La nécropole nationale de Souain-Perthes-Les-Hurlus - Le monument-ossuaire de la Ferme de Navarin

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Nécropole nationale de Navarin. © Guillaume Pichard

 

Pour accéder au panneau d'information de la nécropole, cliquer ici  vignette_Navarin

 

Située au lieu-dit de "La Ferme de Navarin" sur la commune de Souain-Perthes-Les-Hurlus, la nécropole nationale regroupe, dans un ossuaire, les dépouilles de plus de 10 000 soldats de toutes nationalités tombés lors des combats qui se déroulèrent en Champagne en 1914-1918.

Parmi les soldats, reposent notamment les dépouilles du général Gouraud, depuis 1947, selon son souhait, et de son fidèle collaborateur, le général Prételat, depuis 1969.

 

Les batailles de Champagne - 1914-1918

Après la contre-offensive franco-britannique de septembre 1914 sur la Marne et l’échec la "Course à la Mer", la guerre de mouvement disparait sur le front ouest. Pour se protéger du feu de l'artillerie, les belligérants s’enterrent. C’est le début de la guerre de position.

Au cours de l’hiver 1915, le général Joffre lance en Champagne différents assauts qui se brisent contre les tranchées allemandes. Ces opérations de "grignotage", localisées notamment dans les secteurs de Souain, de Perthes, de Beauséjour et Massiges, sont particulièrement meurtrières. Sans résultat, le front reste figé.

Au cours de l'été, pour rompre le front et soutenir les Russes en difficulté sur le front oriental, Joffre décide de mener une nouvelle offensive. L’effort principal, appuyé par une autre action en Artois, se déploie dans la grande plaine aride et crayeuse de la Champagne pouilleuse. Long de 25 kilomètres, le front s'étend entre Aubérive et Ville sur Tourbe. Cette action est conduite par la 2e et 4e armée. En face, les Allemands de la IIIe armée sont installés dans de solides tranchées. Plus en retrait, située à contre pente se trouve une seconde position dissimulée des observations aériennes et hors de portée de l’artillerie.

Après une préparation d'artillerie de trois jours, l'attaque est déclenchée le 25 septembre. Les Français enlèvent les premières lignes à l’exception de celles situées notamment sur la butte du Mesnil. A l'est du dispositif, la division coloniale s'empare de "La Main de Massiges", point clé du dispositif allemand.

Mais, cet élan se brise sur la deuxième position encore intacte. Les troupes s'épuisent et doivent faire face à de puissantes contre-attaques. Au cours de ces assauts, les deux armées ont perdu 138 000 hommes. En novembre, les conditions climatiques difficiles et l'importance des pertes obligent Joffre à renoncer à conduire de nouvelles attaques. Le front revient à un calme relatif.

L'offensive allemande de juillet 1918 replace ce front au cœur des opérations. Mais engageant la totalité de ses forces de la Meuse à la mer du Nord, le maréchal Foch, fort du soutien croissant des Américains, déploie à l'automne une large manœuvre. Pour la région de Reims, l’armée du général Gouraud s’empare successivement de Navarin, Tahure et de Sommepy. Dans le secteur de Minaucourt, le Mont-Têtu et Le Mesnil sont enlevés par les Français qui franchissent la Dormoise et marchent vers les Ardennes jusqu'en novembre 1918.

Aujourd'hui, la région de Suippes, au travers des vestiges de villages de Perthes, Hurlus, Mesnil, Tahure et Ripont mais aussi de dix-huit nécropoles, conserve le souvenir de ces combats acharnés. Pour la seule commune de Souain, on recense trois autres cimetières militaires et l'impressionnant monument-ossuaire de la Ferme de Navarin rassemblant 10 000 corps de soldats non identifiés et préservant le souvenir des combattants français, américains, polonais, russes et tchécoslovaques qui participèrent aux opérations sur le front de Champagne.

Le monument-ossuaire de la Ferme de Navarin

Au lendemain de la guerre, les anciens combattants décident d’élever un monument pour honorer les morts des divisions françaises et alliées qui combattirent sur le front de Champagne.

Au lendemain de la guerre, et face au besoin des familles endeuillées de disposer d’un lieu pour se recueillir, les anciens combattants décident de lancer un appel aux dons pour élever un monument en hommage aux morts des divisions françaises et alliées qui combattirent sur le front de Champagne. En 1923, un comité, devenu en 1933 la "Fondation du Monument aux Morts des Armées de Champagne et Ossuaire de Navarin", qui a pour mission de recueillir des souscriptions, est créé sous la présidence du général Gouraud et du Général Alexis Hély-d'Oissel.

C’est grâce aux milliers de souscriptions venues de toute la France qu’en 1923 fut posée la première pierre du monument en présence de l’ambassadeur des États-Unis, Myron Herrick.

Le monument, dédié aux morts des armées de Champagne, est de forme pyramidale, tronqué au sommet sur lequel repose un groupe sculpté représentant trois soldats en position d’attaque. L’artiste Maxime Real-del-Sarte, mutilé de guerre, réalisa cette œuvre avec un seul bras.

Le 28 septembre 1924, l’inauguration du monument de Navarin a lieu sous la présidence du maréchal Joffre et du général Gouraud.

Les trois soldats représentés sont (de droite à gauche) :

  • Quentin Roosevelt, lieutenant d’aviation, fils de l’ancien Président des États-Unis tombé à Chamery (Marne),
  • Le général Gouraud commandant la IVe armée,
  • Le frère du sculpteur, Serge Real-del-Sarte, tombé au Moulin de Laffaux, (Aisne).

Sur le piédestal de grès rose sont inscrits les numéros des divisions françaises et alliées ayant combattu en Champagne. A l’intérieur se trouve une chapelle dont les murs sont couverts de plaques apposées par les familles en mémoire de leurs soldats disparus.

Depuis la fin de la guerre, les corps et les restes mortels d’innombrables soldats sans sépulture, trouvés sur le champ de bataille de Champagne y furent recueillis. C’est ainsi que le monument se transforma progressivement en ossuaire. Les ossements étaient déposés au départ dans les emplacements latéraux de la chapelle, puis une crypte fut creusée sous le monument. Il abrite aujourd’hui plus de 10 000 corps de soldats non identifiés regroupés dans de vastes ossuaires situés aux niveaux inférieurs du monument.

Depuis 1947, le corps du général Gouraud repose selon son souhait parmi ses soldats. Il y fut rejoint quelques années plus tard, en 1969, par son chef d’état-major : le général Prételat.

Le monument et l’ossuaire sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 27 janvier 1994.

La conservation et la valorisation de la nécropole de Navarin

L’association du souvenir aux morts des armées de Champagne (ASMAC), fut créée le 10 mars 1929. Chargée du fonctionnement et de la valorisation du monument, elle a pour but de conserver, d’honorer et de rappeler aux générations futures le souvenir glorieux des morts français et alliés tombés au champ d’honneur sur les fronts de Champagne.

Jusqu’en 2019, le monument était propriété de la Fondation du "monument aux morts des armées de Champagne et ossuaire de Navarin".

La fondation qui assurait l’entretien et la conservation du monument et du champ de bataille, a décidé sa dissolution et le transfert de la gestion du monument et du terrain à l’État (ministère des armées). Le décret du 8 avril 2019 a ainsi approuvé la dissolution de la fondation reconnue d’utilité publique, en abrogeant le décret portant reconnaissance de cette fondation comme établissement d’utilité publique et en approuvant le transfert de ses biens. L’acte d’acquisition a été signé le 24 octobre 2022.

La nécropole nationale est désormais propriété de l’État, placée, comme les 290 nécropoles nationales, sous la responsabilité du ministère des armées/direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA) et gérée par l’office national des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG) qui en assurent sa conservation.

Le monument présentant des dégradations majeures à l’intérieur de l’édifice, dues à des problèmes d’infiltration et d’humidité, il a été prévu des travaux dans la programmation de restauration des nécropoles établie par le DMCA et l’ONaCVG, sur la période de 2020-2025 afin de restaurer le monument et aménager un chemin mémoriel sur la parcelle des vestiges de guerre.

En outre, dans le cadre de la convention de partenariat signée le 13 novembre 2020 entre le ministère des armées et l’Association Art & jardins | Hauts-de-France pour la création de jardins de la paix dans les nécropoles nationales emblématiques qui composeront le chemin de la Paix dédié à la Première Guerre mondiale, allant de Ypres à la frontière suisse, la nécropole de Navarin a été retenue pour y réaliser un jardin, entre le monument ossuaire et le champ de bataille. Compte tenu de son histoire et notamment du lien avec les divisions américaines qui ont participé aux combats de Champagne, il a été décidé de réaliser un jardin de la paix américain à l’horizon 2024.

Enfin, une convention-cadre relative à l’utilisation de la nécropole a été signée le 16 juin 2020, entre l’État-ministère des armées-Direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA), l’Office national des combattants et victimes de guerre (ONaCVG) et l’Association du souvenir aux morts des armées de Champagne (ASMAC).

Aujourd’hui, ces trois entités travaillent étroitement afin d’assurer la conservation et de la valorisation du monument-ossuaire et du champ de bataille environnant.

L’inscription au patrimoine mondial des sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale

Le 20 septembre 2023, 139 sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale, répartis entre la France et la Belgique, ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette inscription répond à une volonté de valorisation de ce patrimoine, dans un esprit de mémoire apaisée entre anciens belligérants, et aura certainement un impact positif sur la fréquentation de ces lieux.

Parmi ces sites, on compte 45 nécropoles nationales en France, dont celle de Navarin.

 

  • Nécropole nationale de Navarin. © ECPAD

  • Nécropole nationale de Navarin. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Navarin. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Navarin. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Navarin. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Navarin. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Navarin. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Navarin. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Navarin. © Guillaume Pichard

  • Nécropole nationale de Navarin. © Guillaume Pichard

  • Tranchées devant la Ferme de Navarin. © Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EI-13 (2564)

  • Pose de la première pierre du monument de la Ferme de Navarin près de Sainte-Marie-à-Py le 4 novembre 1923. © Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EI-13 (1062)

  • De gauche à droite Real del Sarte, sculpteur de la statue du monument de Navarin, le général Gouraud et le général Hély d'Oissel. @ Bibliothèque Nationale de France, département Estampes et photographie, EI-13 (1091)

  • Inauguration du monument de la Ferme de Navarin le 26 septembre 1924. © Droits réservés

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    Infos pratiques

    Adresse

    Souain-Perthes-lès-Hurlus
    45 kilomètres à l'est de Reims, à une trentaine de kilomètres au nord de Châlons-en-Champagne, sur le bord de la RD 77, entre les villages de Souain-Perthes-les-Hurlus et Sommepy-Tahure

    Horaires d'ouverture hebdomadaires

    Visites libres toute l’année