Étudier les opérations extérieures (OPEX)

Étudier les opérations extérieures (OPEX)

M. Riehl/ECPAD/Défense

Si les opérations extérieures font aujourd’hui régulièrement l’actualité du ministère des armées, elles n’en sont pas moins un objet d’histoire et donc un objet d’étude. Alors que la France connaît un engagement opérationnel exceptionnel, l’année 2017 est l’occasion d’inscrire cette participation militaire dans une perspective historique qui témoigne de la place que la France occupe dans le monde depuis plus de 50 ans. Les opérations extérieures font partie aujourd’hui de l’histoire des conflits contemporains. Depuis les années 1960, la France s’engage militairement en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, en Europe, en Amérique. Partout, elle intervient selon des missions différentes : assistance aux populations civiles, intervention humanitaire, lutte contre le terrorisme, maintien de la paix, etc. Cette partie se propose, après un premier coup de projecteur sur l’actualité, de remonter le fil de l’histoire pour inscrire dans un temps plus long, et ininterrompu, la grande histoire de l’engagement des forces armées françaises dans les opérations extérieures.

Expliquer les opérations extérieures (OPEX)

Expliquer les opérations extérieures (OPEX)

De l'opération "Boali" à Sangaris", 2013

Sangaris, Serval, Chammal, Barkhane... Depuis plusieurs années, ces noms nous sont familiers, tant ils sont lus et entendus dans les médias. Les opérations extérieures occupent une grande place dans l’actualité, et trop souvent, malheureusement, à l’occasion du décès d’un militaire sur un théâtre d’engagement. De la prise de décision par le chef de l’État d’engager nos forces armées sur un théâtre d’opération jusqu’au retour du soldat, c’est toute une chaîne de commandement dans les états-majors et un ensemble de services qui sont mobilisés pour assurer le respect du droit international, la protection des militaires et l’efficacité de la mission qui leur a été confiée. Avant de retracer l’histoire de l’engagement opérationnel de la France depuis les années 1960, cette première partie se propose donc d’expliquer les Opex, en précisant leur fondement juridique, en dévoilant les différentes étapes du commandement, mais aussi en rappelant les raisons de l’engagement particulièrement exceptionnel de nos armées ces cinq dernières années.

Bibliographie, sitographie et multimédias

Bibliographie, sitographie et multimédias

 

D’ABZAC-EPEZY Claude Armée et secrets, 1940-1942, le contre-espionnage de l'armée de Vichy. IRICE - Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin 2012-2, n°36, p. 45-56.

ALBERTELLI Sébastien Les Services secrets de la France libre. Le bras armé du général de Gaulle, Nouveau Monde Éditions / Ministère de la Défense, 2012.

ALBERTELLI Sébastien, LEVASSEUR Claire, CREMIEUX-BRILHAC Jean-Louis Atlas de la France libre : de Gaulle et la France libreune aventure politique, Éditions Autrement, coll. Atlas/Mémoire, 2010.

AUDA Grégory Les Belles années du «milieu», 1940-1944 le grand banditisme dans la machine répressive allemande en France, Éditions Michalon, 2013.

AZÉMA Jean-Pierre Jean Moulin. Le politique, le rebelle, le résistant, Paris, Perrin, 2003.

BERLIÈRE Jean-Marc Policiers français sous l’Occupation, Paris, Perrin, 2001, coll. Tempus, 2009.

BERLIÈRE Jean-Marc & LIAIGRE Franck Liquider les traîtres, Robert Laffont, 2015.

BERLIÈRE Jean-Marc & LE GOARANT DETROMELIN François Liaisons dangereuses : truands, miliciens, résistants… Perrin, 2013.

BONNET Yves Les Services secrets français dans la Seconde Guerre mondiale, Rennes, Ouest-France, 2013.

BRUSTLEIN Gilbert Mémoires d’un terroriste à la retraite, Paris, À compte d’auteur, 1989. De la jeunesse dans la lutte armée, automne 1941, Paris, Fayard, 2004.

CALVI Fabrizio & MASUROVSKY Marc Le Festin du Reich. Le pillage de la France occupée, 1940-1945, Paris, Fayard, 2006.

DE CHEVEIGNÉ Maurice Radio libre, 1940-1945, Paris, Le Félin, 2014.

DAIX Pierre Les Combattants de l’impossible. La tragédie occultée des premiers résistants communistes, Paris, Robert Laffont, 2013.

DELARUE Jacques Histoire de la Gestapo, 1962, Paris, Fayard, 1962, réed. Nouveau Monde Éditions, 2008.

EISMANN Gaël Hôtel Majestic. Ordre et sécurité en France occupée, 1940-1944, Tallandier, 2010.

EISMANN Gaël & MARTENS Stefan (Dir.) Occupation et répression militaire allemande. La politique de «maintien de l'ordre» en Europe occupée, 1939-1945, Autrement, coll. Mémoires n°127, 2006.

FORCADE Olivier La République secrète. Histoire des services spéciaux français de 1918 à 1939, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2008.

FONTAINE Thomas Déportations & génocide : l’impossible oubli, Tallandier, 2009.

GERHARDS Auguste Tribunal de guerre du IIIe Reich. Des centaines de Français fusillés ou déportés. Résistants et héros inconnus - 1939-1945, Paris, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.

GUILLIN François-Yves Le général Delestraint, premier chef de l’Armée secrète, Paris, Plon, 1995.

HENTIC Pierre Agent de l’ombre : Mémoires 1941-1945, Paris, La Martinière, 2012.

HERBERT Ulrich Werner Best. Un nazi de l’ombre, Paris, Tallandier, 2010.

JÄCKEL Eberhard La France dans l’Europe de Hitler, Fayard, 1968.

KITSON Simon Vichy et la chasse aux espions nazis. 1940-1942 : complexités de la politique de collaboration, Paris, Autrement, 2005.

LELEU Jean-Luc, PASSERA Françoise, QUELLIEN Jean & DAEFFLER Michel (Dir.) La France pendant la Seconde Guerre mondiale. Atlas historique, Paris, Fayard / Ministère de la Défense, 2010.

LIAIGRE Franck Les FTP. Nouvelle histoire d’une résistance, Paris, Perrin, 2015.

LOMBARD Maurice «L’Abwehr à Dijon» (1940-1944) in Annales de Bourgogne, 68, 1996, p. 69-78.

MALOUBIER Bob Agent secret de Churchill, Paris, Tallandier, 2011.

MENCHERINI Robert Résistance et Occupation (1940-1944), Midi rouge. Ombres et lumières. Une histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône de 1930 à 1950tome 3, Paris, Syllepse, 2011.

MEYER Ahlrich L’Occupation allemande en France, 1940-1944, Toulouse, Privat, 2002.

MIANNAY Patrice Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Paris, Le Cherche Midi, 2005.

NAVARRE Henri (Général) Le Service de renseignements 1871-1944, Plon, 1978.

NEVEU Cédric La Gestapo en Moselle. Une police au coeur de la répression nazie, Metz, Éditions Serpenoise, 2012

PAILLOLE Paul Services spéciaux, Robert Laffont, Paris, 1975.

PEAN Pierre & DUCASTEL Laurent Jean Moulin, L’ultime mystère, Paris, Albin Michel, 2015.

PENNETIER Claude Les Fusillés (1940-1944), Dictionnaire biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otages et guillotinés en France pendant l’Occupation, Paris, Éditions de l’Atelier, 2015.

PERQUIN Jean-Louis Les Opérateurs radio clandestins, SOE, BCRA, OSS, Paris, Histoire et Collections, 2011.

SANSICO Virginie La Justice déshonorée, 1940-1944, Paris, Tallandier, 2015.

THIERY Laurent «L’ange gardien des V1 face à la Résistance» in La répression allemande dans le Nord de la France (1940-1944), Lille, Septentrion, 2013, p. 239-256.

 

SITOGRAPHIE ET MULTIMEDIAS

DÄNZER-KANTOF BORIS Les avocats agréés auprès des tribunaux militaires allemands in La Résistance en Île-de-France, CD-ROM. Paris - AERI, 2004.

DÄNZER-KANTOF BORIS Notices biographiques individuelles des 7 résistants du Procès de la Chambre des députés, in La Résistance en Île-de-France, CD-ROM. Paris - AERI, 2004.

MINISTÈRE DE LA DÉFENSE : WWW.DEFENSE.GOUV.FR

Publie sur son site le Bulletin officiel des Armées, dont l’édition méthodique (BOEM) présente l’architecture des grandes familles de résistance et les dispositions applicables à leurs membres ou agents. On s’y reportera avec intérêt, notamment pour toute question relative au statut des FFL, FFC, RIF, DIR, CVR, réfractaires au STO et passeurs bénévoles.

Le texte intégral du décret 366 du 25 juillet 1942 et celui de sa circulaire d’application sont consultables sur : www.bo.sga.defense.gouv.fr/boreale_internet (accès BOEM/le personnel/dispositions générales/combattants de la Résistance)

WWW.CHEMINSDEMEMOIRE.GOUV.FR Retrouvez votre revue en ligne.

WWW.LACOUPOLE-FRANCE.COM Site Internet lié aux armes "V".

WWW.SERVICEHISTORIQUE.SGA.DEFENSE.GOUV.FR Le site du SHD.

WWW.FMD.ASSO.FR Fondation pour la mémoire de la Déportation.

WWW.FONDATIONSHOAH.ORG Fondation pour la mémoire de la Shoah.

WWW.FONDATIONRESISTANCE.ORG Fondation de la Résistance. Retrouvez notamment Les réseaux Action de la France combattante (édition 1986 et 2008 pour la version électronique) et les chapitres téléchargeables sur le site de la Fondation.

WWW.FRANCE-LIBRE.NET Fondation de la France libre.

WWW.MONT-VALERIEN.FR Le Mont-Valérien - Haut lieu de la mémoire nationale.

Glossaire

Glossaire

2e, 3e, 5e BUREAU Dans un état-major traditionnel, le 2e bureau se charge du renseignement, le 3e de l’élaboration des plans d’action et le 5e du contre-espionnage.

 

ABWEHR Service de renseignement, d’action et de contre-espionnage de l’armée allemande, de 1925 à 1944.

 

AGENT O, AGENT P1, AGENT P2 Agent occasionnel (O), régulier mais non clandestin (P1) et clandestin (P2) définis par le décret 366 du 25 juillet 1942.

 

ARMÉE SECRÈTE L'armée secrète résulte de la fusion des éléments paramilitaires des trois grands mouvements de zone sud : Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur. Favorisée par Jean Moulin, elle est entérinée à Londres en octobre 1942, confiée par le général de Gaulle au général Delestraint en novembre et étendue à la zone nord au printemps suivant.

 

AST Abwehrstelle. Poste territorial de l'Abwehr implanté dans une capitale régionale et relevant des services centraux installés à Paris et à Saint-Germain-en-Laye.

 

AUSWEIS Autorisation, permis de circuler ou laissez-passer délivré par les autorités allemandes.

 

BATAILLONS DE LA JEUNESSE Actifs de l’été 1941 à mars 1942, ils sont le bras armé des Jeunesses communistes clandestines.

 

BCRA Bureau central de renseignements et d’action (à partir de juin 1942).

 

BCRAA Bureau central de renseignements et d’action d’Alger (à partir de fin 1943).

 

BCRAL Bureau central de renseignements et d’action de Londres (à partir de fin 1943).

 

BDOC Bureaux de documentation. Ils succèdent en 1944, dans chaque région militaire, aux bureaux de sécurité militaire (BSM) et enquêtent sur les individus coupables ou soupçonnés d’avoir collaboré, à un degré ou à un autre, avec l’occupant.

 

BdS Befehlshaber der Sipo und des SD (voir infra)Responsable national de la police de sûreté et des services de sécurité. Direction centrale des polices allemandes en France.

 

BND Service de renseignement extérieur de la République fédérale d’Allemagne.

 

CHANTIERS DE JEUNESSE Service civil obligatoire imposé, par l’État français, aux jeunes gens résidant en zone libre et dégagés, du fait des événements, de leurs obligations militaires. Les textes fondamentaux instituant les groupements et chantiers de jeunesse sont les lois du 30 juillet 1940 et du 18 janvier 1941.

 

CNR Conseil national de la Résistance. Constitué et réuni pour la première fois le 27 mai 1943 sous la présidence de Jean Moulin, délégué du général de Gaulle, qui marque une étape essentielle dans l’unification de la Résistance. En 1944, ses travaux et son programme seront annonciateurs de grandes réformes, notamment économiques (nationalisations) et sociales

(Sécurité sociale), de l’après-guerre.

 

COLLABORATIONNISME Le terme est employé pour la première fois par Marcel Déat, en novembre 1940, pour désigner ceux qui militent et agissent, y compris militairement, en faveur de la victoire du Reich. Les collaborationnistes font pression sur le gouvernement de Vichy pour qu’il s’engage plus avant dans la voie de la collaboration.

 

CNCR (Commission nationale consultative de la Résistance) Commission instituée par le décret n°70-768 du 27 août 1970, auprès du ministre chargé de la défense nationale afin d’émettre, sur la saisine exclusive dudit ministre, des avis sur la reconnaissance de mouvements, l’homologation de grades et de services et toute question concernant la Résistance.

 

COMPAGNONS DE LA LIBÉRATION Membres de l’Ordre de la Libération créé par l’ordonnance n°7 signée par le général de Gaulle le 16 novembre 1940, à Brazzaville pour récompenser des personnes ou collectivités civiles et militaires qui se sont distinguées pour la libération de la France et de l’Empire. Le titre de "Compagnon" souligne la cohésion et l’unité du groupe ainsi créé.

 

EINSATZKOMMANDO Groupe d’intervention.

 

FELDGENDARMERIE Gendarmerie de campagne, installée en zone rurale et relevant de l’autorité du Feldkommandant. Ne pas confondre avec Geheimfeldpolizei (voir infra GFP).

Comme les Feldgendarmes portent en sautoir sur la poitrine une plaque métallique, les plus ironiques des Français les qualifient de "colliers de chiens" ou de "vaches primées".

 

FFI Les Forces françaises de l’intérieur regroupent à l’origine l’Armée secrète (AS) et les Francs-tireurs et partisans français (FTPF). Avec l’intégration de l’Organisation de résistance de l’armée (ORA), les FFI regroupent l’essentiel des formations militaires de la Résistance.

 

FRANCE LIBRE Organisme créé par le général de Gaulle à sa suite de son appel du 18 juin 1940. Elle disparaît au cours de l’été 1943 pour se fondre dans le Comité français de la libération nationale, qui associe gaullistes et giraudistes, sans pour autant que son nom cesse d’être utilisé.

 

FTPF (Francs-tireurs et partisans français). Les FTPF naissent au printemps 1942 de la fusion des trois branches armées issues du Parti communiste français : l’Organisation spéciale, les

Bataillons de la jeunesse et la Main-d’œuvre immigrée (MOI).

 

GAULEITER Chef de Gau, gouverneur de province ou de région, sous le régime nazi.

 

GEHLEN Organisation créée en juin 1946, c’est l’ancêtre du BND qui la remplace en avril 1956.

 

GFP Geheime Feldpolizei. Police militaire secrète de campagne. Organe opérationnel de l’Abwehr. Ne pas confondre avec Feldgendarmerie (voir supra).

 

GROSS-PARIS Circonscription territoriale sur laquelle s’exerce le commandement militaire allemand et qui englobe la Seine, la Seine-et-Oise et la Seine-et-Marne.

 

HITLERJUGEND Jeunesses hitlériennes, organisation nationale-socialiste d’encadrement des jeunes Allemands.

 

KdS Kommandeur/Kommando der Sipo und des SD. Chef régional de la SIPO-SD (voir infra) /direction régionale des polices allemandes. Les KdS sont placés sous l’autorité du BdS (voir supra).

 

MOUVEMENT DE RÉSISTANCE Organisation de résistance née sur le sol français à partir d’initiatives individuelles, puis de noyaux, de groupes et de groupements de plus en plus importants. À leur création (1940-1941), les mouvements n’ont pratiquement pas de contact avec la France libre.

 

MOUVEMENT SOCIAL RÉVOLUTIONNAIRE Le MSR ("Aime et Sert"). Parti collaborationniste fondé par Eugène Deloncle en 1940. Beaucoup de ses membres étaient d’anciens activistes de l’Organisation secrète d’action révolutionnaire nationale (OSARN, aussi appelée "Cagoule"), en 1935-1937, acquis de longue date aux théories fascistes.

 

NSDAP Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei. Parti national-socialiste des travailleurs allemands, abrégé "nazi".

 

PIANISTE Opérateur radio.

 

PPF Parti populaire français, fondé en 1936 par Jacques Doriot. D’inspiration fasciste, il est le principal parti collaborationniste français, avec le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat (voir infra).

 

RNP Rassemblement national populaire. Parti collaborationniste fondé par Marcel Déat en février 1941. Ses cadres étaient pour la plupart issus des rangs de la gauche pacifiste et du courant néo-socialiste.

 

RSHA Reichssicherheitshauptamt. Office central de sécurité du Reich, réunissant l’ensemble des services répressifs allemands pendant la période nazie.

 

RÉSEAU Dans la Résistance, un réseau est une organisation militaire reliée à un état-major, spécialisée dans l’Action (notamment opérations aériennes, sabotage), le Renseignement mais aussi les infiltrations et exfiltrations.

 

SECTION ACTION Créée au printemps 1941 au sein du SR de la France libre (devenue ensuite le BCRA), elle est chargée d’organiser la liaison avec les résistants désireux d’organiser des formations paramilitaires. L’essentiel des agents envoyés en France pour le compte de la France libre relèvent de la section Action ou de la section Renseignement.

 

SECTION ACTION / ÉTUDES ET COORDINATION Créée en mars 1942 au sein du BCRA pour élaborer les plans de sabotage que les organisations de résistance devront exécuter en appui du futur débarquement en France.

 

SECTION ACTION / MISSIONS Créée en mars 1942 au sein du BCRA pour assurer l’organisation pratique des missions d’action en France en coopération avec le Special Operation Executive (recrutement des agents, formation, envoi en France et suivi de leur travail sur le terrain).

 

SECTION CONTRE-ESPIONNAGE Créée en décembre 1941 au sein du SR de la France libre (devenu ensuite le BCRA) pour protéger les agents et les organisations en France contre l’action des services répressifs de l’occupant et de Vichy. À leur arrivée en Afrique du Nord ou à Londres, cette section interroge les évadés de France et les volontaires, ce qui lui permet d’alimenter ses fichiers des personnes hostiles ou sympathisantes de la Résistance en France.

 

SECTION ÉVASIONS Section du service de renseignement (SR) de la France libre puis du BCRA, chargée de créer en France des réseaux d’évasion en collaboration avec le MI9 britannique.

 

SECTION RENSEIGNEMENT Organe du BCRA, elle prend en charge les agents de leur recrutement à leur départ en mission, administre les réseaux de renseignement, organise des opérations aériennes et maritimes avec le SIS britannique, traite les courriers reçus et destinés aux agents sur le terrain. L’essentiel des agents envoyés en France pour le compte de la France libre relèvent de cette section et de la section Action.

 

SIPO-SD La Sicherheitspolizei (Sipo) est la police de sûreté qui réunit la police criminelle (Kripo) et la police politique (Gestapo). Elle est associée en 1939 au Sicherheitsdienst (SD), le service de sécurité du parti nazi (voir supra).

 

SONDERKOMMANDO Commando formé pour des missions spéciales.

 

SS Schutzstaffel ou troupes de protection du parti nazi.

 

STASI Créé en 1950, le ministère de la Sécurité d’État remplissait les missions de police politique, de renseignement, d’espionnage et de contre-espionnage de la République démocratique allemande (RDA).

 

VERGELTUNGSWAFFE Dites "armes V". Armes de représailles, les armes V sont essentiellement lancées contre le Royaume-Uni en 1944-1945. On distingue les V1 (qui ont l’aspect d’avions sans pilote ou de bombes volantes) et les V2 qui se rapprochent des fusées.

 

WUNDERWAFFEN Armes "miraculeuses" censées permettre à la Wehrmacht de renverser la situation en sa faveur à la fin de la guerre.

 

ZONES Durant l’Occupation allemande, la France fut découpée en "zones". En juin 1940, on distinguait la "zone occupée" (au nord de la ligne de démarcation) et la zone dite "libre" ou "zone non-occupée" (au sud de cette même ligne). À partir du 11 novembre 1942, c’est-à-dire de l’extension de l’Occupation à l’ensemble du territoire national, les termes de "zone nord" et de "zone sud" parurent mieux adaptés.

D'hier à aujourd'hui

D'hier à aujourd'hui

DGSE

Du BCRA à la DGSE, d’hier à aujourd’hui… Les services de renseignement français ont su évoluer pour s’adapter à de nouvelles missions. Si les structures ont été amenées à se réformer pour rester efficaces, les principes qui les animent sont cependant restés intacts. Soumis au pouvoir politique, les services de renseignement ont vu leurs capacités évoluer pour assurer la réalisation de leurs missions, face à des menaces sans cesse renouvelées. Si les principes d’organisation et les choix stratégiques sont demeurés, les moyens déployés et les missions ont changé. Les évolutions du contexte et des enjeux géopolitiques de la France, le processus de décolonisation, la fin de la guerre froide, les bouleversements technologiques, le développement des menaces terroristes ont incité le Service à toujours muter pour répondre aux besoins de sûreté. Pour autant, le choix de conserver une structure unitaire et intégrée n’a cessé de se confirmer et continue d’offrir à la France un haut niveau de capacités d’entrave et d’action clandestine.

Du BCRA à la DGSE

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Les tourelles en 1954. © DGSE

Chaque époque porte ses propres menaces et les services de renseignement se sont sans cesse adaptés pour toujours y faire face. Évoquer la généalogie qui mène du Bureau central de renseignements et d’action à la Direction générale de la sécurité extérieure permet de rendre hommage à l’action de nos prédécesseurs, mais aussi de rappeler la constance et le sens de notre engagement au service de la sécurité de la France et de ses ressortissants.

Rechercher les criminels

Rechercher les criminels

Agents de la SIPO-SD de Paris arrêtés après la Libération, sans date

Avec la Libération vient le temps des enquêtes et de la Justice. La Direction générale des études et recherches (DGER), en lien avec la Direction de la surveillance du territoire (DST) créée en septembre 1944, est chargée d’identifier et de pourchasser les collaborateurs et les criminels de guerre qui, pour beaucoup, ont pris la fuite. Les archives témoignent de cette mission : bulletins de renseignements, avis de recherches et comptes rendus d’arrestations sont les principaux types de documents produits et échangés par les services à partir de l’été 1944 et durant toute l’année 1945. Les bureaux de sécurité militaire (BSM), qui deviennent les bureaux de documentation (BDOC) fin 1944, sont à la manœuvre dans cette traque. Les services spéciaux prennent toute leur place dans ce processus, en mettant à la disposition de la Justice les individus arrêtés ainsi que les documents qui les compromettent. Les fonds d’archives gardent ainsi la trace des nombreux échanges de la DGER avec les juges ou les enquêteurs chargés de l’instruction des dossiers d’épuration devant les cours de justice ou les tribunaux militaires.

La répression de la Résistance

La répression de la Résistance

Résistants français fusillés par les Allemands, sans date

La répression de la Résistance a été particulièrement efficace. Son bilan peut être mesuré à travers le nombre d’arrestations, de déportations ou d’exécutions. Les archives du Service historique de la défense aident à en comprendre la logique et à identifier les différents acteurs. Elles apportent un éclairage nouveau sur cette question en faisant la part belle aux organismes et aux hommes chargés de cette mission répressive. Ainsi, transparaissent dans les dossiers de l’Abwehr et de la SIPO-SD saisis à la fin de la guerre des techniques de pénétration d’organisations de résistance : on apprend beaucoup sur l’emploi des agents doubles et le rôle qu’ils ont pu jouer. Les archives allemandes conservées par le SHD font également état des jugements rendus par les tribunaux militaires allemands sur le territoire national, complétant ainsi la connaissance du système judiciaire de l’occupant.

Allemands, auxiliaires et collabos

Allemands, auxiliaires et collabos

Membres de la SIPO-SD de Paris photographiés rue des Saussaies en 1943

Allemands, auxiliaires, collabos..., les termes ne manquent pas pour désigner l’ennemi et ceux qui travaillent pour lui. Les uns et les autres sont omniprésents dans les archives des services spéciaux : toutes les informations sur les individus dangereux et nuisibles, qu’ils soient français, allemands ou d’une autre nationalité, sont notées et rassemblées dans des fichiers et dans plusieurs milliers de dossiers individuels. Ces renseignements, qui ont commencé à être recueillis dès le début de la guerre, sont de diverses origines : documentation ouverte (presse), informations des correspondants, rapports des réseaux, procès-verbaux d’interrogatoires, enquêtes, documents saisis... Les services se sont également intéressés aux organisations et mouvements collaborationnistes et ont ainsi mis la main sur un ensemble d’archives de la Légion des volontaires français (LVF) dont le fichier des membres et des candidats. Ils vont également saisir et exploiter après la guerre les archives allemandes, comme les dossiers des agents de l’Abwehr de Paris ou les archives du Consulat allemand de Marseille. Ces dernières apportent des renseignements exceptionnels et témoignent précisément de la collusion, au quotidien, de certains Français avec l’occupant : demandes d’interventions, demandes de laissez-passer, dénonciations, informations, demandes d’autorisations de séjours en Allemagne...

Résistants et agents de la France libre

Résistants et agents de la France libre

Évasions par l'Espagne : passeurs du réseau Andalousie photographiés à Chèze (Hautes-Pyrénées)

En septembre 1944, la Direction générale des services spéciaux (DGSS) s’installe à Paris. Les archives, jusqu’alors conservées essentiellement à Londres et à Alger, sont rapatriées sur le territoire national. Une partie de cette documentation, ne présentant plus d’intérêt opérationnel ou administratif, est versée aux Archives nationales, une autre est conservée par les services spéciaux, héritiers du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA). Ces archives reflètent l’activité des réseaux et, plus globalement, celle des services de la France libre. Elles sont composées de deux séries, comportant des milliers de dossiers individuels des agents du BCRA : la première, constituée à Londres, est classée par ordre alphabétique aux noms des agents ; la seconde, réalisée plus tard à Paris, contient des documents inventoriés par réseaux. Les fonds du BCRA renferment les comptes rendus des interrogatoires menés par la section du contre-espionnage. On y trouve également des collections de télégrammes et de câbles échangés avec les agents travaillant en France ainsi que l’ensemble des archives financières et comptables du BCRA.

Les services spéciaux dans la guerre

Les services spéciaux dans la guerre

Le colonel Passy, chef du BCRA, photographié en Bretagne en 1944

Les fonds conservés au Service historique de la défense permettent de mettre en lumière à la fois l’organisation et l’activité des services spéciaux, tant français qu’allemands, durant la Seconde Guerre mondiale. Outre des documents de base (textes officiels, organigrammes), des rapports d’activité et des comptes rendus de missions, le fonds est composé de documents dont la typologie rappelle les méthodes d’action et d’investigation des organismes de contre-espionnage (comptes rendus d’interrogatoires, relevés d’écoutes téléphoniques, documents interceptés). Il est aussi possible d’étudier les services spéciaux à travers les informations croisées qu’ils rassemblent les uns sur les autres. Les fonds contiennent ainsi de nombreuses informations sur les services allemands comme les dossiers de la section spéciale Allemagne de la Direction générale des études et des recherches (DGER) dont la mission était de reconstituer l’ordre de bataille de l’Abwehr et de la SIPO-SD. Les services s’observaient, cherchaient à percer les secrets de leurs pratiques respectives, et si le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) étudiait ses adversaires, les services français faisaient aussi l’objet d’une attention vigilante de la part de leurs homologues allemands. En témoignent certains documents de l’occupant saisis à la fin de la guerre et amalgamés aux fonds.

Historique et présentation des archives

Historique et présentation des archives

Die Archivräume der Nachrichtendienste in Schloss Vincennes. SHD/Dominique Viola

Les archives des services spéciaux que conserve le Service historique de la défense forment un ensemble documentaire de près de 500 mètres linéaires. Ce fonds, longtemps méconnu mais qui s’ouvre largement depuis 2014, a connu une histoire mouvementée, qui l’a mené de Londres à Alger, puis à Paris, des caves de la "piscine" à celles du Château de Vincennes. Il témoigne de l’activité de plusieurs services de renseignement et de contre-espionnage entre 1930 et 1945. On y retrouve une partie des archives du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) de la France libre, celles des Travaux ruraux (TR) et du Bureau des menées antinationales (BMA) de Vichy ainsi que celles de la Direction de la sûreté militaire (DSM) et de la Direction générale des études et des recherches (DGER). Au total, près de 15 années d’activités secrètes. L’histoire de cet ensemble documentaire, ce qu’il révèle à la fois de l’activité et du positionnement des services producteurs mais aussi des événements auxquels ceux-ci ont fait face, constitue déjà un premier objet d’étude. Sauf indication contraire, les cotes citées sont celles d’archives conservées par le SHD, consultables en salle de lecture Louis XIV au Château de Vincennes.

Paysages de la Seconde Guerre mondiale

Paysages de la Seconde Guerre mondiale

Plages du débarquement de Normandie. © S. Compoint

Les paysages naturels et urbains transformés par la Seconde Guerre mondiale ont ceci de particulier qu’ils sont tous très différents et renvoient à un récit singulier de la guerre : les bombardements, les débarquements, les combats de la Libération, la Résistance, l’internement, la Déportation, etc. Cette partie en présente quelques-uns seulement, caractéristiques de la période, et faisant encore l’objet de projets culturels ou mémoriels innovants pour valoriser l’histoire racontée et commémorée. Aujourd’hui, plus de soixante-dix ans après, les plages habillées de vestiges, les villes reconstruites mais dont certains pans de murs racontent encore ce qui s’est passé, les espaces vides ou transformés en musées-mémoriaux, constituent la mémoire de pierre de ce conflit sans précédent. Les paysages français sont, pour l’œil de l’historien et du touriste, des témoignages inépuisables des années 1939-1945 mais aussi, pour les enseignants, des vecteurs d’enseignement de l’histoire et de la géographie et d’éducation à la citoyenneté.

Regard d'enseignant : entretien avec Régine Phisel

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Photo prise à l’ancien camp de Natzweiler-Struthof par Jean Plugia, élève de 3e au collège Marie Marvingt. © J. Plugia

Régine Phisel est professeur d’histoire et géographie au collège Marie Marvingt à Tallard (Hautes-Alpes). À travers un projet pédagogique qui a reçu le soutien de la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives du ministère des armées, elle a sensibilisé ses élèves à la mémoire de la Déportation en les invitant à réfléchir aux traces laissées par l’histoire dans l’ancien camp de Natzweiler-Struthof.

 

Regard d'enseignant : entretien avec Jackie Pouzin

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Vue d’ensemble des restes de l’ancien camp de Montreuil-Bellay. © B. Renoux/DRAC Pays de la Loire

Jackie Pouzin est professeur d’histoire et géographie au lycée Vadepied à Évron (Mayenne). Depuis plusieurs années, il sensibilise ses élèves à l’histoire et à la mémoire du camp de Tsiganes de Montreuil-Bellay en Maine-et-Loire.

 

Bobigny : des traces au lieu de mémoire

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Ancienne gare de déportation de Bobigny. © H. Perrot.
Ancienne gare de déportation de Bobigny. © H. Perrot

Depuis plusieurs années, la ville de Bobigny souhaite valoriser le site de l’ancienne gare de déportation à travers un programme d’aménagement paysager et scénographique. L’ambition du projet est de révéler un lieu d’histoire et de mémoire peu connu du grand public en préservant sa topographie d’origine et en l’inscrivant dans son paysage urbain.

1944. Les Plages du Débarquement, Normandie

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Débarquement de troupes canadiennes dans le secteur de Juno, sur la plage de Bernières-sur-Mer, le 6 juin 1944. © Archives Nationales du Canada/Région Normandie
Débarquement de troupes canadiennes dans le secteur de Juno, sur la plage de Bernières-sur-Mer, le 6 juin 1944. © Archives Nationales du Canada/Région Normandie

Chaque année, des millions de visiteurs viennent se recueillir sur les Plages du Débarquement et s’imprégner des traces laissées par l’opération amphibie et aéroportée la plus importante de tous les temps. Transformé par le débarquement de juin 1944, ce paysage du littoral semble aujourd’hui apaisé. Sa conservation et sa valorisation demeurent toutefois un enjeu important.

De camps sans mémoire à une mémoire sans camps

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 1941. Loiret. Camp d’internement des Juifs français et étrangers à Pithiviers près d’Orléans. © Ullstein Bild / Roger-Viollet
1941. Loiret. Camp d’internement des Juifs français et étrangers à Pithiviers près d’Orléans. © Ullstein Bild / Roger-Viollet

Parler de paysages pour évoquer les camps d’internement n’a a priori rien de saugrenu ni de déplacé. Si, entre 1939 et 1946, pas moins de 200 camps se sont inscrits dans l’espace et dans l’histoire, cela a eu à voir avec leur environnement. Mais peut-on parler de traces dans le paysage au-delà de la période ?

Du littoral au cœur des villes

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Survol des sites liés au débarquement. © D. Viola / DICOD

Des plages de Normandie aux villes bombardées, occupées, libérées, des camps d’internement aux villages martyrs, les paysages hérités de la Seconde Guerre mondiale sont aujourd’hui réinvestis par la société civile et les pouvoirs publics pour en faire des lieux témoins d’une histoire vieille de plus de 70 ans.

Paysages de la Première Guerre mondiale

Paysages de la Première Guerre mondiale

Dickbuchenweg (Pour Vivre ici). Tirage fine art 60 x 90 cm. OEuvre de Sophie Zénon, photographe plasticienne, représentant la forêt des Vosges dans le secteur du Hartmannswillerkopf, 2017. © S. Zénon

L’approche des paysages hérités de la Première Guerre mondiale est par nature pluridisciplinaire. Si l’imaginaire collectif se représente facilement des champs de bataille lunaires, des villages détruits et des tranchées longues de plusieurs kilomètres, il faut convoquer l’histoire, la géographie, l’archéologie, la géologie, les sciences environnementales ou encore les arts pour appréhender et comprendre la diversité et la complexité de ces paysages. Derrière les questions liées à la reconstruction et à la mise en tourisme abordées dans les première et dernière parties de ce numéro, surgissent d’autres problématiques en lien avec la perception que certains acteurs ont des paysages de la Grande Guerre. Ils deviennent un voyage poétique sous la plume de Maurice Genevoix, un espace de fouilles innovant pour l’archéologue ou encore un champ inépuisable de créativité pour le photographe. Cette partie se propose de mettre en lumière la singularité des paysages façonnés par la guerre de 14-18, qui ont largement inspiré ses contemporains et interpellent encore les scientifiques de toute discipline.