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Le tourisme de mémoire en Normandie

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Le tourisme de mémoire en Normandie

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Sommaire

    En résumé

    DATE : 19 août 1942

    LIEU : France

    ISSUE : Raid anglo-canadien sur Dieppe (opération Jubilee)

    Porteur d’enjeux économiques, culturels et civiques, le tourisme de mémoire attire chaque année en Normandie des millions de visiteurs venus marcher sur les traces des libérateurs de 1944. Actrice incontournable de la filière, la Région Normandie travaille à la création de synergies autour d’ambitions et de projets communs.

    Dès 1942, avec le raid sur Dieppe du 19 août, l’histoire de la Normandie dans son ensemble a été intimement liée à celle du retour de la liberté. Mais c’est sans aucun doute le Débarquement allié du 6 juin 1944, épisode décisif de la Seconde Guerre mondiale, qui a donné à la Normandie sa renommée internationale.

    Le jour J et ceux qui suivent, des milliers de jeunes hommes représentant une quinzaine de nations différentes, dont les 177 Français du Commando Kieffer, débarquent sur les plages normandes. Le 6 juin, à minuit, plus de 150 000 soldats alliés s’y trouvent déjà. 12 000 d’entre eux sont tués, blessés ou faits prisonniers dès les premières heures du Débarquement. Suivront plusieurs mois de combat pour libérer la région, puis Paris et enfin atteindre l’Allemagne.

    La Normandie porte en elle les traces de ces combats. Près de 21 000 civils y périrent. La grande majorité des communes a été fortement touchée et certaines détruites à plus de 90 %. Aujourd’hui encore, à travers des vestiges, des cimetières, des lieux de visites, un patrimoine de la reconstruction emblématique, ces stigmates sont visibles et permettent à cette mémoire d’être vivante. Le Débarquement du 6 juin 1944 et la Bataille de Normandie sont gravés dans l’esprit de chaque Normand et font partie d’un patrimoine commun.

    La Normandie s’affirme comme une terre de mémoire et d’histoire, où se rendent et se croisent des visiteurs de tous pays et de toutes générations pour découvrir et partager le souvenir de ceux qui ont combattu pour la liberté. Avec un souci perpétuel de transmission, elle cherche à agir en faveur du développement d’un tourisme de mémoire respectueux.

    Les fondements du tourisme de mémoire normand

    Un travail de mémoire s’est engagé dès 1945 en Normandie, notamment à travers l’instauration de commémorations qui, chaque 6 juin, ont pris au fil des années une envergure internationale.

    Le 22 mai 1945 a ainsi été créé, à l’instigation de Raymond Triboulet, nommé sous-préfet de Bayeux à la Libération, le Comité du Débarquement. Il organise dès le 6 juin 1945, moins d’un mois après la fin de la guerre en Europe, le premier anniversaire du D-Day et donne très rapidement une dimension nationale aux cérémonies commémoratives. Son rôle, depuis, est d’assurer chaque année la commémoration du Débarquement du 6 juin 1944.

    Son action est confortée par une loi nationale du 21 mai 1947 "relative à la conservation du souvenir du débarquement allié en Normandie", dans laquelle l’État français lui délègue le soin d’organiser l’espace littoral en vue d’y développer un "tourisme de mémoire". C’est la première utilisation reconnue de ce terme. Cette loi est fondamentale en ce qu’elle institue véritablement l’anniversaire annuel et national du 6 juin, ainsi que la construction de monuments, de musées permanents et d’événements commémoratifs. Le Comité du Débarquement crée ainsi le premier musée du Débarquement à Arromanches-les-Bains en 1954 et le tourisme de mémoire commence à se développer.

    Les commémorations du 6 juin ont ensuite connu un tournant en 1984, année qui marque l’internationalisation de la commémoration et l’invitation des puissances alliées en Normandie.

    À partir de cette date, et particulièrement depuis le soixantième anniversaire, l’État, les collectivités, les associations, les entreprises et de nombreux autres acteurs se révèlent incontournables dans l’organisation des célébrations du D-Day. Celles-ci vont désormais au-delà de la commémoration pure, développant un caractère plus festif pour donner lieu à de l’événementiel commémoratif, ce qui assure des retombées économiques importantes pour le territoire normand.

    En 20 ans, le nombre de visiteurs associés au tourisme de mémoire a doublé, passant de 3 à près de 6 millions (5 926 409 visiteurs en 2014). De très forts pics de fréquentation sont observés lors des anniversaires décennaux et les commémorations elles-mêmes semblent être de plus en plus fréquentées.

    Le souvenir de la Seconde Guerre mondiale et du Débarquement sont ainsi le fondement du développement d’un tourisme de mémoire en Normandie. De nombreuses initiatives régionales, portées par des collectivités territoriales, des musées ou des communautés éducatives, ont émergé afin d’accompagner les nouvelles générations dans la compréhension de ce conflit, dans la transmission de cette mémoire normande et dans une meilleure appréhension du monde contemporain.

     

    Monument_Les_Braves

    "Les Braves" de la sculptrice Anilore Banon, Omaha Beach. © Marie-Anaïs Thierry/CRT Normandie

     

    Une stratégie globale

    À la veille du 70e anniversaire du Débarquement, en 2014, la Région Normandie a renforcé sa volonté de poursuivre le travail considérable accompli depuis 1945 en structurant véritablement le tourisme de mémoire normand.

    Son ambition est de faire de la Normandie LA destination internationale par excellence sur la Seconde Guerre mondiale, porteuse des valeurs de paix, de liberté et de réconciliation.

    Pour cela, dès 2013, la Normandie a piloté le contrat de destination « Tourisme de mémoire en Normandie », véritable outil de travail collaboratif permettant de structurer et de faire la promotion de destinations touristiques à forte visibilité internationale. Ce contrat a permis d’impliquer 22 partenaires publics et privés (État, collectivités, musées, organismes de transport…) afin de construire une dynamique territoriale de développement du tourisme de mémoire local.

    Cette démarche reposait sur deux principes :

    • Le passage d’un tourisme de mémoire à un tourisme d’histoire avec le besoin d’ancrer les faits et le discours dans une vision contemporaine de l’histoire ;
    • L’excellence de la destination avec pour objectif de structurer, qualifier, développer l’ensemble de la chaîne de services dans un souci constant de satisfaction du visiteur.

    Les actions du contrat ont contribué à :

    • La mise en place d’un management de destination pour renforcer la structuration de l’offre à l’échelle régionale ;
    • Une amélioration de la qualité d’accueil proposée aux clientèles du tourisme de mémoire, dans une optique « chaîne de services » (11 établissements Normandie Qualité Tourisme, et 15 établissements Normandie Qualité Tourisme Lieux de mémoire) ;
    • Le passage d’une stratégie de cueillette à une stratégie de conquête vers les nouvelles générations : une stratégie marketing autour de la nouvelle marque de destination "1944 D-DAY Normandie, terre de liberté" fait aujourd’hui partie des marques fortement promues par Atout France, en France et à l’international, contribuant ainsi au rayonnement et à l’attractivité du territoire ;
    • Une évolution significative de l’attractivité touristique de la destination sur cette thématique, favorisant l’accroissement des retombées économiques ;
    • Un positionnement de la Normandie comme destination porteuse des valeurs de paix, de liberté, de réconciliation : les actions du contrat de destination contribuent à la mise en oeuvre de la stratégie régionale Normandie pour la paix et sont systématiquement pensées en cohérence avec le projet d’inscription des plages du Débarquement au patrimoine mondial de l’Unesco ;
    • Une contribution à l’éducation citoyenne, en améliorant la compréhension des événements historiques présentés.

    Le contrat a d’autre part été pensé dans l’objectif de parler, au-delà du Débarquement, de la Bataille de Normandie dans son ensemble, afin de mettre en perspective ces événements avec la libération de Paris et de l’Europe.

    L’expertise développée, depuis maintenant de nombreuses années, sur cette thématique du tourisme de mémoire a permis une reconnaissance internationale. C’est une des raisons pour lesquelles la Région est membre fondateur du réseau européen Libération Route Europe (LRE). À travers lui, l’objectif est de faire prendre conscience aux acteurs du tourisme de mémoire des enjeux d’une vision partagée de l’histoire, pour les amener à faire évoluer leur offre et ainsi attirer de nouvelles clientèles. Cela permet en outre de porter des réflexions et des projets à l’échelle européenne et de bénéficier des expériences partagées par les divers pays européens.

     

    5. Musee_du_Debarquement_de_Utah_Beach

    Musée du Débarquement de Utah Beach. © Coraline et Léo/CRT Normandie

     

    Une offre conséquente en perpétuel renouvellement

    Le 75e anniversaire du Débarquement et de la bataille de Normandie, en 2019, a une nouvelle fois été un anniversaire majeur illustrant la pleine expansion de cette destination. La crise sanitaire qui a suivi a cependant donné un coup d’arrêt qui a fortement affecté les lieux de mémoire normands.

    De nouveaux enjeux se présentent et la Région Normandie a souhaité poursuivre son implication auprès des acteurs touristiques pour accompagner l’évolution de leur offre.

    Il s’agit, tout d’abord, de répondre à l’exigence collective d’un développement touristique plus responsable : la demande des clientèles est en effet de plus en plus forte pour des offres qui permettent de concilier loisirs, découverte, ainsi que préservation de l’environnement et des sociétés. La crise sanitaire que nous avons traversée a très sensiblement renforcé ces attentes.

    Il faut, ensuite, rechercher de nouvelles clientèles en adaptant la destination aux publics néophytes (jeunes ou personnes n’ayant pas de lien direct avec cette histoire) ou éloignés de ces références culturelles (clientèles asiatiques par exemple), mais également fidéliser des clientèles de proximité redécouvertes pendant la crise. La nécessité de faire évoluer l’offre pour passer d’un tourisme de mémoire à un tourisme d’histoire reste essentielle.

    Enfin, il est nécessaire de s’adapter aux nouvelles attentes des clientèles en proposant des expériences de visite qui respectent l’histoire et les lieux, tout en apportant aux visiteurs un nouveau regard, un nouvel angle de découverte.

    Pour poursuivre la dynamique enclenchée, qui fait l’unanimité des différents acteurs de la destination, un nouveau plan d’actions pour les cinq années à venir a été défi ni, avec pour objectif 2024 et le 80e anniversaire du Débarquement et de la Bataille de Normandie.

    Cette nouvelle feuille de route s’inscrit dans la poursuite des actions déjà engagées. Il est ainsi prévu de réaliser, à compter de 2022, une grande étude de la consommation et des pratiques touristiques sur cette destination. De nouvelles données à jour sur les comportements et les attentes des visiteurs seront recueillies et permettront par la suite de mener des actions adaptées sur le développement des offres.

    À noter également que l’ensemble de ce plan d’actions s’inscrit dans une démarche de développement d’une destination plus responsable, travaillée par la Région en lien avec les collectivités et acteurs touristiques normands.

    On dénombre aujourd’hui 94 sites et lieux de visite mémoriels en Normandie, en lien avec la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit de la première thématique de visites en Normandie. Mais avec près de 45 % de visiteurs étrangers, la crise récente oblige à repenser sans cesse le développement de cette destination. Le tourisme de mémoire reste de plus une thématique sensible, impliquant de transmettre aux jeunes générations des offres qui, faisant écho aux valeurs portées par la destination, s’appuient sur des connaissances précises et approfondies, dans un souci permanent d’excellence.

    Horizon 2024

    La Région Normandie accompagne cette année, avec l’anniversaire de l’opération Biting et du Raid de Dieppe, le cycle mémoriel consacré au 80e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale, avec en ligne de mire celui du Débarquement et de la Bataille de Normandie dans deux ans. Un logo dédié au 80e va permettre aux acteurs normands de s’inscrire dès à présent dans cet anniversaire et de valoriser les nombreux projets de commémorations et de célébrations.

    Ce 80e anniversaire sera par ailleurs, très certainement, le dernier en présence de vétérans ou témoins du conflit. Cette disparition annoncée de notre lien direct avec les faits renforce l’impératif de transmission intergénérationnelle et laisse plus que jamais entrevoir un passage de la mémoire à l’histoire, auquel il faut donc d’ores et déjà préparer la destination.

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    Le mémorial britannique de Ver-sur-Mer

     

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    © Refuse to hibernate/CRT Normandie

     

    Surplombant "Gold Beach", le mémorial de Ver-sur-Mer (Calvados) est constitué de fines colonnes de pierre blanche gravées du nom des 22 442 soldats qui, sous commandement britannique, perdirent la vie en Normandie entre le débarquement du 6 juin et le 31 août 1944.

    Inauguré en 2021 en présence d’Emmanuel Macron et de Theresa May, le site comprend en outre un monument en hommage aux civils ayant péri lors des combats dans la région.

     


    Le mémorial de Bruneval

     

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    © Elisa Dolleans

     

    Situé sur les hauteurs des falaises de craie de la Côte d’Albâtre, à Saint-Jouin-Bruneval (Seine-Maritime), le mémorial de Bruneval s’attache à remémorer l’une des opérations alliées les plus audacieuses de la Seconde Guerre mondiale : le raid britannique de la nuit du 27 au 28 février 1942 qui avait pour cible le radar allemand installé dans la commune.

    Un premier monument voit le jour en présence du général de Gaulle en 1947. Le mémorial est quant à lui inauguré en 2012 par Kenneth Holden, l’un des derniers vétérans du raid.

     


    Le mémorial de Mont Ormel

     

    Memorial_de_Mont_Ormel

    © Coraline et Léo/CRT Normandie

     

    Août 1944, la bataille de Normandie s’achève. Dans la poche de Falaise-Chambois (Orne), les Alliés finissent de l’emporter sur les Allemands. Situé sur les lieux mêmes des combats, entre Argentan et Vimoutiers, le mémorial offre un point de vue exceptionnel sur la vallée de la Dives.

    À la fois témoignage des efforts des nations alliées à vaincre un ennemi commun et lieu d’immersion dans les combats, ce site de mémoire rend hommage aux grands stratèges et protagonistes d’une bataille que Montgomery avait définie comme le "commencement de la fin de la guerre".

    Auteur

    Hervé Morin - Président de la Région Normandie

    Le Centre Juno Beach

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    © F. Turgis

    Commémorer le raid de Dieppe

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    Mémorial du 19 août 1942, Dieppe. © Danielle Dumas/CRT Normandie

    Des musées normands en rénovation

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    Modélisation du futur musée du débarquement d’Arromanches. © Photo cabinet Projectiles

    Laissez-passer pour une déléguée britannique

    19 août 1942 - Le raid de Dieppe

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    Au début de l'année 1942, les forces de l'Axe sont victorieuses sur tous les fronts. Les Soviétiques, en difficulté face aux troupes allemandes, souhaitent que les Alliés ouvrent à l'Ouest un nouveau front pour les soulager.

    Si l'état des forces alliées ne permet pas d'envisager un débarquement majeur en Europe avant 1943, décision est toutefois prise de tenter un raid sur Dieppe, en Normandie. Point stratégique, la ville se trouve en effet à portée de l'aviation britannique, ce qui permet de soutenir les soldats se battant au sol. L'objectif de l'opération est de tester le système de défense allemand, de collecter du renseignement et de détruire un maximum d’infrastructures stratégiques : défenses côtières, aérodrome, station radar, centrale électrique, etc.

    A l'aube du 19 août 1942, un peu plus de 6000 hommes, dont 5000 canadiens, 1000 britanniques, 50 rangers de l'armée américaine et quelques combattants de la France libre débarquent en 5 points différents répartis sur 16 kilomètres de côtes défendues par les Allemands. L'opération Jubilee est lancée. Elle va s'achever tragiquement.

    Le cimetière militaire roumain de Soultzmatt

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    Cimetière militaire roumain de Soultzmatt. © ECPAD

     

    Pour accéder au panneau d'information de la nécropole, cliquer ici vignette_Soultzmatt

     

     

    Situé au Val du Pâtre, le cimetière militaire de Soultzmatt est la plus grande nécropole roumaine en France. Lieu emblématique de la mémoire roumaine, ce site rassemble les dépouilles de 678 soldats morts en captivité en 1914-1918 dont la plupart sont décédés à la suite de mauvais traitements, de malnutrition et d’épuisement. Entre 1916-1917, ces hommes, prisonniers de l’armée allemande, sont déplacés et employés à la construction de routes et d’abris. En 1920, la commune de Soultzmatt, épargnée par la guerre, fait don à la Roumanie du terrain nécessaire pour réunir les corps de ces soldats dispersés dans plus de 35 communes. En 1927, le roi Ferdinand et la reine Marie de Roumanie assistent à l’inauguration de ce cimetière, rappelant l'amitié traditionnelle entre la France et la Roumanie.

     

    La Roumanie dans la Grande Guerre

    Après avoir déclaré la guerre à l'empire austro-hongrois en août 1916, la Roumanie déclenche une offensive sur le Danube et sur les Carpates. Faute de moyens militaires, cette attaque est un échec. Fort de son succès, les forces du général allemand von Mackensen bousculent les maigres effectifs roumains. Au terme de trois mois de combats, le pays s'effondre. Le 6 décembre 1916, les Allemands entrent à Bucarest. En février 1917, on recense près de 80 000 hommes aux mains des Empires Centraux. La moitié d'entre eux est envoyée dans des camps en Allemagne considérés comme des traitres. En dépit des règles établies par la seconde conférence de la Haye de 1907, les conditions de vie sont particulièrement difficiles. Beaucoup sont transférés en France ou sur le front italien pour y effectuer un travail de forçat.

    Le camp du Val du Pâtre

    Après avoir déboisé une partie de la forêt à l’ouest de Soultzmatt pour construire des abris et des installations militaires où cantonnent les troupes au repos, les Allemands installent un camp de travail où les gardiens n’épargnent aucun des prisonniers. En 1917, au terme d'un voyage éprouvant, les premiers prisonniers roumains, torturés par la faim et la soif, sont accueillis à Soulzmatt. Là, sous l’étroite surveillance des soldats du Landsturm ils sont affectés au sein de kommandos agricoles, d’usines ou de chantiers aux abords du front. Au sein des Rumänen-Bewahuns-kommando et des Kriegsgefangenen-Arbeiter-bataillonen, ils sont astreints à des travaux pénibles de coupe de bois sur les pentes du Schimberg. Mal nourris, les prisonniers meurent de faim. En outre, les difficiles conditions climatiques aggravent les conditions de vie. Ainsi, dans la nuit du 27 au 28 janvier 1917, 131 prisonniers meurent de froid à Steinbrunn-le-Haut (68). Sur les 452 prisonniers roumains identifiés, qui reposent dans le cimetière militaire de Soultzmatt, 68 % sont décédés au cours du premier trimestre de 1917. Malgré l’insistance du Comité international de la Croix Rouge de Genève, les camps de prisonniers roumains restent inaccessibles. De même, l'accord de Berne du 7 mars 1918 visant l'amélioration du sort des prisonniers ne touche guère les Roumains. Au péril de leur vie, certains habitants alsaciens bravent les interdits en leur donnant de la nourriture. En octobre 1918, en France, il reste 28 000 prisonniers, moribonds et affamés.

    Le cimetière militaire roumain de Soulzmatt

    Par délibération du 30 août 1919, le conseil municipal du village de Soulzmatt, cède gracieusement une parcelle pour aménager, à l’emplacement même de l’ancien camp Kronprinzlager, un cimetière militaire destiné à recueillir les restes des soldats roumains.

    En avril 1924, le couple royal effectue un voyage en Alsace. Accueilli par le général Berthelot, ancien chef de la mission militaire française en Roumanie en 1916-1918. Il se recueille à Soulzmatt où trois plaques de marbre sont dévoilées. Celles-ci portent des inscriptions dédiées au sacrifice des prisonniers roumains. La première rappelle le supplice enduré par tous les prisonniers qui sont morts de "faim, misère et tortures". La deuxième évoque la lourde tache entreprise par le Comité des Monuments roumains d’Alsace. En effet, conformément aux vœux du gouvernement roumain, cet organisme est chargé dès 1919 de réunir des tombes qui dispersées dans 35 villes et communes d’Alsace. La troisième enfin est celle de la Reine Marie dont la dédicace honore le souvenir de ceux qui "loin de votre pays pour lequel vous vous êtes sacrifiés, reposez-vous dans la gloire". Aujourd’hui, les corps de 3 000 Roumains reposent encore au sein de quelques nécropoles nationales comme celles de Strasbourg-Cronenbourg (67), d’Effry (02), d’Hirson (02) ou Dieuze (57).

     

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    Soultzmatt

    Horaires d'ouverture hebdomadaires

    Visites libres toute l’année

    Un insigne de délégué évoquant la fondation de l’ONU

    Le cimetière militaire français de Vientiane (Laos)

    Biographie du général (2s) François Meyer