Parvenu à obtenir une bourse d'étude grâce au député puis sénateur du Finistère Georges Le Bail, il entre ensuite à l'École nationale des Beaux-Arts de Paris.

Durant ses années de formation, il cherchera toujours à rendre compte d'une tradition culturelle qui lui apparaît très vite originale.

René Quillivic s'illustre dans la commémoration funéraire de tradition bretonne 

Déjà, avant la guerre, il connaît la commémoration funéraire. Mais c'est surtout dans le contexte de l'après Première guerre mondiale que René Quillivic devient l'un des plus célèbres sculpteurs de Bretagne.

La presque totalité des monuments commémoratifs de Quillivic se situe dans le Finistère.

René Quillivic retrouve certains usages de la tradition des artisans statuaires de la Bretagne des XVème et XVIIIème siècles. Il s'approprie progressivement l'usage de la kersantite dans la réalisation de ses oeuvres, sous la férule de Donnart, tailleur de pierres et tombier de Landerneau. La kersantite (appelé à tort Granit de Kersanton) est une roche que l'on trouve dans le Nord-Finistère, autour de la rade de Brest. Elle a un grain dense, une couleur gris sombre, presque noire sous la pluie, peu sensible à l'érosion. « Très rapidement en fait, au rythme de ses créations monumentales, la kersantite apparaît comme la roche symbolique de la commémoration bretonne, puisque très peu de matériaux sont aussi précisément inscrits dans le sol et dans l'histoire d'un pays, ainsi que dans la durée » Sylvie Blottière-Derrien dans Monuments de Mémoire - Monuments aux morts de la Grande Guerre, Mission permanente aux commémorations et à l'information historique, Secrétariat d'Etat aux anciens combattants et victimes de guerre, 1991.

René Quillivic inscrit le choix des thèmes de ses oeuvres dans le contexte régional, proche des Bretons. Ses modèles sont des familiers, connus et reconnus des gens.

Ainsi, à Bannalec, les gens du village reconnaissent sur le monument funéraire de Quillivic la soeur du glorieux aviateur Le Bourhis. De même, à Plouhinec, il fige dans la pierre le portrait de sa propre mère. « René Quillivic a su être le promoteur d'une sculpture commémorative spécifiquement bretonne ».

 

Quelques unes de ses Oeuvres 


Le monument aux morts de Pont-Scorff (Morbihan)

L'initiative de cette oeuvre revient à la Princesse Henri de Polignac qui souhaitait rendre hommage à son époux tué le 25 septembre 1915 à Auberive en Champagne. Cette oeuvre a été réalisée par René Quillivic sous la direction de l'architecte Charles Chaussepied et de Donnart, tailleur de pierres et tombier.


Le monument de Saint-Pol-de-Léon (Finistère), inauguré en 1920

Oeuvre conforme aux souhaits du maire de la commune, le sculpteur Quillivc la réalise de concert avec l'architecte Charles Chaussepied. Le gisant représente un poilu. Aux angles de la dalle funéraire, sont représentées quatre femmes du pays : l'une d'elles porte la grande coiffe de deuil, une autre une coiffe de la campagne, la troisième une coiffe citadine et la dernière, vêtue en bourgeoise en deuil. Par ces choix « toutes les catégories sociales et tranches d'âge sont représentées : la première, âgée de 50 ou 60 ans, la seconde une veuve de 30 ou 35 ans, la troisième étant une très jeune veuve, enfin la jeune bourgeoise symbolisant une fiancée ».

 

Liste des monuments connus de Quillivic 

Finistère

  • Saint Pol de Léon
  • Roscoff
  • Guiclan
  • Châteaulin (sur Jean Moulin)
  • Pont-Croix
  • Plouhinec
  • Plouyé
  • Scaër
  • Banalec
  • Coray
  • Ile de Sein

Côtes d'Armor

  • Loudéac
  • Pleumeur-Bodou

Morbihan 

  • Pont-Scorff
 
Source : DMPA Territoire Ouest

John Mc Crae

1872-1918

Partager :

John Mc Crae. Photo MINDEF/SGA/DMPA

 

 

Si sur les tombes britanniques fleurissent de discrets coquelicots de papier, tressés parfois en couronne, que l'on peut trouver sur toutes les stèles et cénotaphes, comme au coeur de la cathédrale d'Ypres, c'est à John Mc Crae que l'on doit cette image. La France a choisi le bleuet, les britanniques la fragile fleur des champs, le « poppy », dès 1921. Pourtant la « fleur du souvenir », que l'on arbore au « Poppy day », ne rappelle pas la couleur des uniformes de parade mais la vision du champ de bataille de l'Essex Farm à Boezinge, près d'Ypres. Le poème "In Flanders Field" renvoie à tous les témoignages d'auteurs connus comme d'anonymes et est devenu bien vite le symbole de toute une génération fauchée dans la fleur de l'âge, à l'instar de Dorgelès ou de Genevoix.

Né au Canada en 1872, ce médecin et biologiste s'enrôle volontairement pour la guerre des Boers en Afrique du Sud puis fait de même pour intégrer le Corps Expéditionnaire canadien dès le début de la Grande guerre. Promu au grade de Lieutenant-Colonel du Corps médical canadien, il aurait écrit en mai 1915 ce poème au coeur de la mêlée des Flandres, à Boezinge.

Muté à Boulogne, il décède à la fin de janvier 1918 à l'Hôpital militaire britannique de Wimereux.

 

 

 

Terriblement évocateur, ce poème évoque en toute simplicité les champs de bataille de Flandre :

In Flanders Fields the poppies blow

Between the crosses, row on row,

That mark our place. and in the sky

The larks, still bravely singing, fly

Scarce heard amid the guns below.

 

We are the Dead. Short days ago

We lived, felt dawn, saw sunset glow,

Loved, and were loved, and now we lie

In Flanders fields.

 

Take up our quarrel with the foe:

To you from failing hands we throw

The torch, be yours to hold it high.

If ye break faith with us who die

We shall not sleep, though poppies grow

In Flanders fields

 

Les campagnes de Flandre, belge et Française, sont parsemées de ces champs de bataille, de vestiges et de lieux de souvenir. Aujourd'hui il est possible de visiter la position où Mc Crae rédigea ce poème à Boezinge, où les bunkers côtoyant l'Essex Farm se dressent encore, veillant toujours sur le canal le long du Diksmuideweg (le chemin de Dixmude)

 

Source : François Hanscotte

Berty Albrecht

1893-1943

Partager :

Berty Albrecht. Source : SHD

Née le 15 février 1893 à Marseille de parents protestants, elle prépare un diplôme d'infirmière d'Etat et travaille dans un hôpital militaire pendant la grande guerre. En 1919, elle épouse un financier hollandais, Frédéric Albrecht, dont elle aura deux enfants et part pour Londres en 1924.

De retour à Paris en 1931, elle consacre son temps à la Ligue des Droits de l'Homme et à la condition féminine. En 1934, elle s'occupe des réfugiés allemands du nazisme afin de leur procurer argent, logement et travail. Elle fera de même pour les réfugiés de la guerre civile d'Espagne. Elle sera mobilisée pendant la guerre en tant que surintendante aux Usines Fulmen à Vierzon.

Profondément choquée par l'armistice, elle refuse la défaite et se rend en zone libre où elle retrouve son ami évadé d'Allemagne, Henri Frenay, avec lequel elle organise d'abord à Vichy puis à Lyon ce qui devient le grand mouvement de Résistance "Combat". Elle est arrêtée par le gouvernement de Vichy, fin avril 1942, mise en internement administratif, n'a droit ni à un avocat, ni à un procès. Elle fait une grève de la faim pour obtenir d'être jugée et obtient gain de cause au bout de 13 jours. Transférée à la prison de Saint-Joseph à Lyon, jugée au bout de six mois, elle est condamnée à passer le restant du temps de guerre dans un camp d'internement du gouvernement de Vichy.

Elle simule alors la folie, est internée à l'hôpital psychiatrique de Bron, d'où un commando du mouvement Combat la fera évader le 23 décembre 1942.

Recherchée par toutes les polices françaises et allemandes, elle se cache durant deux mois dans la région de Toulouse et rejoint Henri Frenay à Cluny où elle reprend la lutte clandestine. Dénoncée, elle est arrêtée par la Gestapo à Mâcon, le 28 mai 1943, transférée à la prison de Montluc à Lyon puis incarcérée à Fresnes, le 31 mai à 0H15, où elle réussit à échapper à la surveillance de ses gardiens et se donne la mort par pendaison dans la nuit.

En mai 1945, son corps est retrouvé dans le jardin potager dans la prison de Fresnes et inhumé dans la crypte du Mémorial de la France Combattante au Mont Valérien. Elle a reçu à titre posthume la Croix de Compagnon de la Libération, la Médaille Militaire, la Croix de Guerre avec palmes et la Médaille de la Résistance.

 

Source MINDEF/SGA/DMPA Capitaine Prévost