Château de Salses

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Le château de Salses. Source : http://www.leguide66.com/

Le château de Salses est cerné entre deux obstacles naturels, les derniers monts des Corbières et les étangs contigus à la mer.

Dans le département des Pyrénées-Orientales, aux portes du pays catalan, le château de Salses est cerné entre deux obstacles naturels : les derniers monts des Corbières et les étangs contigus à la mer.

 

Sur ordre de Ferdinand le catholique, roi d'Aragon, la forteresse est construite de 1497 à 1504 par le commandeur Ramiro Lopez, grand artilleur du Roi, dans le but d'interdire l'accès du Roussillon à la France. Du fait de sa position stratégique sur une frontière naturelle, elle est vouée à l'épreuve du combat, et est assiégée en 1503, avant même son achèvement. Pris et repris au fil des campagnes franco-espagnoles, le château de Salses est définitivement rattaché avec le Roussillon au Royaume de France par le traité des Pyrénées en 1659.

 

Dès lors, à l'écart de la frontière, son intérêt stratégique est moindre, et il n'échappe à la destruction qu'en raison du coût d'une telle opération. Par la suite, la forteresse est utilisée comme une caserne pour accueillir des troupes de passage, puis sert d'entrepôt de vivres et de munitions. Classée monument historique en 1886, elle est cédée en 1930 au ministère de la culture qui la restaure, et l'ouvre au public.

 


Le château de Salses possède de nombreux attributs propres au château médiéval. Il conserve l'usage de tours cylindriques en pierre encadrant de longues courtines continues, et abrite un donjon accueillant les réserves vitales de la place : l'arsenal, et les réserves alimentaires. Cependant, et surtout après les réaménagements effectués à la suite du premier siège de 1503, il doit être considéré comme un ouvrage de transition, qui conduira au bastion.

À la fin du XVème siècle, le développement de l'artillerie à boulet métallique commande l'évolution de la fortification militaire. En effet, le château médiéval, capable de résister au fragile boulet de pierre, devient vulnérable avec l'apparition du canon à boulet de fonte.

 

Le château de Salses illustre les solutions architecturales développées pour contrer les redoutables effets du boulet métallique. Pour se dérober le plus possible aux tirs adverses, les défenses de la fortification sont enfoncées dans le sol, à l'abri de la profondeur du fossé. Au sud-ouest et au nord-ouest de la forteresse, deux éperons, placés à l'avant de constructions circulaires, visent à éloigner l'assaillant en supprimant les angles morts : ils préfigurent les formes géométriques des bastions modernes. L'assaut de la forteresse elle-même est retardé par des ouvrages extérieurs ; les courtines ne sont plus crénelées, et présentent désormais des embrasures à canon. Caractérisé par l'épaisseur de ses murs, l'élargissement des douves, l'importance des ouvrages extérieurs, l'installation de l'artillerie sur de larges plate-formes, le château de Salses illustre la nécessaire adaptation de l'architecture militaire aux avatars de l'art de la guerre.

 


Forteresse de Salses

66600 SALSES-LE-CHÂTEAU.

tél. 04 68 38 60 13.

fax. 04 68 38 69 85.

 

Ouverture : Du 1er juin au 30 septembre de 9h à 19 h. Du 1er octobre au 31 mai de 10h à 12h15 et de 14h à 17h.

 

Fermé les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre, 11 novembre et 25 décembre.

 

Exposition permanente. Visites libres des extérieurs. Visites commentées de la forteresse.

 

Accès De Béziers : A 9 vers Perpignan, sortie n° 40, puis D 627 et N 9 vers Perpignan. De Perpignan : N 9 vers Narbonne.

 

Accessibilité partielle aux handicapés.

 

Quizz : Forts et citadelles

 

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Infos pratiques

Adresse

66600
Salses-le-Château
tél. 04 68 38 60 13.Fax. 04 68 38 69 85.

Horaires d'ouverture hebdomadaires

Du 1er juin au 30 septembre de 9h à 19 h. Du 1er octobre au 31 mai de 10h à 12h15 et de 14h à 17h. Visites libres des extérieurs. Visites commentées de la forteresse.

Fermetures annuelles

Fermé les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre, 11 novembre et 25 décembre.

La cité fortifiée de Binche

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La cité fortifiée de Binche. Photo Ville de Binche

La cité fortifiée de Binche appelée "la Carcassonne" de Wallonie...

Avec sa muraille en pierre assise dans un monumental talus en terre (une « terrée ») longue de deux kilomètres et demi et ses vingt-cinq tours, Binche peut prétendre montrer un ensemble monumental unique en Belgique. C'est en effet la seule enceinte médiévale presque intégralement conservée du pays. Il n'est pas exagéré de l'appeler « la Carcassonne » de Wallonie ! Seules les portes, cinq tours et quelque trois cents mètres de tronçons ont disparu. Et plus de trois siècles d'architecture militaire y sont représentés.

 

A l'origine, Binche est une simple dépendance de la paroisse de Waudrez, le Vodgoriacum romain. Née au XIIème siècle, l'agglomération reçoit le statut de ville neuve vers 1120. Plutôt qu'un donjon, le comte de Hainaut laisse entourer les quartiers d'habitat implantés à l'extrémité méridionale d'un éperon cerné par la petite rivière Samme (appelée aussi la Princesse) d'une enceinte en pierre. La ville de Binche participe dès le XIIème siècle à la défense du comté. Celle-ci s'appuie aussi bien sur des places fortes possédées en propre par le comte et gérées par un châtelain (à Binche, il est cité en 1138) que sur des châteaux appartenant à des vassaux. C'est un maillage de forteresses formant un échiquier stratégique. Centre agricole, l'agglomération devient assez vite un important lieu de production de drap. En outre, un doyenné y est établi.

 

 

 

Une première enceinte en pierre est édifiée dès le XIIème siècle, pour barrer au nord l'accès assez large à l'éperon. L'exemple semble précoce dans les principautés lotharingiennes où la terre et le bois sont encore le matériau de prédilection pour les enceintes urbaines. Il ne subsiste à Binche que de rares traces près du château et au rempart du Posty. Le front nord a entièrement disparu. Les historiens le situent à la hauteur de la rue de la Gaieté.

 

Selon les premières conclusions des fouilles menées depuis 1996 dans le parc du château par le Service de l'Archéologie de la Région wallonne, le comte ferait construire vers le XIIème siècle un vaste palais fortifié dont les vestiges de la grande salle, l'aula et de la chapelle ont été dégagés à l'extrémité méridionale de l'éperon. Les fortifications se construisent dans la longue durée, en s'adaptant systématiquement aux progrès de l'architecture défensive et à la modernisation des armements : dès la fin du XIVème siècle, de nouvelles formes architecturales prennent en compte l'artillerie à poudre, née vers 1320 en Occident.

A Binche, la grande enceinte édifiée à partir du XIVème siècle ne présente pas, dans un premier temps, d'adaptations à cette nouvelle arme. Les nouvelles tours sont très saillantes et pourvues d'un niveau défensif intermédiaire. L'intérêt des murailles neuves réside dans leur technique de construction, à fondations sur arcades, permettant ici stabilité et économie de matériaux vu que le sous-sol, hormis dans le secteur sud, est instable, parfois marécageux. Ce système est en usage dans bien d'autres villes des anciens Pays-Bas (Lille, Valenciennes, Bruxelles, Bruges, Namur,...).

 


A la fin du XIVème siècle, les maîtres maçons du comte de Hainaut, Thomas Ladart, originaire d'Ath, et Noël Camp d'Avaine dirigent une campagne de modernisation de l'enceinte. De nouvelles tours, habitables et pourvues d'ouvertures (fenêtres et meurtrières) sont ajoutées à l'enceinte. Au début du XVème siècle en effet, dans le Hainaut, neutre mais pris entre Bourguignons, Français et Liégeois, il faut s'armer et renforcer la garnison et les remparts. Binche fait office de plaque tournante, comme par exemple au cours des opérations contre la principauté de Liège, en 1406 -1408.

Plus tard, intégrée aux possessions bourguignonnes, Binche est une forteresse parmi d'autres. Des canonnières sont notamment aménagées dans les courtines du «Vieux cimetière». La petite tour y est construite et pourvue de canonnières pour le tir à l'arme à feu. Jusqu'au milieu du XVIème siècle, malgré les progrès de l'artillerie et de la fortification, Binche est présente dans la stratégie défensive du Hainaut et des Pays-Bas, au moins comme centre de rassemblement des troupes impériales : deux sièges en témoigneront, en 1543 et 1554. Mais celui de 1578 rend définitivement obsolète les défenses urbaines, commandées de partout depuis les hauteurs proches.

De la vieille chaussée Brunehaut menant à Maubeuge, on aperçoit le sommet du clocher de la collégiale, le reste de la ville étant caché dans le repli du terrain. De nombreux impacts de boulets de canon ont été pansés à la hâte dans la partie sud : les zones parementées en brique et l'inclusion d'éléments de décor architectural (« rose » des remparts et claveaux de voûtes gothiques) y sont bien visibles.

Le somptueux palais Renaissance édifié par l'architecte montois Jacques Du Broeucq pour la régente Marie de Hongrie, sur les bases du château médiéval, est une cible magnifique pour les canons français. Incendié en 1554, il est définitivement ruiné en 1578. Sous les archiducs Albert et Isabelle (1599 -1621), une tentative de restauration n'aboutira pas. Nombre d'éléments sculptés partent à Mons (portail d'entrée) ou sont réutilisés à Binche même.

Au XVIIème siècle, Binche sert occasionnellement de point d'appui logistique et de zone de manoeuvre à des armées en marche. Auparavant, la ville est prise à deux reprises par les Français : en deux jours au cours de l'année 1643, puis par Turenne en 1654. En 1668, elle est cédée à la France pour dix ans. Ainsi pendant la campagne de 1672-1674 menée par Louis XIV, elle sert de pivot à l'armée de campagne. Si des projets de bastionnement ont pu voir le jour dans ce contexte, au début du XVIIIème siècle, l'enceinte est inutilisable : des brèches trouent les courtines, des tours sont rasées. C'en est fini du rôle militaire de Binche. La frontière a reculé vers le nord, mais la défense du territoire s'effectue sur la ligne Toumai-Mons-Charleroi.

 

Au XIXème siècle, la ville perdra ses portes fortifiées et l'enceinte sera peu à peu enclavée par les particuliers. En 1995 débuta à Binche une vaste campagne de restauration et de fouilles de l'enceinte avec le concours de la Communauté Européenne et de la Région Wallonne, dans le cadre du programme OBJECTIF 1. Ces travaux d'envergure, menés par le service de l'Archéologie de la Région Wallonne de 1995 à 1999 permirent de connaître de manière précise l'évolution des remparts et aussi de mettre au jour les châteaux de la Cité.

 

 

Office du tourisme de Binche

 

Grand-Place
7130 Binche

Tél : 064/33.67.27

Fax : 064/23.06.4

 

 

tourisme@binche.be

 

 

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Adresse

7130
Binche

Horaires d'ouverture hebdomadaires

Accessibilité toute l'année

Musée du 34ème Régiment d'Infanterie

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© Musée du 34e RI

Créé par les bénévoles de l'Amicale du 34ème RI, le musée conserve la mémoire du régiment le plus populaire des Landes et en perpétue le souvenir à travers de nombreux documents ( affiches, drapeaux, matériel de guerre...). Il s'adresse à toute personne désireuse de connaître la vie des hommes au sein des régiments de Mont de Marsan (34e RI, 234e RI et 141e RIT) en particulier durant les deux guerres mondiales.

Le musée conserve la mémoire et perpétue le souvenir des Landais et des Aquitains passés au 34ème RI, 234ème RI, et 141ème RIT (de 1876 à 1997 et plus particulièrement durant les deux guerres mondiales) et de ceux qui sont morts sous les plis de ces drapeaux. Des documents d'époque montrent ainsi le quotidien du régiment avec de jeunes soldats apprenant à nager sur des tabourets, s'entraînant au maniement de l'épée, patrouillant sur les bords de la Midouze ou remportant le championnat de France militaire en 1912 et 1913. On retrouve les soldats souriant en 1914, au moment de partir sur le front, puis couverts de boue et de plaies dans les tranchées dévastées. On croise l’abbé Bordes, aumônier volontaire durant la Grande Guerre, dont il sort avec la Croix de guerre et la Légion d'honneur. On retrouve également le souvenir de l'artiste Marcel Canguilhem, dit Cel le Gaucher, en raison de son bras droit perdu au combat. Parmi d'autres témoignages du passé, on retrouve le brassard de FFI de Charles Lamarque-Cando, l'uniforme du caporal Marc Bareyt ou le casque troué par un éclat d'obus de Jean-Henri Brocas. Ce musée des hommes plus que des institutions ou des batailles participe au devoir de mémoire et contribue aujourd'hui, tout particulièrement auprès de la jeunesse, à la réflexion sur le prix et la valeur de la paix et de l'union des peuples.
Ce musée fait connaître aussi des tranches de vie locale avec un régiment véritable miroir de la société landaise et de la vie montoise à travers les différentes époques. Ainsi, on y apprend que le 34ème a expérimenté des manœuvres militaires sur échasses ou bien que sa musique participait activement aux animations locales comme la remise des prix au lycée Victor Duruy et même lors des fêtes de la Madeleine ou celles des principales villes landaises.

 


 

 

 

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Infos pratiques

Adresse

495, avenue du Maréchal Foch 40000
Mont de Marsan
05 58 75 80 07 ou 05 58 76 01 98

Tarifs

Gratuit

Horaires d'ouverture hebdomadaires

Mercredi, vendredi et samedi de 14h à 17h / L'été : mercredi et samedi de 15h à 18h

Site Web : amicaledu34ri.fr

Raoul Villain

1885-1936

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Fiche anthropométrique. © Préfecture de Police

 

Né à Reims le 19 septembre 1885 et mort fusillé à Ibiza le 17 septembre 1936, il est l’assassin de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, à la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il avait été acquitté lors de son procès en 1919.

Étudiant nationaliste

Raoul Villain est le fils de Louis Marie Gustave Villain, greffier en chef au tribunal civil de Reims, et de Marie-Adèle Collery, atteinte d'aliénation mentale en 1887 et internée à l'asile de Châlons-sur-Marne. Sa grand mère paternelle, Émélie Alba, a elle aussi manifesté des troubles cérébraux. C'est durant l'enterrement de cette dernière, devant sa tombe, qu'il déclara : « il y a des gens qui font le jeu de l’Allemagne et qui méritent la mort ! », peu avant d'assassiner Jaurès. Il a un frère aîné, Marcel Villain, commis-greffier, lieutenant aviateur et officier de la Légion d'honneur, notamment pour ses faits d'armes durant la Première Guerre mondiale.

Élève des Jésuites, au collège du faubourg Cérès, puis au lycée dans sa ville natale, Raoul Villain n'achève pas sa première. En octobre 1905, il s'inscrit à l'École nationale d'agriculture de Rennes, où il contracte en novembre 1905 la typhoïde, dont il manque de mourir. Sa fiche de police fait apparaître que, « avant son service militaire considéré comme un jeune homme très sérieux, très doux, bien éduqué », il « n'avait aucune mauvaise fréquentation, n'allait ni au café, ni aux spectacles ».

En novembre 1906, il est incorporé au 94e régiment d'infanterie à Bar-le-Duc, mais est réformé en 1907. En juin 1909, il sort diplômé de l’école de Rennes classé 18e sur 44. Il travaille six semaines dans l'agriculture dans l'arrondissement de Rethel, puis revient à Reims chez son père. En septembre 1911, il va en Alsace. D'octobre 1911 au 29 juin 1912, il est surveillant suppléant au collège Stanislas, autorisé à préparer le baccalauréat. Son professeur de rhétorique, l'abbé Charles, dit de lui qu'« il semblait malheureux de vivre. Dans ses compositions il manquait de profondeur, de logique et d'esprit de suite. J'exprimais un jour mes craintes devant les menaces de guerre. Villain m'écoutait. Il répondit « les ennemis du dehors ne sont pas les plus redoutables ». Doux et poli avec tout le monde, il ne se lie cependant avec personne et se fait congédier en raison de son manque d'autorité. En 1912, il séjourne en Angleterre, six semaines à Londres et une dizaine de jours à Loughton, où il retourne en 1913. Il demeure chez Mrs Annie Francis, qui l’a décrit, selon The Observer, le 6 juin 1915, comme « un homme doux et très gentil ». En mars et avril 1913, il se rend également en Grèce à Athènes et à Ephèse. En juin 1914, il s'inscrit à l’École du Louvre pour y étudier l'archéologie. Selon sa fiche de police, « depuis sept ans, le père ne parle de son fils Raoul qu'avec tristesse. Celui-ci est devenu exalté, instable, atteint de mysticisme religieux ». Il ne venait plus que deux fois par an à Reims et « ne donnait aucun détail sur son genre de vie à Paris où il vivait seul depuis quatre ans ».

Membre du Sillon, le mouvement chrétien social de Marc Sangnier, jusqu'à sa condamnation par Pie X en 1910, puis adhérent de la « Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine », groupement d'étudiants ultra-nationalistes d'extrême droite où il joue un rôle effacé, il reproche à Jaurès de s'être opposé à la loi sur le service militaire de trois ans.

Assassinat de Jean Jaurès

Raoul Villain se met peu à peu en tête de tuer Jaurès. Il achète un revolver et commence à traquer le chef socialiste, griffonnant des notes incohérentes sur ses habitudes dans son portefeuille.

Le vendredi 31 juillet 1914 à 21 h 40, Jaurès soupe avec ses collaborateurs, assis sur une banquette le dos tourné vers une fenêtre ouverte au Café du Croissant, 146 rue Montmartre à Paris (2e arrondissement). Raoul Villain tire violemment le rideau, lève son poing armé d'un révolver, et tire deux fois. Une balle atteint à la tête le tribun socialiste, qui s'affaisse aussitôt.

L'auteur des coups de feu tente de s'enfuir à grands pas vers la rue de Réaumur mais il est vu par Tissier, metteur en page de L'Humanité, qui le poursuit, l'assomme avec un coup de sa canne et l'immobilise au sol avec l'aide d'un policier. Conduit au poste, il s'exclame : « Ne me serrez pas si fort, je ne veux pas m'enfuir. Prenez plutôt le révolver qui est dans ma poche gauche. Il n'est pas chargé. »

Cet assassinat, qui a lieu trois jours avant le début de la Première Guerre mondiale, précipite le déclenchement des hostilités, notamment en permettant le ralliement de la gauche, y compris de certains socialistes qui hésitaient, à l’« Union sacrée ».
 

Le procès

En attente de son procès, Raoul Villain est incarcéré durant toute la Première Guerre mondiale. Dans une lettre adressée à son frère de la prison de la Santé le 10 août 1914, il affirme : « j'ai abattu le porte-drapeau, le grand traître de l'époque de la loi de trois ans, la grande gueule qui couvrait tous les appels de l'Alsace-Lorraine. Je l'ai puni, et c'était le symbole de l'ère nouvelle, et pour les Français et pour l'Étranger ». L'enquête est dirigée par le juge d'instruction Drioux.

Le procès s'ouvre le 24 mars 1919 devant la cour d'assises de la Seine dans un contexte patriotique, après cinquante-six mois de détention préventive. L'accusé a pour défenseurs Maître Henri Géraud, et Maitre Alexandre Bourson dit « Zévaes », ancien député socialiste. Le dernier jour des débats, Villain déclare « je demande pardon pour la victime et pour mon père. La douleur d'une veuve et d'une orpheline ne laisseront plus de bonheur dans ma vie ». Le jury populaire doit répondre à deux questions « 1e) Villain est-il coupable d'homicide volontaire sur Jaurès ? 2e) cet homicide a-t-il été commis avec préméditation? ». Après une courte délibération, par onze voix contre une, le 29 mars 1919, il se prononce par la négative. Raoul Villain est acquitté. Le président ordonne sa mise en liberté et l'honore d'être un bon patriote. La Cour prend un arrêt accordant un franc de dommages et intérêts à la partie civile, et condamne la partie civile aux dépens du procès envers l'État. Madame Jaurès est donc condamnée à payer les frais de justice.

En réaction à ce verdict, Anatole France adresse, de sa propriété de La Béchellerie, une brève lettre à la rédaction de L'Humanité parue le 4 avril : « Travailleurs, Jaurès a vécu pour vous, il est mort pour vous. Un verdict monstrueux proclame que son assassinat n’est pas un crime. Ce verdict vous met hors la loi, vous et tous ceux qui défendent votre cause. Travailleurs, veillez ! ». Dès sa publication, ce billet provoque une manifestation organisée par l'Union de Syndicats et la Fédération socialiste de la Seine le dimanche 6 avril suivant de l'avenue Victor-Hugo jusqu'à Passy, où habitait Jaurès.

La mort de Raoul Villain

En avril 1919, Raoul Villain doit quitter précipitamment Auxerre à la suite de manifestations hostiles organisées par les syndicats ouvriers. Il retourne à l'anonymat parisien et loge rue Jean-Lantier, no 7, sous le nom de René Alba. Il est arrêté le 19 juillet 1920 pour trafic de monnaie en argent dans un café de Montreuil, à l'angle de la rue Douy-Delcupe et de la rue de Vincennes et, pris de désespoir, tente de s'étrangler. Libéré le 23 juillet 1920, il n’est condamné, le 18 octobre 1920, par la 11e chambre correctionnelle qu’à cent francs d’amende en raison de son état mental. En septembre 1921, il se tire deux balles dans le ventre dans le cabinet de son père au palais de justice de Reims pour protester contre l'opposition de ce dernier à un projet de mariage.

Il s'expatrie à Dantzig, où il exerce le métier de croupier, puis à Memel, où il vit jusqu'en 1926. Il s'installe en 1932 dans l’île d’Ibiza, dans les Baléares, au large de l’Espagne. Recevant de l’argent grâce à un héritage, il s’installe dans un hôtel près de Santa Eulària, plus précisément cala Sant Vicenç, où les habitants le surnomment « el boig del port » (le fou du port). Avec l’aide de quelques amis, Laureano Barrau, impressionniste espagnol, et Paul-René Gauguin, petit-fils du peintre, il entreprend de bâtir une maison bizarre au bord de l’eau. La demeure, qui existe toujours, n’a jamais été terminée.

Peu après le début de la guerre d’Espagne, le 20 juillet 1936, la garnison militaire et les gardes civils de l'île se rallient aux franquistes. Les républicains de Barcelone envoient un détachement sous la direction du commandant Bayo reprendre les Baléares. Il débarque à Ibiza le 8 août. Les 9 et 10 septembre 1936, une colonne de près de cinq cents anarchistes, sous la bannière de « Cultura y Acción », arrive à Ibiza et fait cent quatorze morts. Les 12 et 13 septembre 1936, l'île est bombardée par l'aviation italienne et, dans le chaos, les anarchistes exécutent Raoul Villain.

Il est inhumé au cimetière de Sant Vicent de sa Cala à Ibiza et une messe d’enterrement est célébrée à la Basilique Saint-Remi de Reims. Au Cimetière du Nord de Reims, la tombe qui porte son nom (et qui rappelle son souvenir) est celle, refaite, de ses parents. Ses restes, malgré les demandes familiales, n’ont jamais été transférés à Reims.

Pourquoi Raoul Villain fut acquitté

L'assassin de Jaurès, âgé de 29 ans en 1914, présentait une personnalité fragile. Fils cadet du greffier en chef du tribunal civil de Reims, il souffrait d'une lourde hérédité : sa mère était internée dans un asile d'aliénés et sa grand-mère paternelle atteinte de délire mystique. Après des études secondaires inachevées et des années d'incertitude, il intégra en 1906 l'École nationale d'agriculture de Rennes, où il contracta une fièvre typhoïde qui lui laissa des séquelles nerveuses. Guéri, il fit son service militaire, acheva sa scolarité, mais renonça à rester ingénieur agricole. En 1904, séduit par le catholicisme social de Marc Sangnier, il adhéra au Sillon, où il trouva la chaleur affective qui lui avait manqué. Sa dérive semble dater de la condamnation de ce mouvement par Rome, en 1910. Obsédé par l'Alsace et la Lorraine, il adhéra, fin 1913 ou début 1914, à la Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine, qui comptait dans ses rangs des nationalistes hostiles au régime mais aussi de fermes républicains.

Villain savait que Jaurès s'était opposé au service militaire de trois ans et qu'il avait brandi la menace de la grève contre la guerre. Il le vit dès lors comme « la grande gueule » à abattre. Après avoir assisté à des manifestations antimilitaristes à Paris le 29 juillet 1914, sa colère contre Jaurès s'amplifia. Il acheta un Smith et Wesson et, le 31, à 21 h 40, il accomplit l'irréparable au Café du Croissant où Jaurès dînait en compagnie d'une douzaine d'amis. Il fut aussitôt arrêté.

Initialement prévu en 1915, son procès n'eut lieu qu'en 1919. Viviani, le président du Conseil, qui craignait pour l'union sacrée, avait prié le procureur général de la Seine de signer une ordonnance de report . tous ses successeurs agirent de même. Au terme d'une « détention préventive » de près de cinq ans, durée inhabituelle qui scandalisa la Ligue des droits de l'homme et certains amis de Jaurès, comme la journaliste Séverine, Raoul Villain fut jugé du 24 au 29 mars 1919. Il fut défendu par maîtres Zévaès et Géraud, tandis que Paul-Boncour et Ducos de La Haille représentaient la partie civile. Le 29 mars, les jurés - qui délibéraient alors seuls - estimèrent que Villain n'était pas coupable . le président de la cour d'assises prononça donc l'acquittement. Les commentateurs dénoncèrent l'attitude des jurés dont ils soulignèrent l'âge (tous avaient plus de 50 ans) et la qualité de bourgeois. En fait, à côté d'un rentier et d'un vétérinaire, se trouvaient un employé et plusieurs artisans.

Outre son hérédité, divers facteurs peuvent expliquer le verdict. Les avocats de la partie civile ignorèrent Villain et concentrèrent leur plaidoirie sur la mémoire de Jaurès. Ils firent citer plus de 40 témoins (seuls 27 se présentèrent), ce qui allongea la durée du procès, sans doute au grand dam des jurés, retenus loin de leurs affaires. Pour démontrer que les idées de Jaurès sur la patrie et l'armée avaient été déformées, Me Paul-Boncour commit l'imprudence de lire de longs extraits de L'Action française et du pamphlétaire Urbain Gohier, au risque de donner une très mauvaise image de Jaurès. Les avocats de Villain, eux, furent particulièrement habiles. Enfin, les cas de criminels acquittés n'étaient pas rares à cette époque (Henriette Caillaux avait été acquittée en 1914, Germaine Berton le sera en 1923).

D'après la vulgate, Louise Jaurès aurait payé les frais du procès, mais aucun document officiel ne l'atteste. Le compte rendu du procès est silencieux sur ce point et les journaux contradictoires.

Le verdict fut suivi de grandes manifestations de protestation. Quant à Raoul Villain, il mena une vie aventureuse et mourut assassiné à Ibiza en 1936 par un républicain ou un anarchiste espagnol selon certains, par un Français combattant en Espagne selon d'autres.

 

Source : Ministère de la Défense - DMPA

Guillaume Apollinaire

1880-1918

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Apollinaire à l'hôpital italien. 1916. Source : Bibliothèque historique de la Ville de Paris

 

Né le 26 août 1880 à Rome, Wilhelm-Apollinaris de Kostrowitzky avait 18 ans quand il arriva dans la capitale française avant de voyager comme précepteur en Allemagne. Sous le nom de Guillaume Apollinaire (son prénom francisé), il prit rapidement part aux mouvements littéraires d'avant-garde. Après avoir collaboré à La Revue Blanche, il fonda en 1903 sa revue Le Festin d'Esope. Les cafés du boulevard Saint-Germain ou de Montparnasse, le cabaret du "Lapin Agile" ou l'atelier d'artistes du "Bateau-Lavoir" furent autant de lieux de rencontres avec Picasso, Alfred Jarry, Vlaminck, Max Jacob...

Entre des oeuvres érotiques et ses critiques d'art pour L'Intransigeant ou Le Mercure de France, Apollinaire suivit la poésie symbolique. Derain illustra son premier livre en prose, L'Enchanteur pourrissant. En 1912, il participa à la fondation de la revue Soirées de Paris. Sa rupture d'avec Marie Laurençin, sa compagne depuis 1909, lui inspira le célèbre Pont Mirabeau.

"Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu 'il m'en souvienne

La joie venait toujours après la peine."

 

Mouvement primordial dans l'art contemporain, le cubisme et ses audaces séduisirent Apollinaire qui les défendit dans ses articles et chercha à les traduire en poésie, donnant à celle-ci une forme désarticulée. En 1913, après la sortie de livres sur cette école picturale, la publication d'Alcools, où n'existait aucun signe de ponctuation, le rendit célèbre.

En 1914, il partagea la vie cosmopolite de Montparnasse, séjourna en Normandie et sur la Côte d'Azur et rencontra Louise de Coligny-Chatillon, dite Lou, pour laquelle il écrira ses fameuses lettres. A la mobilisation, il demanda sa naturalisation et s'engagea le 6 décembre, à Nîmes, au 38e régiment d'artillerie de campagne. Muté sur le front en 1915, il combattit en Champagne où il deviendra maréchal-des-logis.

 

"Cette boue est atroce

aux chemins détrempés

Les yeux des fantassins ont des couleurs navrantes

Nous n 'irons plus au bois

les lauriers sont coupés

Les amants vont mourir

et mentent les amantes"

(Poèmes à Lou)

 

Sur le front, il correspondait avec Madeleine Pages, qui devint sa fiancée, et avec sa marraine de guerre, la poétesse languedocienne "Yves Blanc". Naturalisé en mars 1916, il passa dans l'infanterie comme sous-lieutenant au 96e R.I.

"Le ciel est plein ce soir

de sabres d'éperons

Les canonniers s'en vont

dans l'ombre lourds et prompts"

(Poèmes à Lou)

 

Le 17 mars, à La Ville-aux-Bois, dans l'Aisne, il fut grièvement blessé à la tête par un éclat d'obus, ce qui entraîna deux trépanations. Réformé, renonçant à se marier, Apollinaire continua d'écrire de nombreux poèmes - dont le poète assassiné - tout en se tournant vers le théâtre : le 18 mai 1917, a lieu la première de Parade, ballet de Diaghilev, auquel il collabora et pour lequel il inventa le terme "surréalisme". Le 24 juin, a lieu la première d'une pièce justement surréaliste, Les Mamelles de Tirésias. Parallèlement, il donna des conférences et travailla sur un scénario de cinéma. Le 1er janvier 1918, atteint d'une congestion pulmonaire, il fut conduit à l'hôpital. Rétabli, il épousa le 2 mai, Jacqueline Kohl, poursuivit sa collaboration au Temps, à Paris-Midi, commença l'écriture de deux pièces de théâtre et de Casanova, un opéra-bouffe. Calligrammes avait déjà été publié.

Le 9 novembre 1918, le poète, dont l'organisme avait été affaibli par sa blessure de guerre, mourut de la grippe espagnole. Son corps repose à Paris, dans le cimetière du Père Lachaise.

 
Source : MINDEF/SGA/DMPA

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