De Nuremberg à Izieu, juger le crime contre l’humanité

Paysages de la Seconde Guerre mondiale

Paysages de la Seconde Guerre mondiale

Plages du débarquement de Normandie. © S. Compoint

Les paysages naturels et urbains transformés par la Seconde Guerre mondiale ont ceci de particulier qu’ils sont tous très différents et renvoient à un récit singulier de la guerre : les bombardements, les débarquements, les combats de la Libération, la Résistance, l’internement, la Déportation, etc. Cette partie en présente quelques-uns seulement, caractéristiques de la période, et faisant encore l’objet de projets culturels ou mémoriels innovants pour valoriser l’histoire racontée et commémorée. Aujourd’hui, plus de soixante-dix ans après, les plages habillées de vestiges, les villes reconstruites mais dont certains pans de murs racontent encore ce qui s’est passé, les espaces vides ou transformés en musées-mémoriaux, constituent la mémoire de pierre de ce conflit sans précédent. Les paysages français sont, pour l’œil de l’historien et du touriste, des témoignages inépuisables des années 1939-1945 mais aussi, pour les enseignants, des vecteurs d’enseignement de l’histoire et de la géographie et d’éducation à la citoyenneté.

Regard d'enseignant : entretien avec Régine Phisel

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Photo prise à l’ancien camp de Natzweiler-Struthof par Jean Plugia, élève de 3e au collège Marie Marvingt. © J. Plugia

Régine Phisel est professeur d’histoire et géographie au collège Marie Marvingt à Tallard (Hautes-Alpes). À travers un projet pédagogique qui a reçu le soutien de la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives du ministère des armées, elle a sensibilisé ses élèves à la mémoire de la Déportation en les invitant à réfléchir aux traces laissées par l’histoire dans l’ancien camp de Natzweiler-Struthof.

 

Regard d'enseignant : entretien avec Jackie Pouzin

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Vue d’ensemble des restes de l’ancien camp de Montreuil-Bellay. © B. Renoux/DRAC Pays de la Loire

Jackie Pouzin est professeur d’histoire et géographie au lycée Vadepied à Évron (Mayenne). Depuis plusieurs années, il sensibilise ses élèves à l’histoire et à la mémoire du camp de Tsiganes de Montreuil-Bellay en Maine-et-Loire.

 

Bobigny : des traces au lieu de mémoire

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Ancienne gare de déportation de Bobigny. © H. Perrot

Depuis plusieurs années, la ville de Bobigny souhaite valoriser le site de l’ancienne gare de déportation à travers un programme d’aménagement paysager et scénographique. L’ambition du projet est de révéler un lieu d’histoire et de mémoire peu connu du grand public en préservant sa topographie d’origine et en l’inscrivant dans son paysage urbain.

Les Plages du Débarquement, Normandie 1944

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Débarquement de troupes canadiennes dans le secteur de Juno, sur la plage de Bernières-sur-Mer, le 6 juin 1944. © Archives Nationales du Canada / Région Normandie

Chaque année, des millions de visiteurs viennent se recueillir sur les Plages du Débarquement et s’imprégner des traces laissées par l’opération amphibie et aéroportée la plus importante de tous les temps. Transformé par le débarquement de juin 1944, ce paysage du littoral semble aujourd’hui apaisé. Sa conservation et sa valorisation demeurent toutefois un enjeu important.

De camps sans mémoire à une mémoire sans camps

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Camp d’internement des Juifs français et étrangers à Pithiviers près d’Orléans (Loiret), 1941. © Ullstein Bild / Roger-Viollet

Parler de paysages pour évoquer les camps d’internement n’a a priori rien de saugrenu ni de déplacé. Si, entre 1939 et 1946, pas moins de 200 camps se sont inscrits dans l’espace et dans l’histoire, cela a eu à voir avec leur environnement. Mais peut-on parler de traces dans le paysage au-delà de la période ?

Du littoral au cœur des villes

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Survol des sites liés au débarquement. © D. Viola / DICOD

Des plages de Normandie aux villes bombardées, occupées, libérées, des camps d’internement aux villages martyrs, les paysages hérités de la Seconde Guerre mondiale sont aujourd’hui réinvestis par la société civile et les pouvoirs publics pour en faire des lieux témoins d’une histoire vieille de plus de 70 ans.

Paysages de la Première Guerre mondiale

Paysages de la Première Guerre mondiale

Dickbuchenweg (Pour Vivre ici). Tirage fine art 60 x 90 cm. OEuvre de Sophie Zénon, photographe plasticienne, représentant la forêt des Vosges dans le secteur du Hartmannswillerkopf, 2017. © S. Zénon

L’approche des paysages hérités de la Première Guerre mondiale est par nature pluridisciplinaire. Si l’imaginaire collectif se représente facilement des champs de bataille lunaires, des villages détruits et des tranchées longues de plusieurs kilomètres, il faut convoquer l’histoire, la géographie, l’archéologie, la géologie, les sciences environnementales ou encore les arts pour appréhender et comprendre la diversité et la complexité de ces paysages. Derrière les questions liées à la reconstruction et à la mise en tourisme abordées dans les première et dernière parties de ce numéro, surgissent d’autres problématiques en lien avec la perception que certains acteurs ont des paysages de la Grande Guerre. Ils deviennent un voyage poétique sous la plume de Maurice Genevoix, un espace de fouilles innovant pour l’archéologue ou encore un champ inépuisable de créativité pour le photographe. Cette partie se propose de mettre en lumière la singularité des paysages façonnés par la guerre de 14-18, qui ont largement inspiré ses contemporains et interpellent encore les scientifiques de toute discipline.

Regard d'artiste : Philippe Bréson

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Dans les environs d’Albert dans la Somme. © P. Bréson

Philippe Bréson est photographe plasticien et enseigne la photographie dans les écoles d’art. Sur la base de ses travaux et recherches conduits pendant sept ans à travers les anciennes régions du front, il a proposé, en 2017 et 2018, plusieurs expositions sur les paysages de la Grande Guerre. "Cicatrices" a été présentée au centre André Malraux au Bourget et "Mnémosis" a été accueillie à l’ambassade de France aux États-Unis et dans les lycées internationaux de San Francisco et Washington.

Regard d'artiste : Sophie Zénon

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Après un rêve (Pour Vivre ici). Tirage fine art 45 x 30 cm. Détail d’un polyptyque de 15 photographies. © S. Zénon

Photographe plasticienne, Sophie Zénon aborde la question de la restitution de la mémoire du Hartmannswillerkopf (HWK), lieu de combats de la Première Guerre mondiale dont la spécificité est d’avoir eu sa ligne de front à la frontière entre la France et l’Allemagne. En 2017, elle a été accueillie en résidence d’artiste à l’Abri mémoire d’Uffholtz, espace à vocation pédagogique et citoyenne, où elle a réalisé un travail de création et encadré un atelier pédagogique.

Les séquelles environnementales

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La Place à Gaz, Meuse. © I. Masson-Loodts

L’impact de la guerre de 14-18 sur l’environnement n’a commencé à être étudié qu’il y a quelques années. Mais les recherches en cours ne cessent de le démontrer : ses séquelles s’étendent au-delà des anciens territoires dévastés, et se prolongeront longtemps encore. Cet article se propose de retracer le long cheminement de la prise de conscience des conséquences écologiques de la Grande Guerre.

Regard géologique sur le Chemin des Dames

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Le Chemin des Dames. Tranchée française en 1917. © Roger-Viollet

Lieu de promenade des deux filles de Louis XV, le Chemin des Dames, par sa topographie particulière, devient en 1914 un secteur stratégique des combats qui se déroulent dans l’Aisne. Ce secteur révèle ainsi la géologie comme une science dont les apports sont très importants dans le déroulement de la Première Guerre mondiale.

Regard archéologique sur les villages détruits

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Ornes, village "Mort pour la France", avant sa destruction, 1916. © Archives du Mémorial de Verdun

Les visiteurs qui s’aventurent sur les chemins de la mémoire de la Meuse s’étonnent de découvrir des villages entièrement détruits durant la bataille de Verdun, et jamais reconstruits. Au-delà des temps commémoratifs qui y sont organisés, ces espaces de recueillement sont des réserves patrimoniales de premier plan, que les archéologues tentent aujourd’hui d’explorer et de sauvegarder pour l’avenir.

Les paysages de Maurice Genevoix

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Ravin de la Fragoulle dit le Ravin de la mort. Les Éparges (Meuse), 1917. Détail d’une vue stéréoscopique prise par le soldat Maurice Létang du 53e régiment d’infanterie. © M. Létang/Roger-Viollet

Témoin de la souffrance des hommes et des bêtes dans la Grande Guerre, l’écrivain Maurice Genevoix est aussi le témoin sensible de la destruction d’un beau paysage, celui des Éparges, et de sa résurrection dans la paix retrouvée. Le paysage de guerre est d’abord une guerre au paysage, puis un paysage de mémoire.

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Paysages de la Grande Guerre, palimpsestes de la violence

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Explosion d’obus aux environs de Verdun, pendant la Grande Guerre. © TopFoto/Roger-Viollet

Le centenaire de la Grande Guerre a conduit des dizaines de milliers de visiteurs français et étrangers à la découverte des paysages hérités de 14-18. Mais il est des traces aujourd’hui à peine perceptibles ou qu’il faut lire à l’aune du récit des batailles qui se sont succédé. De l’ancienne ligne de front aux territoires occupés en passant par les villes détruites et les forêts reconstituées, aucun paysage ne fut en réalité épargné par la Grande Guerre.

Repenser les paysages

Repenser les paysages

Batailles d’Artois : Lichfield Crater, un cratère de mine transformé en cimetière militaire. © S. Compoint

Après les guerres se pose très vite la question du devenir des paysages ruraux et urbains transformés par les combats et les bombardements, confrontés à la mort de masse et aux massacres, ou affectés par les politiques de répression et de persécution. Doit-on conserver en l’état les traces du passé dans notre environnement ? Ou au contraire reconstruire les sites et paysages alentour pour aller de l’avant ? Doit-on "patrimonialiser" ces lieux où le vent de l’histoire a soufflé tragiquement pour en faire des lieux de recueillement et de connaissance ? Ou bien laisser les paysages parler d’eux-mêmes aux touristes de la mémoire ? Ce sont autant de questions que cette partie se propose d’aborder, à travers des exemples concrets d’espaces dont le destin mémoriel a évolué en fonction des époques et des acteurs impliqués. "Repenser" les paysages, c’est aussi leur donner de nouveaux usages. C’est particulièrement le cas des sites militaires (forts, citadelles, casernes, etc.), utilisés dans le cadre des politiques de défense de la France, et reconvertis pour s’intégrer pleinement dans leur environnement.