Regard d'artiste : Philippe Bréson

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Dans les environs d’Albert dans la Somme. © P. Bréson

Philippe Bréson est photographe plasticien et enseigne la photographie dans les écoles d’art. Sur la base de ses travaux et recherches conduits pendant sept ans à travers les anciennes régions du front, il a proposé, en 2017 et 2018, plusieurs expositions sur les paysages de la Grande Guerre. "Cicatrices" a été présentée au centre André Malraux au Bourget et "Mnémosis" a été accueillie à l’ambassade de France aux États-Unis et dans les lycées internationaux de San Francisco et Washington.

Regard d'artiste : Sophie Zénon

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Après un rêve (Pour Vivre ici). Tirage fine art 45 x 30 cm. Détail d’un polyptyque de 15 photographies. © S. Zénon

Photographe plasticienne, Sophie Zénon aborde la question de la restitution de la mémoire du Hartmannswillerkopf (HWK), lieu de combats de la Première Guerre mondiale dont la spécificité est d’avoir eu sa ligne de front à la frontière entre la France et l’Allemagne. En 2017, elle a été accueillie en résidence d’artiste à l’Abri mémoire d’Uffholtz, espace à vocation pédagogique et citoyenne, où elle a réalisé un travail de création et encadré un atelier pédagogique.

Les séquelles environnementales

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La Place à Gaz, Meuse. © I. Masson-Loodts

L’impact de la guerre de 14-18 sur l’environnement n’a commencé à être étudié qu’il y a quelques années. Mais les recherches en cours ne cessent de le démontrer : ses séquelles s’étendent au-delà des anciens territoires dévastés, et se prolongeront longtemps encore. Cet article se propose de retracer le long cheminement de la prise de conscience des conséquences écologiques de la Grande Guerre.

Regard géologique sur le Chemin des Dames

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Le Chemin des Dames. Tranchée française en 1917. © Roger-Viollet
Le Chemin des Dames. Tranchée française en 1917. © Roger-Viollet

Lieu de promenade des deux filles de Louis XV, le Chemin des Dames, par sa topographie particulière, devient en 1914 un secteur stratégique des combats qui se déroulent dans l’Aisne. Ce secteur révèle ainsi la géologie comme une science dont les apports sont très importants dans le déroulement de la Première Guerre mondiale.

Regard archéologique sur les villages détruits

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Ornes, village "Mort pour la France", avant sa destruction, 1916. © Archives du Mémorial de Verdun

Les visiteurs qui s’aventurent sur les chemins de la mémoire de la Meuse s’étonnent de découvrir des villages entièrement détruits durant la bataille de Verdun, et jamais reconstruits. Au-delà des temps commémoratifs qui y sont organisés, ces espaces de recueillement sont des réserves patrimoniales de premier plan, que les archéologues tentent aujourd’hui d’explorer et de sauvegarder pour l’avenir.

Les paysages de Maurice Genevoix

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Ravin de la Fragoulle dit le Ravin de la mort. Les Éparges (Meuse), 1917. Détail d’une vue stéréoscopique prise par le soldat Maurice Létang du 53e régiment d’infanterie. © M. Létang/Roger-Viollet

Témoin de la souffrance des hommes et des bêtes dans la Grande Guerre, l’écrivain Maurice Genevoix est aussi le témoin sensible de la destruction d’un beau paysage, celui des Éparges, et de sa résurrection dans la paix retrouvée. Le paysage de guerre est d’abord une guerre au paysage, puis un paysage de mémoire.

La légende des services spéciaux décryptage

Le patrimoine culturel du ministère des Armées

Paysages de la Grande Guerre, palimpsestes de la violence

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Explosion d’obus aux environs de Verdun, pendant la Grande Guerre. © TopFoto/Roger-Viollet

Le centenaire de la Grande Guerre a conduit des dizaines de milliers de visiteurs français et étrangers à la découverte des paysages hérités de 14-18. Mais il est des traces aujourd’hui à peine perceptibles ou qu’il faut lire à l’aune du récit des batailles qui se sont succédé. De l’ancienne ligne de front aux territoires occupés en passant par les villes détruites et les forêts reconstituées, aucun paysage ne fut en réalité épargné par la Grande Guerre.

Repenser les paysages

Repenser les paysages

Batailles d’Artois : Lichfield Crater, un cratère de mine transformé en cimetière militaire. © S. Compoint

Après les guerres se pose très vite la question du devenir des paysages ruraux et urbains transformés par les combats et les bombardements, confrontés à la mort de masse et aux massacres, ou affectés par les politiques de répression et de persécution. Doit-on conserver en l’état les traces du passé dans notre environnement ? Ou au contraire reconstruire les sites et paysages alentour pour aller de l’avant ? Doit-on "patrimonialiser" ces lieux où le vent de l’histoire a soufflé tragiquement pour en faire des lieux de recueillement et de connaissance ? Ou bien laisser les paysages parler d’eux-mêmes aux touristes de la mémoire ? Ce sont autant de questions que cette partie se propose d’aborder, à travers des exemples concrets d’espaces dont le destin mémoriel a évolué en fonction des époques et des acteurs impliqués. "Repenser" les paysages, c’est aussi leur donner de nouveaux usages. C’est particulièrement le cas des sites militaires (forts, citadelles, casernes, etc.), utilisés dans le cadre des politiques de défense de la France, et reconvertis pour s’intégrer pleinement dans leur environnement.

Reconvertir le patrimoine militaire

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Fort de Collioure qui accueille le centre national d’entraînement commando. © J-J. Chatard/DICOD

En visitant la France, il n’est pas rare de tomber sur d’anciens forts militaires, citadelles ou remparts, maintenus en l’état ou réaménagés. Autant de sites qui font partie du patrimoine du ministère des armées. Leur cession oblige l’État et les collectivités territoriales à réfléchir à leurs nouveaux usages. Dès lors, l’enjeu de la reconversion du patrimoine militaire réside dans la transformation - ou non - du paysage dans lequel il s’insère.

La mémoire de la Résistance : le Mont-Valérien

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Exécution de résistants du groupe Manouchian, clairière des fusillés du Mont-Valérien, 21 février 1944. © Association Les Amis de Franz Stock/ECPAD
Exécution de résistants du groupe Manouchian, clairière des fusillés du Mont-Valérien, 21 février 1944. © Association Les Amis de Franz Stock/ECPAD

En France, le souvenir de la Résistance s’est inscrit de différentes manières dans les paysages. À côté des maquis s’est imposée la construction monumentale du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, devenu le premier haut lieu de la mémoire nationale. Il est sans doute l’un des symboles majeurs de la patrimonialisation, par l’État, des lieux de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

La mémoire de la Résistance : le maquis du Vercors

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Vassieux-en-Vercors, ruines de juillet 1944. © Collection M. Bleicher
Vassieux-en-Vercors, ruines de juillet 1944. © Collection M. Bleicher

Dans l’imaginaire collectif, les paysages de la Résistance renvoient souvent aux maquis, espaces qui accueillaient les femmes et les hommes souhaitant se réfugier dans les montagnes ou forêts des alentours pour organiser la Résistance face aux autorités vichystes et à l’occupant. Le massif du Vercors, avec son paysage naturel, ses villages reconstruits et ses monuments commémoratifs, abrite aujourd’hui la mémoire des maquisards des années 1943-1944.

La mémoire des villages martyrs : le village de Maillé

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Rue principale de Maillé, 1945. © Collection privée - Maison du Souvenir
Rue principale de Maillé, 1945. © Collection privée - Maison du Souvenir

Ce village d’Indre-et-Loire que certains appellent "l’autre Oradour-sur-Glane" a connu un destin mémoriel et paysager totalement différent de celui du bourg limousin. Au lendemain du massacre de Maillé, et avant même la fin de la guerre, est décidée la reconstruction totale du village, un choix qui n’est pas sans conséquence sur la perpétuation de sa mémoire.

La mémoire des villages martyrs : Oradour-sur-Glane

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Centre de la mémoire à Oradour-sur-Glane. © C. Janot/Agefotostock

À Oradour-sur-Glane, le paysage mémoriel frappe par sa singularité. Au lendemain de la guerre, il est décidé que les ruines du village seraient préservées "en l’état". Durant les années qui suivirent, le défi d’entretenir ce site s’est imposé pour beaucoup d’acteurs associatifs et étatiques, exigeant une réflexion sur les traces des traumatismes de la guerre dans le paysage.

La mémoire des poilus : la tranchée des baïonnettes

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La tranchée des baïonnettes aujourd’hui. © A. Roiné/ECPAD/Défense

Autre lieu emblématique des batailles de la Grande Guerre, la tranchée des baïonnettes se distingue de Notre-Dame de Lorette par son origine même : les corps des soldats n’ont pas été regroupés au sein d’un cimetière aménagé mais sont restés là où les hommes sont tombés. Un fait qui inscrit le récit de la tranchée des baïonnettes entre mythe et réalité.

 

La mémoire des poilus : Notre-Dame-de-Lorette

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La nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, aujourd’hui - © E. Rabot/SGA/COM
La nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, aujourd’hui - © E. Rabot/SGA/COM

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les stigmates des combats sur la colline de Notre-Dame de Lorette ont été effacés du paysage environnant mais, un siècle plus tard, la plus grande nécropole militaire française, le monument et le mémorial international s’imposent au passant comme un lieu de souvenir, d’hommage et de commémoration.

 

Commémorer in situ

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Le mémorial de Caen. © H-J. Sipérius

En temps de paix, les champs de bataille, plages, villes touchés par la guerre sont prêts à accueillir des cérémonies et autres rites commémoratifs qui ont vocation à rappeler et transmettre le souvenir des événements passés, rendre hommage à celles et ceux qui les ont vécus et à leur donner un sens. Dès lors, l’espace et le paysage environnants sont convoqués pour "mettre en mémoire" l’histoire commémorée.

Les paysages comme lieux de mémoire

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"Réfléchir", création in situ d’un artiste plasticien appelé "Anonyme" : recouvrement d’un blockhaus par une mosaïque de miroirs, batterie de Leffrinckoucke, près de Dunkerque, 2015.

Les liens entre paysages et mémoire des guerres sont complexes. Après le conflit, que demeure-t-il du "paysage de guerre" ? Comment les sociétés construisent-elles un regard particulier sur les espaces marqués par les guerres ? En quoi les valeurs contemporaines accordées au paysage transforment-elles la relation des sociétés à la mémoire ?

Le paysage, un lieu de stratégie militaire

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Harkis du 158e bataillon d’Infanterie du secteur de Mascara pendant la guerre d’Algérie, été 1961. © J-P. Laffont / Roger-Viollet

Avant toute analyse de la reconstruction et reconversion des paysages après un conflit, il y a lieu de s’intéresser à la représentation du paysage pour le soldat qui en fait le théâtre de ses affrontements avec l’ennemi. Objet de guerre, le paysage devient rapidement sujet de guerre, obligeant les belligérants à utiliser leur environnement et ses contraintes, et à les intégrer dans la stratégie militaire globale.